Satisfaction chez CFF, inquiétude chez CFF Cargo

Satisfaction chez CFF, inquiétude chez CFF Cargo

Les CFF sont en par­fai­te santé. C’est ce que la socié­té a com­mu­ni­qué le 11 mars 2024 en publi­ant son bilan 2023. Seule la filia­le CFF Cargo con­ti­nue à être source d’inquiétude et doit être sou­te­nue finan­ciè­re­ment. Notre avis, à la VAP: Cela ne doit pas reve­nir à sub­ven­ti­on­ner sur le long terme le tra­fic par wagons com­plets iso­lés (TWCI). Et vu le bilan 2023, la pro­po­si­ti­on d’injecter 1,25 mil­li­ard de CHF est superflue.

Les enjeux:

  • Résul­tats 2023: des béné­fices fri­sant les records
  • La fra­gi­li­té chro­ni­que de CFF Cargo se tra­duit à nou­veau par un déficit
  • Des résul­tats record et des mil­li­ards d’aide: où est la logique?
  • Il faut instau­rer une responsa­bi­li­té entrepreneuriale

 

Résultats 2023: des bénéfices frisant les records

1,3 mil­li­on de voy­a­ge­urs, 269 mil­li­ons de CHF de béné­fices, 9,9 % de recet­tes sup­p­lé­men­tai­res dans le trans­port de voy­a­ge­urs, 92,5 % de trains pon­c­tuels mal­gré 20 000 chan­tiers, un endet­te­ment tombé à 11,3 mil­li­ards de CHF, et finance­ment de tous les inves­tis­se­ments sur le flux de tré­sore­rie: l’exercice 2023 des CFF reg­or­ge de bon­nes nou­vel­les et de super­la­tifs. Pour la pre­miè­re fois depuis l’ère post-covid, les CFF sortent du rouge. Ce résul­tat réjouis­sant est prin­ci­pa­le­ment dû à un nombre record de voy­a­ge­urs et aux béné­fices jute­ux géné­rés par les objets immo­bi­liers des CFF. Il n’est donc pas éton­nant que les respons­ables se mont­rent con­fi­ants pour abor­der l’avenir.

La fragilité chronique de CFF Cargo se traduit à nouveau par un déficit

Dans le sec­teur du fret de la socié­té rena­tio­na­li­sée CFF Cargo, la situa­ti­on finan­ciè­re est net­te­ment moins rose. Cer­tes, le résul­tat 2023 de CFF Cargo Suis­se s’est amé­lio­ré de 148 mil­li­ons de CHF par rap­port à celui de l’exercice pré­cé­dent pour att­eind­re moins 40 mil­li­ons de CF. Mais cela s’explique prin­ci­pa­le­ment par des cor­rec­tions de valeur de 2022. Le volu­me de tra­fic a bais­sé de 7,5 % par rap­port à l’exercice pré­cé­dent. Selon les CFF, les prin­ci­paux fac­teurs ont été la pres­si­on au niveau des prix, le défi­cit struc­tu­rel du TWCI et le refro­idis­se­ment de la conjoncture.

Reste à savoir com­ment chif­frer pré­cis­é­ment ce défi­cit, qua­li­fié de «struc­tu­rel». Dans le débat poli­tique, ces CFF par­lent de 80 à 100 mil­li­ons de CHF, tan­dis que le rap­port de ges­ti­on 2023 fait état de 40 mil­li­ons de CHF. CFF Cargo a‑t-il géné­ré des béné­fices de 40 à 60 mil­li­ons de CHF dans le tra­fic par trains complets?

Des résultats record et des milliards d’aide: où est la logique? 

Peter Füg­lis­ta­ler, direc­teur de l’Office fédé­ral des trans­ports (OFT), répond à cette ques­ti­on en don­nant dans un com­men­tai­re sur Lin­ke­dIn une répon­se plau­si­ble: «Je ne sais pas». Les CFF vont finan­ciè­re­ment bien, et c’est effec­ti­ve­ment tout à leur hon­neur. Car enfin, les char­geurs sou­hai­tent avoir des par­ten­aires forts dans le sec­teur des trans­ports. À la VAP, nous res­tons fidè­les à notre posi­ti­on: la situa­ti­on finan­ciè­re cri­tique de CFF Cargo ne doit pas être con­fon­due avec la néces­si­té de moder­nis­er et de réor­ga­nis­er le TWCI. En jan­vier 2024, le Con­seil fédé­ral a récla­mé à rai­son dans son «Mes­sa­ge rela­tif à la loi sur le trans­port de mar­chan­di­ses» des mesu­res de moder­ni­sa­ti­on du TWCI sur l’ensemble du ter­ri­toire (cf. artic­le du blog «De bons jalons pour le fret fer­ro­vi­ai­re inté­ri­eur»). Au lieu d’une enve­lo­p­pe d’assainissement au TWCI, nous récla­mons le ver­se­ment d’un finance­ment tran­si­toire ciblé, dégres­sif et limi­té dans le temps, pour une trans­for­ma­ti­on dura­ble du TWCI sur le che­min de l’autonomie finan­ciè­re. Ce n’est qu’ainsi que le TWCI pour­ra se moder­nis­er et croître.

Il faut instaurer une responsabilité entrepreneuriale

Le Par­le­ment trai­te actu­el­le­ment le «Mes­sa­ge sur la modi­fi­ca­ti­on de la loi sur les Chem­ins de fer fédé­raux (Finance­ment dura­ble des CFF)». La Con­fé­dé­ra­ti­on doit pro­chai­ne­ment prend­re en char­ge les défi­ci­ts des CFF résul­tant de la pan­dé­mie dans le domaine des gran­des lignes. Cela fait dire Josef Ditt­li, pré­si­dent de la VAP et con­seil­ler aux États: «Pour­quoi la Con­fé­dé­ra­ti­on, qui vient d’annoncer des réduc­tions bud­gé­tai­res liné­ai­res et des plans d’austérité, doit-elle sou­te­nir avec l’argent des con­tri­bu­ables une ent­re­pri­se éta­tique qui génè­re des résul­tats record? J’en appel­le aujourd’hui avec insis­tance à la responsa­bi­li­té entre­pre­neu­ria­le des acteurs.»

De bons jalons pour le fret ferroviaire intérieur

De bons jalons pour le fret ferroviaire intérieur

En jan­vier, le Con­seil fédé­ral a publié son mes­sa­ge à l’attention du Par­le­ment con­cer­nant la loi sur le trans­port de mar­chan­di­ses. Il vise à moder­nis­er le tra­fic de wagons com­plets iso­lés (TWCI) sur l’ensemble du ter­ri­toire et pose ainsi les bases de son auto­fi­nance­ment. En dépit de nombreu­ses réser­ves, il pro­po­se pour cela des aides à l’investissement et des indem­ni­tés d’exploitation tem­po­rai­res ainsi que des inci­ta­ti­ons desti­nées aux chargeurs.

Les enjeux:

  • Le Con­seil fédé­ral vise l’autofinancement
  • Réor­ga­ni­sa­ti­on inté­gra­le et moder­ni­sa­ti­on du TWCI
  • Encou­ra­ge­ment limi­té dans le temps de l’exploitation du TWCI durant la phase de modernisation
  • L’OFT cri­tique les lignes direc­tri­ces du secteur
  • Aper­çu du projet
  • Et main­ten­ant

 

Le Conseil fédéral vise l’autofinancement

Lors de sa séan­ce du 10 jan­vier 2024, le Con­seil fédé­ral a adop­té le Mes­sa­ge rela­tif à la loi sur le trans­port de mar­chan­di­ses à l’at­ten­ti­on du Par­le­ment. La VAP accu­eil­le avec satis­fac­tion la pour­suite de la variante1, qu’elle favo­ri­se. Par ce pro­jet, le Con­seil fédé­ral entend moder­nis­er le fret fer­ro­vi­ai­re sur les plans tech­ni­que et orga­ni­sa­ti­on­nel, ren­forcer les chaî­nes de trans­port mul­ti­mo­da­les et mieux inté­grer la navi­ga­ti­on. Les objec­tifs géné­raux con­sis­tent à ren­forcer la sécu­ri­té de l’approvisionnement dans tout le pays et à pro­mou­voir la mul­ti­mo­da­li­té, afin de con­tri­buer aux objec­tifs envi­ron­ne­men­taux et éner­gé­ti­ques de la Con­fé­dé­ra­ti­on. Il s’agit ainsi de garan­tir la des­ser­te actu­el­le des sur­faces, d’augmenter la part du fret fer­ro­vi­ai­re à moyen terme et de poser les bases d’un autofinancement.

Réorganisation intégrale et modernisation du TWCI 

Cette réor­ga­ni­sa­ti­on repo­se sur une trans­for­ma­ti­on com­plè­te du TWCI, respec­ti­ve­ment du tra­fic de réseau avec la moder­ni­sa­ti­on tech­ni­que cor­re­spond­an­te (en par­ti­cu­lier la numé­ri­sa­ti­on) qui va de pair, l’intégration dans le sys­tème logis­tique suis­se et l’instauration d’une con­cur­rence intra­mo­da­le non dis­cri­mi­na­toire. Cette der­niè­re doit per­mett­re d’améliorer con­sidé­ra­blem­ent la qua­li­té des pre­sta­ti­ons logis­ti­ques et leur effi­ca­ci­té et de faci­li­ter les inno­va­tions futures. Le pro­jet pré­voit d’allouer des res­sour­ces d’investissement de 180 mil­li­ons de francs au finance­ment de l’introduction du cou­pla­ge auto­ma­tique digi­tal (DAC). Des res­sour­ces d’investissement sup­p­lé­men­tai­res sont pré­vues pour finan­cer des opti­mi­sa­ti­ons de pro­ces­sus numé­ri­sés et des pla­te­for­mes d’échange de don­nées et d’autres inves­tis­se­ments comparables.

Encouragement limité dans le temps de l’exploitation du TWCI durant la phase de modernisation

Afin de pré­ser­ver son niveau actuel d’exploitation dans tout le ter­ri­toire, un sou­ti­en finan­cier de son explo­ita­ti­on est prévu pour une durée de huit ans. Cette mesu­re est cen­sée cou­vr­ir les coûts non cou­verts. Ces indem­ni­tés dimi­n­ue­ront au fur et à mesu­re de l’avancement de la réor­ga­ni­sa­ti­on et seront fixées dans des con­ven­ti­ons de pre­sta­ti­ons plu­ri­an­nuel­les con­clues avec tou­tes ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re impli­quées dans le tra­fic de réseau.

L’OFT critique les lignes directrices du secteur 

Pour que cette trans­for­ma­ti­on réus­sis­se et que le TWCI puis­se être exploi­té de maniè­re sta­ble à son niveau actuel pen­dant la phase de trans­for­ma­ti­on, le sec­teur a pré­sen­té des lignes direc­tri­ces pour des mesu­res con­crè­tes et des acti­vi­tés d’encouragement. L’OFT con­sidè­re tou­te­fois qu’elles sont insuf­fi­san­tes et deman­de qu’elles soi­ent retra­vail­lées. Il déplo­re notam­ment l’absence de per­spec­ti­ve d’une réor­ga­ni­sa­ti­on glo­ba­le visa­nt à accroît­re l’efficience et les capa­ci­tés. Il obser­ve que la ten­dance est au main­ti­en des struc­tures et à la pour­suite de la réduc­tion de l’offre. Il con­sidè­re qu’il n’est actu­el­le­ment pas en mesu­re de con­clure des accords de pre­sta­ti­ons sur cette base. La VAP com­prend les réser­ves de l’OFT, puis­que ces lignes direc­tri­ces sont le fruit d’un com­pro­mis entre les char­geurs et les ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re, dans le cadre duquel la VAP avait fait de gran­des con­ces­si­ons pour les beso­ins de la cause. Il est à pré­sent néces­saire de retra­vail­ler en sub­s­tance ces lignes direc­tri­ces, notam­ment du point de vue des cli­ents du trans­port de mar­chan­di­ses en tant qu’utilisateurs des ser­vices logistiques.

Nous som­mes prêts à sou­te­nir de maniè­re signi­fi­ca­ti­ve l’avancement de ce dos­sier. Nous esti­mons qu’un pilo­ta­ge opé­ra­ti­on­nel com­plet pour con­trô­ler l’efficacité des mesu­res et des inci­ta­ti­ons et la mise en place d’une pla­te­for­me numé­ri­que con­sti­tue une con­di­ti­on essen­ti­el­le à cette trans­for­ma­ti­on. Cela per­met­trait de reli­er tous les acteurs de façon fle­xi­ble et effi­cace dans la pla­ni­fi­ca­ti­on et le dérou­le­ment de leurs pre­sta­ti­ons. Cette trans­for­ma­ti­on doit être mise en œuvre de maniè­re struc­tu­rée, métho­di­que et ciblée sous la forme d’un projet.

Aperçu du projet
  • Les aides à l’investissement: Le Con­seil fédé­ral met à dis­po­si­ti­on 180 mil­li­ons de francs pour finan­cer l’introduction du DAC. Cela cou­vre envi­ron un tiers des coûts de trans­for­ma­ti­on. Le réé­qui­pe­ment du maté­ri­el rou­lant doit être coor­don­né à l’échelle euro­pé­en­ne et doit se réa­li­ser d’ici 2033. On attend du DAC qu’il se tra­dui­se par une amé­lio­ra­ti­on sub­stan­ti­el­le de la pro­duc­ti­vi­té et de la qua­li­té du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses.
    Fiche d’in­for­ma­ti­on DAC (PDF, 971 kB)
  • Indem­ni­tés d’exploitation: Afin de pré­ser­ver le niveau actuel de cou­ver­tu­re du ter­ri­toire du TWCI pen­dant la phase de trans­for­ma­ti­on, le Con­seil fédé­ral pré­voit de le sou­te­nir finan­ciè­re­ment pen­dant une durée limi­tée à huit ans et de maniè­re dégres­si­ve. L’autonomie finan­ciè­re doit être att­ein­te à l’issue de cette péri­ode. Pour les quat­re pre­miè­res années, il deman­de 260 mil­li­ons de francs.
    Fiche d’in­for­ma­ti­on sur le trans­port de mar­chan­di­ses (PDF, 712 kB)
  • Inci­ta­ti­ons pour les char­geurs: Des con­tri­bu­ti­ons au trans­bor­de­ment et au char­ge­ment ainsi qu’une indem­ni­sa­ti­on des coûts non cou­verts de l’offre com­man­dée de trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses sont pré­vues pour une durée indé­ter­mi­née à hauteur de 60 mil­li­ons par an au total.

Mes­sa­ge com­plet sur la loi sur le trans­port de mar­chan­di­ses.

Et maintenant
  • Les points en sus­pens feront l’objet de dis­cus­sions entre l’OFT et le sec­teur avant la fin du pre­mier semes­t­re 2024, et les lignes direc­tri­ces seront com­plé­tées et pré­cis­ées en conséquence.
  • Dans ce con­tex­te et après l’adoption de la loi révi­sée, un pro­ces­sus d’appel d’offres doit être lancé d’ici la fin de l’an­née 2024 pour les  dif­fér­ents paquets de pre­sta­ti­ons au sein du tra­fic réseau.
  • Les négo­cia­ti­ons d’éventuelles con­ven­ti­ons de pre­sta­ti­ons sont pré­vues pour 2025, afin que les éven­tu­el­les mesu­res d’encouragement puis­sent prend­re effet début 2026.

 

Pour de plus amp­les de détails, voir le pré­sent com­mu­ni­qué de pres­se com­mun de la VAP, de la LITRA, de l’AS­TAG, de la CI Tra­fic com­bi­né et de l’UTP.

Prêts à passer au prochain niveau de digitalisation

Prêts à passer au prochain niveau de digitalisation

Sans le cou­pla­ge auto­ma­tique digi­tal (DAC), pas de digi­ta­li­sa­ti­on et sans digi­ta­li­sa­ti­on, pas de com­pé­ti­ti­vi­té. Voilà com­ment on pour­rait décr­i­re la moder­ni­sa­ti­on du fret fer­ro­vi­ai­re. Mais cela n’est pas aussi simp­le que cela. Voici une vue d’ensemble du statu quo et des étapes vers les­quel­les nous som­mes appelés à nous acheminer.

Les enjeux:

  • Com­bi­ner hard­ware et soft­ware de maniè­re ciblée
  • L’impulsion initia­le doit venir du financement
  • «Manage­ment Deploy­ment DAK-CH» coor­don­ne la migration
  • Phase d’essai: la Suis­se est dans le pelo­ton de tête

 

Com­bi­ner hard­ware et soft­ware de maniè­re ciblée

Le DAC est sur le point de lan­cer une vaste digi­ta­li­sa­ti­on des chem­ins de fer. En effet, il offre plus que le cou­pla­ge auto­ma­tique ou des fon­c­tions très diver­ses de tra­ça­ge indi­vi­du­el des wagons. Il per­met au fret fer­ro­vi­ai­re suis­se de fran­chir un niveau en appro­vi­si­on­nant en élec­tri­ci­té et en don­nées de l’intégralité du train. Mais ce n’est pas tout. Les modè­les com­mer­ciaux inspi­rés par le numé­ri­que en matiè­re de fret fer­ro­vi­ai­re néces­si­tent en outre des éco­sys­tè­mes de don­nées. À cet égard, l’infrastructure publi­que de don­nées sur la mobi­li­té «MODI» donne le bon exemp­le (cf. artic­le du blog «Éco­sys­tè­mes de don­nées: par­ta­ger les don­nées pour dou­bler leur plus-value»). Pour com­bi­ner hard­ware et soft­ware de maniè­re à ce que le fret fer­ro­vi­ai­re soit com­pé­ti­tif dans la logis­tique mul­ti­mo­da­le, il y a beso­in de gros inves­tis­se­ments de départ, que les ent­re­pri­ses de fret pri­vées ne pour­ront assu­mer seules.

L’impulsion initia­le doit venir du financement

En Suis­se, le Con­seil fédé­ral adop­te­ra en jan­vier 2024 son mes­sa­ge sur le trans­port de mar­chan­di­ses, puis le trans­met­tra au Par­le­ment. L’élément cen­tral de ce pro­jet est con­sti­tué par les sub­ven­ti­ons all­ouées à la migra­ti­on vers le DAC. Le Con­seil fédé­ral pré­voit une enve­lo­p­pe de sub­ven­ti­ons de 180 mil­li­ons de CHF. Le volu­me d’investissement cal­culé pour la migra­ti­on sur tout le ter­ri­toire suis­se s’élève à 500 mil­li­ons de CHF. Pour par­ve­nir à bou­cler cette immense bou­cle, il fau­dra des inves­tis­seurs. Dans la pla­ni­fi­ca­ti­on des moy­ens finan­ciers, nous, la VAP, assu­mons un rôle de lea­der. La Con­fé­dé­ra­ti­on envi­sa­ge de finan­cer l’écosystème de don­nées MODI pen­dant les 10 pre­miè­res années, puis elle per­cev­ra des frais d’utilisation. Dans l’Union euro­pé­en­ne (UE) aussi, la ques­ti­on du finance­ment de la migra­ti­on vers le DAC n’est pas enco­re réglée. Pour les essais sur le ter­rain prévu à par­tir de 2026, la Com­mis­si­on euro­pé­en­ne envi­sa­ge de déb­lo­quer quel­que 200 mil­li­ons d’euros.

«Manage­ment Deploy­ment DAK-CH» coor­don­ne la migration

La coor­di­na­ti­on de la mise en œuvre de la migra­ti­on doit en Suis­se être assu­rée par l’organe inter­bran­che «Manage­ment Deploy­ment DAK-CH». Celui-ci est entre aut­res responsable des éch­an­ges actifs avec Europe’s Rail, de la pla­ni­fi­ca­ti­on des capa­ci­tés des ate­liers, de la pla­ni­fi­ca­ti­on du maté­ri­el et de la cer­ti­fi­ca­ti­on du maté­ri­el réé­qui­pé. Il doit orga­nis­er le réé­qui­pe­ment des véhi­cu­les en amont avec les pro­prié­tai­res, mais aussi avec les ent­re­pri­ses fer­ro­vi­ai­res et les aut­res acteurs logis­ti­ques. Dans l’intervalle, les ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re devront déter­mi­ner leurs beso­ins en wagons réé­qui­pés en fon­c­tion du volu­me de trafic.

Phase d’essai: la Suis­se est dans le pelo­ton de tête

Les fon­c­tions et pro­ces­sus du DAC doi­vent être har­mo­ni­sés à l’échelon euro­pé­en. Une étape importan­te de ce pro­ces­sus sera la con­sti­tu­ti­on du «Star­ter Packa­ge», qui fixera les fon­c­tions avec les­quel­les la migra­ti­on vers le DAC débu­te­ra en Euro­pe. La Suis­se par­ti­ci­pe actu­el­le­ment acti­ve­ment à des essais opé­ra­ti­on­nels de nou­veaux sys­tè­mes et four­nit des résul­tats déter­mi­nants aux grou­pes de tra­vail euro­pé­ens. Voici une vue d’ensemble des essais et pro­jets actuels aux­quels la Suis­se participe:

  • L’UE est en train de faire éla­bo­rer les spé­ci­fi­ca­ti­ons tech­ni­ques fer­ro­vi­ai­res pour la mise en œuvre du «Gree­ning Freight Traf­fic Packa­ge» du Euro­pean DAC Deli­very Pro­gram­me (EDDP). La Suis­se est impli­quée acti­ve­ment dans ce processus.
  • Avec «Power-Line-Plus», les don­nées sont envoy­ées par des lignes d’alimentation élec­tri­que. La Haute école de Lucer­ne et CFF Cargo mènent con­join­te­ment des essais opé­ra­ti­on­nels et four­nis­sent des con­nais­sances déter­mi­nan­tes sur la qua­li­té de la trans­mis­si­on de don­nées. Il est prévu d’attester à par­tir de 2024 l’opérabilité du «Star­ter Packa­ge» avec tou­tes ses fon­c­tions et la trans­mis­si­on par la «Power-Line-Plus», ce qui dev­rait rend­re pos­si­bles les trans­ports com­mer­ciaux. L’OFT sou­ti­ent finan­ciè­re­ment ce développement.
  • À par­tir de 2026, il est prévu de réa­li­ser dans toute l’Europe avec quel­ques 100 trains de vastes essais sur le ter­rain sur l’opérabilité et la fia­bi­li­té du DAC. Ensuite, la migra­ti­on vers le DAC se fera de maniè­re effi­cace, y com­pris en Suisse.
  • La MODI se com­po­se de deux prin­ci­paux élé­ments: l’infrastructure natio­na­le de mise en réseau des don­nées sur la mobi­li­té (NADIM) per­met­tra l’échange stan­dar­di­sé de don­nées sur la mobi­li­té. L’infrastructure natio­na­le de géo­don­nées «Réseau des trans­ports CH» peut garan­tir une repré­sen­ta­ti­on numé­ri­que uni­for­me de l’ensemble du sys­tème de trans­port de la Suis­se. La MODI est actu­el­le­ment pré­vue uni­quement pour le trans­port de voy­a­ge­urs. Mais le fret pour­rait lui aussi en pro­fi­ter, par exemp­le par une mise en réseau numé­ri­que des pou­voirs publics, des auto­ri­tés de pla­ni­fi­ca­ti­on des trans­ports et d’aménagement du ter­ri­toire et de l’ensemble des acteurs impli­qués. La VAP est donc en étroit cont­act avec les ser­vices respons­ables de l’administration fédé­ra­le, afin d’intégrer rapi­de­ment le fret dans le projet.
Révision partielle de la LCFF: la responsabilité et l’ouverture du marché encore repoussées

Révision partielle de la LCFF: la responsabilité et l’ouverture du marché encore repoussées

La Com­mis­si­on des trans­ports et des télé­com­mu­ni­ca­ti­ons (CTT‑N) sou­ti­ent à l’unanimité le pro­jet de sta­bi­li­sa­ti­on des Chem­ins de fer fédé­raux (LCFF). Con­trai­re­ment au Con­seil fédé­ral, elle est d’avis qu’en ce qui con­cer­ne la pra­tique con­sistant à accor­der des cré­dits de tré­sore­rie aux CFF, il n’est pas indi­qué de chan­ger de sys­tème. La CTT‑N nég­li­ge ainsi de prend­re en comp­te l’ensemble des recom­man­da­ti­ons de la VAP.

Les enjeux:

  • Une injec­tion de 3 mil­li­ards pour les CFF
  • La révi­si­on par­ti­el­le de la LCFF a été trans­mi­se au Con­seil national
  • La voix du sec­teur reste tou­jours ignorée
  • Tou­jours aucu­ne ouver­tu­re de mar­ché en vue

 

Une injection de 3 milliards pour les CFF

Dans son rap­port du 16 décembre 2022 sur la moti­on 22.3008 «Sou­te­nir l’exécution des inves­tis­se­ments des CFF et une visi­on à long terme en péri­ode de Covid-19», la Con­fé­dé­ra­ti­on pro­po­se de prend­re en char­ge les défi­ci­ts des CFF dans le domaine des gran­des lignes par le biais d’un apport uni­que de capi­tal esti­mé à 1,25 mil­li­ard de francs suis­ses. Elle entend en outre allé­ger les rede­van­ces de sil­lons pour les gran­des lignes de 1,7 mil­li­ard de francs suis­ses sup­p­lé­men­tai­res. Par ail­leurs, elle sug­gè­re une cor­rec­tion des instru­ments de financement.

La révision partielle de la LCFF a été transmise au Conseil national

La CTT‑N a trans­mis à l’unanimité le pro­jet de modi­fi­ca­ti­on de la LCFF au Con­seil natio­nal. De plus, la majo­ri­té de la com­mis­si­on refu­se un chan­ge­ment de sys­tème en ce qui con­cer­ne les instru­ments de finance­ment, car les cré­dits bud­gé­tai­res, con­trai­re­ment aux cré­dits de tré­sore­rie, sont sou­mis au frein à l’endettement. Ainsi, la com­mis­si­on est d’avis que la situa­ti­on de con­cur­rence qui en résul­te vis-à-vis d’autres dépen­ses fédé­ra­les n’est pas sou­hai­ta­ble, comp­te tenu de l’offre de trans­ports publics. Le Con­seil natio­nal sta­tuera lors de la ses­si­on d’hiver 2023 sur la pro­po­si­ti­on de la CTT‑N.

La voix du secteur reste toujours ignorée

Comme nous l’avions fait savoir dans notre com­mu­ni­qué de pres­se du 30 mars 2023, nous, à la VAP, refu­sons l’assainissement extra­or­di­naire des gran­des lignes pré­sen­té, qui pré­voit quel­que 3 mil­li­ards de francs et doit être finan­cé par l’argent des con­tri­bu­ables. La VAP se féli­ci­te en revan­che de la pro­po­si­ti­on de cor­rec­tion des instru­ments de finance­ment, à savoir la renon­cia­ti­on à l’octroi de cré­dits de tré­sore­rie aux CFF pas­sant outre le frein à l’endettement de la Con­fé­dé­ra­ti­on. Dans les artic­les du blog inti­tulés «Plu­tôt que d’empocher une enve­lo­p­pe bud­gé­tai­re de 3 mil­li­ards, les CFF doi­vent assu­mer leurs responsa­bi­li­tés» et «Pas de sta­bi­li­sa­ti­on des CFF en dépit des 3 mil­li­ards de fonds fédé­raux sup­p­lé­men­tai­res», nous résu­mons la posi­ti­on de notre sec­teur et nos argu­ments correspondants.

Toujours aucune ouverture de marché en vue

En adop­tant le pro­jet, le Con­seil natio­nal ren­forcerait enco­re le mono­po­le des CFF dans le tra­fic des gran­des lignes. Du point de vue de la poli­tique euro­pé­en­ne, cela serait haute­ment pro­blé­ma­tique, car l’UE deman­de de la part de la Suis­se une ouver­tu­re du mar­ché des gran­des lignes. Cette reven­dica­ti­on, res­tée lett­re morte, ass­om­brit les négo­cia­ti­ons avec l’UE sur la pro­lon­ga­ti­on de la coopé­ra­ti­on limi­tée dans le temps avec l’Agence fer­ro­vi­ai­re euro­pé­en­ne ERA pour l’instauration des homo­lo­ga­ti­ons «One Stop Shop» et davan­ta­ge d’interopérabilité entre la Suis­se et l’UE. Par rap­port aux mem­bres de l’UE, la Suis­se ne dis­po­se actu­el­le­ment enco­re d’aucun accès à part entiè­re au mar­ché; le réseau fer­ro­vi­ai­re suis­se ne fait actu­el­le­ment pas par­tie inté­gran­te du réseau euro­pé­en interopé­ra­ble. C’est pour­quoi les asso­cia­ti­ons pro­ches du fret, à savoir l’Astag, CFS et nous, la VAP, deman­dons une stra­té­gie natio­na­le de migra­ti­on sur l’ouverture du mar­ché en har­mo­nie avec l’UE. Si le Con­seil natio­nal approuve la pro­po­si­ti­on de la CTT‑N, il repous­se­ra enco­re plus cette reven­dica­ti­on dans le temps.

Aven­ant 20.12.2023, actua­li­sa­ti­on de la ses­si­on d’hi­ver:
Lors de la ses­si­on d’hi­ver, le Con­seil natio­nal a approu­vé à la majo­ri­té l’oc­troi aux Chem­ins de fer fédé­raux (CFF) d’une aide uni­que en capi­tal de 1,15 mil­li­ard de francs pour rédui­re leur dette. Ce mon­tant a en outre déjà été prévu dans le bud­get 2024. Le Con­seil natio­nal a en revan­che reje­té la pro­po­si­ti­on du Con­seil fédé­ral de pas­ser des cré­dits de tré­sore­rie aux cré­dits bud­gé­tai­res de la Con­fé­dé­ra­ti­on lors­que l’en­det­te­ment att­eint un cer­tain niveau. L’ar­gu­ment avan­cé est qu’en cas d’ap­pli­ca­ti­on du frein à l’en­det­te­ment, l’ex­ten­si­on pour­rait être retar­dée en cas de cré­dits bud­gé­tai­res. En outre, la Chambre des can­tons a déci­dé de fixer la réser­ve appro­priée du Fonds d’in­fra­struc­tu­re fer­ro­vi­ai­re (FIF) à 300 mil­li­ons de francs au mini­mum, les deux tiers au maxi­mum du pro­duit net de la rede­van­ce sur le tra­fic de poids lourds liée aux pre­sta­ti­ons (RPLP) devant être ver­sés dans le fonds. Le Con­seil natio­nal n’a ainsi pas tenu comp­te de tou­tes les recom­man­da­ti­ons de la VAP. Le pro­jet passe main­ten­ant au Con­seil des Etats qui, espé­rons-le, inter­vi­en­dra pour cor­ri­ger le tir.

Renforcer la concurrence équitable entre les entreprises fédérales et les entreprises privées

Renforcer la concurrence équitable entre les entreprises fédérales et les entreprises privées

Le 15 sep­tembre 2023, le Con­seil fédé­ral a char­gé le Dépar­te­ment fédé­ral de l’économie, de la for­ma­ti­on et de la recher­che (DEFR) de pré­sen­ter un com­plé­ment aux prin­cipes de gou­ver­ne­ment d’entreprise d’ici le troi­siè­me tri­mest­re 2024. Il entend ainsi ren­forcer la con­cur­rence équi­ta­ble entre les ent­re­pri­ses publi­ques et les ent­re­pri­ses privées.

Les enjeux:

  • Stra­té­gie de pro­prié­tai­re et prin­cipes de gou­ver­ne­ment d’entreprise comme instru­ment de contrôle
  • Une con­cur­rence équi­ta­ble deman­dée par le Parlement
  • Une mono­po­li­sa­ti­on pré­oc­cu­p­an­te du fret de proximité
  • De nou­vel­les ten­dan­ces de finance­ment croi­sé évidentes
  • Un com­bat à armes inégales

 

Stra­té­gie de pro­prié­tai­re et prin­cipes de gou­ver­ne­ment d’entreprise comme instru­ment de contrôle

Les ent­re­pri­ses fédé­ra­les sont cré­ées grâce à l’autonomisation d’unités admi­nis­tra­ti­ves de la Con­fé­dé­ra­ti­on qui exer­cent des acti­vi­tés mono­po­li­sées con­for­mé­ment à la Con­sti­tu­ti­on fédé­ra­le. Par exemp­le, la socié­té par actions des Chem­ins de fer fédé­raux (CFF), régie par une loi spé-ciale, a été créée dans le cadre de la réfor­me des chem­ins de fer de 1999. En tant que pro­prié-taire à 100 %, la Con­fé­dé­ra­ti­on diri­ge ses nombreu­ses ent­re­pri­ses fédé­ra­les en défi­nis­sant et en met­tant en œuvre une stra­té­gie de pro­prié­tai­re et des prin­cipes de gou­ver­ne­ment d’entreprise. Elle élit en outre les con­seils d’administration. En plus de son rôle de pro­prié­tai­re, la Con­fé­dé­ra-tion joue d’autres rôles: en tant que régu­la­teur, elle co-régle­men­te les con­di­ti­ons du mar­ché et com­man­de par­fois même des pre­sta­ti­ons de ser­vice public, par exemp­le dans le domaine du tra-fic régio­nal des voy­a­ge­urs. Il en résul­te iné­vi­ta­blem­ent cer­ta­ins con­flits d’intérêts. Il serait tout à fait oppor­tun de véri­fier si cet enche­vêtre­ment de fon­c­tions est tou­jours d’actualité et adap­té au tra­fic par wagons com­plets iso­lés et quel orga­ne de con­trô­le en sur­veil­le l’utilisation.

Une con­cur­rence équi­ta­ble deman­dée par le Parlement

Les cri­ti­ques crois­san­tes du sec­teur privé à l’égard du com­porte­ment des ent­re­pri­ses fédé­ra­les qui, sur la base d’un man­dat con­sti­tu­ti­on­nel sou­vent très géné­ral, éten­dent tou­jours plus leur ac-tivi­té prin­ci­pa­le initia­le et vont même jusqu’à rache­ter des ent­re­pri­ses pri­vées, ont trou­vé un écho au Par­le­ment. Les Con­seils ont ainsi adop­té la moti­on 20.3531 «Pour une con­cur­rence plus équi-table avec les ent­re­pri­ses publi­ques» du con­seil­ler aux États PLR Andrea Caro­ni et la moti­on 20.3532 de la même teneur du con­seil­ler aux États du Cent­re Beat Rie­der. Avec le rap­port du DEFR, le Con­seil fédé­ral veut main­ten­ant répond­re à la deman­de de ces deux moti­ons. Il attend des pro­po­si­ti­ons sur la maniè­re dont les dépar­te­ments peu­vent orga­nis­er de maniè­re plus sys-téma­tique et garan­tir de maniè­re plus com­plè­te une con­cur­rence équi­ta­ble entre les ent­re­pri­ses fédé­ra­les et les ent­re­pri­ses pri­vées dans le cadre de la ges­ti­on des ent­re­pri­ses fédérales.

Une mono­po­li­sa­ti­on pré­oc­cu­p­an­te du fret de proximité

Le rap­port d’activité 2022 de la Rail­Com rend comp­te, entre aut­res, de l’enquête menée auprès des ent­re­pri­ses fer­ro­vi­ai­res de fret sur les ser­vices de fret de pro­xi­mi­té selon l’art. 6a de l’ordonnance sur le trans­port de mar­chan­di­ses (OTM). Il s’agit en l’occurrence de pre­sta­ti­ons de CFF Cargo, qui cou­vre le fret de pro­xi­mi­té en Suis­se de maniè­re pra­ti­quement mono­po­lis­tique. Pour jus­ti­fier le refus des ser­vices de fret de pro­xi­mi­té, le rap­port d’activité de la Rail­Com men-tion­ne le man­que de res­sour­ces. Les per­son­nes inter­ro­gées sup­po­sent tou­te­fois qu’elles sont désa­van­ta­gées en ce qui con­cer­ne les off­res et que dif­fér­ents tarifs sont en circulation.

Les ent­re­pri­ses pri­vées s’inquiètent tout autant de la mono­po­li­sa­ti­on de l’offre de réseau de CFF Cargo dans la Con­sul­ta­ti­on sur le pro­jet de loi «Moder­ni­sa­ti­on du trans­port suis­se de mar­chan-dises» (cf. artic­le de blog «Con­sul­ta­ti­on «Fret fer­ro­vi­ai­re sur tout le ter­ri­toire»: deux vari­an­tes, beau­coup de points d’interrogation»). Elles deman­dent une déli­mi­ta­ti­on stric­te entre l’offre de ré-seau et l’offre de train com­plet en matiè­re d’indemnisation et le main­ti­en d’un accès non dis­cri­mi­na-toire aux ser­vices du fret de pro­xi­mi­té (voir l’article du blog de la VAP «Exter­na­li­ser le der­nier kilo-mètre et l’organiser de maniè­re non dis­cri­mi­na­toire»). Il s’agit d’empêcher, à l’aide de mesu­res orga­ni­sa­ti­on­nel­les ou d’une sépa­ra­ti­on juri­di­que, que cer­ta­ins ser­vices four­nis par l’État fas­sent l’objet d’un finance­ment croi­sé. C’est par exemp­le le cas aujourd’hui pour le refi­nance­ment de la caisse de pen­si­ons des CFF (CP CFF) par les béné­fices de CFF Immobilier.

De nou­vel­les ten­dan­ces de finance­ment croi­sé évidentes

Lors de l’audition sur la révi­si­on du prix du sil­lon 2025, les chem­ins de fer de mar­chan­di­ses de Suis­se ont fait alli­ance et ont donné une répon­se néga­ti­ve au Con­seil fédé­ral le 29 août 2023 Prise de posi­ti­on sur la révi­si­on par­ti­el­le de l’ordonnance de l’OFT sur l’accès au réseau fer­ro­vi­ai­re OARF (cf. artic­le du blog «Révi­si­on du prix du sil­lon 2025–2028: l’augmentation des prix n’est pas fon-dée»). Seul CFF Cargo, qui est entiè­re­ment inté­g­ré au grou­pe CFF et ne peut pas agir à sa guise, est resté à l’écart. Comme l’Office fédé­ral des trans­ports se réfè­re entre aut­res à la baisse des recet­tes des sil­lons lors de la révi­si­on du prix du sil­lon, tout laisse pen­ser qu’il s’agit d’un finance­ment croi­sé caché des CFF, que CFF Cargo n’a évi­dem­ment pas le droit de criti-quer.

Le pro­jet de loi éla­bo­ré par le Con­seil fédé­ral «Modi­fi­ca­ti­on de la loi sur les Chem­ins de fer fédé-raux (LCFF) – finance­ment dura­ble des CFF» du 15 sep­tembre 2023 cor­re­spond éga­le­ment à une att­ein­te fla­gran­te à la libre con­cur­rence. Selon ce docu­ment, les CFF dev­rai­ent béné­fi­ci­er d’un apport de capi­taux de 1,25 mil­li­ard de francs. L’utilisation exac­te de ces fonds n’est tou­jours pas clai­re et les con­di­ti­ons qui pour­rai­ent chan­ger cet état de fait à l’avenir font défaut. La filia­le CFF Cargo, qui a par ail­leurs béné­fi­cié d’un sou­ti­en finan­cier important suite à la pan­dé­mie de Covid, pro­fi­te éga­le­ment de cet apport de capi­taux. Elle est sur le point de con­clure une con­ven-tion de pre­sta­ti­ons pour indem­nis­er son tra­fic de réseau, qu’elle ne peut appa­rem­ment pas gérer de maniè­re auto­no­me. Les acteurs du sec­teur privé, en revan­che, n’ont pas reçu de fonds Covid et ne dis­po­sent pas non plus de res­sour­ces et de par­ti­ci­pa­ti­ons importan­tes non néces­saires à l’exploitation, qu’ils pour­rai­ent mett­re en vente pour ren­forcer leur capa­ci­té d’investissement.

Un com­bat à armes inégales

La com­plaisance du Con­seil fédé­ral avec le trai­te­ment iné­gal des ent­re­pri­ses publi­ques et des ent­re­pri­ses pri­vées saute aux yeux – et est reg­rettable. Mal­heu­reu­se­ment, cela n’engendre pas une saine con­cur­rence dans le trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses, qui ren­forcerait sa force d’innovation et sa per­for­mance. Ces deux élé­ments sont indis­pens­ables pour que les acteurs du mar­ché puis­sent con­ser­ver leurs cli­ents actuels et en gagner de nou­veaux. Ceci serait à son tour néces­saire pour par­ve­nir à un trans­fert du tra­fic dura­ble et pour inté­grer à l’avenir le rail dans des chaî­nes d’approvisionnement mul­ti­mo­da­les. Et pour créer éga­le­ment de nou­veaux em-plois ori­en­tés vers l’avenir.

Tunnel de base du Saint-Gothard (#6): l’OFT soutient le trafic marchandises de manière pragmatique

Tunnel de base du Saint-Gothard (#6): l’OFT soutient le trafic marchandises de manière pragmatique

À la suite de l’accident du train de mar­chan­di­ses sur­venu dans le tun­nel de base du Saint-Got­hard, l’Office fédé­ral des trans­ports (OFT) encou­ra­ge le fret fer­ro­vi­ai­re par des mesu­res effi­caces: le tun­nel ne peut être uti­li­sé que par les trains de mar­chan­di­ses. Les indem­ni­tés par train cir­cu­lant en tra­fic com­bi­né non accom­pa­gné (TCNA) seront pro­chai­ne­ment rele­vées jusqu’à 1100 CHF. Notre asso­cia­ti­on des char­geurs l’en remer­cie vive­ment. À pro­pos: nous par­lons aussi au nom de char­geurs étrangers.

Les enjeux:

  • Le tun­nel de base du Saint-Got­hard n’est ouvert qu’aux trains de marchandises
  • Des indem­ni­tés plus éle­vées pour le TCNA transalpin
  • La VAP dit merci

Le tun­nel de base du Saint-Got­hard n’est ouvert qu’aux trains de mar­chan­di­ses
Depuis la remi­se en ser­vice du tube est du tun­nel de base du Saint-Got­hard, celui-ci est exclu­si­ve­ment ouvert au tra­fic de trains de mar­chan­di­ses. Une bonne cen­taine de sil­lons par jour sont pos­si­bles. 30 trains sup­p­lé­men­tai­res cir­cu­lent chaque jour par la ligne de faîte. Le fret fer­ro­vi­ai­re tran­sal­pin dis­po­se ainsi chaque jour de 130 sil­lons au total. À titre de com­pa­rai­son: en moy­enne, 120 trains tra­ver­sai­ent le tun­nel de base chaque jour en 2022.
Grâce à cette mesu­re, les trains de mar­chan­di­ses peu­vent assurer le fret fer­ro­vi­ai­re pra­ti­quement sans rest­ric­tion. Cer­tes, la dévia­ti­on par la ligne de faîte impli­que un sur­croît con­sidé­ra­ble. Mais elle con­cer­ne essen­ti­el­le­ment le tra­fic inté­ri­eur, qui n’est pas tri­bu­tai­re d’un cor­ri­dor de 4 mètres

Des indem­ni­tés plus éle­vées pour le TCNA tran­sal­pin
L’OFT se mobi­li­se en faveur du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses à tra­vers les Alpes et notam­ment en faveur du tra­fic de tran­sit (cf. «L’OFT ren­force le tra­fic fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses à tra­vers les Alpes»). Dans les semain­es à venir, les indem­ni­tés par train cir­cu­lant en tra­fic com­bi­né TCNA seront aug­men­tées de 200 CHF, pour att­eind­re jusqu’à 1100 CHF. Pour 2024, l’OFT ne veut pas non plus rédui­re les indem­ni­tés par envoi, mais n’appliquer qu’une réduc­tion sym­bo­li­que de 1 CHF pour les por­ter à 57 CHF par envoi. L’OFT sou­ti­ent ainsi le TCNA tran­sal­pin de maniè­re très prag­ma­tique. Comp­te tenu des con­di­ti­ons ren­dues dif­fi­ci­les par les chan­tiers sur les lignes d’accès et de la situa­ti­on con­jon­c­tu­rel­le ten­due, l’OFT renon­ce à pour­suiv­re la voie actu­el­le de réduc­tion des indem­ni­tés du TCNA.

La VAP dit merci
L’OFT méri­te de vifs remer­cie­ments pour ce sou­ti­en prag­ma­tique. Il ren­force ainsi les efforts de toute la bran­che pour rend­re les rest­ric­tions de capa­ci­té aussi sup­port­a­bles que pos­si­ble, de maniè­re ciblée et en unis­sant les forces, tant sur l’axe du Saint-Got­hard que sur celui du Lötsch­berg. Nous y voy­ons le signe d’une poli­tique com­mu­ne de trans­fert du tra­fic de transit.

Révision des prix des sillons 2025–2028: une hausse des prix n’est pas justifiée

Révision des prix des sillons 2025–2028: une hausse des prix n’est pas justifiée

Le Con­seil fédé­ral pré­voit d’augmenter le prix des sil­lons dans le fret à par­tir de 2025. Plus pré­cis­é­ment, il envi­sa­ge d’augmenter le prix de base lié à l’usure de près de 20 %, au motif que les coûts mar­ginaux dépen­dant du poids ne sont pas cou­verts. Nous refu­sons cette aug­men­ta­ti­on du prix inju­s­ti­fiée. Elle accé­lè­re le trans­fert du tra­fic vers la route, qui per­du­re, et va à l’encontre de l’objectif de trans­fert du tra­fic du Con­seil fédéral.

Les enjeux:

  • Les prix de sil­lons ne sont pas cal­culés de maniè­re transparente
  • Les per­tes de trans­port inter­di­sent les aug­men­ta­ti­ons de prix
  • Respec­ter le prin­ci­pe de la cou­ver­tu­re des coûts et le prin­ci­pe de causalité
  • Inver­se­ment de l’incitation à faire cir­cu­ler des trains de mar­chan­di­ses à fai­ble usure
  • Mett­re davan­ta­ge les explo­itants d’infrastructure à contribution

Les prix de sil­lons ne sont pas cal­culés de maniè­re trans­pa­ren­te
Le rap­port expli­ca­tif de l’Office fédé­ral des trans­ports (OFT) de juin 2023 n’est ni conçu de ma-nière trans­pa­ren­te, ni ne repo­se sur des jus­ti­fi­ca­ti­ons com­pré­hen­si­bles. Ainsi, les rai­sons de la défi­ni­ti­on actu­el­le du prix des sil­lons sont tota­le­ment opa­ques. Sach­ant que l’OFT ren­voie entre aut­res à une baisse des recet­tes des sil­lons, on a l’impression qu’il s’agit d’un finance­ment trans-ver­sal caché des CFF. Dans le con­tex­te du pro­jet de loi «Finance­ment dura­ble des CFF» et de la réduc­tion pré­vue de la con­tri­bu­ti­on de cou­ver­tu­re qu’il pré­voit dans le trans­port de voy­a­ge­urs des CFF, cette jus­ti­fi­ca­ti­on n’est pas accep­ta­ble pour les repré­sen­tants du trans­port de mar-chan­di­ses. Nous avons donc donné une répon­se néga­ti­ve au pro­jet de loi men­ti­onné, comme on peut le lire dans notre répon­se à l’audition du 7 mars 2023 et à l’article de notre blog inti­tulé «Plu­tôt que d’empocher une enve­lo­p­pe bud­gé­tai­re de 3 mil­li­ards, les CFF doi­vent assu­mer leurs responsa­bi­li­tés».

Les per­tes de trans­port inter­di­sent les aug­men­ta­ti­ons de prix
Une aug­men­ta­ti­on de prix est inac­cep­ta­ble comp­te tenu des per­tes de tra­fic dans les trans­ports inté­ri­eur, d’importation, d’exportation et de tran­sit et des prix de sil­lon net­te­ment plus avan­ta­ge­ux dans le con­tex­te euro­pé­en. Les char­geurs sont notam­ment expo­sés depuis des années à des haus­ses de prix dra­ma­ti­ques dans le tra­fic par wagons com­plets. Ces haus­ses sont jus­ti­fiées par des fac­teurs exo­gè­nes tels que les prix des sillons.

Respec­ter le prin­ci­pe de la cou­ver­tu­re des coûts et le prin­ci­pe de cau­sa­li­té
L’OFT jus­ti­fie l’augmentation de prix par le prin­ci­pe de la cou­ver­tu­re des coûts. Or celle-ci serait respec­tée même en cas de baisse des prix dans le trans­port de mar­chan­di­ses. Au con­trai­re, une réduc­tion des prix cor­re­spond au prin­ci­pe de cau­sa­li­té, car le trans­port de mar­chan­di­ses con­tri­bue à payer les coûts mar­ginaux stan­dards d’un réseau moy­enne­ment amé­na­gé prin­ci­pa-lement ori­en­té sur les beso­ins du trans­port des per­son­nes. Or les char­geurs ne remar­quent rien des efforts con­sen­tis par les explo­itants d’infrastructure pour réa­li­ser et main­te­nir l’infrastructure à des coûts plus avantageux.

Une inver­si­on de l’incitation à l’utilisation de wagons à fai­ble usure
Ce que l’on appel­le le fac­teur d’usure doit ser­vir d’incitation pour uti­li­ser du maté­ri­el rou­lant à fai­ble usure. Entre-temps, c’est le con­trai­re qui est vrai: le Con­seil fédé­ral obli­ge la bran­che non seu­le­ment à payer des prix de sil­lon tou­jours plus éle­vés, mais aussi à inves­tir des moy­ens fi-nan­ciers sup­p­lé­men­tai­res dans du maté­ri­el rou­lant à fai­ble usure.

Mett­re davan­ta­ge les explo­itants d’infrastructure à con­tri­bu­ti­on
La révi­si­on des prix des sil­lons pré­sen­tée pro­tège les explo­itants d’infrastructure. En tant que re-pré­sen­tants des explo­itants de voies de rac­cor­de­ment et de ter­minaux direc­te­ment con­cer­nés par les coûts de pla­ni­fi­ca­ti­on, de con­s­truc­tion et de main­ten­an­ce de CFF Infra­struc­tu­re dans des voies de rac­cor­de­ment cen­tra­li­sées, nous obser­vons des inef­fi­ci­en­ces con­sidé­ra­bles et une maniè­re pres­que éhon­tée d’utiliser les moy­ens finan­ciers. Ceci est très pro­ba­blem­ent éga­le­ment vrai pour le réseau public. La con­fé­dé­ra­ti­on doit donc aussi obli­ger les explo­itants d’infrastructure à limi­ter les coûts.

Aides de l’UE: sur la corde raide, entre protection du climat et distorsion de la concurrence

Aides de l’UE: sur la corde raide, entre protection du climat et distorsion de la concurrence

Dans le tra­fic par wagons com­plets iso­lés (TWCI) à l’intérieur de l’Union euro­pé­en­ne (UE), nous assis­tons à une évo­lu­ti­on plus poli­tique qu’axée sur le mar­ché. L’UE sou­ti­ent à grand ren­fort de publi­ci­té le trans­fert du trans­port de mar­chan­di­ses vers des modes de trans­port respec­tueux du cli­mat comme le rail et la navi­ga­ti­on au moyen de dif­fér­ents pro­gram­mes et fonds et sur le prin­ci­pe, on ne peut que s’en féli­ci­ter.
Les ent­re­pri­ses publi­ques de fret, sou­te­nues par les syn­di­cats, qua­li­fi­ent le TWCI de «ser­vice public». Cepen­dant, ce ne sont pas elles qui en sup­port­ent les con­sé­quen­ces, mais les États et les char­geurs. De fait, ces sub­ven­ti­ons redis­tri­buées par l’UE aux frais des con­tri­bu­ables se tra­dui­sent par un fort sub­ven­ti­on­ne­ment du TWCI sans inci­ta­ti­on à l’augmentation de la pro­duc­ti­vi­té dans le sens d’un déve­lo­p­pe­ment dura­ble. Cela signi­fie que le TWCI cimen­te avec l’argent des con­tri­bu­ables, de la socié­té et de l’économie, un mono­po­le dénué de toute obli­ga­ti­on de ser­vice public comme l’obligation de trans­por­ter ou l’obligation de publier les tarifs.
Ce man­que d’orientation sur le mar­ché et d’esprit d’entreprise de la part des chem­ins de fer publics et des syn­di­cats ne per­met­tra d’atteindre ni les objec­tifs de trans­fert du tra­fic, ni les objec­tifs cli­ma­ti­ques. De plus, en tant que pro­prié­tai­res des chem­ins de fer publics, les États pren­nent à long terme un ris­que impon­dé­ra­ble tant en matiè­re de finan­ces que de poli­tique des trans­ports en ce qui con­cer­ne la sécu­ri­té de l’approvisionnement dans leur pays.
Pour les char­geurs, les con­sé­quen­ces ne sont pas moins gra­ves. Pour réa­li­ser des trans­ports mul­ti­mo­daux, les char­geurs doi­vent inves­tir dans le sys­tème fer­ro­vi­ai­re, alors qu’ils sont dépen­dants d’une ent­re­pri­se mono­po­lis­tique elle-même en situa­ti­on de dépen­dance finan­ciè­re et gérée par la main­mi­se poli­tique. Ce n’est vrai­ment pas ce que l’on peut appe­l­er une sécu­ri­té de l’approvisionnement et des inves­tis­se­ments.
Les sub­ven­ti­ons doi­vent être uti­li­sées de maniè­re ciblée et limi­tée dans le temps afin de pré­ser­ver les emplois sur le long terme et de mett­re le TWCI sur la voie du suc­cès.
Dans cet artic­le du blog, nous exami­nons de près les sub­ven­ti­ons publi­ques en Alle­ma­gne, France, Autri­che et Suis­se sous l’angle de leur objec­tif et de leur ampleur et abordons la ques­ti­on des con­flits d’intérêts et des néces­si­tés qui en découlent.

Les enjeux:

  • Les aides d’État visent à instau­rer une mobi­li­té dura­ble et viable.
  • Elles peu­vent tou­te­fois don­ner lieu à des dis­tor­si­ons de la con­cur­rence et à une discrimination.
  • Les aides finan­ciè­res de l’État doi­vent ser­vir à assurer la tran­si­ti­on jusqu’à l’autonomie financière.
  • Les acteurs du mar­ché ont pré­cis­é­ment beso­in d’une aide finan­ciè­re pour les inno­va­tions tel­les que le DAC.
  • Les ins­tances qui accor­dent les aides dev­rai­ent véri­fier l’efficacité de cel­les-ci et les vio­la­ti­ons des règles rela­ti­ves aux subventions.
  • Le cas éché­ant, il s’avèrera néces­saire de pro­cé­der à des modi­fi­ca­ti­ons de la loi.

 

La Com­mis­si­on euro­pé­en­ne accor­de un sou­ti­en finan­cier au trans­fert du fret de la route vers des modes de trans­port plus respec­tueux de l’environnement, comme la navi­ga­ti­on inté­ri­eu­re et le rail. Elle met à dis­po­si­ti­on des aides finan­ciè­res con­for­mes aux lignes direc­tri­ces de l’UE en matiè­re d’aides d’État. L’objectif de ces aides de l’UE est une mobi­li­té dura­ble et intel­li­gen­te, elle-même cen­sée per­mett­re de rédui­re les émis­si­ons de CO2 et de déseng­or­ger les rou­tes dans le cadre du pacte vert pour l’Europe. Comme c’est sou­vent le cas pour les aides publi­ques au finance­ment, il faut aussi s’assurer dans le domaine du trans­port de mar­chan­di­ses que la con­cur­rence dans le mar­ché inté­ri­eur n’est pas faus­sée et que l’autofinancement et la trans­pa­rence sont atteints.

Comparaison du financement des déficits dans le trafic par wagons complets isolés (TWCI)
Pays
Programme de subventionnement et avantages
Montant de la subvention
Période
Alle­ma­gne

Sub­ven­ti­on­ne­ment tem­po­rai­re des frais d’exploitation non dis­cri­mi­na­toire et ori­en­té sur la crois­sance (BK-EWV)

Cette sub­ven­ti­on du minis­tère fédé­ral alle­mand du Numé­ri­que et des Trans­ports se veut être une mesu­re tran­si­toire desti­née à aug­men­ter la ren­ta­bi­li­té du TWCI par le déploie­ment du cou­pla­ge auto­ma­tique digi­tal (DAC). Le minis­tère vise ainsi à sou­te­nir les ent­re­pri­ses fer­ro­vi­ai­res appar­ten­ant ou non à la Répu­bli­que fédé­ra­le dans les trans­ports nati­on­aux et trans­fron­ta­liers dans le cadre d’une descrip­ti­on du sys­tème de TWCI devant être four­nie. Des détails sur le pro­gram­me BK-EWV sont atten­dus pour juillet.

80 mil­li­ons d’euros

100 mil­li­ons d’euros

100 mil­li­ons d’euros

2023

2024

2025

France

Sou­ti­en de l’offre de trans­port du TWCI

Des sub­ven­ti­ons direc­tes ont pour fon­c­tion d’indemniser les ent­re­pri­ses fer­ro­vi­ai­res pour la dif­fé­rence de coût entre le trans­port rou­tier et le trans­port fer­ro­vi­ai­re. Les béné­fi­ci­ai­res en sont les ent­re­pri­ses fer­ro­vi­ai­res acti­ves dans le domaine du TWCI.

450 mil­li­ons d’euros soit

150 mil­li­ons d’euros par an

2023–2025
Autri­che

«SGV-Plus» (TFM Plus) 

Ce pro­gram­me de sub­ven­ti­on­ne­ment aide les ent­re­pri­ses de trans­port fer­ro­vi­ai­re à réa­li­ser par le rail des trans­ports de mar­chan­di­ses qui sans ce sou­ti­en dev­rai­ent en gran­de par­tie se faire par la route, par cami­ons. SGV-Plus se com­po­se d’un sou­ti­en des pre­sta­ti­ons de fret fer­ro­vi­ai­re et d’une sub­ven­ti­on pour la rede­van­ce d’utilisation de l’infrastructure.

Sub­ven­ti­on­ne­ment des rac­cor­de­ments et des terminaux

L’État aide les ent­re­pri­ses à trans­por­ter leurs mar­chan­di­ses sur un mode dura­ble par le rail à l’aide de mesu­res comme celles-ci:

  • Con­s­truc­tion, exten­si­on et réac­ti­va­ti­on de voies de rac­cor­de­ment et de terminaux
  • Inves­tis­se­ments dans l’existant dans le domaine des voies de raccordement
  • Inves­tis­se­ments dans l’existant pour les équi­pe­ments de trans­bor­de­ment mobi­les dans le domaine du terminal

Env. 90 mil­li­ons d’euros

 

 

 

 

13 mil­li­ons
d’euros
par an

2023–2027

 

 

 

 

 

À par­tir de 2023

Suis­se

Per­fec­tion­ne­ment des con­di­ti­ons-cad­res du trans­port de mar­chan­di­ses en Suisse

Le Con­seil fédé­ral pré­voit des pro­gram­mes de sub­ven­ti­on­ne­ment apportant les avan­ta­ges suivants:

  • Indem­nis­er finan­ciè­re­ment les four­nis­seurs de TWCI
  • Appor­ter un finance­ment de départ au lance­ment du DAC
  • Sou­te­nir finan­ciè­re­ment les appareils de trans­bor­de­ment ainsi que les off­res d’infrastructure de la navi­ga­ti­on rhénane
  • Dimi­n­uer le prix du char­ge­ment sur le rail

600 mil­li­ons de CHF soit

150 mil­li­ons de CHF par an

2024–2027

 

Pertinence limitée de la comparaison

Les sub­ven­ti­ons men­ti­onnées dans le tableau ci-des­sus sont expri­mées en chif­fres abso­lus. Cela les rend dif­fi­ci­les à compa­rer, faute de mon­tant de réfé­rence. Par exemp­le, la SNCF (France) réa­li­se plu­s­ieurs fois le nombre de ton­nes-kilo­mè­tres par­cou­rus par les CFF, mais reçoit en com­pa­rai­son con­sidé­ra­blem­ent moins d’argent. Con­trai­re­ment aux pays de l’Union euro­pé­en­ne, en Suis­se, le mon­tant total des sub­ven­ti­ons com­prend aussi la migra­ti­on vers le DAC. C’est pré­cis­é­ment parce que la plu­part des pays dis­po­sent par­al­lè­le­ment de nombreu­ses sources de finance­ment qu’il est extrê­me­ment dif­fi­ci­le de compa­rer les aides de maniè­re pertinente.

Conflit d’intérêts protection du climat vs concurrence

Les gou­ver­ne­ments uti­li­sent prin­ci­pa­le­ment leurs sub­ven­ti­ons dans le but d’encourager le trans­fert du tra­fic vers des modes de trans­port dur­a­bles. L’objectif ulti­me com­por­te le ris­que de faus­ser la com­pé­ti­ti­vi­té du fret fer­ro­vi­ai­re. Pour que celui-ci reste via­ble d’un point de vue non seu­le­ment éco­lo­gi­que, mais aussi éco­no­mi­que, les respons­ables doi­vent viser un sys­tème de fret fer­ro­vi­ai­re auto­no­me et axé sur l’économie de mar­ché qui intèg­re sans dis­cri­mi­na­ti­on tou­tes les ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re sur la base d’une con­cur­rence intra­mo­da­le et soit un par­ten­aire fia­ble aux côtés des char­geurs. La Suis­se s’est fixé pour objec­tif l’autofinancement, et elle est sur la bonne voie pour l’atteindre.

Garantir la non-discrimination

Là où les acteurs publics et pri­vés du mar­ché se ren­cont­rent, on voit vite sur­gir le repro­che de la dis­cri­mi­na­ti­on. Un exemp­le clas­si­que en est le sub­ven­ti­on­ne­ment du der­nier kilo­mèt­re. Celui-ci fait l’objet de débats enflam­més tant sur le plan inter­na­tio­nal qu’en Suis­se (cf. Rail­Busi­ness no 6 et 7/2023). Dans l’article de notre blog inti­tulé «Exter­na­li­ser le der­nier kilo­mèt­re et l’organiser de maniè­re non dis­cri­mi­na­toire», nous esquis­sons la forme que pour­rait prend­re un der­nier kilo­mèt­re non dis­cri­mi­na­toire en Suis­se. Nous y pré­co­ni­sons que la ges­ti­on du sys­tème ne soit plus con­fiée à un seul grand opé­ra­teur – comme c’est actu­el­le­ment le cas avec CFF Cargo – et pro­po­sons qu’à la place, la des­ser­te du pre­mier et du der­nier kilo­mèt­re soit assu­rée par un presta­tai­re uni­que. Celui-ci sera dans l’idéal l’exploitant d’infrastructure, qui, ceci mis à part, ne four­nit aucu­ne pre­sta­ti­on de trans­port. Dans l’article de notre blog inti­tulé «Sub­ven­ti­on­ne­ment du tra­fic par wagon isolé: empê­cher la dis­tor­si­on de la con­cur­rence et la dis­cri­mi­na­ti­on», vous trou­verez de plus amp­les expli­ca­ti­ons sur les rai­sons pour les­quel­les la non-dis­cri­mi­na­ti­on est pri­mor­dia­le en matiè­re d’aides d’État.

En Alle­ma­gne, le «Ver­band deut­scher Ver­kehrs­un­ter­neh­men» (Fédé­ra­ti­on des ent­re­pri­ses de trans­port alle­man­des VDV) et l’association «Die Güter­bah­nen» (Les chem­ins de fer de mar­chan­di­ses) récla­ment un sub­ven­ti­on­ne­ment non dis­cri­mi­na­toire des tra­jets de des­ser­te entre le point de char­ge­ment chez le cli­ent et la der­niè­re com­po­si­ti­on fon­c­tion­nel­le d’un train. Des règle­men­ta­ti­ons cor­re­spond­an­tes garan­ti­ront que le sub­ven­ti­on­ne­ment irri­guera des régions par­ti­cu­liè­re­ment peu des­ser­vies et non ren­ta­bles ainsi que les nou­veaux tra­fics afin d’attirer aussi le trans­port fer­ro­vi­ai­re dans ces endroits.

Renforcer financièrement la force d’innovation

À notre avis, les finance­ments d’État doi­vent con­sti­tuer une tran­si­ti­on desti­née à durer jusqu’à ce que les acteurs par­vi­en­nent à s’autofinancer. Cette appro­che est tout par­ti­cu­liè­re­ment pri­mor­dia­le pour les inno­va­tions, par exemp­le pour la migra­ti­on vers le DAC et pour la digi­ta­li­sa­ti­on du fret fer­ro­vi­ai­re qui va de pair. Les déten­teurs de wagons ne peu­vent pas tirer parti du DAC direc­te­ment, mais doi­vent con­sen­tir des inves­tis­se­ments énor­mes dans le réé­qui­pe­ment du maté­ri­el rou­lant. Pour savoir pour­quoi nous nous impli­quons pour le finance­ment de départ du DAC, qui ouvre la voie à une nou­vel­le ère du rail, plu­tôt qu’en faveur du sub­ven­ti­on­ne­ment per­ma­nent d’un sys­tème obsolè­te, lisez l’article de notre blog inti­tulé «Inno­va­ti­on dans le fret fer­ro­vi­ai­re: le DAC ouvre la voie».

Repenser le système ferroviaire

Pour que les avan­ta­ges de la digi­ta­li­sa­ti­on se con­cré­ti­sent dans le trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses, il faut plus que le DAC. Il faut une trans­for­ma­ti­on et une opti­mi­sa­ti­on fon­da­men­ta­les des pro­ces­sus inter­sys­tè­mes. Ce n’est qu’ainsi que les acteurs du mar­ché pour­ront aug­men­ter leur pro­duc­ti­vi­té, rédui­re les coûts et adop­ter sys­té­ma­ti­quement une ori­en­ta­ti­on cli­ent afin de res­ter com­pé­ti­tifs en uti­li­sant le rail. Cela passe par une nou­vel­le con­cep­ti­on holis­tique de l’ensemble du sys­tème fer­ro­vi­ai­re. Celle-ci va lar­ge­ment au-delà du simp­le finance­ment (de départ) du TWCI ou du DAC. Elle con­cer­ne l’ensemble des pro­ces­sus, instru­ments d’incitation, méca­nis­mes de mar­ché et inter­faces de la logis­tique de fret mul­ti­mo­da­le en Suisse.

Créer de la transparence grâce au monitoring

Pour pou­voir uti­li­ser les fonds publics de maniè­re ciblée, il faut défi­nir clai­re­ment les objec­tifs devant être att­eints grâce à ce sou­ti­en. Il s’agit – comme cela est habi­tuel dans les ent­re­pri­ses pri­vées – d’opérer une véri­fi­ca­ti­on à l’aide de paramè­tres mesur­a­bles, par exemp­le «com­bien de DAC seront mis en œuvre d’ici 2025 pour quel­le somme», «com­bien de voies ont été réa­li­sées» ou enco­re «com­bien de char­ge­ments de cami­ons ont été mis sur le rail». La mesu­ra­bi­li­té d’un taux de réus­si­te per­met aux acteurs d’adapter leur stra­té­gie en conséquence.

Empêcher les abus des lignes directrices de l’UE en matière d’aides d’État

En 2020, la Deut­sche Bahn s’est vu repro­cher une dis­tor­si­on mas­si­ve du mar­ché, car elle devait rece­voir de la part de l’État une aug­men­ta­ti­on de ses capi­taux pro­pres à hauteur de 5 mil­li­ards d’euros en rai­son de la crise du COVID-19. Au début de l’année 2023, la Com­mis­si­on euro­pé­en­ne a lancé une enquête sur de pos­si­bles aides publi­ques illé­ga­les de l’ordre de dix à vingt mil­li­ards ver­sées au sec­teur Fret de la socié­té fer­ro­vi­ai­re éta­tique SNCF. Ces exemp­les récents mont­rent que les aides publi­ques com­portent tou­jours un ris­que d’abus. Il est d’autant plus important que les gou­ver­ne­ments cré­ent les mêmes con­di­ti­ons de con­cur­rence pour tous et au beso­in affi­nent a pos­te­rio­ri le cadre juri­di­que.[1]

Affiner a posteriori les lignes directrices

Les lignes direc­tri­ces euro­pé­en­nes con­cer­nant le sec­teur fer­ro­vi­ai­re sont l’exemple d’une telle révi­si­on. La Com­mis­si­on euro­pé­en­ne a pro­po­sé de les révi­ser afin de trans­fé­rer le tra­fic sur des solu­ti­ons plus dur­a­bles et moins pol­lu­an­tes tout en con­ser­vant des con­di­ti­ons de con­cur­rence équi­ta­bles au sein de l’Union euro­pé­en­ne. La con­sul­ta­ti­on des États mem­bres sur la pro­mo­ti­on de pro­gram­mes trans­par­ents et non dis­cri­mi­na­toires, la limi­ta­ti­on des aides indi­vi­du­el­les à des cas excep­ti­on­nels et la modi­fi­ca­ti­on du pla­fon­ne­ment des aides s’est ache­vée le 16 mars 2022. La majo­ri­té des répondant·e·s ont donné leur pré­fé­rence à une pro­mo­ti­on de pro­gram­mes offrant des chan­ces éga­les à tou­tes les ent­re­pri­ses et à ce que des aides indi­vi­du­el­les ne soi­ent accor­dées que dans des cas excep­ti­on­nels. La Com­mis­si­on euro­pé­en­ne pré­voit d’approuver la révi­si­on des lignes direc­tri­ces rela­ti­ves aux aides d’État appli­ca­bles au sec­teur du trans­port fer­ro­vi­ai­re au 4e tri­mest­re 2023.

[1] Cf. Artic­le paru dans la DVZ le 30.05.2023 (en allemand)

Décisions de politique des transports de la session d’été 2023

Décisions de politique des transports de la session d’été 2023

Lors de la ses­si­on d’été, qui a eu lieu du 30 mai au 16 juin 2023, les con­sul­ta­ti­ons ont porté sur plu­s­ieurs points per­tin­ents pour notre sec­teur. Les résul­tats con­cor­dent lar­ge­ment avec nos atten­tes. Nous déplo­rons tou­te­fois qu’on ait lais­sé pas­ser la chan­ce de lier le pro­gram­me en faveur du tra­fic d’agglomération à l’ex­ten­si­on du réseau des rou­tes natio­na­les afin de déve­lo­p­per les pro­jets et les modes de trans­port en tant que sys­tème global.

Les enjeux:

  • Davan­ta­ge de moy­ens finan­ciers pour la chaus­sée rou­lan­te (RoLa), nous deman­dons un con­trô­le de la qualité
  • Oui à la sim­pli­fi­ca­ti­on de l’homologation du maté­ri­el rou­lant pour le tra­fic fer­ro­vi­ai­re international
  • Oui à la moder­ni­sa­ti­on et au déve­lo­p­pe­ment du réseau des rou­tes nationales
  • Oui au pro­gram­me en faveur du tra­fic d’agglomération – reg­rettablem­ent sans lien avec l’ex­ten­si­on du réseau des rou­tes nationales
  • Inter­pel­la­ti­on sur la rena­tio­na­li­sa­ti­on de CFF Cargo

 

Trafic combiné accompagné (chaussée roulante, Rola)

Le 1.6.2023, le Con­seil natio­nal a trai­té le mes­sa­ge du Con­seil fédé­ral du 30 sep­tembre 2022 sur la modi­fi­ca­ti­on de la loi sur le trans­fert du trans­port de mar­chan­di­ses et sur un arrêté fédé­ral all­ouant un pla­fond de dépen­ses pour pro­mou­voir le trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses accom­pa­gné à tra­vers les Alpes (objet du Con­seil fédé­ral 22.064). À l’instar du Con­seil natio­nal, le Con­seil natio­nal vient de déci­der de sou­te­nir la «chaus­sée rou­lan­te» (Rola) jusqu’en 2028 et non jusqu’en 2026 seu­le­ment, comme le pro­po­sait le Con­seil natio­nal. Entre 2024 et 2028, la Con­fé­dé­ra­ti­on pour­ra au total déb­lo­quer 106 mil­li­ons de francs pour ce soutien.

Comp­te tenu du rap­port 2023 sur le trans­fert du tra­fic, la VAP rap­pel­le ses reven­dica­ti­ons non enco­re satisfaites:

  • Sub­ven­ti­on­ne­ment des tra­fics indé­pen­dam­ment de la tech­no­lo­gie employée, notam­ment dans cer­tai­nes régions pos­sé­dant un potentiel de volume
  • Con­trô­le de la qua­li­té, y com­pris pour les tra­fics conventionnels

Nous con­sidé­rons le carac­tère uni­la­té­ral du sou­ti­en et le fait que le con­trô­le de la qua­li­té se limi­te au TCNA comme une chan­ce per­due. Les potentiels du tra­fic con­ven­ti­on­nel dev­rai­ent eux aussi être exploi­tés inté­gra­le­ment – et accom­pa­gnés des mesu­res de trans­fert du tra­fic adé­qua­tes, à savoir le sou­ti­en finan­cier et le con­trô­le de la qualité.

Modifications de la loi sur les chemins de fer dans le cadre du 4e paquet ferroviaire. 

Le 13.6.23, le Con­seil des États a approu­vé le pro­jet 23.024, selon lequel l’Agence fer­ro­vi­ai­re euro­pé­en­ne (ERA) doit être com­pé­ten­te pour l’homologation de maté­ri­el rou­lant dans le tra­fic fer­ro­vi­ai­re inter­na­tio­nal. Pour l’introduction de nou­veaux trains, les ent­re­pri­ses fer­ro­vi­ai­res ne seront ainsi plus obli­gées de sui­v­re des pro­cé­du­res d’homologation sépa­rées. Le Con­seil fédé­ral vise donc une repri­se inté­gra­le de cette solu­ti­on de l’UE, ce qui passe par une modi­fi­ca­ti­on de l’accord sur les trans­ports ter­res­tres con­clu avec l’UE. L’objet va à pré­sent être pré­sen­té au Con­seil natio­nal. La VAP a sou­tenu ce pro­jet de modi­fi­ca­ti­on (cf. artic­le du blog: La révi­si­on de la loi sur les chem­ins de fer garan­tit l’accès au réseau fer­ro­vi­ai­re de l’UE), car il per­met de con­tin­uer à avan­cer dans l’harmonisation des direc­ti­ves en matiè­re d’exploitation fer­ro­vi­ai­re et faci­li­te la repri­se de ce paquet dans l’accord sur les trans­ports terrestres.

Cadre de paiement pour les routes nationales 2024–2027 et étape d’aménagement 2023:

Le Con­seil fédé­ral pré­voit une moder­ni­sa­ti­on et un élar­gis­se­ment du réseau des rou­tes natio­na­les suis­ses pour un bud­get d’environ 12 mil­li­ards de francs. Quel­que 8 mil­li­ards de francs sont pré­vus pour l’exploitation et la main­ten­an­ce, tan­dis que 4 mil­li­ards de francs doi­vent être affec­tés à des pro­jets de déve­lo­p­pe­ment ciblés. À la VAP, nous sou­te­nons ce pro­jet et réaf­firm­ons l’importance d’une infra­struc­tu­re de trans­ports dura­ble pour la mul­ti­mo­da­li­té et le trans­fert du tra­fic sur le rail. Le 30.5.2023, le Con­seil natio­nal a même déci­dé de déb­lo­quer pour les pro­jets d’aménagement 5,3 mil­li­ards de francs au lieu des 4,4 mil­li­ards deman­dés par le Con­seil fédé­ral. En plus des cinq pro­jets con­te­nus dans l’arrêté fédé­ral, le Con­seil natio­nal con­sidè­re l’aménagement de la A1 près du lac de Genè­ve comme tout aussi urgent. La pro­chai­ne étape sera le vote du Con­seil des États sur le projet.

Crédits d’engagement pour le trafic d’agglomération à partir de 2024:

Le Con­seil natio­nal a approu­vé des con­tri­bu­ti­ons de plus de 1,6  mil­li­ard de francs pour les nou­veaux pro­gram­mes en faveur du tra­fic d’agglomération. Une légè­re aug­men­ta­ti­on a été effec­tuée pour le tun­nel rou­tier Moscia-Aca­pul­co dans le Tes­sin. Nous sou­te­nons cet arrêté fédé­ral qui per­met­tra de sou­te­nir des pro­jets d’infrastructure de trans­port dans les agglo­mé­ra­ti­ons suis­ses afin de créer un sys­tème de trans­port plus effi­ci­ent et plus durable.

Mal­heu­reu­se­ment, la pro­po­si­ti­on mino­ri­taire du CN Was­ser­fal­len a tou­te­fois été reje­tée. Celle-ci deman­dait de reli­er le pro­gram­me en faveur du tra­fic d’agglomération à l’ex­ten­si­on du réseau des rou­tes natio­na­les, afin de con­sidé­rer les pro­jets et les modes de trans­port comme un sys­tème glo­bal, et ainsi empê­cher que les pro­jets et modes de trans­port ne soi­ent oppo­sés les uns aux aut­res. Nous con­sidé­rons ceci comme une chan­ce man­quée. En cas de réfé­ren­dum, nous nous inscr­i­rons en faux cont­re ce pro­jet, dans l’intérêt de la sécu­ri­té d’approvisionnement du pays.

Voir éga­le­ment notre com­men­tai­re sur Lin­ke­dIn: Mil­li­ar­den für Agglo­me­ra­ti­ons­ver­kehrs­pro­gram­me bewil­ligt: Natio­nal­rat lässt Chan­ce auf ganz­heit­li­ches Ver­kehrs­sys­tem ver­strei­chen (Des mil­li­ards pour les pro­gram­mes en faveur du tra­fic d’agglomération; le Con­seil natio­nal lais­ser filer une chan­ce d’instaurer un sys­tème de trans­port global)

CFF Cargo retourne dans le giron de l’État: à quoi cela rime-t-il?

Avec son inter­pel­la­ti­on «SBB Cargo zurück im Schoss des Staa­tes. Was soll das?» (CFF Cargo retourne dans le giron de l’État: à quoi cela rime-t-il?), le CN Chris­ti­an Was­ser­fal­len PLR/BE deman­de au Con­seil fédé­ral son avis sur l’arrêté du grou­pe CFF con­cer­nant le rachat de 100 % du capi­tal-actions de CFF Cargo et la ges­ti­on direc­te de CFF Cargo par la direc­tion du grou­pe. Ce chan­ge­ment uni­la­té­ral des struc­tures du mar­ché et des rap­ports de pou­voir com­pro­met les pré­mic­es de la réfor­me atten­due des con­di­ti­ons-cad­res pour le trans­port suis­se de mar­chan­di­ses. La VAP se féli­ci­te des ques­ti­ons posées au Con­seil fédéral.