La VAP promouvoit le fret ferroviaire.

La VAP Asso­cia­ti­on des char­geurs s’en­ga­ge en faveur de con­di­ti­ons-cad­res adap­tées au mar­ché et d’un sys­tème fer­ro­vi­ai­re suis­se pour le trans­port de mar­chan­di­ses per­for­mant. Thè­mes actuels:

SECTEUR DU FRET

  • Com­ment con­ce­voir l’a­ve­nir du trans­port de mar­chan­di­ses?
  • Qu’est-ce qui fait bouger le sec­teur du fret?
  • Un aper­çu des acteurs du fret ferroviaire.

RÉSEAU

Vous trou­verez ici des infor­ma­ti­ons uti­les sur les voies fer­rées, leur orga­ni­sa­ti­on et l’ac­cès au réseau.

FINANCEMENT

Infor­ma­ti­ons sur les aides finan­ciè­res et les taxes dans le trans­port de marchandises.

SITES

Tout sur le char­ge­ment libre, les ter­minaux, les instal­la­ti­ons de voies de rac­cor­de­ment ou enco­re les hubs logis­ti­ques mul­ti­mo­daux.

INTEROPÉRABILITÉ

La VAP s’en­ga­ge à har­mo­nis­er les con­di­ti­ons-cad­res afin que les trains puis­sent cir­cu­ler sans dif­fi­cul­té sur les réseaux fer­ro­vi­ai­res européens.

DURABILITÉ

Pour un ave­nir clair­voy­ant, il con­vi­ent de con­ce­voir dif­fér­ents domain­es de maniè­re durable.

Innovation

Com­ment pou­vons-nous faire avan­cer l’in­no­va­ti­on dans le trans­port de marchandises?

EXPLOITATION

En faveur d’une con­cur­rence loya­le, nous vou­lons uti­li­ser la force de tous les modes de trans­port et les com­bi­ner de maniè­re opti­ma­le. Car c’est ainsi que le tra­jet sera plus court – et plus éco­no­mi­que – pour chacun d’ent­re nous.

ÉVÉNEMENTS

Vous trou­verez ici des infor­ma­ti­ons com­plé­men­tai­res et de la docu­men­ta­ti­on sur nos mani­fes­ta­ti­ons Forum Fret Fer­ro­vi­ai­re, notre Assem­blée géné­ra­le et autres.

La CTT‑N renforce le fret ferroviaire grâce à une concurrence et une transparence accrues

La CTT‑N renforce le fret ferroviaire grâce à une concurrence et une transparence accrues

Dans le cadre de l’objet 24.0017, la com­mis­si­on d’examen pré­alable du Con­seil natio­nal (CTT‑N) deman­de à son con­seil d’entrer en matiè­re et d’approuver les cré­dits desti­nés au déploie­ment du cou­pla­ge auto­ma­tique digi­tal (DAC) ainsi que l’indemnisation limi­tée dans le temps du trans­port par wagons com­plets iso­lés (TWCI) ainsi que la com­man­de du trans­port de mar­chan­di­ses. Elle effec­tue éga­le­ment quel­ques pré­cis­i­ons décisi­ves dans le texte de loi: la con­cur­rence doit être davan­ta­ge encou­ra­gée et des finance­ments croi­sés entre les pre­sta­ti­ons sub­ven­ti­onnées et cel­les auto­fi­nan­cées doi­vent être empê­chés en publi­ant des chif­fres-clés et des flux finan­ciers dans les rap­ports d’activité des ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re. Par ail­leurs, la CTT‑N veut ancrer expres­sé­ment la navi­ga­ti­on inté­ri­eu­re dans le pro­jet de loi afin de créer davan­ta­ge de sécu­ri­té juridique.

En revan­che, l’objectif com­plé­té dans la loi d’augmenter la part du fret fer­ro­vi­ai­re est moins per­ti­nent. Ce mes­sa­ge dev­rait plu­tôt être adres­sé à la com­pa­gnie éta­tique CFF domi­nant le mar­ché qui con­ti­nue de chas­ser des trans­ports du rail de par sa poli­tique actu­el­le en matiè­re d’offre et de prix. Cela enterre la der­niè­re con­fi­ance des cli­ents dans la com­pé­ti­ti­vi­té et la volon­té des chem­ins de fer publics. En fait, les mesu­res pré­vues dans le pro­jet de loi sont plus effi­caces que des objec­tifs ambi­ti­eux: le fret fer­ro­vi­ai­re peut gagner des parts de mar­ché grâce à la digi­ta­li­sa­ti­on pré­vue et à la muta­ti­on d’un sys­tème du 19e siè­cle vers le 21e siè­cle. L’encouragement désor­mais enco­re ren­for­cé de la con­cur­rence entre les ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re, com­bi­né à l’indemnisation limi­tée dans le temps du TWCI pour­rait bien­tôt ent­raî­ner une offre élar­gie et des parts de mar­ché crois­san­tes pour le rail. Les pro­po­si­ti­ons de la CTT‑N, qui apportent des pré­cis­i­ons, dev­rai­ent à cet égard être bien plus effi­caces que des objec­tifs de trans­fert non con­traignants, qui sont en outre con­trai­res à la Constitution.

Mal­heu­reu­se­ment, les deman­des pour plus de trans­pa­rence et de con­cur­rence lors de la con­s­truc­tion et l’exploitation d’installations de trans­bor­de­ment n’ont pas trou­vé de majorité.

129 nouvelles locs pour CFF Cargo: comment ça marche?

129 nouvelles locs pour CFF Cargo: comment ça marche?

CFF Cargo veut renou­ve­ler sa flot­te d’ici 2035 avec jusqu’à 129 locs de ligne moder­nes. Dans le même temps, elle déplo­re des coûts fixes éle­vés dans le tra­fic par wagons com­plets iso­lés (TWCI), a aug­men­té ses tarifs de façon dis­pro­por­ti­onnée ces der­niers mois tout en rédui­sant son offre. Cette situa­ti­on pré­sen­te un ris­que majeur de retrans­fert vers la route. À la VAP, nous remet­tons en ques­ti­on cette gros­se com­man­de et deman­dons plus de transparence.

Les enjeux:

  • CFF Cargo inves­tit dans l’avenir du fret ferroviaire.
  • Les haus­ses de prix et la réduc­tion de l’offre font fuir les cli­ents du fret ferroviaire.
  • VAP remet en ques­ti­on le rai­son­ne­ment éco­no­mi­que et deman­de de la transparence.
 
CFF Cargo investit dans l’avenir du fret ferroviaire

CFF Cargo veut moder­nis­er sa flot­te et garan­tir ainsi l’avenir du trans­port de mar­chan­di­ses par rail. Dans un com­mu­ni­qué de pres­se du 26 sep­tembre 2024 , l’entreprise a annon­cé l’achat de jusqu’à 129 nou­vel­les locs de ligne. Elles dev­rai­ent être liv­rées entre 2027 et 2035 et rem­pla­cer les véhi­cu­les trac­teurs vieil­lis­sants. CFF Cargo pré­sen­te sa décis­i­on comme néces­saire afin de prépa­rer le fret fer­ro­vi­ai­re à l’avenir, ce qui est une bonne chose. Les nou­vel­les locs sont plus effi­caces, plus per­for­man­tes et équi­pées de tech­no­lo­gies inno­van­tes comme un sys­tème d’entraînement sur piles pour le der­nier kilo­mèt­re. Ainsi, CFF Cargo veut rédui­re les coûts d’exploitation de 60 % et con­tri­buer à l’automatisation du fret ferroviaire.

Les hausses de prix et la réduction de l’offre font fuir les clients du fret ferroviaire

Pour nous, à la VAP, une ques­ti­on cen­tra­le se pose: com­ment l’acquisition mas­si­ve de 129 loco­mo­ti­ves est-t-elle com­pa­ti­ble avec le déve­lo­p­pe­ment et les pra­ti­ques com­mer­cia­les actu­el­les de CFF Cargo? Ces der­niers mois, CFF Cargo a expo­sé ses cli­ents du fret fer­ro­vi­ai­re à des haus­ses de prix signi­fi­ca­ti­ves et à une réduc­tion de l’offre (cf. l’article du blog VAP «Révi­si­on tota­le de la LTM: le moral du sec­teur men­ace de s’effondrer». Ce com­porte­ment de dis­tor­si­on du mar­ché pour­rait ent­raî­ner une réduc­tion des volu­mes dans le fret fer­ro­vi­ai­re et un trans­fert accru vers la route. Si ce cas de figu­re se pré­sen­te effec­ti­ve­ment, un inves­tis­se­ment aussi important ne se jus­ti­fie pas.

VAP remet en question le raisonnement économique et demande de la transparence

CFF Cargo reste mal­heu­reu­se­ment dis­cret sur les effets opé­ra­ti­on­nels et finan­ciers de ce grand pro­jet. Cela ne favo­ri­se pas la con­fi­ance dans la filia­le de fret de l’État. On parle tout de même d’investissements de plu­s­ieurs cen­tai­nes de mil­li­ons, qui doi­vent être sup­port­és par les cli­ents du fret fer­ro­vi­ai­re, dans l’hypothèse de l’autofinancement. C’est pour­quoi nous esti­mons qu’il est indis­pensable que CFF Cargo fasse part de ses réfle­xi­ons. Par ail­leurs, nous lui sug­gé­rons de recon­sidé­rer le nombre de loco­mo­ti­ves et d’envisager, en com­plé­ment de l’achat, une loca­ti­on ou un achat partiel avec une opti­on sur un plus grand nombre de locs.

La digitalisation du fret ferroviaire s’accélère

La digitalisation du fret ferroviaire s’accélère

La sphè­re poli­tique adap­te les con­di­ti­ons-cad­res pour la migra­ti­on vers le cou­pla­ge auto­ma­tique digi­tal (DAC) et la tech­no­lo­gie pour la future norme est déter­mi­né pas à pas. La Suis­se coor­don­ne son pro­ces­sus d’introduction avec celui de l’Europe. En tant qu’acteurs de la bran­che, nous vou­lons, à la VAP, faire pro­gresser l’autorisation pour le tra­fic com­mer­cial et assu­mons par con­sé­quent un rôle clé dans la coor­di­na­ti­on et la docu­men­ta­ti­on des pro­jets correspondants.

Les enjeux:

  • Le Con­seil des États donne le feu vert au DAC et au tra­fic par wagons com­plets isolés.
  • La LTM har­mo­ni­sée avec la feuille de route européenne.
  • La tech­no­lo­gie doit faire ses preu­ves en tant que norme.
  • La bran­che suis­se joue le rôle de pionnier.
  • Deux étapes, un objec­tif: la mise en réseau avec le futur.
  • La VAP trans­for­me son expé­ri­ence en solu­ti­ons adap­tées à la pratique.
 
Le Conseil des États donne le feu vert au DAC et au trafic par wagons complets isolés.

Les déve­lo­p­pe­ments autour de la digi­ta­li­sa­ti­on du fret fer­ro­vi­ai­re se dérou­lent lit­té­ra­le­ment sur plu­s­ieurs voies. Des jalons importants ont été posés le 24 sep­tembre 2024 dans le pro­ces­sus poli­tique. Lors de cette jour­née de déli­bé­ra­ti­on durant le ses­si­on d’automne du Par­le­ment suis­se, le Con­seil des États a déli­bé­ré sur la révi­si­on tota­le de la loi sur le trans­port de mar­chan­di­ses et a approu­vé le cré­dit d’engagement rela­tif au déploie­ment du DAC à hauteur de 180 mil­li­ons de francs ainsi que celui rela­tif à la moder­ni­sa­ti­on du tra­fic par wagons com­plets iso­lés d’un mon­tant de 260 mil­li­ons de francs. Le con­seil prio­ri­taire a ainsi pris en comp­te les prin­ci­paux élé­ments-clés du mes­sa­ge du Con­seil fédé­ral du 10 jan­vier 2024 et s’est à une large majo­ri­té expli­ci­te­ment décla­ré en faveur de la digi­ta­li­sa­ti­on du fret fer­ro­vi­ai­re grâce à l’innovation per­fec­tion­née depuis de longues années. Voici ce qu’a décla­ré le con­seil­ler fédé­ral Albert Rösti lors de son expo­sé devant le plé­num du Con­seil: «Outre le cou­pla­ge auto­ma­tique digi­tal, d’autres étapes con­crè­tes de moder­ni­sa­ti­on sont pré­vues, comme des pla­te­for­mes de réser­va­ti­on.» Nous expli­quons pour­quoi cette remar­que reflè­te une per­spec­ti­ve holis­tique du DAC dans l’article de notre blog «Éco­sys­tè­mes de don­nées: le sec­teur par­ti­ci­pe à une table ronde avec le con­seil­ler fédé­ral Rösti».

La LTM harmonisée avec la feuille de route européenne.

La pla­ni­fi­ca­ti­on de la LTM révi­sée et de l’ordonnance cor­re­spond­an­te est en har­mo­nie avec la feuille de route euro­pé­en­ne. La mise en œuvre est pré­vue entre fin 2026 et début 2027. À par­tir de là, les fonds fédé­raux bud­gé­ti­sés seront dis­po­nibles pour la migra­ti­on vers le DAC. Les acteurs du Euro­pean DAC Deli­very Pro­gram­me (EDDP) d’Europe’s Rail sou­hai­tent déploy­er à gran­de échel­le la migra­ti­on vers le DAC à par­tir de 2028. Ce pro­gram­me de mise en œuvre réu­nit les ent­re­pri­ses de trans­port fer­ro­vi­ai­re, les explo­itants d’infrastructure, les déten­teurs de wagons ainsi que les four­nis­seurs d’équipements fer­ro­vi­ai­res, les orga­nis­mes respons­ables de la main­ten­an­ce, les orga­ni­sa­ti­ons du sec­teur, les cen­tres de recher­che fer­ro­vi­ai­re et les insti­tu­ti­ons poli­ti­ques. Ce pro­gram­me com­mun inté­g­ré s’appuie sur les résul­tats de la recher­che et du déve­lo­p­pe­ment ainsi que sur des pro­jets pilo­tes et vise à garan­tir les mesu­res néces­saires à un déploie­ment rapi­de, tech­ni­quement et éco­no­mi­quement réa­li­sable du DAC à l’échelle européenne.

La technologie doit s’imposer en tant que norme.

Pour att­eind­re cet objec­tif ambi­ti­eux, il faut une tech­no­lo­gie déve­lo­p­pée et tes­tée en ent­re­pri­se. Là aussi, l’EDDP a déjà effec­tué un tra­vail pré­pa­ra­toire con­sidé­ra­ble et a annon­cé début 2024 le «DAC Basis Packa­ge» comme future norme de sys­tème pour le fret fer­ro­vi­ai­re en Euro­pe. L’EDDP pré­voit des trains pilo­tes dans toute l’Europe afin d’affiner et de tes­ter dans son inté­gra­li­té la tech­no­lo­gie du «DAC Basis Packa­ge». Le paquet de lance­ment com­prend les élé­ments suivants:

  • DAC (méca­ni­que / pneu­ma­tique) y com­pris sys­tème éner­gé­tique / de données
  • Iden­ti­fi­ca­ti­on de la com­po­si­ti­on de train
  • Essai de frein automatique
  • Con­trô­le de la com­plétu­de du train
  • Décou­pla­ge auto­ma­tique (dans le train depuis la loco­mo­ti­ve ou le côté du wagon)

Une décis­i­on importan­te doit enco­re être prise con­cer­nant le sys­tème: pour la tech­no­lo­gie de trans­mis­si­on de don­nées dans le train, il reste enco­re à choi­sir entre Sin­gle per Ether­net et Power­line+. Comme des tests avec Power­line+ ont déjà été réa­li­sés avec suc­cès en Suis­se, il s’agit main­ten­ant de réa­li­ser rapi­de­ment un train pilo­te homo­logab­le embar­quant cette technologie.

La branche suisse joue le rôle de pionnier.

La Suis­se veut con­tri­buer signi­fi­ca­ti­ve­ment au pro­jet de déve­lo­p­pe­ment euro­pé­en DAC coor­don­né par l’EDDP et le com­bi­ner étroi­te­ment avec les orga­ni­sa­ti­ons euro­pé­en­nes d’EDDP. Ainsi, le sec­teur fer­ro­vi­ai­re suis­se s’apprête à faire avan­cer l’intégration du sys­tème pour auto­ri­ser les uti­li­sa­ti­ons com­mer­cia­les. Les spé­ci­fi­ca­ti­ons tech­ni­ques et l’étendue des pre­sta­ti­ons fon­c­tion­nel­les du «DAC Basis Packa­ge» et la tech­no­lo­gie de trans­mis­si­on Power­line+ for­ment la base des futurs travaux de l’équipe de pro­jet suis­se. De là, l’OFT, la VAP et l’UTP élar­gi­ront en con­sé­quence leur décla­ra­ti­on d’intention signée con­join­te­ment sur l’automatisation dans le fret ferroviaire.

Deux étapes, un objectif: la mise en réseau avec le futur.

La con­tri­bu­ti­on de la Suis­se au déploie­ment du DAC se déroule en deux étapes. Au pré­alable, il con­vi­ent de faire avan­cer rapi­de­ment l’intégration du sys­tème sur le train pionnier suis­se jusqu’à ce qu’il soit prêt pour l’homologation, puis de démon­trer son apti­tu­de à être uti­li­sé au quo­ti­di­en dans le cadre d’une appli­ca­ti­on com­mer­cia­le. La Con­fé­dé­ra­ti­on sou­ti­en­dra le déve­lo­p­pe­ment par un finance­ment con­for­mé­ment à l’article 10 de la loi sur le trans­port de marchandises.

  • Le pro­jet de déve­lo­p­pe­ment PD3 pour la réa­li­sa­ti­on de l’homologation d’un pre­mier train pionnier avec les fon­c­tions selon le «DAC Basic Packa­ge» a com­men­cé. L’objectif est d’obtenir d’ici mi-2026 une auto­ri­sa­ti­on d’exploitation de l’OFT pour des tra­jets com­mer­ciaux défi­nis sur le réseau suis­se à voie nor­ma­le. Pour ce faire, une tren­taine de mem­bres moti­vés de Swiss­rail, de CFF Cargo et de l’OFT ainsi que des repré­sen­tants de la VAP ont mani­fes­té le 30 août 2024 leur inten­ti­on de rend­re ensem­ble le fret fer­ro­vi­ai­re com­pé­ti­tif et de faire con­naît­re la tech­no­lo­gie suis­se DAC à l’extérieur. Avec le PD3, les acteurs du sec­teur veu­lent con­tri­buer de maniè­re signi­fi­ca­ti­ve à la défi­ni­ti­on de la future norme euro­pé­en­ne en matiè­re de fret fer­ro­vi­ai­re. Il est temps de sor­tir des débats de fond et d’élaborer des solu­ti­ons opé­ra­ti­on­nel­les. Les nou­veaux sys­tè­mes doi­vent être robus­tes, fon­c­tion­nels et finan­ça­bles, afin que les trains de mar­chan­di­ses puis­sent à l’avenir cir­cu­ler de façon rentable.
  • Le pro­jet de déve­lo­p­pe­ment PD4 vise à mett­re en ser­vice plu­s­ieurs trains avec DAC sur le réseau fer­ro­vi­ai­re suis­se pour des tra­jets com­mer­ciaux entre 2026 et 2027, une fois le PD3 ache­vé. Les pre­miè­res dis­cus­sions avec les char­geurs ont déjà eu lieu. On recher­che des tra­fics iso­lés qui se prêtent à une con­ver­si­on pré­co­ce au DAC en tant que trains pionniers. L’objectif de cette deu­xiè­me étape est d’acquérir de l’expérience en matiè­re d’exploitation et de pour­suiv­re le ren­force­ment en situa­ti­on réel­le. Les trains pionniers doi­vent don­ner aux par­ties pren­an­tes et aux inves­tis­seurs impli­qués une image con­crè­te des pos­si­bi­li­tés futures offer­tes par le DAC et la digi­ta­li­sa­ti­on qui l’accompagne dans le fret ferroviaire.
La VAP transforme son expérience en solutions adaptées à la pratique.

La VAP va coor­don­ner et docu­men­ter les pro­jets men­ti­onnés pour tou­tes les per­son­nes inté­res­sées et impli­quées. Nous vou­lons ainsi garan­tir un vaste éch­an­ge d’expériences et une com­pa­ti­bi­li­té tota­le avec la pra­tique jus­que dans les voies de rac­cor­de­ment et la logis­tique de l’économie. Nos mem­bres – en pre­mier lieu les char­geurs et les déten­teurs de wagons – par­ti­ci­pent acti­ve­ment aux deux étapes de déve­lo­p­pe­ment. Cela per­met de mett­re à l’échelle les con­nais­sances acqui­ses dans le cadre de pro­jets pilo­tes et de faire pro­fi­ter tous les acteurs de la bran­che des synergies.

«À mon avis, l’asymétrie entre les avantages et les coûts de mise en œuvre est le principal point critique du DAC.»

«À mon avis, l’asymétrie entre les avantages et les coûts de mise en œuvre est le principal point critique du DAC.»

JOSEF MEYER Rail (JMR) Group s’est spé­cia­li­sé dans l’entretien et les répa­ra­ti­ons de wagons de mar­chan­di­ses et exploi­te des sites en Suis­se et à l’étranger. Dans un ent­re­ti­en avec la VAP, Domi­nik Suter, pro­prié­tai­re et pré­si­dent du con­seil d’administration, ainsi qu’Ulrich Walt, CEO du grou­pe depuis sep­tembre 2024, par­lent des fac­teurs de réus­si­te d’un acteur indus­tri­el du sec­teur, de l’asymétrie des inno­va­tions et de l’avenir du fret fer­ro­vi­ai­re suisse. 

VAP: Mon­sieur Suter, com­ment s’est pro­duit le chan­ge­ment de direc­tion et qu’attendez-vous d’Ulrich Walt? 

Domi­nik Suter: Vin­zenz Bind­schäd­ler, notre anci­en direc­teur, a déci­dé de quit­ter JMR à la fin du mois de sep­tembre 2024. Avec Ulrich Walt, c’est un con­nais­seur de longue date du sec­teur qui prend la direc­tion de notre grou­pe. Ensem­ble, nous sou­hai­tons con­cré­ti­ser notre visi­on con­sistant à aug­men­ter dura­blem­ent la pro­duc­ti­vi­té de nos cli­ents du rail et à déve­lo­p­per notre grou­pe d’entreprises dans le con­tex­te international.

VAP: Vous qua­li­fiez la pro­mes­se de votre mar­que avec les attri­buts «fia­ble», «enga­gée» et «inno­van­te». Mon­sieur Walt, com­ment envi­sa­gez-vous de ren­forcer ces qua­li­tés à l’avenir? Où allez-vous ouvr­ir de nou­vel­les voies?

Ulrich Walt: Je trouve ces tag­li­nes uti­les. Bien qu’elles soi­ent quel­que peu géné­ri­ques, elles ont le méri­te de cla­ri­fier ce qui nous impor­te vis-à-vis de nos cli­ents. L’attribut «fia­ble» est jus­tem­ent décisif dans le domaine de la main­ten­an­ce, car il est étroi­te­ment lié à la sécu­ri­té. La qua­li­té «enga­gée» signi­fie que nous dési­rons asseoir notre répu­ta­ti­on comme l’un des meil­leurs ate­liers d’Europe. Par exemp­le, nous rédui­sons con­stam­ment les durées de trai­te­ment et envo­y­ons des équipes de main­ten­an­ce mobi­les en Suis­se pour les peti­tes réparations.

Je main­ti­en­drai ce cap stra­té­gique. Étant donné que nous fai­sons par­tie de pro­ces­sus indus­tri­els, nous ne pou­vons pas révo­lu­ti­on­ner notre modè­le com­mer­cial du jour au len­de­main. Je sou­hai­te néan­mo­ins fixer de nou­vel­les ori­en­ta­ti­ons. Par exemp­le, nous allons nous con­cen­trer enco­re davan­ta­ge sur nos com­pé­ten­ces clés en matiè­re de main­ten­an­ce et d’offres ECM. En inter­ne, notre atten­ti­on se porte davan­ta­ge sur la direc­tion et la responsa­bi­li­té. Et enfin, nous vou­lons éga­le­ment opti­mi­ser enco­re nos sys­tè­mes et nos processus.

Le terme «inno­vant» est géné­ra­le­ment assi­milé à la digi­ta­li­sa­ti­on. Celle-ci fait éga­le­ment l’objet de vifs débats dans le fret fer­ro­vi­ai­re, sur­tout dans le cadre du cou­pla­ge auto­ma­tique digi­tal (DAC). Quel est votre avis sur la question?

Domi­nik Suter: La pro­mo­ti­on du fret fer­ro­vi­ai­re en Euro­pe passe non seu­le­ment par la remi­se en état de l’infrastructure fer­ro­vi­ai­re et le DAC à court terme, mais aussi par des inno­va­tions dans le maté­ri­el rou­lant à moyen terme. Ainsi, cela fait des années que nous avons déve­lo­p­pé, en col­la­bo­ra­ti­on avec des par­ten­aires indus­tri­els, des bogies de wagons de mar­chan­di­ses à fai­ble niveau de bruit et d’usure auto­ri­sant des vites­ses net­te­ment plus éle­vées. Une joint ven­ture avec PROSE a ainsi abou­ti au bogie «LEILA Light», moins coû­teux et basé sur une tech­no­lo­gie homo­logab­le. Le «LEILA Light» offre des avan­ta­ges indé­ni­ables en ter­mes de bruit, d’usure de l’infrastructure fer­ro­vi­ai­re et de vites­se. Mais tant que les avan­ta­ges en ter­mes de bruit, d’usure de l’infrastructure fer­ro­vi­ai­re et de vites­se ne se réper­cu­tent pas sur l’investisseur, aucun inves­tis­se­ment ne sera réa­li­sé dans du maté­ri­el rou­lant moderne.

Ulrich Walt: Il en va de même pour le DAC en tant que moteur de digi­ta­li­sa­ti­on le plus cité. En ce qui con­cer­ne les inno­va­tions dans le tra­fic fer­ro­vi­ai­re, la ques­ti­on se pose tou­jours de savoir si elle doit por­ter sur le wagon ou sur l’infrastructure. Le DAC révo­lu­ti­on­ne le wagon. Mais les avan­ta­ges de cette inno­va­ti­on et les coûts de sa mise en œuvre sont répar­tis de maniè­re asy­m­é­tri­que, c’est-à-dire qu’ils sont géné­rés à dif­fér­ents end­roits. Par con­sé­quent, il sera dif­fi­ci­le de faire de gran­des avan­cées dans un tel cas. Cette asy­m­é­trie con­sti­tue, selon moi, le prin­ci­pal point cri­tique du DAC. Il faut que le régu­la­teur donne une impul­si­on. Le DAC a bien avan­cé dans le pro­ces­sus poli­tique, rai­son pour laquel­le il s’imposera tôt ou tard.

Les ori­gi­nes de JMR remon­tent à 1888. Depuis, votre ent­re­pri­se s’est impo­sée comme un acteur fia­ble du sec­teur. Quel est le secret de votre réus­si­te?
Domi­nik Suter: Le secret de notre réus­si­te, ce sont nos col­la­bo­ra­teurs, qui sont «mor­dus» de fret fer­ro­vi­ai­re. Cer­ta­ins d’entre eux tra­vail­lent depuis des décen­nies chez nous et quel­ques-uns pas­sent même toute leur car­ri­è­re chez nous. Les struc­tures légè­res avec des voies décis­i­on­nel­les cour­tes ainsi que notre ori­en­ta­ti­on cli­ent con­tri­buent éga­le­ment à notre succès.

Ulrich Walt: Je ne peux qu’être d’accord avec cela. Nous som­mes petits et agi­les, ce qui nous per­met de nous ori­en­ter sys­té­ma­ti­quement vers nos cli­ents. J’aimerais ajou­ter un autre fac­teur de réus­si­te: JMR vient de l’ingénierie. Nous som­mes donc capa­bles de faire plus que de la main­ten­an­ce, et même de repro­dui­re des sous-ensem­bles ou des bogies entiers si néces­saire. Notre savoir-faire en la matiè­re nous main­ti­ent en pole position.

Actu­el­le­ment, l’accent est mis sur la responsa­bi­li­té dans le fret fer­ro­vi­ai­re. En outre, des recom­man­da­ti­ons ont été for­mulées pour le déve­lo­p­pe­ment de l’ordonnance ECM. Qu’en pensez-vous? 

Ulrich Walt: Le Joint Net­work Secre­ta­ri­at der Euro­pean Union Agen­cy for Rail­ways ERA et le Ser­vice d’enquête suis­se sur les acci­dents SESA ont for­mulé des recom­man­da­ti­ons en lien avec l’accident sur­venu dans le tun­nel de base du Saint-Got­hard. Cel­les-ci ont déjà été inté­g­rées dans nos mesu­res de main­ten­an­ce et nos ser­vices ECM. Je con­sta­te tou­te­fois un cer­tain décala­ge dans l’évolution de la règle­men­ta­ti­on. Par exemp­le, la Con­fé­dé­ra­ti­on veut encou­ra­ger le fret fer­ro­vi­ai­re, notam­ment avec la révi­si­on tota­le de la loi sur le trans­port de mar­chan­di­ses. Dans le même temps, la com­pé­ti­ti­vi­té du fret fer­ro­vi­ai­re serait réduite par une responsa­bi­li­té accrue des déten­teurs. De tel­les dis­tor­si­ons désa­van­tagent les acteurs pri­vés du mar­ché tels que JMR car elles nous impo­sent des coûts supplémentaires.

Quels sont à vos yeux les points forts de notre association? 

Ulrich Walt: La VAP fait par­tie d’un réseau per­for­mant com­pren­ant d’autres asso­cia­ti­ons logis­ti­ques et acteurs du sec­teur fer­ro­vi­ai­re. Elle dis­po­se d’un vaste savoir-faire qui lui per­met de sou­te­nir ses mem­bres et d’agir ainsi sur les bons leviers, y com­pris lors d’interventions poli­ti­ques. Selon moi, la VAP a connu une pro­fes­si­on­na­li­sa­ti­on impres­si­on­nan­te au cours des trois der­niè­res décen­nies et elle repré­sen­te aujourd’hui une voix forte pour le sec­teur du fret ferroviaire.

Que sou­hai­tez-vous jus­tem­ent pour la VAP?

Ulrich Walt: D’après moi, deux cho­ses sont importan­tes pour les pro­chains mois et les pro­chai­nes années. Pre­miè­re­ment, j’espère que le pas­sa­ge de témo­in entre Frank Fur­rer et Simon Wey au sein de la direc­tion opé­ra­ti­on­nel­le sera une réus­si­te. La VAP pour­ra heu­reu­se­ment tou­jours comp­ter sur Mon­sieur Fur­rer car il a été élu au comi­té direc­teur lors de la der­niè­re assem­blée géné­ra­le. Cela per­met­tra de trans­mett­re son énor­me baga­ge de con­nais­sances et d’expériences et d’assurer la con­ti­nui­té. Simon Wey est un membre de l’association expé­ri­men­té et un excel­lent éco­no­mis­te. Dans cette con­fi­gu­ra­ti­on, il dev­rait pour­suiv­re la pro­fes­si­on­na­li­sa­ti­on évo­quée de l’association. Deu­xiè­me­ment, je sou­hai­te un bon départ à la toute nou­vel­le filia­le de la VAP, «Cargo Rail Con­sul­ting AG». Au cours des der­niè­res années, la deman­de de ser­vices de con­seil dans ce domaine n’a cessé de croît­re. Cette filia­le pour­ra cer­tai­ne­ment ren­forcer enco­re l’association.

À qui con­seil­le­riez-vous de col­la­bo­rer avec la VAP?

Domi­nik Suter: À tous les char­geurs et déten­teurs de wagons et, de maniè­re géné­ra­le, à tous ceux qui s’intéressent au fret fer­ro­vi­ai­re ou qui s’engagent en sa faveur en Suis­se ou en Euro­pe. Les char­geurs pro­fi­tent direc­te­ment, les loueurs de wagons indi­rec­te­ment, d’échanges fruc­tueux et d’informations à jour. En tant que membre, on se trouve pour ainsi dire à la source du savoir-faire autour du fret ferroviaire.

Com­ment voyez-vous l’avenir du fret fer­ro­vi­ai­re suisse? 

Ulrich Walt: Je con­sta­te deux ten­dan­ces oppo­sées. D’une part, en rai­son de la dés­in­dus­tria­li­sa­ti­on pro­gres­si­ve de la Suis­se, il y a de moins en moins de mar­chan­di­ses «adap­tées au rail» qui peu­vent être trans­por­tées sur le rail. D’autre part, la trans­for­ma­ti­on dura­ble d’innombrables sec­teurs place le rail au cent­re de l’attention en tant que mode de trans­port respec­tueux du cli­mat et alter­na­ti­ve valable à la route. Cer­tes, le fret fer­ro­vi­ai­re man­que de sou­ples­se, car beau­coup de cho­ses sont enco­re entre les mains de l’État. Néan­mo­ins, je con­sidè­re que son ave­nir est pro­met­teur. En effet, l’infrastructure, l’efficacité et les avan­ta­ges en ter­mes de dura­bi­li­té sont déjà là. Les cli­ents du fret fer­ro­vi­ai­re et le légis­la­teur l’ont tous deux reconnu.

Domi­nik Suter: Mal­gré le débat sur le cli­mat et la forte aug­men­ta­ti­on du nombre d’heures d’embouteillage sur les auto­rou­tes, nous con­sta­tons un trans­fert du rail vers la route. Cela s’explique notam­ment par les aug­men­ta­ti­ons de prix, l’insuffisance de cré­neaux pour le trans­port de mar­chan­di­ses et le man­que de pon­c­tua­li­té. Il est urgent de prend­re des mesu­res au niveau poli­tique. Et la VAP peut tran­quil­le­ment faire entendre davan­ta­ge sa voix ici.

Que nous reste-t-il enco­re à dire?

Ulrich Walt: Je suis heu­reux de tra­vail­ler pour la VAP en tant que CEO du grou­pe JMR. À mon nou­veau poste, le tra­vail de la VAP me con­cer­ne enco­re plus que chez mon anci­en employ­eur. Seu­le­ment, chez JMR, je vois les cho­ses d’un point de vue industriel.

Merci, Domi­nik Suter et Ulrich Walt, pour cet ent­re­ti­en inspirant.

 

Domi­nik Suter est pro­prié­tai­re de JOSEF MEYER Rail Group et pré­si­dent du con­seil d’administration. Il a plus de 25 ans d’expérience de direc­tion en tant que CEO, membre du con­seil d’administration et con­seil­ler, au cours des­quels il a fait évo­luer avec suc­cès de nombreu­ses ent­re­pri­ses, notam­ment des ent­re­pri­ses indus­tri­el­les inter­na­tio­na­les en Suis­se, en Alle­ma­gne et en Autri­che, y com­pris dans des situa­tions difficiles.

 

Ulrich Walt est, depuis le 1er sep­tembre 2024, direc­teur de JOSEF MEYER RAIL AG à Rhein­fel­den. Il met à con­tri­bu­ti­on 20 ans d’expérience à des pos­tes de direc­tion dans la logis­tique en Suis­se et à l’étranger. Il a notam­ment tra­vail­lé chez Allo­ga et Hol­cim Suis­se et, en der­nier lieu, il a été CEO du spé­cia­lis­te de la logis­tique et des ser­vices Fast­log. Ulrich Walt est éga­le­ment vice-pré­si­dent du comi­té direc­teur et pré­si­dent du comi­té de gérance de la VAP.

 

JOSEF MEYER Rail (JMR) est une ent­re­pri­se créée en 1888 à Lucer­ne. En 1943, elle a ouvert une suc­cur­sa­le à Rhein­fel­den, en Suis­se, pour la fabri­ca­ti­on de wagons de mar­chan­di­ses et de sous-ensem­bles sou­dés. Avec la libé­ra­li­sa­ti­on du sec­teur fer­ro­vi­ai­re dans les années 1990, l’entreprise a élar­gi son champ d’activité à la main­ten­an­ce des véhi­cu­les fer­ro­vi­ai­res. Aujourd’hui, JOSEF MEYER Rail Group est un expert de pre­mier plan en matiè­re de main­ten­an­ce et de moder­ni­sa­ti­on des wagons de mar­chan­di­ses, de répa­ra­ti­ons exi­ge­an­tes sur les voitures de voy­a­ge­urs et les loco­mo­ti­ves, ainsi que de fabri­ca­ti­on de sous-ensem­bles sou­dés com­ple­xes, de peti­tes séries et de véhi­cu­les spéciaux.

Session d’automne 2024: la politique des transports à l’ordre du jour

Session d’automne 2024: la politique des transports à l’ordre du jour

Lors de la ses­si­on d’automne, qui s’est déroulée du 9 au 27 sep­tembre 2024, le Par­le­ment a débat­tu de divers sujets rela­tifs à la poli­tique des trans­ports. La révi­si­on de la loi sur le trans­port de mar­chan­di­ses (LTM) a fait l’objet d’une atten­ti­on par­ti­cu­liè­re. Ce pro­jet de loi est en tota­le oppo­si­ti­on avec la démar­che soli­taire de CFF Cargo.

Les enjeux:

  • Infra­struc­tu­re fer­ro­vi­ai­re 2025–2028
  • Mise en garde de Rösti et Bur­kart cont­re des haus­ses de tarifs drastiques
  • Nou­vel­le injec­tion de fonds pour les CFF
  • Objec­tifs de trans­fert lors de l’aménagement des voies d’accès à la NLFA

 

Maintenir et développer l’infrastructure ferroviaire de 2025 à 2028

Le 23 sep­tembre 2024, le Con­seil natio­nal a trai­té en tant que pre­miè­re Chambre l’objet du Con­seil fédé­ral 24.045 «Finance­ment de l’exploitation et de la pré­ser­va­ti­on de la sub­s­tance de l’infrastructure fer­ro­vi­ai­re, des tâches du sys­tème dans ce domaine et des con­tri­bu­ti­ons aux inves­tis­se­ments dans les instal­la­ti­ons pri­vées de trans­port de mar­chan­di­ses pour les années 2025 à 2028». Le 15 mai 2024, le Con­seil fédé­ral avait pro­po­sé un pla­fond de dépen­ses de 16,442 mil­li­ards de francs au total pour les tâches à venir, soit envi­ron 2 mil­li­ards de plus par rap­port à la péri­ode précédente.

Avec ce pro­jet, le Con­seil fédé­ral fixe pour les années 2025 à 2028 les objec­tifs en matiè­re d’exploitation, de pré­ser­va­ti­on et de déve­lo­p­pe­ment tech­ni­que de l’infrastructure fer­ro­vi­ai­re finan­cée par la Con­fé­dé­ra­ti­on. Le finance­ment est assu­ré pour la troi­siè­me fois entiè­re­ment par le fonds d’infrastructure fer­ro­vi­ai­re (FIF). Le Con­seil natio­nal a approu­vé le cré­dit tout en rejetant une pro­po­si­ti­on mino­ri­taire visa­nt à aug­men­ter le cré­dit de 500 millions.

Par­al­lè­le­ment, le Con­seil fédé­ral a pro­po­sé de pro­lon­ger d’un an le cré­dit-cadre existant pour les con­tri­bu­ti­ons aux inves­tis­se­ments dans les instal­la­ti­ons pri­vées de trans­port de mar­chan­di­ses de 2021 à 2024. Ceci parce que la réa­li­sa­ti­on de grands pro­jets a pris du retard. Il pré­voit en outre un cré­dit d’engagement de 185 mil­li­ons de francs sur quat­re ans pour les con­tri­bu­ti­ons aux inves­tis­se­ments dans les instal­la­ti­ons de trans­bor­de­ment de mar­chan­di­ses en tra­fic com­bi­né (TC) et les voies de rac­cor­de­ment. Ce cré­dit doit per­mett­re de finan­cer la con­s­truc­tion, l’agrandissement et le renou­vel­le­ment des instal­la­ti­ons suivantes:

  • Instal­la­ti­ons de trans­bor­de­ment en TC et voies de rac­cor­de­ment en Suis­se cor­re­spond­ant au con­cept de fret fer­ro­vi­ai­re selon l’art. 3 LTM
  • Instal­la­ti­ons de trans­bor­de­ment en TC à l’étranger néces­saires pour att­eind­re l’objectif de trans­fert visé à l’art. 3 LTTM
  • Instal­la­ti­ons por­tuai­res pour le trans­bor­de­ment de mar­chan­di­ses en TC

 

Le Con­seil natio­nal a approu­vé la pro­po­si­ti­on du Con­seil fédé­ral par 194 voix cont­re 1. Le pro­jet a été trans­mis au Con­seil des États.

Développements controversés dans le débat sur le fret ferroviaire

Le 24 sep­tembre 2024, le Con­seil des États a été la pre­miè­re chambre à trai­ter la révi­si­on tota­le de la LTM. Nous avons rendu comp­te des déve­lo­p­pe­ments les plus récents dans notre artic­le de blog «Le débat sur le fret fer­ro­vi­ai­re suis­se men­ace de dérailler».

Avec cette révi­si­on, le légis­la­teur veut per­mett­re une plus gran­de con­cur­rence sur le rail, ren­forcer le tra­fic par wagons com­plets iso­lés et empê­cher les dis­cri­mi­na­ti­ons qui faus­sent le mar­ché. Il sou­hai­te moder­nis­er le sys­tème obsolè­te par l’automatisation et la digi­ta­li­sa­ti­on, con­tin­uer à sou­te­nir finan­ciè­re­ment la con­s­truc­tion et le renou­vel­le­ment des instal­la­ti­ons pri­vées de trans­port de mar­chan­di­ses et rem­bour­ser désor­mais la RPLP aux pay­eurs de fret sous forme de for­fait de transbordement.

Après des débats appro­fon­dis, le Con­seil des États a approu­vé le pro­jet par 35 voix cont­re 3 et 3 abstentions.

Cette décis­i­on s’inscrit dans le con­tex­te de l’état d’esprit actuel des cli­ents des socié­tés de fret fer­ro­vi­ai­re suis­ses. Depuis quel­ques semain­es, la filia­le des CFF, CFF Cargo, con­ster­ne les char­geurs avec des aug­men­ta­ti­ons de prix dis­pro­por­ti­onnées – pour une offre de pre­sta­ti­ons inchan­gée ou moins inté­res­san­te. Les con­sé­quen­ces de ce com­porte­ment con­tro­ver­sé sont fata­les. De nombreux char­geurs du sec­teur privé se voi­ent con­traints de retrans­fé­rer jusqu’à 10 % de leur volu­me de trans­port de mar­chan­di­ses vers la route, car le trans­port par rail n’est plus ren­ta­ble. De son côté, la filia­le CFF Cargo ne se mont­re pas dis­po­sée à dis­cu­ter du déve­lo­p­pe­ment d’alternatives. Ce com­porte­ment va à l’encontre des efforts déployés dans le cadre de la révi­si­on de la LTM et du con­sen­sus qui avait été con­venu entre les milieux poli­ti­ques, le sec­teur éco­no­mi­que et les chem­ins de fer nati­on­aux avant les débats par­le­men­tai­res. Dans son inter­ven­ti­on, le con­seil­ler aux États Thier­ry Bur­kart, PLR/AG, éga­le­ment pré­si­dent de l’ASTAG, a réaf­fir­mé que les CFF n’orientent pas seu­le­ment leur poli­tique de prix sur ce qui est peut-être néces­saire, mais aussi sur ce qui est pos­si­ble sur le mar­ché, afin d’éviter un retrans­fert vers la route mal­gré les sub­ven­ti­ons. Dans son inter­ven­ti­on, le con­seil­ler fédé­ral Rösti a lui aussi fait réfé­rence dans ce con­tex­te à trois élé­ments essentiels: les for­faits de char­ge­ment, l’augmentation de l’efficacité et les prix, qui dev­rai­ent être réunis en un opti­mum. Ces trois domain­es sont néces­saires pour assurer au final la ren­ta­bi­li­té et évi­ter les retrans­ferts. Sur la base des ent­re­ti­ens qu’il a eus avec des char­geurs importants, il pense qu’il est pos­si­ble d’apaiser plus ou moins la situa­ti­on et de trou­ver une solution.

Nouvelle injection de fonds pour les Chemins de fer fédéraux

Les 11 et 19 sep­tembre 2024, le Con­seil des États a dis­cu­té des modi­fi­ca­ti­ons de la loi fédé­ra­le sur les Chem­ins de fer fédé­raux (LCFF) pro­po­sées par le Con­seil fédé­ral, suivi en cela par le Con­seil natio­nal les 16 et 23 sep­tembre 2024. Après les der­niers débats, des diver­gen­ces sub­sis­taient à l’article 20 sur les instru­ments de finance­ment. Désor­mais, les CFF doi­vent pou­voir finan­cer des inves­tis­se­ments en dehors du domaine don­nant droit à l’indemnité du sec­teur Infra­struc­tu­re par des prêts portant inté­rêt et rem­bours­ables de la Tré­sore­rie fédé­ra­le, tant qu’ils respec­tent les objec­tifs défi­nis dans les objec­tifs stra­té­giques du Con­seil fédé­ral en matiè­re d’endettement net. Si le beso­in de finance­ment exter­ne des CFF pour ces inves­tis­se­ments dépas­se les objec­tifs d’endettement net défi­nis à l’al. 1, il doit être cou­vert par des sub­ven­ti­ons en capi­tal de la Con­fé­dé­ra­ti­on. Le Con­seil fédé­ral pro­po­se à l’Assemblée fédé­ra­le, dans le cadre de son bud­get, les subs­i­des en capi­tal nécessaires.

Le Con­seil des États est par­venu à la con­clu­si­on qu’il fall­ait rédui­re le sou­ti­en finan­cier aux CFF. Lors du deu­xiè­me tour de déli­bé­ra­ti­on mer­cre­di, il a approu­vé sans oppo­si­ti­on une réduc­tion à 850 mil­li­ons de francs et a ensuite des­ser­ré le frein aux dépen­ses. Mari­an­ne Maret (centre/VS), pré­si­den­te de la com­mis­si­on des trans­ports, a expli­qué que les CFF se sont remis plus rapi­de­ment de la crise, alors que la situa­ti­on finan­ciè­re de la Con­fé­dé­ra­ti­on se dété­rio­re. Le Con­seil natio­nal a suivi le Con­seil des États et a approu­vé la réduc­tion de la sub­ven­ti­on en capi­tal pour les CFF. Il a en outre éli­mi­né les diver­gen­ces con­cer­nant les prêts en approu­vant un pla­fon­ne­ment plus fle­xi­ble pour les prêts de trésorerie.

Les décis­i­ons des Cham­bres doi­vent être con­sidé­rées dans un con­tex­te plus large. Afin de réta­b­lir l’équilibre finan­cier de l’entreprise fédé­ra­le, le Con­seil natio­nal avait accep­té à la majo­ri­té, lors de la ses­si­on d’hiver 2023, d’octroyer aux CFF une sub­ven­ti­on uni­que en capi­tal à hauteur des per­tes du tra­fic gran­des lignes, soit 1,15 mil­li­ard de francs, afin de rédui­re la dette. La filia­le CFF Cargo, qui a déjà béné­fi­cié d’un important sou­ti­en finan­cier suite à la pan­dé­mie de Covid, pro­fi­te éga­le­ment de cette injec­tion de fonds. Elle est sur le point de con­clure un cont­rat de pre­sta­ti­ons pour indem­nis­er son tra­fic de réseau, qu’elle ne peut mani­fes­tem­ent pas gérer de maniè­re auto­no­me. En revan­che, les acteurs de l’économie pri­vée n’ont pas reçu de fonds Covid et ne dis­po­sent pas de res­sour­ces et de par­ti­ci­pa­ti­ons non néces­saires à l’exploitation pour ren­forcer leur capa­ci­té d’investissement.

Recherche d’un équilibre des objectifs de transfert lors de l’aménagement des voies d’accès à la NLFA

Les trois moti­ons 24.3389 «Faire avan­cer le pro­jet de ligne d’accès à la NLFA sur la rive gau­che du Rhin dans l’intérêt du trans­fert modal», 24.3390 «Sta­bi­li­sa­ti­on du trans­port com­bi­né sur l’axe nord-sud par la mise à dis­po­si­ti­on de voies tam­pons» et 24.3391 «Encou­ra­ge­ment du trans­fert vers des distances de trans­port moy­ennes» ont été sou­mi­ses au Con­seil des États le 24 sep­tembre 2024. La Com­mis­si­on des trans­ports et des télé­com­mu­ni­ca­ti­ons, qui a dépo­sé le texte, sou­hai­te ainsi opti­mi­ser les lignes d’accès à la NLFA.

Le Con­seil des États a adop­té les deux pre­miè­res moti­ons, mais a reje­té la troi­siè­me. Son adop­ti­on aurait impli­qué un man­dat de trans­fert modal éga­le­ment pour le tra­fic inté­ri­eur, ce que la Con­sti­tu­ti­on ne pré­voit pas.

En prin­ci­pe, nous som­mes favor­ables à un tracé effi­cace sur le cor­ri­dor nord-sud en ce qui con­cer­ne la sécu­ri­té de l’approvisionnement, les capa­ci­tés de con­tour­ne­ment en cas de pha­ses de travaux, la pon­c­tua­li­té et la qua­li­té du fret fer­ro­vi­ai­re. Le pré­si­dent de la VAP et con­seil­ler aux États Josef Ditt­li avait déjà expri­mé cette opi­ni­on lors de la ren­cont­re anni­ver­saire avec l’ancien con­seil­ler fédé­ral Adolf Ogi à l’automne 2021 (cf. artic­le de blog «25e anni­ver­saire du «Trai­té de Luga­no» – un regard sur l’avenir»).

Nous cri­ti­quons tou­te­fois la foca­li­sa­ti­on uni­la­té­ra­le des moti­ons sur le TC. Les respons­ables du trans­fert modal ratent ainsi l’occasion de pro­mou­voir d’autres for­mes de trans­port mul­ti­mo­dal par le biais du tra­fic par wagons com­plets iso­lés. Cela va clai­re­ment à l’encontre de la poli­tique com­mu­ne des États DACH (Alle­ma­gne-Autri­che-Suis­se) d’introduire rapi­de­ment le cou­pla­ge auto­ma­tique digi­tal DAC. Par ail­leurs, les moti­ons vont à l’encontre de la révi­si­on de la LTM (voir ci-des­sus), car elles pour­suivent des objec­tifs de poli­tique envi­ron­ne­men­ta­le et éner­gé­tique non seu­le­ment pour l’importation, l’exportation et le tra­fic inté­ri­eur, mais aussi pour le transit.

À la VAP, nous deman­dons que le Con­seil fédé­ral cla­ri­fie et pré­sen­te en plus, dans le pro­chain rap­port sur le trans­fert modal, le potentiel avec d’autres types de trans­port mul­ti­mo­dal. Un moni­to­ring de la qua­li­té doit éga­le­ment être intro­duit pour les trains de mar­chan­di­ses con­ven­ti­on­nels, comme cela exis­te depuis des années dans le TC. La distinc­tion entre le tra­fic com­bi­né et le trans­port con­ven­ti­on­nel doit être sup­p­ri­mée. La LTM intro­duit une sub­ven­ti­on du tra­fic d’importation, d’exportation et du tra­fic inté­ri­eur. En revan­che, en ce qui con­cer­ne le tran­sit, seul le trans­port com­bi­né non accom­pa­gné (TCNA) doit con­tin­uer à béné­fi­ci­er d’un sou­ti­en finan­cier. Nous esti­mons que cette posi­ti­on n’est pas com­pa­ti­ble avec les objec­tifs de la LTM. En effet, le man­dat con­sti­tu­ti­on­nel dans la loi sur le trans­fert du tra­fic mar­chan­di­ses (LTTM) défi­nit le trans­fert du tra­fic en tran­sit comme le trans­fert vers le rail et non vers le TCNA. Seul l’article 8 de la LTTM intro­duit la men­ti­on «en pre­mier lieu» pour la pro­mo­ti­on du TCNA, au détri­ment, il faut le noter, des aut­res solu­ti­ons logis­ti­ques mul­ti­mo­da­les avec une part de rail (voir encadré).

Art. 8 LTTM Pro­mo­ti­on du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses (teneur selon le ch. I de la LF du 16 juin 2023, en vigueur depuis le 1er jan­vier 2024)

1 Afin que l’objectif du trans­fert soit att­eint, la Con­fé­dé­ra­ti­on peut adop­ter des mesu­res de pro­mo­ti­on. Elle encou­ra­ge­ra en pre­mier lieu le trans­port com­bi­né non accom­pa­gné sur gran­des distances. Ces mesu­res ne doi­vent pas avoir d’effets dis­cri­mi­na­toires sur les ent­re­pri­ses suis­ses ou étran­gè­res pra­ti­quant le trans­port de marchandises.

2 Dans le trans­port com­bi­né non accom­pa­gné, le mon­tant moyen des indem­ni­tés accor­dées par envoi trans­por­té doit dimi­n­uer chaque année.

3 Le trans­port com­bi­né accom­pa­gné (chaus­sée rou­lan­te) peut être encou­ra­gé jusqu’à la fin de 2028.

4 L’année qui suit la ces­sa­ti­on de l’exploitation de la chaus­sée rou­lan­te, la Con­fé­dé­ra­ti­on peut par­ti­ci­per aux frais de liqui­da­ti­on de l’exploitant.

 

 

«Le transfert du trafic passe par la détermination de l’équipe dirigeante au plus haut niveau.»

«Le transfert du trafic passe par la détermination de l’équipe dirigeante au plus haut niveau.»

Le grou­pe Coop s’est enga­gé à rédui­re ses émis­si­ons de CO2. Un élé­ment cen­tral de cette stra­té­gie est le trans­fert du tra­fic sur le rail. Dani­el Hin­ter­mann, chef de la Direc­tion Logis­tique du grou­pe Coop, expli­que dans un ent­re­ti­en avec la VAP com­ment le grou­pe de com­mer­ce de détail et de gros par­vi­ent à réa­li­ser cela et quels sont les défis à rele­ver dans ce contexte.

 

VAP: Mon­sieur Hin­ter­mann, com­ment le grou­pe Coop est-il par­venu à trans­fé­rer deux tiers de la part du trans­port entre les cen­tra­les de dis­tri­bu­ti­on sur le rail? 

Dani­el Hin­ter­mann: C’est un pro­ces­sus qui a duré plu­s­ieurs années et qui a été lancé en 2010 par la décis­i­on de rache­ter une ent­re­pri­se de fret fer­ro­vi­ai­re. Nous avons ainsi repris la socié­té Rail­ca­re AG en tant que filia­le à 100 %. Nous avons inté­g­ré la peti­te ent­re­pri­se de trans­port fer­ro­vi­ai­re dans l’univers logis­tique de Coop étape par étape. Aujourd’hui, Rail­ca­re fait par­tie inté­gran­te de la chaî­ne de trans­port qui des­sert l’ensemble de notre grou­pe. Elle nous per­met de con­tin­uer à aug­men­ter la part du trans­port ferroviaire.

Com­ment se fait-il que le grou­pe Coop devi­en­ne pro­prié­tai­re de sa pro­pre ent­re­pri­se de trans­port ferroviaire?

En 2008, Coop a mis au point sa visi­on de la neu­tra­li­té car­bo­ne et sa stra­té­gie de cen­tra­li­sa­ti­on de la logis­tique et de la pro­duc­tion. Pour att­eind­re les objec­tifs fixés, nous avons cher­ché de nou­vel­les appro­ches en matiè­re de logis­tique de trans­port. Le con­cept sur lequel repo­sait Rail­ca­re à l’époque cor­re­spon­dait à ces approches.

Quel­le part de trans­port fer­ro­vi­ai­re vous pro­po­sez-vous d’atteindre?

Nous pou­vons ima­gi­ner faire pas­ser la part du rail dans le tra­fic de liv­rai­son suis­se – c’est-à-dire les acti­vi­tés en aval – des 40 % actuels à 50 %. Pour le tra­fic en amont en pro­ven­an­ce d’Europe et de Suis­se, nous voy­ons un potentiel simi­lai­re. Pour att­eind­re ces objec­tifs, nous devons nous enga­ger dans un pro­ces­sus de trans­fert exi­geant qui durera plu­s­ieurs années.

Que con­seil­lez-vous aux aut­res ent­re­pri­ses qui sou­hai­tent trans­fé­rer le trans­port de la route sur le rail? 

À mon avis, il faut que l’équipe diri­ge­an­te au plus haut niveau soit déter­mi­née à trans­fé­rer acti­ve­ment le trans­port. Cela passe par un haut degré de stan­dar­di­s­a­ti­on de l’équipement ainsi que par une étroi­te inter­con­ne­xi­on des pro­ces­sus entre le char­geur et l’entreprise ferroviaire.

Com­ment se pré­sen­te la col­la­bo­ra­ti­on entre le grou­pe Coop et la VAP? 

Cela fait de nombreu­ses années que Coop est membre de la VAP. Nous avons pu comp­ter à plu­s­ieurs repri­ses sur le sou­ti­en pro­fes­si­on­nel de la VAP, notam­ment pour ce qui est des sys­tè­mes con­trac­tuels, des sui­vis de pro­jet ou des recom­man­da­ti­ons tech­ni­ques en matiè­re de voies de raccordement.

Quels sont à vos yeux les points forts de la VAP? 

Parmi les prin­ci­paux atouts de la VAP, il y a ses con­nais­sances sur la maniè­re de con­ce­voir des cont­rats judi­cieux et sur les règle­ments en vigueur. Nous appré­ci­ons le fait que les respons­ables soi­ent joi­gn­ables à tout moment et faci­le­ment, qu’ils aient une appro­che prag­ma­tique et pro­po­sent des solu­ti­ons pra­ti­ques et réalisables.

Com­ment décr­i­riez-vous la VAP? 

Pour le grou­pe Coop en tant que char­geur, la VAP est une pla­te­for­me de con­nais­sances cru­cia­le sur le trans­port fer­ro­vi­ai­re de marchandises. 

À qui con­seil­le­riez-vous de col­la­bo­rer avec la VAP? 

À tous les char­geurs qui trans­portent ou sou­hai­tent dans l’avenir trans­por­ter des mar­chan­di­ses par le train.

Où voyez-vous le beso­in le plus urgent d’agir dans le trans­port fer­ro­vi­ai­re de marchandises? 

Dans la digi­ta­li­sa­ti­on de l’ensemble de la chaî­ne de trans­port. Il est urgent d’automatiser le der­nier kilo­mèt­re et le tra­fic de manœuvre. 

Que sou­hai­tez-vous pour l’avenir du fret fer­ro­vi­ai­re suisse? 

Je sou­hai­te que le fret fer­ro­vi­ai­re devi­en­ne dura­blem­ent com­pé­ti­tif. Pour ce faire, il doit mett­re suf­fi­sam­ment de sil­lons à la dis­po­si­ti­on des ent­re­pri­ses de trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses. Enfin, j’aimerais voir davan­ta­ge d’énergie dans les chan­ge­ments de pro­ces­sus, par exemp­le quand il s’agit de modi­fier les flux de trafic.

Qu’est-ce qui n’a pas enco­re été dit? 

Nous con­sta­tons une ten­dance à la sur­rè­gle­men­ta­ti­on et à la tech­no­cra­tie dans le fret fer­ro­vi­ai­re. Cela ne rend les ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re ni plus sûres, ni plus com­pé­ti­ti­ves. Les acteurs con­cer­nés dev­rai­ent unir leurs forces pour lut­ter cont­re cette évolution.

 

Merci, Mon­sieur Hin­ter­mann, pour cet ent­re­ti­en intéressant.

 

Dani­el Hin­ter­mann est depuis 2017 chef de la Direc­tion Logis­tique et membre de la direc­tion du grou­pe Coop. Sa longue car­ri­è­re chez Coop a com­men­cé en 2001 chez Inter­dis­count, où il est devenu en 2010 chef de la région logis­tique Suis­se du Nord-Ouest. Licen­cié en ges­ti­on d’entreprise, il a fait ses pre­miè­res expé­ri­en­ces dans le domaine du con­seil en entreprise.

Le grou­pe Coop est la plus gran­de ent­re­pri­se de com­mer­ce de détail et de gros de Suis­se. Il emploie 94 790 salarié·e·s – dont 3417 apprenti·e·s – et pos­sè­de 2633 points de vente ou magasins en Suis­se et en Euro­pe. Son pre­mier pilier est le com­mer­ce de détail avec les superm­ar­chés Coop et de nombreux for­mats spé­cia­li­sés en Suis­se, le second étant le com­mer­ce inter­na­tio­nal de gros et la production.

Tunnel de base du Saint-Gothard (#10): l’Europe présente le rapport final

Tunnel de base du Saint-Gothard (#10): l’Europe présente le rapport final

Le Joint Net­work Secre­ta­ri­at (JNS) de l’European Union Agen­cy for Rail­ways (ERA) a publié à la mi-juil­let 2024 son rap­port final sur l’accident sur­venu dans le tun­nel de base du Saint-Got­hard le 10 août 2023. Celui-ci con­ti­ent un élar­gis­se­ment du champ d’application, une aug­men­ta­ti­on de la limi­te d’utilisation opé­ra­ti­on­nel­le, un durcis­se­ment des direc­ti­ves appli­ca­bles aux mesu­res de con­trô­le des ris­ques ainsi que la recom­man­da­ti­on d’un con­trô­le acous­tique à visée préventive.

Les enjeux:

  • La task force JNS pub­lie son rap­port final et son éva­lua­ti­on des conséquences
  • 4 points clés pour tous les acteurs impli­qués: élar­gis­se­ment du champ d’application, aug­men­ta­ti­on de la limi­te d’utilisation, mise en œuvre de l’intégralité des mesu­res de con­trô­le des ris­ques, con­trô­le acous­tique à visée préventive
  • Adap­ter les anne­xes 9 et 10 du Cont­rat uni­for­me d’utilisation des wagons
  • Évi­ter les malen­ten­dus dans l’interprétation des tex­tes de loi
  • Le tra­vail d’analyse des acci­dents à l’échelon inter­na­tio­nal fon­c­tion­ne bien

 

Le tra­vail du JNS vise à har­mo­nis­er à l’échelle de l’UE tou­tes les mesu­res à prend­re à la suite d’un acci­dent ou d’une per­tur­ba­ti­on du tra­fic fer­ro­vi­ai­re de l’UE (cf. artic­le du blog «Tun­nel de base du Saint-Got­hard (#7): le rap­port du SESE appor­te des éclair­cis­se­ments»). Cet orga­ne se com­po­se de repré­sen­tants de l’ERA, des auto­ri­tés natio­na­les de sur­veil­lan­ce (ANS) et du Group of Repre­sen­ta­ti­ve Bodies (GRB), qui repré­sen­te les asso­cia­ti­ons inter­na­tio­na­les de pro­fes­si­on­nels du rail. L’ERA a en outre publié l’analyse suc­cinc­te «Light Impact Assess­ment», qui éva­lue les con­sé­quen­ces de l’accident sur­venu dans le tun­nel de base du Saint-Got­hard en met­tant l’accent sur la ques­ti­on des «roues brisées».

Le rapport final du JNS contient des mesures existantes et des mesures nouvelles

Les ent­re­ti­ens entre le JNS et le sec­teur se sont déroulés dans un esprit de coopé­ra­ti­on. Ils ont débou­ché sur plu­s­ieurs com­pro­mis desti­nés à évi­ter les mesu­res natio­na­les sépa­rées annon­cées par plu­s­ieurs ANS. En effet, les dis­po­si­ti­ons natio­na­les spé­cia­les remet­tent en cause l’interopérabilité ainsi que le trans­fert modal auquel aspi­rent l’UE et la Suisse.

Les résul­tats du rap­port final s’appuient sur les recom­man­da­ti­ons de la pro­cé­du­re JNS «bro­ken wheels» (roues bri­sées) (2017–2019) et son rap­port final de 2019. Les modi­fi­ca­ti­ons par rap­port au rap­port de l’époque sont sur­li­g­nées en jaune. Ces mesu­res de con­trô­le des ris­ques com­plé­tées et amé­lio­rées vien­nent rem­pla­cer l’intégralité de cel­les de la pro­cé­du­re JNS pour les types de roues BA 004 («crack in the rim» (fis­su­re dans le bou­din), 2017–2019). Les mesu­res appli­ca­bles en cas de «crack in the web» (fis­su­re dans le dis­que de roue) (anté­ri­eu­re­ment types de roue BA 314 / ZDB29) restent valables.

4 points clés pour tous les acteurs impliqués

Les aspects par­ti­cu­liè­re­ment per­tin­ents pour les déten­teurs de wagons de mar­chan­di­ses et les enti­tés en char­ge de la main­ten­an­ce («Enti­ty in Char­ge of Main­ten­an­ce», ECM en abré­gé) sont les suivants:

  • Exten­si­on du champ d’application: le champ d’application des mesu­res de con­trô­le des ris­ques a été éten­du. La liste des types de roues con­cer­nées com­prend désor­mais éga­le­ment: BA 004 (éga­le­ment uti­li­sée dans cer­tai­nes ver­si­ons du type d’essieux monté VRY), Db-004sa, BA 390, RI 025, R32, BA 304 et «d’autres types de roues com­pa­ra­bles ne faisant pas par­tie de l’évaluation du JNS».
  • Aug­men­ta­ti­on de la limi­te d’utilisation: la limi­te d’utilisation opé­ra­ti­on­nel­le (voir enca­dré) appli­ca­ble aux types de roues con­cer­nés est pas­sée d’un diamèt­re de 860 mm à 864 mm.
  • Mise en œuvre de l’intégralité des mesu­res de con­trô­le des ris­ques: pour tous les types de roues désor­mais con­cer­nés, tous les acteurs impli­qués doi­vent soit mett­re en œuvre l’intégralité des mesu­res de con­trô­le des ris­ques du JNS, soit prend­re d’autres mesu­res garan­tis­sant au moins un niveau de sécu­ri­té équi­va­lent et jus­ti­fiées par une ana­ly­se des ris­ques con­for­mé­ment à l’annexe 1 du règle­ment (UE) 402/2013 (MSC AR).
  • Con­trô­le acous­tique à visée pré­ven­ti­ve: le rap­port final du JNS men­ti­on­ne le con­trô­le acous­tique comme une mesu­re pré­ven­ti­ve simp­le pour rédui­re les ris­ques. Nous som­mes d’avis que dans le cadre du con­trô­le des wagons réa­li­sé avant le départ, les ent­re­pri­ses fer­ro­vi­ai­res ne doi­vent pas renon­cer au con­trô­le acous­tique en cas de sus­pi­ci­on de surchauf­fe de l’essieu et/ou de for­ma­ti­on de fis­su­res sur la bande de rou­le­ment ou sur le bou­din. Elles dev­rai­ent les inclure dans le pro­ces­sus de con­trô­le qu’elles effec­tu­ent avant le départ, si ce n’est pas déjà le cas.

Limi­te d’utilisation opérationnelle

Le diamèt­re des roues n’est pas mesu­ré avant le départ ni pen­dant la pré­pa­ra­ti­on du train. La limi­te d’utilisation opé­ra­ti­on­nel­le est défi­nie après la main­ten­an­ce. En vertu du règle­ment ECM, les ECM doi­vent défi­nir la limi­te de main­ten­an­ce appro­priée et sûre pour les roues afin d’éviter qu’une roue du type con­cer­né soit uti­li­sée en des­sous de la limi­te opé­ra­ti­on­nel­le de 864 mm pen­dant l’exploitation. Suite aux dis­cus­sions au sein de la task force JNS, la limi­te géné­ra­le de main­ten­an­ce a été aug­men­tée, pas­sant de 876 mm à désor­mais 880 mm après pro­fi­la­ge des essieux.

Si une ECM déci­de d’autoriser l’utilisation d’une roue avec une limi­te de main­ten­an­ce infé­ri­eu­re à 880 mm après pro­fi­la­ge, elle est tenue de prou­ver que cette limi­te de main­ten­an­ce infé­ri­eu­re (1) garan­tit au moins le même niveau de sécu­ri­té, (2) est jus­ti­fiée par une ana­ly­se des ris­ques con­for­mé­ment à l’annexe 1 du règle­ment (UE) 402/2013 (MSC AR) et (3) que l’analyse des ris­ques a été véri­fiée et approu­vée par un orga­nis­me d’évaluation indé­pen­dant, car une limi­te de mon­ta­ge infé­ri­eu­re à 880 mm est con­sidé­rée comme une «modi­fi­ca­ti­on significative».

 

Adapter les annexes 9 et 10 du Contrat uniforme d’utilisation des wagons

Le JNS a for­mulé une recom­man­da­ti­on à l’intention de l’Union Inter­na­tio­na­le des Chem­ins de fer (UIC), de l’European Rail Freight Asso­cia­ti­on (ERFA) et de l’International Union of Wagon Kee­pers (UIP), en leur qua­li­té d’éditeurs respons­ables du Cont­rat uni­for­me d’utilisation des wagons (CUU): ces orga­nes doi­vent véri­fier l’opportunité de com­plé­ter les anne­xes 9 et 10 du CUU afin de règle­men­ter à l’avenir la détec­tion des roues en surchauf­fe ther­mi­que de maniè­re enco­re plus sys­té­ma­tique et uniforme.

Le débat qui a eu lieu au sein du JNS a mon­tré que tant les auto­ri­tés natio­na­les de sur­veil­lan­ce de cer­ta­ins États (mem­bres de l’UE) que les ent­re­pri­ses de trans­port fer­ro­vi­ai­re ont du mal à inté­grer les ECM dans leur acti­vi­té. Le JNS recom­man­de donc aux orga­ni­sa­ti­ons du sec­teur des ent­re­ti­ens de cla­ri­fi­ca­ti­on entre les États mem­bres et la Com­mis­si­on euro­pé­en­ne, mais aussi la publi­ca­ti­on de lignes direc­tri­ces pour les ent­re­pri­ses de trans­port ferroviaire.

Éviter les malentendus dans l’interprétation des textes de loi

À la VAP, nous allons avec l’UIP nous pen­cher à nou­veau sur le rôle et les responsa­bi­li­tés des ECM dans le con­tex­te du tri­ang­le de responsa­bi­li­tés «explo­itant d’infrastructure / ent­re­pri­se de trans­port fer­ro­vi­ai­re / déten­teur de wagons». Nous sou­hai­tons ainsi évi­ter à l’avenir tout malen­ten­du sur l’interprétation des tex­tes de loi aux explo­itants d’infrastructures et aux ent­re­pri­ses de trans­port fer­ro­vi­ai­re, prin­ci­paux acteurs selon la direc­ti­ve euro­pé­en­ne sur la sécu­ri­té et donc aussi pour les ANS. Le débat en cours au sein du Par­le­ment suis­se sur les responsa­bi­li­tés dans le trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses met en évi­dence les dif­fé­ren­tes inter­pré­ta­ti­ons des règle­men­ta­ti­ons du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses har­mo­ni­sées à l’échelon inter­na­tio­nal par dif­fé­ren­tes auto­ri­tés natio­na­les, les ins­tances euro­pé­en­nes et cer­tai­nes par­ties du sec­teur fer­ro­vi­ai­re. Nous con­sidé­rons donc que le fait que le JNS ait émis la recom­man­da­ti­on évo­quée plus haut à l’intention des orga­ni­sa­ti­ons du sec­teur est une réus­si­te pour le tra­vail d’information que nous avons effec­tué à ce jour.

Le travail international d’analyse des accidents fonctionne bien

Le rap­port final de la task force JNS démont­re qu’en cas d’incidents et d’évènements dans le sec­teur fer­ro­vi­ai­re, les pro­cé­du­res har­mo­ni­sées fon­c­tion­nent par­fai­te­ment au niveau euro­pé­en. Elles per­met­tent d’une part de lar­ges éch­an­ges d’expériences et d’autre part des mesu­res d’amélioration con­crè­tes por­tées par l’ensemble du sec­teur et tous les États membres.

Nous vous infor­me­rons dès que le rap­port final du Ser­vice suis­se d’enquête de sécu­ri­té SESE sur l’évènement en ques­ti­on sera disponible.

 

Révision totale de la LTM: le moral du secteur menace de s’effondrer

Révision totale de la LTM: le moral du secteur menace de s’effondrer

La Com­mis­si­on des trans­ports et des télé­com­mu­ni­ca­ti­ons du Con­seil des États (CTT‑E) a ache­vé ses déli­bé­ra­ti­ons sur la révi­si­on tota­le de la loi sur le trans­port de mar­chan­di­ses (LTM). Comme le Con­seil fédé­ral, elle veut amé­lio­rer les con­di­ti­ons-cad­res en faveur des chaî­nes logis­ti­ques mul­ti­mo­da­les. Tou­te­fois, l’attitude de CFF Cargo, qui a déci­dé des aug­men­ta­ti­ons de prix con­sidé­ra­bles asso­ciées à une limi­ta­ti­on de l’offre, va à rebours de ces efforts et place les char­geurs face à un dan­ge­reux dilemme.

Les enjeux:

  • Évè­ne­ments passés
  • Un oui sans ambi­güi­té à la mul­ti­mo­da­li­té et à la compétitivité
  • L’attitude con­tro­ver­sée de CFF Cargo
  • La Con­fé­dé­ra­ti­on doit jouer son rôle
  • Sor­tir ensem­ble du dilemme

 

Évènements passés

Nous avons abor­dé dans le détail les pre­miè­res deman­des de la CTT‑E sur le mes­sa­ge du Con­seil fédé­ral sur la loi sur le trans­port de mar­chan­di­ses (révi­si­on tota­le de la loi fédé­ra­le sur le trans­port de mar­chan­di­ses par des ent­re­pri­ses de che­min de fer ou de navi­ga­ti­on) dans l’article de notre blog «Main­ten­ant ou jamais: un débat qui ouvre des per­spec­ti­ves sur le trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses en Suis­se». Comme cela a été com­mu­ni­qué le 21 juin 2024, la com­mis­si­on d’examen pré­alable veut ren­forcer de maniè­re ciblée la con­cur­rence dans le domaine du trans­port de mar­chan­di­ses, rég­ler la com­pé­tence de Rail­Com pour impo­ser une offre non dis­cri­mi­na­toire dans le tra­fic par wagons com­plets iso­lés (TWCI) et con­cré­ti­ser le con­tenu des lignes direc­tri­ces du fret fer­ro­vi­ai­re comme base de la con­ven­ti­on de pre­sta­ti­ons dans le TWCI.

Un oui sans ambigüité à la multimodalité et à la compétitivité

La com­mis­si­on du Con­seil des États a désor­mais ache­vé sa dis­cus­sion par artic­le. Dans son der­nier com­mu­ni­qué de pres­se du 20 août 2024, elle deman­de au légis­la­teur d’inscrire dans la règle­men­ta­ti­on que les con­tri­bu­ti­ons de trans­bor­de­ment doi­vent être rever­sées aux expé­di­teurs ainsi qu’aux desti­na­tai­res et que les pre­sta­ti­ons four­nies à l’interne à l’entreprise doi­vent être ren­dues trans­pa­ren­tes et con­trôlées. Enfin, la majo­ri­té de la com­mis­si­on sug­gè­re que la ques­ti­on d’une pro­lon­ga­ti­on de l’encouragement du TWCI soit tran­chée par le Par­le­ment et non par le Con­seil fédé­ral. La CTT‑E entend ainsi s’assurer que la com­pé­tence finan­ciè­re et la décis­i­on de pro­lon­ger éven­tu­el­le­ment le sou­ti­en se situ­ent au même niveau.

L’attitude controversée de CFF Cargo

Actu­el­le­ment, les esprits des char­geurs s’échauffent sur l’attitude de CFF Cargo, filia­le des CFF, qui va net­te­ment à rebours des aspi­ra­ti­ons de la CTT‑E et des annon­ces fai­tes jusqu’ici par le Con­seil fédé­ral. Le four­nis­seur mono­po­lis­tique deman­de pour ses pre­sta­ti­ons un sup­p­lé­ment de prix de 20 % à 60 % – comme si cela allait de soi, et sans offrir ni la trans­pa­rence des coûts ni la pos­si­bi­li­té de rédui­re les coûts inhér­ents au sys­tème en coopé­ra­ti­on avec les acteurs des ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re. Même si la LTM est modi­fiée comme cela a été pro­po­sé et que le Con­seil des États approuve les deman­des de la CTT‑E, on court actu­el­le­ment le dan­ger que les char­geurs trans­fè­rent mas­si­ve­ment leurs trans­ports sur la route. Sach­ant qu’une réo­ri­en­ta­ti­on aussi stra­té­gique que celle-ci ne peut se faire du jour au len­de­main, ils adap­te­ront leurs con­cepts de logis­tique au cours des deux années à venir. Dans ce cas, tant le pro­jet de loi lui-même que les fonds fédé­raux néces­saires à sa réa­li­sa­ti­on devi­en­drai­ent obsolè­tes – et, a for­tio­ri, une déli­bé­ra­ti­on du Par­le­ment à ce sujet lors de la ses­si­on d’automne 2024.

La Confédération doit jouer son rôle

Afin d’éviter toute dis­cri­mi­na­ti­on inju­s­ti­fiée sur le mar­ché et un trans­fert sur la route, les char­geurs pour­rai­ent aussi axer leurs con­cepts de logis­tique sur des off­res fer­ro­vi­ai­res alter­na­ti­ves pro­po­sées par des ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re inno­van­tes et cou­ra­ge­u­ses et sous­trai­re leurs volu­mes de trans­port au mono­po­le d’État pour les pla­cer dans une con­cur­rence d’économie de mar­ché. Cela cor­re­spon­drait à l’objectif de la CTT‑E, qui exige d’instaurer davan­ta­ge de con­cur­rence par des con­ven­ti­ons de pre­sta­ti­ons et un rema­nie­ment des lignes direc­tri­ces sur le TWCI. C’est donc dans une mesu­re non nég­li­geable qu’il incom­be à la Con­fé­dé­ra­ti­on de mett­re sur rail dans les meil­leurs délais les mesu­res cor­re­spond­an­tes au niveau de la pro­cé­du­re de com­man­de, de deman­der aux ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re pri­vées de for­mu­ler des off­res et de les sou­te­nir dans la mise en place de ces dernières.

Sortir ensemble du dilemme

Le sec­teur doit trou­ver une voie pour sor­tir du dilem­me actuel avant que le débat ne s’envenime. Il appar­tient désor­mais aux acteurs de la bran­che et à la Con­fé­dé­ra­ti­on de per­mett­re ensem­ble une plus gran­de con­cur­rence et de moder­nis­er fon­da­men­ta­le­ment le TWCI. Pour ce faire, ils doi­vent modi­fier l’organisation du sys­tème de TWCI main dans la main, l’ouvrir davan­ta­ge aux four­nis­seurs tiers et le déve­lo­p­per sur un pied d’égalité. Il exis­te déjà à cet égard des solu­ti­ons inté­res­san­tes éma­n­ant du sec­teur privé. Si le Par­le­ment dis­ait oui à la pro­mo­ti­on du TWCI et ren­for­çait ainsi la con­cur­rence intra­mo­da­le, les char­geurs et les ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re pour­rai­ent renon­cer à des réac­tions de blo­ca­ge. Au lieu de cela, ils pour­rai­ent – en coopé­ra­ti­on avec les CFF – sai­sir la chan­ce de s’émanciper enfin du TWCI mono­po­lis­tique et de mett­re au point une offre de réseau large, diver­si­fiée et autofinancée.

Maintenant ou jamais: un débat qui ouvre des perspectives sur le transport ferroviaire de marchandises en Suisse

Maintenant ou jamais: un débat qui ouvre des perspectives sur le transport ferroviaire de marchandises en Suisse

Au prin­temps, la Com­mis­si­on des trans­ports et des télé­com­mu­ni­ca­ti­ons du Con­seil des États (CTT‑E) est entrée en matiè­re sur la révi­si­on tota­le de la loi sur le trans­port de mar­chan­di­ses (LTM) et a déclen­ché des débats nova­teurs sur le fret fer­ro­vi­ai­re inté­ri­eur en Suis­se au Par­le­ment. La VAP con­tri­buera à mar­quer ce débat en col­la­bo­ra­ti­on avec d’autres acteurs. Notre objec­tif est de trou­ver un com­pro­mis via­ble et de faire valoir les inté­rêts de nos membres.

Les enjeux:

  • Une bonne nou­vel­le pour le Parlement
  • Pre­miè­res pro­po­si­ti­ons de la CTT‑E
  • Éch­an­ges ani­més entre les acteurs concernés
  • Défis pour l’économie et la logis­tique glo­ba­le européenne
  • Le seuil de dou­leur est atteint
  • Et main­ten­ant

 

Une bonne nouvelle pour le Parlement

Le 9 février 2024, le Con­seil fédé­ral suis­se a publié son mes­sa­ge con­cer­nant la loi sur le trans­port de mar­chan­di­ses (Révi­si­on tota­le de la loi fédé­ra­le sur le trans­port de mar­chan­di­ses par des ent­re­pri­ses de che­min de fer ou de navi­ga­ti­on). De notre point de vue, les aspects finan­ciers sui­vants méri­tent une atten­ti­on particulière:

  • Indem­ni­tés d’exploitation: afin de pré­ser­ver le niveau actuel de cou­ver­tu­re du ter­ri­toire du tra­fic par wagons com­plets iso­lés (TWCI) pen­dant la phase de trans­for­ma­ti­on, le Con­seil fédé­ral pré­voit de le sou­te­nir finan­ciè­re­ment pen­dant une durée limi­tée de huit ans et de maniè­re dégres­si­ve. L’autonomie finan­ciè­re doit être att­ein­te à l’issue de cette péri­ode. Pour les quat­re pre­miè­res années, il deman­de 260 mil­li­ons de francs.
    Pour en savoir plus, con­sul­tez la fiche d’information sur le fret ferroviaire.
  • Inci­ta­ti­ons pour les char­geurs: il est prévu de ver­ser des con­tri­bu­ti­ons au trans­bor­de­ment et au char­ge­ment pour une durée indé­ter­mi­née ainsi qu’une indem­ni­sa­ti­on des coûts non cou­verts de l’offre de trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses com­man­dée à hauteur de 60 mil­li­ons CHF par an au total.
Premières propositions de la CTT‑E

La CTT‑E, en tant que com­mis­si­on con­sul­ta­ti­ve du con­seil prio­ri­taire, s’est pen­chée ce prin­temps sur la révi­si­on tota­le de la LTM après avoir con­sul­té la bran­che – dont la VAP. Les dis­cus­sions des semain­es et des mois à venir au Par­le­ment seront déter­mi­nan­tes pour l’avenir du fret fer­ro­vi­ai­re sur l’ensemble du ter­ri­toire. Lors de son examen de détail, la com­mis­si­on a mis en lumiè­re un grand nombre de points. Elle est majo­ri­taire­ment d’avis que la révi­si­on tota­le de la LTM est appro­priée pour garan­tir et amé­lio­rer une inter­ac­tion dura­ble entre les dif­fér­ents modes de trans­port pour la poli­tique suis­se des trans­ports. Elle sug­gè­re de pro­cé­der à des adapt­a­ti­ons du con­tenu comme suit:

  • Ren­force­ment expli­ci­te de la con­cur­rence dans le trans­port de marchandises
  • Règle­men­ta­ti­on clai­re de la com­pé­tence de Rail­Com pour véri­fier et impo­ser l’offre non dis­cri­mi­na­toire des ser­vices dans le TWCI
  • Con­cré­ti­sa­ti­on des con­te­nus rela­tifs aux lignes direc­tri­ces pour le fret fer­ro­vi­ai­re (base pour la con­ven­ti­on de pre­sta­ti­ons dans le TWCI)
  • Trans­fert de com­pé­ten­ces du Con­seil fédé­ral au Par­le­ment pour la pro­lon­ga­ti­on de cer­tai­nes dis­po­si­ti­ons (notam­ment les indemnisations)

La com­mis­si­on ter­mi­ne­ra pro­ba­blem­ent l’examen de détail avec des infor­ma­ti­ons com­plé­men­tai­res de l’administration lors de sa pro­chai­ne séan­ce. L’objet pas­se­ra ensuite à l’assemblée plé­niè­re du Con­seil des États.

Échanges animés entre les acteurs concernés

Ces der­niè­res semain­es, nous avons mené – avec le sou­ti­en de nos mem­bres – des ent­re­ti­ens avec les acteurs de la Com­mun­au­té d’intérêts Tra­fic par wagons com­plets (CI TWC), l’Office fédé­ral des trans­ports (OFT) et la filia­le CFF Cargo des Chem­ins de fer fédé­raux suis­ses (CFF). Alex­an­der Muhm, CEO de CFF Cargo, a ainsi pré­sen­té au comi­té direc­teur de la VAP le con­cept géné­ral envi­sa­gé pour une con­ver­si­on vers l’autofinancement. Les expli­ca­ti­ons de Muhm ont déclen­ché un débat inten­se entre les par­ties con­cer­nées et des dis­cus­sions plus appro­fon­dies sur les pos­si­bi­li­tés et les risques.

Défis pour l’économie et la logistique globale européenne 

Un coup d’œil sur les sta­tis­ti­ques mont­re que les chif­fres du trans­fert modal en Suis­se et en Euro­pe stagn­ent, voire bais­sent légè­re­ment. Les rai­sons en sont mul­ti­ples. En Alle­ma­gne, il règne une gran­de incer­ti­tu­de quant aux pro­gram­mes d’investissement potentiels et à la date d’une repri­se éco­no­mi­que sen­si­ble. L’Italie et la France se débat­tent avec des chif­fres de crois­sance mode­s­tes et des niveaux d’endettement éle­vés. Cette situa­ti­on, com­bi­née au moral des con­som­ma­teurs, a un impact direct sur les ent­re­pri­ses et leur situa­ti­on financière.

Dans le domaine de la logis­tique, outre la fer­me­tu­re du Canal de Suez ou les phé­nomè­nes natu­rels, il exis­te d’autres défis énor­mes comme les grands chan­tiers (p. ex. sur le réseau fer­ro­vi­ai­re alle­mand) et les tra­fics de détour­ne­ment cor­re­spond­ants ou les prix plus éle­vés des sil­lons. Tout cela ali­men­te les coûts d’exploitation et pèse sur la com­pé­ti­ti­vi­té du rail. L’état de la logis­tique glo­ba­le euro­pé­en­ne est important dans la mesu­re où la majo­ri­té des mar­chan­di­ses uti­li­sées en Suis­se pro­vi­ent de l’étranger et influence le TWCI en Suis­se ainsi qu’à tra­vers le pays.

Le seuil de douleur est atteint

Depuis notre créa­ti­on, nous nous enga­ge­ons pour un trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses attrac­tif, com­pé­ti­tif et au ser­vice de la cli­entèle, et donc pour le meil­leur trans­fert pos­si­ble vers le rail. Dans ce but, nous nous enga­ge­ons soit en tant que par­ten­aire de nombreux acteurs du fret, soit avec nos pro­pres idées et pro­jets. En matiè­re de poli­tique des trans­ports, nous nous enga­ge­ons pour des capa­ci­tés suf­fi­san­tes sur tou­tes les infra­struc­tures, des sites logis­ti­ques inté­res­sants et des con­di­ti­ons géné­ra­les raisonnables.

Au vu de la con­cur­rence mon­dia­le et des con­di­ti­ons-cad­res actu­el­les pour l’économie suis­se, le sec­teur des char­geurs qui est notre membre, ne doit pas ou ne peut pas se per­mett­re des coûts mas­si­ve­ment plus éle­vés sur le rail. Nos mem­bres ne peu­vent plus amor­tir des err­eurs tel­les que l’absence de stra­té­gie (d’investissement) au cours des 20 der­niè­res années dans le domaine du maté­ri­el rou­lant, le déman­tèle­ment con­tinu d’équipements d’infrastructure (déman­tèle­ment de voies, con­s­truc­tion d’immeubles de rap­port) ou l’intégration insuf­fi­san­te dans des con­cepts glo­baux du point de vue des usa­gers et des cli­ents. Car les con­sé­quen­ces de tel­les err­eurs, comme les haus­ses de prix mas­si­ves (au-delà du taux d’inflation), sont fata­les pour l’économie et la socié­té. La com­pé­ti­ti­vi­té du rail par rap­port à la route s’affaiblit et l’optimisation du split modal est mise à mal. De plus, des par­ti­ci­pa­ti­ons aux coûts crois­san­tes pour l’utilisation opé­ra­ti­on­nel­le des points de des­ser­te peu­vent envoy­er de mau­vais signaux.

Pour nos mem­bres, le seuil de dou­leur est att­eint depuis long­temps. Nous som­mes prêts à sou­te­nir de maniè­re signi­fi­ca­ti­ve la pour­suite du déve­lo­p­pe­ment et de la trans­for­ma­ti­on du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses. À con­di­ti­on que les respons­ables assu­rent une trans­pa­rence tota­le sur les coûts et leur ven­ti­la­ti­on et pren­nent des mesu­res dans un cadre équi­ta­ble, com­pa­ti­ble et concerté.

Et maintenant

Nous pro­fi­tons des ens­eig­ne­ments tirés des nombreu­ses dis­cus­sions avec la CTT‑E et d’autres acteurs pour déclen­cher de nombreu­ses acti­vi­tés parmi nos mem­bres et mener d’autres ent­re­ti­ens de con­cer­ta­ti­on. Toute per­son­ne sou­hai­tant s’entretenir avec nous de la logis­tique en tant qu’épine dor­sa­le de l’économie suis­se est cor­dia­le­ment invi­tée à un entretien.