INNOVATION

Quel­les sont les inno­va­tions qui font bouger le fret fer­ro­vi­ai­re ? La VAP encou­ra­ge l’au­to­ma­tis­a­ti­on du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses et est repré­sen­tée dans la direc­tion du pro­jet de migra­ti­on du DAC (cou­pla­ge auto­ma­tique digital).

Grâce au DAC, le trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses devi­ent plus effi­cace, plus pro­duc­tif et plus apte à s’in­té­grer dans les chaî­nes logis­ti­ques mul­ti­mo­da­les de l’é­co­no­mie. Le pré­si­dent de la VAP et con­seil­ler aux Etats Josef Ditt­li a donné l’im­pul­si­on pour un con­cept de mise en œuvre et de finance­ment pour l’au­to­ma­tis­a­ti­on et la numé­ri­sa­ti­on du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses avec sa moti­on 20.3221 “Ren­forcer l’ef­fi­ca­ci­té du trans­port de mar­chan­di­ses sur le rail grâce à l’au­to­ma­tis­a­ti­on”. La VAP a signé avec l’Of­fice fédé­ral des trans­ports (OFT) et l’U­ni­on des trans­ports publics (UTP) une décla­ra­ti­on d’in­ten­ti­on pour la numé­ri­sa­ti­on et l’au­to­ma­tis­a­ti­on du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses en Suis­se. De nombreu­ses ent­re­pri­ses du sec­teur ont éga­le­ment décla­ré leur collaboration.

 

Rap­port des médias:

Rap­port de Zeit Online du 26.10.2021

Contrôles digitaux du matériel roulant: une situation win-win pour toutes les parties concernées

Contrôles digitaux du matériel roulant: une situation win-win pour toutes les parties concernées

Les instal­la­ti­ons fixes de con­trô­le de CFF Infra­struc­tu­re pour le con­trô­le digi­tal des trains en explo­ita­ti­on sont affi­nées en per­ma­nence. Le sys­tème de con­trô­le digi­tal Way­si­de Intel­li­gence (WIN) aug­men­te non seu­le­ment la sécu­ri­té du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses, mais aide éga­le­ment les déten­teurs de wagons à pla­ni­fier plus effi­ca­ce­ment leurs travaux de main­ten­an­ce. Il est donc d’autant plus important que ces der­niers fas­sent part de leurs expé­ri­en­ces dans le cadre du déve­lo­p­pe­ment du système.

Les enjeux:

  • Main­ten­an­ce du maté­ri­el rou­lant: essen­ti­el­le pour la sécurité
  • Con­trô­les coû­teux entre les visi­tes de main­ten­an­ce régulières
  • La digi­ta­li­sa­ti­on amé­lio­re la planification
  • Uti­li­ser les don­nées de l’exploitant d’infrastructure de maniè­re ciblée
  • Main­te­nir l’état de la tech­ni­que et pla­ni­fier avec prévoyance
  • Tes­ter et déve­lo­p­per le WIN

 

Maintenance du matériel roulant: essentielle pour la sécurité

Les déten­teurs de wagons sont respons­ables de l’entretien pro­fes­si­on­nel de leurs véhi­cu­les, comme l’exige la direc­ti­ve actu­el­le sur la sécu­ri­té et l’interopérabilité. Ils con­tri­buent ainsi dans une large mesu­re à la sécu­ri­té du tra­fic fer­ro­vi­ai­re (voir l’article de blog «Tun­nel de base du Saint-Got­hard (#2): dis­po­si­tifs auto­ma­ti­ques de con­trô­le des trains»). L’élément cen­tral est la main­ten­an­ce péri­odi­que des wagons par des ate­liers spé­cia­li­sés cer­ti­fiés (Enti­ty in Char­ge of Main­ten­an­ce, ECM). Ceux-ci sont man­da­tés par le déten­teur. Les respons­ables doi­vent cal­cu­ler les séjours pro­gram­més en ate­lier du maté­ri­el rou­lant en se basant sur l’expérience d’exploitation, les objec­tifs et les métho­des de sécu­ri­té com­muns, de maniè­re à ce que les com­po­sants importants pour la sécu­ri­té, en sup­po­sant une usure con­for­me aux atten­tes, pré­sen­tent, selon l’expérience géné­ra­le et le cours nor­mal des cho­ses, un degré d’usure adap­té à l’exploitation jusqu’au pro­chain séjour péri­odi­que en atelier. 

Contrôles coûteux entre les visites de maintenance régulières 

Tou­te­fois, plu­s­ieurs années s’écoulent entre deux visi­tes régu­liè­res à l’atelier. Dans le tra­fic quo­ti­di­en de mar­chan­di­ses, les ent­re­pri­ses de trans­port fer­ro­vi­ai­re (ETF) et les explo­itants d’infrastructures sont respons­ables de la sécu­ri­té d’exploitation des wagons de mar­chan­di­ses. Avant le départ des trains, les ETF con­trô­lent tous les wagons ran­gés en vue de détec­ter les dom­mages visi­bles et les défauts du char­ge­ment. Les wagons défec­tueux sont mis à l’écart et sou­mis à une main­ten­an­ce non pro­gram­mée con­for­mé­ment au Cont­rat uni­for­me d’utilisation des wagons (CUU). De tel­les manœu­vres extra­or­di­naires per­tur­bent le dérou­le­ment prévu de l’exploitation, peu­vent ent­raî­ner des retards et signi­fi­ent pour les ETF con­cer­nées un sur­croît de tra­vail et un man­que à gagner. 

La digitalisation améliore la planification

Pour que les déten­teurs puis­sent à l’avenir mieux assu­mer leur responsa­bi­li­té quant à l’aptitude au ser­vice de leurs wagons en explo­ita­ti­on, ils sont tenus de docu­men­ter tou­tes les mesu­res d’entretien et d’évaluer les expé­ri­en­ces fai­tes lors de la main­ten­an­ce. Pour l’évaluation con­ti­nue de leurs plans de main­ten­an­ce, ils ont beso­in de don­nées tech­ni­ques fia­bles sur le com­porte­ment et le degré d’usure actuel des com­po­sants importants pour le sys­tème. Grâce à la digi­ta­li­sa­ti­on crois­san­te, ces don­nées sont de plus en plus sou­vent à leur disposition.

Utiliser les données de l’exploitant d’infrastructure de manière ciblée

Sur le réseau suis­se à voie nor­ma­le, il exis­te des instal­la­ti­ons ou dis­po­si­tifs fixes de con­trô­le des trains (ICT ou DCT) de l’exploitant d’infrastructure CFF Infra­struc­tu­re. Ce sys­tème est appelé Way­si­de Intel­li­gence, ou WIN. Il sai­sit les valeurs de mesu­re importan­tes pour la sécu­ri­té de chaque train qui passe. Ces con­trô­les sont axés sur la sécu­ri­té de l’exploitation et la pré­ven­ti­on d’évènements dom­ma­ge­ables. Les écarts inad­mis­si­bles ent­raî­nent l’arrêt rapi­de du train et, le cas éché­ant, l’extraction du wagon défec­tueux ou mal chargé.

Les déten­teurs de wagons peu­vent éga­le­ment uti­li­ser ces don­nées sai­sies en con­tinu avec un mini­mum d’efforts d’initialisation afin d’obtenir une image réel­le de l’état des com­po­sants de leurs wagons qui sont importants pour le sys­tème. Pour ce faire, ils doi­vent équi­per leurs wagons d’un tag RFID (EN 17230) et mett­re en place une inter­face de trans­mis­si­on des don­nées coor­don­née avec CFF Infra­struc­tu­re, par exemp­le via une inter­face de pro­gram­ma­ti­on d’applications API ou une inter­face uti­li­sa­teur gra­phi­que GUI basée sur le web. 

Maintenir l’état de la technique et planifier avec prévoyance

Actu­el­le­ment, CFF Infra­struc­tu­re peut trans­mett­re à chaque déten­teur inscrit les don­nées sai­sies sur l’état des essieux de ses wagons iden­ti­fiés. Le déten­teur peut con­fi­gu­rer le flux de don­nées en fon­c­tion de ses beso­ins. La varia­ti­on dans le temps du coef­fi­ci­ent de char­ge dyna­mi­que de la roue per­met d’obtenir une image fia­ble de l’évolution de l’usure de la sur­face de rou­le­ment de la roue. Les don­nées coll­ec­tées per­met­tent au déten­teur du wagon de faire évo­luer en per­ma­nence les plans de main­ten­an­ce afin de tou­jours res­ter à la poin­te du pro­grès tech­ni­que. De plus, il peut anti­ci­per une mesu­re de main­ten­an­ce non péri­odi­que sans qu’il soit néces­saire de pro­cé­der à une mise à l’écart non programmée. 

Tester et développer le WIN

À l’heure actu­el­le, des travaux de déve­lo­p­pe­ment sont en cours afin d’évaluer auto­ma­ti­quement les images sai­sies par le sys­tème de camé­ra sur le site des ICT pour une ana­ly­se sys­té­ma­tique et une com­pa­rai­son des don­nées d’exploitation. Cela doit per­mett­re de détec­ter en par­ti­cu­lier les anoma­lies de l’équipement de frei­na­ge et du train de rou­le­ment pen­dant le fon­c­tion­ne­ment. Les per­son­nes inté­res­sées du milieu des chem­ins de fer de mar­chan­di­ses et des déten­teurs de wagons peu­vent par­ti­ci­per acti­ve­ment au déve­lo­p­pe­ment de ce sys­tème en par­ta­geant leurs beso­ins en infor­ma­ti­ons et en par­ti­ci­pant aux tests. Les per­son­nes inté­res­sées sont priées de s’adresser à:

Jörg Bisang
CFF SA, instal­la­ti­ons de con­trô­le des trains
+41 79 698 22 41
joerg.bisang@sbb.ch

Écosystèmes de données: partager les données pour doubler leur plus-value

Écosystèmes de données: partager les données pour doubler leur plus-value

À la VAP, nous tra­vail­lons depuis long­temps d’arrache-pied sur le sujet des éco­sys­tè­mes de don­nées. En 2022, nous avons sug­gé­ré au Bureau de coor­di­na­ti­on pour la mobi­li­té dura­ble (COMO) de mett­re au point une pla­te­for­me de don­nées, et nous fai­sons pro­gresser le déve­lo­p­pe­ment de l’infrastructure de don­nées sur la mobi­li­té (MODI). Dans cet artic­le de notre blog, nous nous pro­po­sons de pour­suiv­re le dia­lo­gue et de mon­trer pour­quoi les éco­sys­tè­mes de don­nées dev­rai­ent faire par­tie de la visi­on de tous les acteurs du fret fer­ro­vi­ai­re. 

Les enjeux:

  • La com­ple­xi­té, un défi de taille
  • À petits pas vers la gran­de vision
  • Exploi­ter à fond l’inépuisable potentiel de données
  • Pour une pour­suite de notre dialogue
La complexité, un défi de taille

Les éco­sys­tè­mes de don­nées sont haute­ment com­ple­xes et cou­vrent plu­s­ieurs champs thé­ma­ti­ques (cf. illus­tra­ti­on 1). Pour rend­re ces éco­sys­tè­mes de don­nées uti­li­sables et ren­ta­bles, nous devons prend­re en comp­te l’ensemble des sou­haits et beso­ins des acteurs ainsi que les éven­tu­el­les restrictions.

Illus­tra­ti­on 1: la visi­on de l’interconnectivité numé­ri­que et opé­ra­ti­on­nel­le com­prend des domain­es thé­ma­ti­ques extrê­me­ment exigeants.

À l’occasion de notre Forum Fret fer­ro­vi­ai­re 2023, le Dr Mat­thi­as Prandt­stet­ter, Seni­or Sci­en­tist et The­ma­tic Coor­di­na­tor à l’AIT, Aus­tri­an Insti­tu­te of Tech­no­lo­gy AIT, ainsi que Moni­ka Zosso Lunds­gaard-Han­sen, co-chef­fe de la sec­tion Affai­res direc­to­ria­les à l’OFT, ont donné des aper­çus de l’état actuel d’avancement des initia­ti­ves et réfle­xi­ons. Les deux expert·e·s sont unani­mes: les pro­grès à accom­plir dans le sec­teur fer­ro­vi­ai­re seront une tâche de longue hal­ei­ne et ardue.

À petits pas vers la grande vision

La visi­on d’un éco­sys­tème de don­nées intel­li­gent et peut-être capa­ble de prend­re ses décis­i­ons de maniè­re auto­no­me pour­rait par exemp­le être réa­li­sée selon les pha­ses sui­van­tes (descrip­ti­on non exhaustive):

1. Mise à dis­po­si­ti­on des don­nées de base (p. ex. avec MODI)

  • Qua­li­té garantie
  • Carac­tère uni­que de tout bloc de don­nées (c’est-à-dire défi­ni­ti­ons univoques)
  • Acces­si­bi­li­té / trans­pa­rence pour tou­tes les par­ties prenantes
  • Pos­si­bi­li­té de déve­lo­p­per des appli­ca­ti­ons mobi­les sur le mar­ché et d’élargir les fonctionnalités

2. Acti­va­ti­on de la plaque tour­nan­te d’échange de don­nées (p. ex. DX Inter­mo­dal de Hupac)

  • Éch­an­ges entre 2 ou plu­s­ieurs ent­re­pri­ses acti­ves sur la plaque tournante
  • Blocs de don­nées sup­p­lé­men­tai­res (avec ou sans rest­ric­tions pour des acteurs ou ent­re­pri­ses donnés)
  • Pos­si­bi­li­tés de réser­va­ti­on de rela­ti­ons par­ti­el­les ou complètes

3. Créa­ti­on d’un éco­sys­tème de données

  • Don­ner accès aux don­nées his­to­ri­ques pour les pre­miè­res pos­si­bi­li­tés d’analyse
  • Ban­ques de don­nées (rac­cor­der les don­nées de base et/ou les blocs de don­nées dis­po­nibles avec des restrictions)

4. Uti­li­sa­ti­on de la tech­no­lo­gie du blockchain

  • Les don­nées et blocs de don­nées sont con­nec­tés de maniè­re optimale.
  • Trans­pa­rence abso­lue des coûts et des prix
  • Aug­men­ta­ti­on de la sécu­ri­té dans les éch­an­ges de données
  • Déve­lo­p­pe­ment et exé­cu­ti­on plus effi­caces de l’ensemble

5. Mise en œuvre de la visi­on d’un inter­net physique

  • Sys­tème mon­di­al ouvert basé sur une con­nec­ti­vi­té inter­net phy­si­que, numé­ri­que et opérationnelle
  • Appli­que les pro­to­co­les, les inter­faces et la modularisation.
  • Cer­tai­nes décis­i­ons sont pri­ses par l’écosystème – et non par des acteurs donnés.

Actu­el­le­ment, le sec­teur fer­ro­vi­ai­re se trouve en phase 1 et 2, quoi­que seu­le­ment pon­c­tu­el­le­ment. La loi fédé­ra­le con­cer­nant l’infrastructure de don­nées sur la mobi­li­té (MODIG) de l’OFT abor­de tous les champs thé­ma­ti­ques per­tin­ents. DX Inter­mo­dal est déjà opé­ra­ti­on­nel dans le tra­fic com­bi­né (TC) et reprend cer­ta­ins points de la phase 2. Il ne sera pos­si­ble d’obtenir des avan­ta­ges glo­baux pour la logis­tique de fret fer­ro­vi­ai­re que si l’on prend en comp­te tou­tes les for­mes de pro­duc­tion du trans­port de mar­chan­di­ses et l’ensemble de la chaî­ne de trans­port («porte-à-porte»). Pour ce faire, il fau­dra inté­grer des élé­ments de l’intelligence arti­fi­ci­el­le. 

Exploiter à fond l’inépuisable potentiel de données

Parti d’un simp­le engouement, le big data est devenu une véri­ta­ble méga­ten­dance; les don­nées coll­ec­tées recè­lent un potentiel qua­si­ment infi­ni et per­met­tent de créer des modè­les com­mer­ciaux numé­ri­ques inno­vants et dis­rup­tifs et d’améliorer les pré­vi­si­ons pour prend­re les bon­nes décis­i­ons com­mer­cia­les. Tou­te­fois, cela ne vaut que pour les don­nées dis­po­nibles dans la qua­li­té et la gra­nu­la­ri­té appro­priées. De plus, les acteurs doi­vent être en mesu­re d’extraire des don­nées les bon­nes infor­ma­ti­ons et donc les con­nais­sances sou­hai­tées, puis de les inter­pré­ter et les uti­li­ser cor­rec­te­ment. Cela pose un cer­tain nombre de défis aux par­ten­aires de l’écosystème:

Avantages pour le système vs avantages individuels

Cer­tai­nes ent­re­pri­ses dis­po­sent déjà de sys­tè­mes de don­nées inter­nes. Elles coll­ec­tent les don­nées des appareils mon­tés sur les loco­mo­ti­ves et les wagons et les uti­li­sent pour pro­cé­der à des opti­mi­sa­ti­ons ou les trans­met­tent à des tiers. Les ent­re­pri­ses acquiè­rent ainsi des avan­ta­ges con­cur­rentiels et des sources de reve­nus sup­p­lé­men­tai­res. Pour­quoi ces ent­re­pri­ses dev­rai­ent-elles donc par­ti­ci­per à des éco­sys­tè­mes de don­nées? Parce que l’optimisation de son pro­pre sys­tème ne béné­fi­cie pas néces­saire­ment au sys­tème dans son ensem­ble ou au cli­ent final. Si par exemp­le divers acteurs indi­vi­du­els ven­dent les mêmes don­nées à des tiers cont­re rému­né­ra­ti­on, le sys­tème ren­ché­rit, car pour chaque trans­fert de don­nées, de l’argent cir­cu­le. De plus, les dif­fér­ents acteurs peu­vent com­bi­ner leurs blocs de don­nées dans le cadre d’un éco­sys­tème de don­nées et ainsi con­tri­buer à l’efficience de l’ensemble du sys­tème, par exemp­le les horai­res de départ ou d’arrivée pré­vus. Dans ce con­tex­te, il est indis­pensable de cla­ri­fier les ques­ti­ons de la sou­ve­rai­ne­té sur les données.

Obligation vs volontariat

L’État est et reste le plus grand bail­leur de fonds du sys­tème fer­ro­vi­ai­re. Il dev­rait être dési­reux de sou­la­ger ses pro­pres finan­ces et donc les con­tri­bu­ables. La mise à dis­po­si­ti­on de don­nées d’utilité publi­que est de natu­re à amé­lio­rer l’efficience. À cet égard aussi, cer­tai­nes ques­ti­ons atten­dent une répon­se: les par­ten­aires de l’écosystème doi­vent-ils être obli­gés de four­nir des blocs de don­nées? Au sein d’un éco­sys­tème de don­nées, doit-il être pos­si­ble de com­pen­ser des inves­tis­se­ments indi­vi­du­els anté­ri­eurs ou de les mett­re en balan­ce avec les sub­ven­ti­ons reçues? Ou bien la par­ti­ci­pa­ti­on à un éco­sys­tème de don­nées doit-elle res­ter volon­tai­re, avec le ris­que que trop peu de par­ti­ci­pan­ts ali­men­tent la pla­te­for­me en données?

Données vs données

Tous les élé­ments de don­nées n’ont pas la même valeur pour un éco­sys­tème de don­nées. Ainsi, il faut défi­nir clai­re­ment dès le départ avec quel objec­tif et pour ser­vir quel­le uti­li­té géné­ra­le un acteur dépo­se­ra ses élé­ments de don­nées sur une pla­te­for­me de don­nées. En outre, afin d’éviter les dis­cus­sions à carac­tère affec­tif, il con­vi­ent de distin­guer les don­nées opé­ra­ti­on­nel­les, tech­ni­ques et com­mer­cia­les. Enfin, un cri­tère décisif pour la cré­di­bi­li­té et la dura­bi­li­té d’un éco­sys­tème de don­nées est la qua­li­té garan­tie par le pro­prié­tai­re des don­nées ou par un ser­vice char­gé de la qua­li­té nou­vel­le­ment créé.

Pour une poursuite de notre dialogue

À la VAP, nous sou­hai­tons faire béné­fi­ci­er l’ensemble du sec­teur fer­ro­vi­ai­re du potentiel des éco­sys­tè­mes de don­nées et ainsi amé­lio­rer la com­pé­ti­ti­vi­té de la bran­che. C’est pour­quoi nous nous enga­ge­ons dans ce con­tex­te en faveur de plu­s­ieurs initia­ti­ves, pro­jets de recher­che et pro­duits étab­lis, à savoir:

  • Déve­lo­p­pe­ment de l’infrastructure de don­nées sur la mobi­li­té MODI, en coopé­ra­ti­on avec l’OFT.
  • Espace euro­pé­en com­mun des don­nées rela­ti­ves à la mobi­li­té (EMDS), une initia­ti­ve de l’UE.
  • Arbeits­kreis der Logis­tik (AKL) (Cer­cle de tra­vail de la logis­tique), dont nous avons repris la direction.

 

Si vous aussi, vous sou­hai­tez con­tri­buer à for­ger l’avenir du sec­teur fer­ro­vi­ai­re, Jür­gen Maier se fera un plai­sir de vous écouter.

Statu quo DAC: entre souhait et réalité

Statu quo DAC: entre souhait et réalité

Nous sou­te­nons le cou­pla­ge auto­ma­tique digi­tal (DAC) depuis ses débuts. C’est pour­quoi nous nous mobi­li­sons auprès de la fédé­ra­ti­on inter­na­tio­na­le des déten­teurs de wagons UIP, du Euro­pean DAC Deli­very Pro­gram­me (EDDP) et du pro­jet suis­se de migra­ti­on vers le DAC. Tou­te­fois, il reste enco­re beau­coup à faire à tous les niveaux. Nous vous infor­mons ici de l’état d’avancement sur le plan tech­ni­que et du point de vue de l’économie de marché. 

Les enjeux:

  • La tech­no­lo­gie sus­ci­te enco­re des questions.
  • L’objectif est un trans­fert équi­ta­ble entre coûts et bénéfices.
  • La hausse des prix des trans­ports ris­que de se tra­dui­re par une inver­si­on du trans­fert vers la route.
  • Coopé­ra­ti­on avec l’Europe: une obligation
  • Le DAC comme base pour un chan­ge­ment de sys­tème fondamental

 

Avec l’Office fédé­ral des trans­ports (OFT), CFF Cargo et l’Union des trans­ports publics (UTP), nous, à la VAP, fai­sons avan­cer le pro­jet suis­se du DAC. Les pre­miè­res con­clu­si­ons résul­tant de cette coopé­ra­ti­on ont été con­si­gnées dans le rap­port con­cep­tuel inti­tulé «Auto­ma­tis­a­ti­on en fret fer­ro­vi­ai­re suis­se, com­men­çant par la migra­ti­on vers l’attelage auto­ma­tique numé­ri­que» du 24 octobre 2022. Ces con­clu­si­ons ont par ail­leurs été inté­g­rées dans l’actuel pro­jet de con­sul­ta­ti­on sur l’avenir du fret fer­ro­vi­ai­re suis­se et – avec quel­ques com­plé­ments – dans le mes­sa­ge que le Con­seil fédé­ral s’apprête à rédi­ger à l’intention du Par­le­ment à l’été 2023. Les nombreux ate­liers et ent­re­ti­ens bila­té­raux du sec­teur fer­ro­vi­ai­re ont per­mis de déga­ger des ques­ti­ons, points de cri­tique et appro­ches de solu­ti­on qu’il s’agit à pré­sent d’approfondir.

La technologie suscite des questions

La déter­mi­na­ti­on de la tête d’attelage a été une pre­miè­re gran­de avan­cée. Il s’agit à pré­sent de déve­lo­p­per les élé­ments numé­ri­ques et de les tes­ter. On suit à cet effet deux appro­ches tech­ni­ques. Dans le cas du «Power­line-Plus», la trans­mis­si­on des impul­si­ons et don­nées élec­tri­ques se fait par le même câble, avec un nombre limi­té de cont­acts. Un con­sor­ti­um d’experts va tes­ter cette appro­che en Suis­se au cours des mois à venir. Le modè­le «Sin­gle Pair Ether­net» (SPE) néces­si­te au con­trai­re des con­dui­tes sépa­rées pour la trans­mis­si­on de l’énergie et celle des données.

Ces deux appro­ches tech­ni­ques posent des ques­ti­ons tel­les que:

  • Dans quel­les con­di­ti­ons météo­ro­lo­gi­ques et cli­ma­ti­ques sera-t-il pos­si­ble d’avoir une explo­ita­ti­on fiable?
  • Les mul­ti­ples pro­ces­sus d’exploitation (manœu­vres, tra­jets (ray­ons étroits, pen­tes…) peu­vent-ils ent­raî­ner des inter­rup­ti­ons de la trans­mis­si­on des données?
  • Enfin, quel­les fon­c­tion­na­li­tés com­por­te la com­po­san­te numérique?
  • Com­ment est orga­ni­sée la com­pa­ti­bi­li­té ascen­dan­te, notam­ment du DAC4 vers le DAC5?
  • Com­ment est assu­rée à l’échelle euro­pé­en­ne la com­pa­ti­bi­li­té du futur maté­ri­el rou­lant équi­pé de DAC?

Actu­el­le­ment, le sec­teur fer­ro­vi­ai­re euro­pé­en ne dis­po­se que de peu d’expertes et experts sur ce thème, ce qui con­sti­tue un pro­blè­me de tail­le. Par ail­leurs, il y a beso­in d’apporter des cla­ri­fi­ca­ti­ons pour ce qui est des aspects méca­ni­ques tels que les effets de la force du nou­vel attelage (ou cou­pla­ge) sur les dif­fér­ents types de wagons ou en ce qui con­cer­ne l’installation du DAC dans les loco­mo­ti­ves en rai­son de pro­blè­mes de poids et/ou d’espace ou de la sécu­ri­té de l’intégration dans la tech­ni­que de pilo­ta­ge du maté­ri­el rou­lant. Les ques­ti­ons de ce genre devront se voir appor­ter une répon­se d’ici 2026.

Le transfert coûts-bénéfices risque de provoquer un retransfert du trafic

Les inves­tis­se­ments qu’implique la migra­ti­on vers le DAC sont con­sé­quents, tout par­ti­cu­liè­re­ment pour les déten­teurs de wagons. Nous tablons sur des coûts de CHF 20 000 à 40 000 pour les wagons (en fon­c­tion du type de wagon) et de 60 000 CHF à 250 000 CHF pour les loco­mo­ti­ves. Pour les déten­teurs de wagons, les effets posi­tifs ne com­men­ce­ront tou­te­fois à se faire sen­tir qu’une fois la migra­ti­on entiè­re­ment ache­vée, c’est-à-dire au plus tôt dans dix ans. Cela signi­fie que durant les pre­miè­res années, les coûts aug­m­en­te­ront sans que soi­ent géné­rées de recet­tes sup­p­lé­men­tai­res, ce qui se tra­dui­ra par une hausse du prix des loca­ti­ons de wagons. À cause de l’exploitation des deux sys­tè­mes en par­al­lè­le, les ent­re­pri­ses de trans­port fer­ro­vi­ai­re (ETF) auront des dépen­ses sup­p­lé­men­tai­res durant la phase de migra­ti­on, qui durera plu­s­ieurs années. Une sen­si­bi­li­té éle­vée aux prix pour­rait avoir pour con­sé­quence un retrans­fert vers la route. Nous con­sta­tons cet effet dès 2023 pour les aug­men­ta­ti­ons de prix réper­cu­tées en rai­son des haus­ses du prix du cou­rant de traction.

À la VAP, nous recher­chons des solu­ti­ons à ces problèmes:

  • Com­ment les ETF, prin­ci­pa­les béné­fi­ci­ai­res du DAC, peu­vent-elles réper­cu­ter les amé­lio­ra­ti­ons de l’efficience et les éco­no­mies de coûts sur les déten­teurs de wagons? Dans des struc­tures mono­po­lis­ti­ques tel­les que le tra­fic par wagons com­plets iso­lés, les méca­nis­mes de l’économie de mar­ché ne fon­c­tion­nent pas.
  • Quel doit être le mon­tant des sub­ven­ti­ons (con­tri­bu­ti­ons à fonds perdu, prêts, fonds) pour qu’elles com­pen­sent l’iniquité du trans­fert coûts-béné­fices, et com­ment évi­ter un retrans­fert important vers la route pen­dant la migra­ti­on? Que se pas­se­ra-t-il si les sub­ven­ti­ons ou finance­ments ver­sés a pos­te­rio­ri aux ETF publi­ques se retrou­vent pres­que tota­le­ment sup­p­ri­més du fait du DAC?

Pour de nombreux déten­teurs de wagons, inves­tir dans du nou­veau maté­ri­el rou­lant est cer­tai­ne­ment envi­sa­geable, voire néces­saire. Mais tout tourne en fait autour de la ques­ti­on de savoir com­ment les flot­tes existan­tes pour­ront être réé­qui­pées de maniè­re effi­ci­en­te, tout en ten­ant comp­te des aspects sui­vants, sans désa­van­ta­ger des acteurs qui n’y sont pour rien:

  • Sur le nou­veau maté­ri­el rou­lant aussi, on a des dif­fi­cul­tés à mon­ter un DAC a posteriori.
  • Le prix d’achat de wagons neufs a aug­men­té de 50 % en rai­son de la hausse des matiè­res premières.
  • La pro­duc­tion de wagons neufs équi­pés d’un DAC ne pour­ra com­men­cer qu’une fois les spé­ci­fi­ca­ti­ons ache­vées. En fon­c­tion du type de wagon, le nombre de piè­ces sera au début limité.
  • Le maté­ri­el rou­lant anci­en, doté d’un réé­qui­pe­ment simp­le, ent­raî­ne des frais sup­p­lé­men­tai­res inférieurs.
  • Plu­s­ieurs déten­teurs de wagons pos­sè­dent des types de struc­tu­re iden­tique. Le réé­qui­pe­ment du véhi­cu­le de struc­tu­re type doit se faire indé­pen­dam­ment du déten­teur, et les frais uni­ques éle­vés doi­vent être couverts.
Faire voie commune avec l’Europe

Les per­son­nes con­cer­nées sont majo­ri­taire­ment d’accord: seule une coopé­ra­ti­on étroi­te avec l’Europe nous per­met­tra de maî­tri­ser une migra­ti­on dura­ble. Les dif­fi­cul­tés tech­ni­ques et opé­ra­ti­on­nel­les liées au réé­qui­pe­ment sont simi­lai­res des deux côtés de la fron­tiè­re. Les ques­ti­ons allant du pro­ces­sus de réé­qui­pe­ment jusqu’à l’achèvement de la mise en œuvre et au finance­ment ne peu­vent trou­ver de répon­se que si tous les experts et déci­deurs se retrou­vent autour d’une même table. Mal­heu­reu­se­ment, il ne s’agit que d’une poi­g­née de personnes.

La con­tri­bu­ti­on suis­se con­sis­te à réflé­chir aux con­di­ti­ons natio­na­les et à bien prépa­rer les bases. Cela impli­que de lan­cer des tra­fics pilo­tes; depuis avril 2023, les pre­miers trains à DAC cir­cu­lent en Suis­se. Nous devri­ons ras­sem­bler ces expé­ri­en­ces et les inté­grer dans le pro­jet paneuropéen.

Nous n’obtiendrons une inno­va­ti­on effi­ci­en­te et dura­ble à l’échelon euro­pé­en qu’ensemble, ce que nous pro­po­sons de vous mon­trer à l’aide des exemp­les suivants:

  • Coor­di­na­ti­on des capa­ci­tés des ate­liers: la coor­di­na­ti­on entre les pays et les déten­teurs de wagons doit être assu­rée pour pou­voir ache­mi­ner les wagons devant être réé­qui­pés pen­dant leur ser­vice (rela­ti­ons natio­na­les et inter­na­tio­na­les) vers l’atelier le plus pro­che ou le plus adap­té et les rapatrier.
  • Har­mo­nis­er les con­di­ti­ons de finance­ment: l’obtention d’un finance­ment est géné­ra­le­ment con­di­ti­onnée à une inscrip­ti­on au regist­re des wagons et/ou à un siège social dans le pays en ques­ti­on. Cepen­dant les wagons ne sont pas tou­jours uti­li­sés dans ce pays mais cir­cu­lent dans toute l’Europe. Au moment de la migra­ti­on, le finance­ment devra donc être assu­ré pour les déten­teurs de wagons dans tous les pays.
  • Con­ve­nir d’un cal­en­drier pour la migra­ti­on: une migra­ti­on pré­co­ce se tra­duit par de nou­vel­les inter­faces dans le fret fer­ro­vi­ai­re. Con­crè­te­ment, un wagon réé­qui­pé et sub­ven­ti­onné en Suis­se ne peut pas cir­cu­ler en Alle­ma­gne tant que la migra­ti­on vers le DAC n’y a pas démar­ré et que les tra­fics d’importation et d’exportation cor­re­spond­ants n’ont pas été har­mo­ni­sés. Par ail­leurs, le déten­teur du wagon ne peut plus uti­li­ser ses valeurs d’investissement que de maniè­re limitée.
  • Regrou­per les orga­nes de décis­i­on: les solu­ti­ons tech­ni­ques sont adop­tées au sein des orga­nes de l’UE défi­nis, puis repri­ses par la Suis­se. Une inté­gra­ti­on de ces res­sour­ces dans le pro­jet de l’UE serait plus effi­cace qu’une orga­ni­sa­ti­on pro­pre à la Suisse.

Pour con­tri­buer à la réa­li­sa­ti­on inté­gra­le à l’échelon de l’UE, nous devons nous con­cen­trer en Suis­se sur les travaux pré­pa­ra­toires avec l’ensemble des ent­re­pri­ses con­cer­nées et faire pro­gresser acti­ve­ment nos pha­ses de test et nos tra­fics pilo­tes. En matiè­re de pro­duits et de spé­ci­fi­ca­ti­ons, nous ne pou­vons nous per­mett­re le moind­re raté au démarrage.

La base d’un changement de système fondamental

Le DAC n’est pas un pro­jet tech­ni­que, mais le début de deux pro­ces­sus néces­saires, à savoir la digi­ta­li­sa­ti­on et l’intégration du fret fer­ro­vi­ai­re dans une chaî­ne logis­tique capa­ble d’affronter l’avenir. Outre le pro­ces­sus d’attelage, le DAC ira de pair avec d’autres nou­veau­tés: élé­ments tels que l’essai de frein auto­ma­tique, enre­gis­tre­ment auto­ma­tique de l’agencement des wagons, con­trô­le de l’intégrité des trains ou frein électropneumatique.

Pour que le DAC déploie toute la palet­te de ses effets tech­ni­ques et insuff­le au fret fer­ro­vi­ai­re la dyna­mi­que de mar­ché néces­saire, nous allons devoir tra­vail­ler sur les aspects sui­vants d’ici le début de la migration:

  • Redé­fi­ni­ti­on des pro­ces­sus d’exploitation
  • Adapt­a­ti­on et sim­pli­fi­ca­ti­on dans le temps des direc­ti­ves et pre­scrip­ti­ons règlementaires
  • Pré­pa­ra­ti­on et adapt­a­ti­on de l’infrastructure et des voies de raccordement
  • For­ma­ti­on des grou­pes con­cer­nés à la migra­ti­on et à l’exploitation
  • Auto­ma­tis­a­ti­on des inspec­tions et de la maintenance
  • Auto­ma­tis­a­ti­on des infor­ma­ti­ons sur le trans­port à desti­na­ti­on des chargeurs
  • Pro­tec­tion effi­cace des don­nées numé­ri­ques cont­re l’accès de la part de per­son­nes non autorisées

À la VAP, nous visons en outre le lance­ment d’une pla­te­for­me de don­nées et des éch­an­ges de don­nées for­mant un éco­sys­tème de don­nées. Nous som­mes con­vain­cus que le DAC n’apportera au sec­teur fer­ro­vi­ai­re la plus-value néces­saire sur tout le ter­ri­toire que s’il s’accompagne d’échanges de don­nées. Nous som­mes donc très heu­reux que, mal­gré le scep­ti­cis­me dont le sec­teur a fait preuve au début, l’OFT ait pris en comp­te cet aspect, tout comme il a l’intention de tenir comp­te du fret dans l’infrastructure de don­nées sur la mobi­li­té (LIDMo) qu’il est en train de mett­re en place. Pour savoir en quoi le DAC peut appor­ter une con­tri­bu­ti­on à un sys­tème de fret fer­ro­vi­ai­re inno­vant auto­fi­nan­cé et ori­en­té sur le cli­ent et dans quel­le mesu­re la lett­re C pour­rait sur­tout être tra­duite par con­nec­ti­vi­té, ren­dez-vous sur notre pro­chain blog sur le DAC.

Investir dans l’avenir avec le DAC

Investir dans l’avenir avec le DAC

Le cou­pla­ge auto­ma­tique digi­tal (DAC) est beau­coup plus que ce que sug­gè­re son nom. C’est la base d’une digi­ta­li­sa­ti­on et d’une auto­ma­tis­a­ti­on com­plè­tes du fret fer­ro­vi­ai­re en Suis­se – et par là même un inves­tis­se­ment proac­tif dans l’avenir.

Fret ferroviaire 4.0

À la VAP, nous œuvrons pour un sys­tème de fret fer­ro­vi­ai­re con­cur­rentiel afin de garan­tir à nos mem­bres le libre choix du moyen de trans­port. Pour ce faire, nous som­mes actifs à dif­fér­ents niveaux. L’un est le cou­pla­ge auto­ma­tique digi­tal, abré­gé DAC en ang­lais. Grâce à lui, le fret fer­ro­vi­ai­re euro­pé­en pour­ra att­eind­re le pro­chain stade de la modernisation.

Comme son nom le sug­gè­re, le DAC per­met d’automatiser le pro­ces­sus de cou­pla­ge. Mais ce n’est pas tout, loin de là. Il nous faut repen­ser le fret fer­ro­vi­ai­re suis­se avec ses pro­ces­sus inter­sys­tè­mes comme un tout. Au sein de cette con­cep­ti­on, le DAC rend pos­si­ble un trans­fert de flux et de don­nées inin­ter­rom­pu dans le train. Celui-ci est la con­di­ti­on pré­alable à la digi­ta­li­sa­ti­on et à l’automatisation du fret fer­ro­vi­ai­re. Il repré­sen­te un saut quan­tique en ter­mes de qua­li­té et d’avantage pour le cli­ent, car tou­tes les don­nées sur l’ensemble des inter­faces et des acteurs de la logis­tique seront dis­po­nibles sous forme numé­ri­que. La com­man­de numé­ri­que du train génè­rera en outre une fle­xi­bi­li­sa­ti­on révo­lu­ti­on­n­aire de l’utilisation du réseau et ainsi une aug­men­ta­ti­on con­sidé­ra­ble de la capa­ci­té de celui-ci. Cela offri­ra au fret fer­ro­vi­ai­re une chan­ce uni­que de jouer un rôle clé dans la logis­tique multimodale.

La première véritable innovation depuis 100 ans

En matiè­re de fret fer­ro­vi­ai­re euro­pé­en, la der­niè­re véri­ta­ble inno­va­ti­on a été l’électrification. Elle remon­te à un siè­cle. Cela expli­que que la com­pé­ti­ti­vi­té du fret fer­ro­vi­ai­re ait con­stam­ment dimi­n­ué. En inves­tis­sant dans le DAC, le fret fer­ro­vi­ai­re est à pré­sent en mesu­re de rat­tra­per d’un coup plu­s­ieurs sta­des de déve­lo­p­pe­ment. En effet, il offre de nou­vel­les fon­c­tions com­portant des avan­ta­ges révo­lu­ti­on­n­aires (cf. Illus­tra­ti­on 1).

Illus­tra­ti­on 1: le DAC appor­te plus d’avantages que la simp­le auto­ma­tis­a­ti­on du pro­ces­sus de couplage.

Le fret ferroviaire, colonne vertébrale de l’approvisionnement

Le fret fer­ro­vi­ai­re est un élé­ment cru­cial de l’approvisionnement en mar­chan­di­ses. Rien qu’en Suis­se, nous tablons sur une crois­sance du volu­me de trans­port de mar­chan­di­ses de 30 % d’ici 2050. Or les capa­ci­tés de trans­port rou­tier et fer­ro­vi­ai­re sont limi­tées. Une exten­si­on des capa­ci­tés sera en pre­mier lieu ren­due pos­si­ble par l’amélioration des inter­faces des chaî­nes logis­ti­ques mul­ti­mo­da­les. En ter­mes de dura­bi­li­té aussi, le fret fer­ro­vi­ai­re pré­sen­te des atouts. Un tiers des émis­si­ons annuel­les de gaz à effet de serre sont dues aux trans­ports. Avec le pacte vert à l’échelon euro­pé­en et la stra­té­gie cli­ma­tique 2050 à long terme en Suis­se, la poli­tique s’est fixé des objec­tifs ambi­ti­eux. Dans ce con­tex­te, le rail, pau­vre en émis­si­ons, s’avère par­ti­cu­liè­re­ment concurrentiel.

Un soutien est indispensable

Faire ent­rer le fret fer­ro­vi­ai­re dans une nou­vel­le ère du pro­grès grâce au DAC ne pour­ra pas réus­sir en faisant cava­lier seul. Notre sec­teur est tri­bu­tai­re d’un sou­ti­en, qui com­por­te d’une part une impli­ca­ti­on poli­tique garan­tis­sant une coor­di­na­ti­on inin­ter­rompue entre la Suis­se et l’UE, et d’autre part une aide finan­ciè­re. En effet, les acteurs du sec­teur ne sont pas à même de sup­port­er seuls les inves­tis­se­ments de départ. La valeur ajou­tée du DAC se déploie sur le long terme et se répar­tit sur plu­s­ieurs acteurs du mar­ché (cf. Illus­tra­ti­on 2). Un finance­ment de départ volon­ta­ris­te de la part de la Con­fé­dé­ra­ti­on est à notre avis impé­ra­ti­ve­ment néces­saire. Mais l’objectif ulti­me doit res­ter l’autofinancement.

Illus­tra­ti­on 2: l’atout du DAC se déploie sur le long terme et se répar­tit sur plu­s­ieurs acteurs du marché.

Un rééquipement réfléchi

Nous con­sidé­rons comme judi­cieux de réé­qui­per la flot­te de wagons existan­te de maniè­re rest­ric­ti­ve en se con­cen­trant sur les wagons récents et per­tin­ents pour le mar­ché. Les pro­prié­tai­res de wagons ne dev­rai­ent réé­qui­per leurs wagons que si cela s’avère sur le long terme plus avan­ta­ge­ux qu’un nou­vel achat. Par ail­leurs, la Con­fé­dé­ra­ti­on dev­rait pré­voir pour les wagons non enco­re amor­tis une prime à la casse dont l’utilisation sera lais­sée à la dis­cré­ti­on des pro­prié­tai­res de wagons. Il faut se rend­re à l’évidence: pour que les wagons restent com­pa­ti­bles entre eux et que la DAC génè­re sa plus-value aussi rapi­de­ment que pos­si­ble, il fau­dra réé­qui­per un grand nombre de wagons de maniè­re coor­don­née dans un laps de temps court.

Vous trou­verez de plus amp­les infor­ma­ti­ons sur ce thème dans cette pré­sen­ta­ti­on.

Forum Fret ferroviaire: le secteur est uni pour le progrès dans le domaine du fret ferroviaire

Forum Fret ferroviaire: le secteur est uni pour le progrès dans le domaine du fret ferroviaire

Mis en veil­leu­se pen­dant trois longues années, le très popu­lai­re forum Fret fer­ro­vi­ai­re a enfin pu faire son retour le 3 mai 2022. Il a réuni les prin­ci­paux acteurs et repré­sen­tants du sec­teur des char­geurs de l’Europe entiè­re venus rafraîchir leurs con­nais­sances tech­ni­ques et éch­an­ger avec leurs col­lè­gues d’autres ent­re­pri­ses. Les chan­ces de rend­re le fret fer­ro­vi­ai­re prêt à affron­ter l’avenir dans un effort com­mun sont bonnes!

Des approches intéressantes

Les plans direc­teurs Trans­port de mar­chan­di­ses et Fret fer­ro­vi­ai­re en par­ti­cu­lier lan­cés en Alle­ma­gne et en Autri­che don­nent un aper­çu com­plet des stra­té­gies et mesu­res poli­ti­ques. Il n’y a pas d’équivalent en Suis­se. Au lieu de cela, le pays se con­cent­re enco­re lar­ge­ment sur les dif­fér­ents modes de trans­port. La VAP pour­su­it donc tou­jours une visi­on glo­ba­le du trans­port de mar­chan­di­ses et de la logis­tique, en étroi­te coopé­ra­ti­on avec eco­no­mie­su­is­se et l’ASTAG.

L’Autriche pré­sen­te une modi­fi­ca­ti­on dans la loi sur la ges­ti­on des déche­ts. Celle-ci impo­se qu’à l’avenir, les trans­ports de déche­ts d’un poids total de plus de dix ton­nes se fas­sent, à par­tir d’un tra­jet d’une longueur défi­nie (décrois­san­te entre le 1.1.2023 et le 1.1.2026 de 300, 200, 100 km), par le train ou par un autre mode de trans­port ayant un potentiel de pol­lu­ti­on ou de gaz à effet de serre équi­va­lent ou infé­ri­eur (p. ex. ent­raî­ne­ment par pile à com­bus­ti­ble ou moteur électrique).

On obser­ve des évo­lu­ti­ons simi­lai­res dans le can­ton de Zurich, par exemp­le dans l’ordonnance du 3 février 2021 sur le trans­port fer­ro­vi­ai­re des déb­lais et des gra­nu­lats de roche. Celle-ci exige qu’une part con­sidé­ra­ble du trans­port des déb­lais se fasse par le rail – ou soit que ces trans­ports soi­ent sou­mis à une taxe de sub­sti­tu­ti­on. Si nous nous féli­ci­tons sur le prin­ci­pe de cette règle­men­ta­ti­on visa­nt à att­eind­re les objec­tifs envi­ron­ne­men­taux, nous esti­mons qu’il est peu effi­cace d’imposer le choix du moyen de trans­port par le biais d’une con­train­te douce. La VAP s’efforce plu­tôt de rend­re les chem­ins de fer per­for­mants et attra­yants pour les char­geurs, de sorte à rend­re super­flue toute mise sous tutelle.

Nous por­tons donc un juge­ment très posi­tif sur l’intérêt com­mun con­sistant à faire pro­gresser la digi­ta­li­sa­ti­on. Les acteurs du sec­teur des char­geurs sont plus unis que jamais aupa­ra­vant pour le pro­grès. Il est impres­si­on­nant de voir com­ment les dif­fér­ents acteurs, orga­ni­sés en réseau à l’échelle de l’Europe entiè­re, optent pour la digi­ta­li­sa­ti­on et sont déter­mi­nés à action­ner ensem­ble ce levier afin de prépa­rer le trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses à affron­ter l’avenir. Dif­fér­ents expo­sés ont mon­tré que le cou­pla­ge auto­ma­tique digi­tal (DAC) non seu­le­ment appor­te un allè­ge­ment con­sidé­ra­ble des travaux méca­ni­ques, mais pose avant tout un jalon pour la con­nec­ti­vi­té de l’ensemble du train. Ceci est la con­di­ti­on pré­alable à la digi­ta­li­sa­ti­on, si importan­te pour le fret fer­ro­vi­ai­re, qui a déjà eu lieu depuis long­temps dans d’autres sec­teurs. Grâce à des pro­ces­sus plus effi­caces et trans­par­ents, les chem­ins de fer peu­vent deve­nir com­pé­ti­tifs par rap­port aux aut­res moy­ens de trans­port, sui­vant la devi­se «col­la­bo­ra­ti­on & coo­pé­ti­ti­on», que nous, la VAP, asso­cia­ti­on des char­geurs, sou­te­nons également.

Les mem­bres de la VAP peu­vent télé­char­ger ici les pré­sen­ta­ti­ons des inter­venants à l’aide de leurs don­nées de con­ne­xi­on personnelles.

 

Déroulement détaillé du forum

La mati­née a tour­né autour de la ques­ti­on «La poli­tique des trans­ports sous l’emprise de la fré­né­sie verte ?». Gil­les Peter­hans, secré­tai­re géné­ral de l’UIP a expli­qué les thé­ma­ti­ques de la poli­tique des trans­ports au niveau euro­pé­en. Malte Law­renz, pré­si­dent de VPI Alle­ma­gne (asso­cia­ti­on des pro­prié­tai­res de wagons de mar­chan­di­ses), a détail­lé le cadre de la poli­tique des trans­ports pour l’Allemagne et mon­tré de quel­le maniè­re le rail allait avoir la prio­ri­té et quel encou­ra­ge­ment était néces­saire pour pou­voir mett­re en œuvre le plan direc­teur Fret fer­ro­vi­ai­re. Frank Petut­s­ch­nig, secré­tai­re géné­ral VPI Autri­che, a dres­sé un tableau de la situa­ti­on autri­chi­en­ne sur le même sujet, met­tant pour sa part l’accent sur la visi­on glo­ba­le du trans­port de mar­chan­di­ses, à savoir sur un choix du mode de trans­port le plus effi­cace pos­si­ble en ter­mes de con­som­ma­ti­on d’énergie par tonne. Dési­rée Baer, CEO de CFF Cargo, a com­plé­té par son expo­sé le tableau de la situa­ti­on du cadre de la poli­tique des trans­ports en Suis­se et a pré­sen­té la Com­mun­au­té d’intérêts Tra­fic par wagons com­plets (CI TWC), la pla­te­for­me de coopé­ra­ti­on des chem­ins de fer et des chargeurs.

Lors de la dis­cus­sion-débat qui a suivi, il est appa­ru clai­re­ment que les jalons pour l’avenir du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses sont ori­en­tés sur l’innovation et que la pro­chai­ne étape con­sis­te­ra à défi­nir la maniè­re dont les inves­tis­se­ments seront finan­cés. Il est res­sor­ti clai­re­ment que les nou­veau­tés con­cer­naient tous les acteurs et qu’une appro­che col­la­bo­ra­ti­ve était donc la voie à sui­v­re. La coopé­ra­ti­on et la con­cur­rence – ou plu­tôt la coo­pé­ti­ti­on – sont deux aut­res mots-clés sou­hai­tés non seu­le­ment par les acteurs du rail, mais aussi dans le domaine de l’interaction entre le rail et la route.

L’après-midi s’est arti­culé autour de deux thè­mes-clés pas­si­on­nants: «Inno­va­tions & mise en œuvre pos­si­ble» et «La digi­ta­li­sa­ti­on avec des mesu­res con­crè­tes». Jürg Lüt­scher, spé­cia­lis­te de l’innovation et de la régu­la­ti­on à la VAP, a parlé de l’automatisation du fret fer­ro­vi­ai­re en Suis­se. Il a souli­g­né l’importance de l’optimisation des pro­ces­sus et des inter­faces en aval de l’innovation, autre­ment dit de l’interopérabilité. Ralf Mar­xen, Head of Exter­nal Tech­ni­cal Affairs chez Deut­sche Bahn AG, a fait un expo­sé sur le che­min vers le train de mar­chan­di­ses intel­li­gent: «De Shift2Rail à Europe’s Rail». Il a mon­tré les étapes importan­tes de l’innovation, le cou­pla­ge auto­ma­tique digi­tal (DAC) jouant un rôle clé dans la digi­ta­li­sa­ti­on et per­met­tant par exemp­le une auto­ma­tis­a­ti­on des pro­ces­sus et un suivi ainsi qu’une com­mu­ni­ca­ti­on pré­cise avec les cli­ents, ce qui aug­men­te con­sidé­ra­blem­ent le niveau de ser­vice du fret fer­ro­vi­ai­re. Ste­fan Hagen­lo­cher, direc­teur géné­ral de HWH et chef de pro­jet TIS a mon­tré en direct par con­ne­xi­on vidéo quel­les sont selon le Tech­ni­scher Inno­va­ti­ons­kreis Schie­nen­gü­ter­ver­kehr (Cer­cle d’innovation tech­ni­que Fret fer­ro­vi­ai­re – TIS) les con­di­ti­ons pré­al­ables à un trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses numé­ri­que et com­pé­ti­tif. Il a clai­re­ment donné à com­prend­re qu’il n’y aura pas d’automatisation com­plè­te du fret fer­ro­vi­ai­re sans le DAC et qu’il était indis­pensable de pas­ser par une stan­dar­di­s­a­ti­on des aspects tech­ni­ques et par une stra­té­gie de migra­ti­on concertée.

Les deux loueurs de wagons Niko Davids, Chief Digi­tal Offi­cer chez VTG AG, et Chris­toph Becker, responsable ECM II et ges­ti­on de la sécu­ri­té chez Was­co­sa AG, ont pré­sen­té leurs stra­té­gies de digi­ta­li­sa­ti­on visa­nt à ren­forcer la com­pé­ti­ti­vi­té du fret fer­ro­vi­ai­re. Leur mes­sa­ge allait dans le même sens – d’autant que les deux con­curr­ents ont fait un geste fort en inter­ven­ant con­join­te­ment: «Col­la­bo­ra­ti­on et coo­pé­ti­ti­on: la digi­ta­li­sa­ti­on n’est pas un pro­jet indi­vi­du­el! Seule la coopé­ra­ti­on acti­ve et ouver­te appor­te un avan­ta­ge au secteur!»

Jörg Bisang, responsable pro­duits de ZKE, a impres­si­onné l’assistance en mon­trant les pos­si­bi­li­tés déjà existan­tes appor­tées dans le pro­jet «Way­si­de Intel­li­gence» par la digi­ta­li­sa­ti­on du con­trô­le tech­ni­que des véhi­cu­les, et il a invi­té les ent­re­pri­ses fer­ro­vi­ai­res et les pro­prié­tai­res de wagons à tirer parti de ces opportunités.

La dis­cus­sion-débat fina­le a clai­re­ment fait res­sor­tir que tous sou­hai­taient se con­cen­trer ensem­ble sur la migra­ti­on du DAC et par­ti­ci­per ainsi à une inno­va­ti­on interopé­ra­ble. Cette col­la­bo­ra­ti­on con­cer­ne le sys­tème fer­ro­vi­ai­re dans son ensem­ble, c’est pour­quoi il ne faut pas tra­vail­ler ensem­ble en tant que con­curr­ents, mais comme une équi­pe d’innovation au sein de laquel­le on éch­an­ge des idées sur les objec­tifs à att­eind­re. Des décis­i­ons rapi­des et cou­ra­ge­u­ses peu­vent per­mett­re une mise en œuvre efficace.

En con­clu­si­on, nous pou­vons dire que le forum Fret fer­ro­vi­ai­re a été un suc­cès où tous ont appré­cié de se retrou­ver et d’échanger enfin dans le «monde réel».

4<sup>e</sup> paquet ferroviaire de l’UE: profiter de l’élan d’innovation

4e paquet ferroviaire de l’UE: profiter de l’élan d’innovation

La pro­tec­tion du cli­mat figu­re en tête de l’agenda poli­tique euro­pé­en. Dans notre région for­te­ment indus­tria­li­sée, un beso­in élevé de mobi­li­té des per­son­nes et de trans­port des mar­chan­di­ses ent­raî­ne depuis long­temps un volu­me con­sidé­ra­ble d’émissions noci­ves pour le cli­mat. Sur la voie de la neu­tra­li­té car­bo­ne, le monde poli­tique attend du sec­teur fer­ro­vi­ai­re qu’il exploi­te sys­té­ma­ti­quement ses avan­ta­ges et appor­te une con­tri­bu­ti­on sub­stan­ti­el­le à une logis­tique plus respec­tueu­se des res­sour­ces. L’innovation nous donne la pos­si­bi­li­té de rend­re la pro­duc­tion des trans­ports de mar­chan­di­ses plus effi­cace, donc moins coû­teu­se et plus con­vi­via­le, tout en aug­men­tant la dis­po­ni­bi­li­té des sil­lons sur nos réseaux fer­ro­vi­ai­res existants.

Le secteur ferroviaire doit se numériser

En réa­li­té, les con­di­ti­ons pour répond­re à ces atten­tes poli­ti­ques sont bon­nes. En Euro­pe, il exis­te un réseau fer­ro­vi­ai­re dense sur lequel le train peut, com­pa­ré à d’autres modes de trans­port, dépla­cer des mas­ses importan­tes avec un fai­ble beso­in en éner­gie et en espace, les prin­ci­paux cen­tres étant tous reliés entre eux. Cepen­dant, dans le sec­teur fer­ro­vi­ai­re, de nombreu­ses nor­mes et métho­des de tra­vail sont lar­ge­ment dépas­sées. Et les spé­ci­fi­ci­tés de chaque pays sont par­fois dia­mé­tra­le­ment oppo­sées. C’est l’une des prin­ci­pa­les rai­sons pour les­quel­les la hausse des per­for­man­ces récla­mée par le sec­teur fer­ro­vi­ai­re ne s’est pas pro­duite jusqu’à pré­sent. Le sec­teur fer­ro­vi­ai­re ne pour­ra répond­re de maniè­re con­vain­can­te aux atten­tes poli­ti­ques éle­vées – jouer le rôle clé men­ti­onné dans la mise en œuvre de la poli­tique cli­ma­tique – que s’il se renou­vel­le fon­da­men­ta­le­ment. Pour cela, il a beso­in d’une pous­sée d’innovation couvrant l’ensemble du sys­tème et de règles sou­ve­rai­nes har­mo­ni­sées cor­re­spond­ant à l’état de la technique.

Interopérabilité harmonisée à l’échelle de l’UE

C’est là que le pilier tech­ni­que du 4e paquet fer­ro­vi­ai­re de l’UE entre en jeu. Il vise une har­mo­ni­sa­ti­on sys­té­ma­tique dans le tra­fic inter­na­tio­nal à voie nor­ma­le. Les États mem­bres sont appelés à appli­quer sys­té­ma­ti­quement les nor­mes d’interopérabilité et à har­mo­nis­er les pro­cé­du­res d’autorisation cor­re­spond­an­tes au niveau inter­na­tio­nal. Cela per­met­tra de sup­p­ri­mer les obs­ta­cles actuels aux trans­ports trans­fron­ta­liers et d’ouvrir la voie à des étapes d’innovation euro­pé­en­nes com­mu­nes. Ainsi, le pilier tech­ni­que devi­ent décisif pour des inno­va­tions réus­sies dans le sec­teur fer­ro­vi­ai­re européen.

Cel­les-ci com­pren­nent quat­re thè­mes et amé­lio­re­ront con­sidé­ra­blem­ent la posi­ti­on du trans­port fer­ro­vi­ai­re sur le mar­ché au cours des pro­chai­nes années:

  • Règles sou­ve­rai­nes har­mo­ni­sées au niveau international
  • Sys­tè­mes tech­ni­ques com­pa­ti­bles par-delà les frontières
  • Pro­ces­sus har­mo­ni­sés au niveau inter­na­tio­nal pour les acti­vi­tés liées à la sécurité
  • Acti­vi­tés com­mu­nes de déve­lo­p­pe­ment intersystémique
L’automatisation devient commercialisable

L’entreprise com­mu­ne «sys­tème fer­ro­vi­ai­re euro­pé­en» (EU-RAIL) a lancé un important déve­lo­p­pe­ment inter­eu­ro­pé­en avec l’European Freight Digi­tal Auto­ma­tic Cou­pler Deli­very Pro­gram (EDDP). Celui-ci doit per­mett­re la numé­ri­sa­ti­on et l’automatisation du trans­port de mar­chan­di­ses. Les travaux de déve­lo­p­pe­ment doi­vent être suf­fi­sam­ment avan­cés d’ici 2025 pour que les attel­ages auto­ma­ti­ques numé­ri­ques soi­ent dis­po­nibles en série pour la migra­ti­on à venir du maté­ri­el roulant.

La Suisse au cœur du projet

Tant d’un point de vue éco­no­mi­que que géo­gra­phi­que, il est judi­cieux que la Suis­se par­ti­ci­pe de maniè­re acti­ve et cohé­ren­te aux acti­vi­tés en cours de l’UE – a for­tio­ri dans le con­tex­te du bras de fer autour de l’accord-cadre insti­tu­ti­on­nel. La révi­si­on de la loi suis­se sur les chem­ins de fer (LCdF), qui vise à adap­ter de maniè­re auto­no­me nos pre­scrip­ti­ons sou­ve­rai­nes aux direc­ti­ves Interop et de sécu­ri­té du 4e paquet fer­ro­vi­ai­re de l’UE, est une impul­si­on bien­ve­nue pour s’attaquer acti­ve­ment aux paquets d’innovation visés. Le sec­teur fer­ro­vi­ai­re suis­se doit et va uti­li­ser dès que pos­si­ble cette pous­sée d’innovation à son avan­ta­ge afin de res­ter un par­ten­aire com­pé­ti­tif dans le sec­teur des trans­ports, où la con­cur­rence com­mer­cia­le est rude.

Manifestation pour le secteur et les médias: Train de démonstration DAC4EU

Manifestation pour le secteur et les médias: Train de démonstration DAC4EU

Le 25 mars 2022, l’OFT, les CFF, la VAP et l’UTP ont donné des infor­ma­ti­ons sur la phase de test et les vastes avan­ta­ges qui résul­tent de l’at­telage auto­ma­tique numé­ri­que (AAD). Le mes­sa­ge était que le DAK pose les jalons de la numé­ri­sa­ti­on et donc d’une inno­va­ti­on révo­lu­ti­on­n­aire dans le trans­port fer­ro­vi­ai­re de marchandises.

Depuis l’automne 2021, le pre­mier train de mar­chan­di­ses numé­ri­que sil­lon­ne l’Europe à des fins d’expérimentation. Objec­tif: tes­ter l’attelage auto­ma­tique numé­ri­que (DAC) dans des con­di­ti­ons d’exploitation réel­les. CFF Cargo sou­met le train à une bat­te­rie com­plè­te de tests jusqu’à fin mars. À cet égard, les acteurs de la bran­che sont unani­mes sur l’importance majeu­re d’une étroi­te col­la­bo­ra­ti­on natio­na­le et d’une coor­di­na­ti­on à l’échelle euro­pé­en­ne pour la réus­si­te de l’introduction du DAC. Le train d’es­sai est finan­cé par le Minis­tère fédé­ral alle­mand du numé­ri­que et des trans­ports (BMVD).

12e symposium de la VPI sur le couplage automatique digital

12e symposium de la VPI sur le couplage automatique digital

COMMUNIQUÉ DE PRESSE DE LA VPI Ham­bourg en allemand
Der Gamechanger für den Schienengüterverkehr ist aufgegleist!
1.250 Teil­neh­me­rIn­nen infor­mier­ten sich am 11. Janu­ar 2022 beim digi­ta­len Event zum Stand der DAK-Ein­füh­rung „Die DAK euro­pa­weit aus­zu­rol­len, ist ein dickes Brett. Die ers­ten Zen­ti­me­ter haben wir geschafft“. Mit die­sen Wor­ten begrüß­te Vor­sit­zen­der Malte Law­renz die Teil­neh­me­rin­nen und Teil­neh­mer des 12. VPI-Sym­po­si­ums „Digi­ta­le Auto­ma­ti­sche Kupp­lung“ (DAK) in Ham­burg. Er ver­wies auf die im ver­gan­ge­nen Jahr erfolg­te Eini­gung auf einen ein­heit­li­chen euro­päi­schen Kupp­lungs­stan­dard, die Ver­an­ke­rung der DAK im Koali­ti­ons­ver­trag der Bun­des­re­gie­rung und die Arbeit des Euro­pean DAC Deli­very Pro­gram­me (EDDP) in Brüs­sel. Über 1.250 Teil­neh­men­de hat­ten sich per Live­stream in das Sym­po­si­um zuge­schal­tet – eine Rekord­zahl. Groß war das Inter­es­se an der Ver­an­stal­tung auch im nicht deutsch­spra­chi­gen Aus­land: Mehr als die Hälf­te der Zuschau­en­den ver­folg­te das Sym­po­si­um in der eng­li­schen Simultanübersetzung. 

La vidéo est dis­po­nible en alle­mand et en anglais.

Ein Dut­zend Exper­tin­nen und Exper­ten, alle­samt Mit­glie­der des EDDP, berich­te­ten auf dem digi­ta­len Event zum Stand der euro­päi­schen DAK-Dis­kus­si­on in den Fel­dern „Tech­nik“, „Migra­ti­on“, „Kosten/Nutzen“ und „Finan­zie­rung“ und prä­sen­tier­ten aktu­el­le Ergeb­nis­se von Initia­ti­ven wie dem Demons­tra­tor­zug DAC4EU.

Mit der Ver­an­stal­tung bot der VPI dem Sek­tor Gele­gen­heit, Fra­gen an die Ver­tre­ter des EDDP zu stel­len. Beson­ders unter den Nägeln brann­ten Hal­tern, Ver­la­dern und Eisen­bahn­ver­kehrs­un­ter­neh­men Aspek­te der Migra­ti­on und Finan­zie­rung, aber auch etwa Sicher­heits­fra­gen bei Gefahrguttransporten.

„Das Sym­po­si­um hat sich für alle Betei­lig­ten defi­ni­tiv gelohnt“, resü­mier­te Jens Engel­mann, EDDP Pro­gram­me Mana­ger zum Abschluss der Ver­an­stal­tung. Gern habe man den Stake­hol­dern nicht nur Rede und Ant­wort gestan­den, son­dern nehme umge­kehrt auch wich­ti­ge Klä­rungs­the­men nach Brüs­sel mit, die bei der Gestal­tung des kom­ple­xen Umset­zungs­pro­zes­ses Berück­sich­ti­gung fin­den werden.

Das 12. VPI-Sym­po­si­um fand die­ses Jahr in Koope­ra­ti­on mit dem VPI Öster­reich sowie mit wich­ti­gen DAK-Insti­tu­tio­nen auf euro­päi­scher Ebene statt: Euro­pean DAC Deli­very Pro­gram­me, DAC­ce­le­ra­te und Shift2Rail.

 

Malte Law­rence parle dans une inter­view sur Journalistico.de de l’é­tat actuel du pro­jet DAK, de com­bien la pro­duc­ti­vi­té sera plus éle­vée avec le DAK et des obs­ta­cles qu’il reste à sur­mon­ter d’ici là.

https://journalistico.com/wirtschaft/digitale-automatische-kupplung-das-ebnet-den-weg-fuer-den-intelligenten-gueterzug/

DAC: un design de tête du couplage uniforme à l’échelle européenne a été sélectionné

DAC: un design de tête du couplage uniforme à l’échelle européenne a été sélectionné

Le design de Scharfenberg l’emporte

Le 21 sep­tembre 2021, le con­seil d’administration de l’EDDP a choi­si le futur design stan­dard euro­pé­en de cou­pla­ge auto­ma­tique digi­tal (DAC) pour le trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses en Euro­pe. La com­mis­si­on a donc fait un grand pas en avant après une phase d’essai inten­si­ve de près d’une année. Une ébau­che défi­ni­ti­ve de la tête de cou­pla­ge sélec­tion­née sera mise au point au cours des pha­ses à venir. Ce dis­po­si­tif per­met­tra une interopé­ra­bi­li­té et une effi­ca­ci­té opé­ra­ti­on­nel­le sans droits de licence.

Que s’est-il passé jusqu’à présent?

Le con­sor­ti­um euro­pé­en DAC4EU (Digi­tal Auto­ma­tic Cou­pling for Euro­pe) a fait tes­ter quat­re pro­to­ty­pes de cou­pla­ge auto­ma­tique digi­tal (DAC) dans le cadre d’une phase d’essai détail­lée, selon un dérou­le­ment pré­cis et un cata­lo­gue de cri­tères clair. Deux designs de Schar­fen­berg et un design de Schwab des labo­ra­toires de déve­lo­p­pe­ment de Dell­ner Cou­plers AB, Voith GmbH & Co. KGaA et Wab­tec Cor­po­ra­ti­on ont été rete­nus comme pro­to­ty­pes dans l’EDDP. Celui-ci est finan­cé par le pro­gram­me de sou­ti­en euro­pé­en Shift2Rail (S2R). L’EDDP a com­men­cé par mett­re au point un cata­lo­gue de cri­tères pour la pro­cé­du­re de sélec­tion. Envi­ron 100 exper­tes et experts EDDP ven­ant de 36 ent­re­pri­ses étroi­te­ment liées au che­min de fer ont par­ti­ci­pé à l’évaluation à l’échelle euro­pé­en­ne. Au cours de l’été 2021, ils ont exami­né pour chaque modè­le les résul­tats des deux designs tes­tés DAC4EU et Trafikverket/Swedish Win­ter Tests. Le design de Schar­fen­berg est fina­le­ment sorti vain­queur de la phase d’essai.

Prochaines étapes

Dans une pro­chai­ne étape, les con­s­truc­teurs pré­s­en­te­ront des solu­ti­ons qui répon­dent à d’autres exi­gen­ces. Ils cal­cu­le­ront éga­le­ment les coûts du cycle de vie et mettront en évi­dence la suite de la pro­cé­du­re jusqu’à la fabri­ca­ti­on en série. Ledit train de démons­tra­ti­on du DAC fera halte en Alle­ma­gne, en Autri­che et en Suis­se dans les mois à venir. D’autres tests opé­ra­ti­on­nels seront effec­tués ici sur place avec le nou­veau design de cou­pla­ge DAC. Les résul­tats de ces tests seront pris en comp­te dans les pha­ses de déve­lo­p­pe­ment suivantes.

Une meilleure compétitivité du train

Si l’introduction du DAC se solde par une réus­si­te, la com­pé­ti­ti­vi­té du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses en Euro­pe et en Suis­se s’en trou­ve­ra accrue. Les nou­vel­les tech­no­lo­gies amé­lio­rent la per­for­mance, l’utilisation et la qua­li­té des ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re. Le DAC favo­ri­se ainsi le trans­fert du fret vers le rail et devi­ent essentiel pour les objec­tifs cli­ma­ti­ques ambi­ti­eux de l’Europe et de la Suisse.

Le DAC con­cré­ti­se la numé­ri­sa­ti­on et l’automatisation sou­vent men­ti­onnées du sys­tème fer­ro­vi­ai­re euro­pé­en. Il con­tri­bue donc à aug­men­ter la part du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses dans le cadre de sys­tè­mes mul­ti­mo­daux en Euro­pe. Grâce à sa ligne de bus de don­nées et de cou­rant dans l’intégralité du train, le DAK opti­mi­se non seu­le­ment le pro­cé­dé d’attelage, mais éga­le­ment d’autres pro­ces­sus opé­ra­ti­on­nels et de main­ten­an­ce. Il per­met par ail­leurs de réa­li­ser des con­trô­les d’intégrité du train, qui sont con­sidé­rés comme une con­di­ti­on indis­pensable pour que la géné­ra­ti­on sui­van­te de sys­tè­mes euro­pé­ens de con­trô­le des trains (ETCS niveau 3) puis­se être introduite.

 


DAC4EU

Les mem­bres du con­sor­ti­um DAC4EU sont la Deut­sche Bahn et sa filia­le DB Cargo, les ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re suis­se et autri­chi­en­ne CFF Cargo et Rail Cargo Aus­tria ainsi que les pro­prié­tai­res de wagons Erme­wa, GATX Rail Euro­pe et VTG. Le pro­jet de recher­che est finan­cé par le Minis­tère fédé­ral alle­mand des Trans­ports et des Infra­struc­tures numé­ri­ques (BMVI) à hauteur d’environ 13 mil­li­ons d’euros; lancé en juin 2020, il s’achèvera en décembre 2022. L’objectif du con­sor­ti­um est d’équiper les trains du DAC à tra­vers toute l’Europe d’ici 2030. Cette nou­vel­le tech­no­lo­gie peut ainsi con­tri­buer à faire du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses en Euro­pe le cœur du futur sys­tème de mobilité.

S2R JU

La Shift2Rail Joint Under­ta­king (S2R JU) est la pre­miè­re initia­ti­ve fer­ro­vi­ai­re euro­pé­en­ne qui s’engage en faveur d’une recher­che ciblée, d’une inno­va­ti­on et de solu­ti­ons axées sur le mar­ché pour les sys­tè­mes fer­ro­vi­ai­res de demain dans le trans­port de voy­a­ge­urs et de mar­chan­di­ses. Son but est donc de favo­ri­ser une crois­sance intel­li­gen­te et dura­ble ainsi qu’une Euro­pe cli­ma­ti­quement neu­tre. Dans ce con­tex­te, elle vise les frais du cycle de vie et l’efficacité de sys­tè­mes fer­ro­vi­ai­res. Avec des acti­vi­tés de démons­tra­ti­on et la dif­fu­si­on de résul­tats per­tin­ents pour le lance­ment sur le mar­ché, l’initiative S2R JU veut encou­ra­ger la com­pé­ti­ti­vi­té de l’industrie fer­ro­vi­ai­re euro­pé­en­ne et par­ve­nir dans le même temps à un effet mul­ti­pli­ca­teur pour les moy­ens finan­ciers de l’Union euro­pé­en­ne (UE). L’initiative S2R JU est finan­cée par le pro­gram­me Hori­zon 2020 de l’UE.