La VAP promouvoit le fret ferroviaire.

La VAP Asso­cia­ti­on des char­geurs s’en­ga­ge en faveur de con­di­ti­ons-cad­res adap­tées au mar­ché et d’un sys­tème fer­ro­vi­ai­re suis­se pour le trans­port de mar­chan­di­ses per­for­mant. Thè­mes actuels:

SECTEUR DU FRET

  • Com­ment con­ce­voir l’a­ve­nir du trans­port de mar­chan­di­ses?
  • Qu’est-ce qui fait bouger le sec­teur du fret?
  • Un aper­çu des acteurs du fret ferroviaire.

RÉSEAU

Vous trou­verez ici des infor­ma­ti­ons uti­les sur les voies fer­rées, leur orga­ni­sa­ti­on et l’ac­cès au réseau.

FINANCEMENT

Infor­ma­ti­ons sur les aides finan­ciè­res et les taxes dans le trans­port de marchandises.

SITES

Tout sur le char­ge­ment libre, les ter­minaux, les instal­la­ti­ons de voies de rac­cor­de­ment ou enco­re les hubs logis­ti­ques mul­ti­mo­daux.

INTEROPÉRABILITÉ

La VAP s’en­ga­ge à har­mo­nis­er les con­di­ti­ons-cad­res afin que les trains puis­sent cir­cu­ler sans dif­fi­cul­té sur les réseaux fer­ro­vi­ai­res européens.

DURABILITÉ

Pour un ave­nir clair­voy­ant, il con­vi­ent de con­ce­voir dif­fér­ents domain­es de maniè­re durable.

Innovation

Com­ment pou­vons-nous faire avan­cer l’in­no­va­ti­on dans le trans­port de marchandises?

EXPLOITATION

En faveur d’une con­cur­rence loya­le, nous vou­lons uti­li­ser la force de tous les modes de trans­port et les com­bi­ner de maniè­re opti­ma­le. Car c’est ainsi que le tra­jet sera plus court – et plus éco­no­mi­que – pour chacun d’ent­re nous.

ÉVÉNEMENTS

Vous trou­verez ici des infor­ma­ti­ons com­plé­men­tai­res et de la docu­men­ta­ti­on sur nos mani­fes­ta­ti­ons Forum Fret Fer­ro­vi­ai­re, notre Assem­blée géné­ra­le et autres.

«Les technologies numériques soutiennent et soulagent nos collaborateurs»

«Les technologies numériques soutiennent et soulagent nos collaborateurs»

Inter­view avec Tho­mas Küch­ler, direc­teur des SOB

Depuis des années, les chem­ins de fer du Sud-Est (SOB) font figu­re de pré­cur­seur en matiè­re de digi­ta­li­sa­ti­on dans l’exploitation fer­ro­vi­ai­re. Tho­mas Küch­ler, pré­si­dent de la direc­tion, expli­que dans un ent­re­ti­en avec la VAP pour­quoi les SOB sont con­vain­cus du pro­ces­sus de chan­ge­ment fon­da­men­tal de la digi­ta­li­sa­ti­on, com­ment les pro­ces­sus numé­ri­sés devi­en­nent plus trans­par­ents, com­ment l’exploitation fer­ro­vi­ai­re peut être (par­ti­el­le­ment) auto­ma­ti­sée, com­ment les pro­fils pro­fes­si­on­nels actuels évo­lu­ent, quels ens­eig­ne­ments les SOB tirent des don­nées d’état, et pour­quoi il est important d’échanger des don­nées dans des éco­sys­tè­mes de données.

Monsieur Küchler, tout le monde parle de digitalisation à l’heure actuelle. Quel est votre avis sur le sujet?

Tho­mas Küch­ler: C’est vrai. Je vous mont­re volon­tiers les con­nais­sances pra­ti­ques que les SOB ont acqui­ses au cours des der­niè­res années. Tou­te­fois, je ne sou­hai­te pas par­ler de tech­no­lo­gies tel­les que la ges­ti­on des trains basée sur la com­mu­ni­ca­ti­on. Nous devons plu­tôt con­sidé­rer le thème de la digi­ta­li­sa­ti­on de maniè­re fondamentale.

Aujourd’hui, beau­coup de cho­ses sont repré­sen­tées sous forme numé­ri­que dans le sec­teur fer­ro­vi­ai­re. Mais il s’agit la plu­part du temps de solu­ti­ons iso­lées. Le flux d’informations n’est pas con­tinu: dif­fér­ents lieux de stocka­ge, divers for­mats, niveaux d’actualité diver­gents. Lorsqu’il s’agit de gérer des pro­ces­sus qui répon­dent aux exi­gen­ces en vigueur en matiè­re de «sécu­ri­té» et de «sûre­té», on s’aperçoit rapi­de­ment que cela n’est que dif­fi­ci­le­ment réa­li­sable avec des dépen­ses rai­sonn­ables. En effet, le suc­cès d’une ent­re­pri­se fer­ro­vi­ai­re repo­se sur un haut niveau de sécu­ri­té et la recher­che per­ma­nen­te d’une plus gran­de effi­ca­ci­té. Les mesu­res de digi­ta­li­sa­ti­on doi­vent con­tri­buer de façon tan­gi­ble à garan­tir un fon­c­tion­ne­ment sûr, et à aug­men­ter l’efficacité.

Par con­sé­quent, nous avons beso­in d’une appro­che tota­le­ment nou­vel­le pour la digi­ta­li­sa­ti­on. Une ges­ti­on basée sur un logi­ciel est indis­pensable. Un tel sys­tème doit être modu­lai­re et modulable, et les dif­fé­ren­tes fon­c­tions doi­vent être reliées entre elles.

En tant que précurseurs dans ce domaine, qu’est-ce que les SOB entendent par digitalisation?

Tho­mas Küch­ler: Heu­reu­se­ment, la direc­tion des SOB a iden­ti­fié le potentiel de la digi­ta­li­sa­ti­on voilà des années.
Pour nous, il ne s’agit pas de repro­dui­re numé­ri­quement des pro­ces­sus manu­els. La struc­tu­re actu­el­le des ent­re­pri­ses fer­ro­vi­ai­res repo­se sur des pro­ces­sus du siè­cle der­nier. Dans le sec­teur fer­ro­vi­ai­re, les sous-sys­tè­mes existants ont géné­ra­le­ment été réa­li­sés à l’aide de logi­ciels. Le man­que de con­ti­nui­té dans l’information est l’un des prin­ci­paux obstacles.

Comment les SOB ont-t-ils surmonté la digitalisation?

Tho­mas Küch­ler: La direc­tion a com­pris très tôt que notre ent­re­pri­se devait évo­luer vers la digi­ta­li­sa­ti­on, et qu’elle avait beso­in d’un sou­ti­en com­pé­tent pour y par­ve­nir. Nous avons fait appel à des experts tech­ni­ques exter­nes qui ont appor­té une per­spec­ti­ve exté­ri­eu­re dans notre monde fer­ro­vi­ai­re. Nous avons ainsi com­pris que la réus­si­te de la digi­ta­li­sa­ti­on néces­si­te un pro­ces­sus de chan­ge­ment fon­da­men­tal. De plus, ce chan­ge­ment pro­fond doit se faire sans inter­rup­ti­on de l’activité. Une ent­re­pri­se fer­ro­vi­ai­re ne peut pas, comme une ent­re­pri­se indus­tri­el­le, se débar­ras­ser de son anci­en pro­duit et en lan­cer un nou­veau sur le mar­ché. En outre, il est essentiel que l’ensemble du per­son­nel suive le mou­ve­ment. Chaque col­la­bora­tri­ce et chaque col­la­bo­ra­teur doit se con­fron­ter à la digi­ta­li­sa­ti­on dans son pro­pre environnement.

Comment avez-vous concrétisé vos connaissances conceptuelles?

Tho­mas Küch­ler: Nous avons iden­ti­fié quat­re élé­ments pour une digi­ta­li­sa­ti­on com­plè­te: don­nées, orga­ni­sa­ti­on, sys­tème, pro­ces­sus. Ces quat­re élé­ments doi­vent être adres­sés de maniè­re syn­chro­ne, et sont au cœur de la mise en œuvre. Nous avons conçu, au sens figu­ré, un bâti­ment SOB com­mun à toute l’entreprise. Nous avons défi­ni les don­nées par­ta­gées qui doi­vent être dis­po­nibles pour tous les uti­li­sa­teurs auto­ri­sés. Ensuite, nous avons instal­lé les unités orga­ni­sa­ti­on­nel­les dans les éta­ges de notre bâti­ment SOB. Elles sont respons­ables de l’aménagement de leur étage et libres de l’organiser comme elles l’entendent. Mais elles doi­vent respec­ter les struc­tures de don­nées supérieures.

Comment avez-vous impliqué vos collaborateurs?

Tho­mas Küch­ler: C’est l’un des prin­ci­paux fac­teurs de réus­si­te. La tran­si­ti­on ne vaut pas seu­le­ment pour les cad­res. Tous les col­la­bo­ra­teurs sont con­cer­nés. Nous avons donc fait des per­son­nes con­cer­nées des par­ties pren­an­tes. En tant que tel­les, elles doi­vent jouer un rôle actif et répond­re aux ques­ti­ons sui­van­tes: quel­le amé­lio­ra­ti­on sim­pli­fie mon tra­vail de telle sorte que l’efficacité aug­men­te avec un niveau de sécu­ri­té élevé? Nous avons con­sta­té que ce sont jus­tem­ent les jeu­nes col­la­bo­ra­teurs qui apportent de nou­vel­les idées qui peu­vent être habi­le­ment asso­ciées à l’expérience des col­la­bo­ra­teurs plus anciens.

La digitalisation apporte donc des changements dans toute l’entreprise?

Tho­mas Küch­ler: Bien sûr. Les ent­re­pri­ses fer­ro­vi­ai­res sont for­te­ment influen­cées par l’expérience de leurs col­la­bo­ra­teurs. Aupa­ra­vant, nous avi­ons une très forte pro­por­ti­on de col­la­bo­ra­teurs de longue date qui, grâce à leur expé­ri­ence, con­sti­tuai­ent l’épine dor­sa­le de notre ent­re­pri­se, et con­tri­buai­ent de maniè­re déci-sive à la qua­li­té de notre pro­duc­tion. Entre-temps, la durée moy­enne des cont­rats de tra­vail s’est rac­cour­cie; nous avons aujourd’hui une fluc­tua­ti­on plus éle­vée. Nous devons donc tra­vail­ler acti­ve­ment à la con­ser­va­ti­on des con­nais­sances. De plus, les pro­fils pro­fes­si­on­nels chan­gent davan­ta­ge. En tant qu’entreprise, nous devons éga­le­ment sui­v­re cette tendance.

Quels sont les liens entre le changement et la digitalisation?

Tho­mas Küch­ler: Il en exis­te deux. Pre­miè­re­ment, la digi­ta­li­sa­ti­on accé­lè­re la trans­for­ma­ti­on des pro­fils pro­fes­si­on­nels. L’effet est tout à fait inté­res­sant, car dans de nombreux cas, les pro­fils pro­fes­si­on­nels devi­en­nent plus attra­yants. Il est important de faire par­ti­ci­per les col­la­bo­ra­teurs de longue date à cette aven­ture. Deu­xiè­me­ment, la digi­ta­li­sa­ti­on per­met de con­trô­ler le sys­tème. Ce con­trô­le est décisif pour garan­tir le pro­ces­sus. Il nous aide à mett­re en œuvre un sys­tème de ges­ti­on de la sécu­ri­té adap­té à la pra-tique et répond­ant à tou­tes les exi­gen­ces. Enfin, cela nous per­met d’éviter de dépend­re de cer­ta­ins collaborateurs.

Le changement n’est toutefois pas perçu uniquement de manière positive. Qu’en pensez-vous? 

Tho­mas Küch­ler: Celui qui, après des années de tra­vail fruc­tueux, maî­tri­se son métier, peut aussi réa­gir de maniè­re cri­tique aux chan­ge­ments. Mais nous devri­ons tenir comp­te d’une par­ti­cu­la­ri­té du sec­teur fer­ro­vi­ai­re: de nombreux travaux tra­di­ti­onnels dans le quo­ti­di­en des chem­ins de fer sont phy­si­quement éprou­vants. Il faut les effec­tuer de maniè­re fia­ble et sûre à tout moment de la jour­née, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige. Nous avons aujourd’hui de plus en plus de mal à recru­ter de nou­veaux col­la­bo­ra­teurs pour ces tâches. Je con­sidè­re donc comme posi­tif le fait que la digi­ta­li­sa­ti­on et l’automatisation modi­fi­ent les «métiers de che­mi­nots» tra­di­ti­onnels et cré­ent de nou­veaux pro­fils pro­fes­si­on­nels.
La sécu­ri­té en est un bon exemp­le. Aut­re­fois, de nombreu­ses acti­vi­tés dans l’exploitation fer­ro­vi­ai­re étai­ent direc­te­ment déter­mi­nan­tes pour la sécu­ri­té. Le col­la­bo­ra­teur véri­fi­ait que la voie était libre et don­nait l’ordre de cir­cu­ler. Aujourd’hui, il est assis­té par des sys­tè­mes de gui­da­ge qui garan­tis­sent une con­duite sûre. Avec l’ancienne métho­de, la den­si­té des horai­res actuels serait impos­si­ble à at-teind­re de maniè­re sûre et efficace.

Comment les technologies peuvent-elles aider vos collaborateurs?

Tho­mas Küch­ler: Les tests ont mon­tré que nous ne visons pas un fon­c­tion­ne­ment entiè­re­ment auto­ma­ti­sé sans per­son­nel. Les tech­no­lo­gies numé­ri­ques doi­vent plu­tôt sou­te­nir et sou­la­ger nos col­la­bo­ra­teurs en opti­mi­sant en per­ma­nence l’utilisation des sil­lons, sur­tout en cas d’écarts.

Et dans quelle mesure la digitalisation améliore-t-elle l’exploitation?

Tho­mas Küch­ler: Pour notre tra­fic voy­a­ge­urs, nous uti­li­sons en gran­de par­tie des rames auto­mo­tri­ces moder­nes. Ce sont de véri­ta­bles cen­tri­fu­geu­ses de don­nées, elles coll­ec­tent en per­ma­nence des don­nées d’état pen­dant leur fon­c­tion­ne­ment. Nous tra­vail­lons ici en col­la­bo­ra­ti­on avec le fabri­cant Stad­ler. Stad­ler coll­ec­te les don­nées pour nous. Nous avons la maî­tri­se des don­nées, nous rep­re­nons une gran­de par­tie des don­nées bru­tes, et nous les ana­ly­sons en par­tie nous-mêmes. Grâce à l’évaluation dite de l’état, nous pou­vons iden­ti­fier les ten­dan­ces en temps réel, prend­re des mesu­res effi­caces et les mett­re en œuvre en temps voulu. La digi­ta­li­sa­ti­on nous aide à réa­gir rapidement.

Qu’est-ce qui pousse les SOB à faire leur transition numérique?

Tho­mas Küch­ler: Une ent­re­pri­se fer­ro­vi­ai­re doit s’orienter vers les cli­ents. Leurs beso­ins évo­lu­ent con­stam­ment. Nous devons pou­voir iden­ti­fier rapi­de­ment les ten­dan­ces, et réa­gir cor­rec­te­ment grâce aux indi­ca­teurs cor­re­spond­ants. Les chif­fres clés sai­sis nous per­met­tent d’évaluer l’impact de nos mesu­res. Pour que notre modè­le com­mer­cial reste per­for­mant, nous devons amé­lio­rer l’efficacité tout en garan­tis­sant la sécu­ri­té. De cette maniè­re, nous assur­ons la via­bi­li­té com­mer­cia­le de notre ent­re­pri­se. La digi­ta­li­sa­ti­on est un outil idéal pour mener à bien notre activité.

Monsieur Küchler, merci beaucoup pour cet entretien intéressant.
Session d’hiver 2024: des décisions qui feront date

Session d’hiver 2024: des décisions qui feront date

Du 2 au 20 décembre 2024, le Con­seil des États et le Con­seil natio­nal se sont réunis pour le der­nier tour de déli­bé­ra­ti­ons par­le­men­tai­res de l’année 2024. D’importants sujets de poli­tique des trans­ports étai­ent à l’ordre du jour des deux conseils.

 

Les enjeux

  • 16,4 mil­li­ards de francs pour l’exploitation fer­ro­vi­ai­re et la pro­mo­ti­on des voies de raccordement
  • Débat enflam­mé à pro­pos des beso­ins sup­p­lé­men­tai­res pour l’étape d’aménagement 2035
  • Refus d’un ren­force­ment de la responsa­bi­li­té des déten­teurs de wagons de marchandises

 

16,4 milliards de francs pour l’exploitation ferroviaire et la promotion des voies de raccordement

Après le Con­seil natio­nal, c’est au tour du Con­seil des États de vali­der le cadre finan­cier pour l’exploitation et le main­ti­en de la qua­li­té des instal­la­ti­ons fer­ro­vi­ai­res pour les années 2025 à 2028, à hauteur de 16,4 mil­li­ards de francs. Le Con­seil des États a ainsi approu­vé deux aut­res arrêtés fédé­raux portant sur 185 mil­li­ons de francs pour la pro­lon­ga­ti­on des con­tri­bu­ti­ons aux inves­tis­se­ments dans les instal­la­ti­ons pri­vées de fret.

Débat enflammé à propos des besoins supplémentaires pour l’étape d’aménagement 2035

L’étape d’aménagement n’a rien à voir avec le finance­ment de l’exploitation fer­ro­vi­ai­re évo­qué plus haut. Le Con­seil des États a néan­mo­ins mené un débat hou­leux sur les coûts sup­p­lé­men­tai­res, qui ont été lar­ge­ment thé­ma­ti­sés dans les médi­as. La pro­po­si­ti­on de ren­voy­er le pro­jet à la com­mis­si­on d’examen pré­alable pour cette rai­son a fina­le­ment été reti­rée. Le fait que les CFF soi­ent respons­ables de la pla­ni­fi­ca­ti­on des étapes d’aménagement sur man­dat de l’Office fédé­ral des trans­ports (OFT) n’a pas été men­ti­onné dans la discussion.

Refus d’un renforcement de la responsabilité des détenteurs de wagons de marchandises

Avec la moti­on 24.3823 «Responsa­bi­li­té en matiè­re de ris­que des déten­teurs de wagons. Révi­si­on», la Com­mis­si­on des trans­ports et des télé­com­mu­ni­ca­ti­ons du Con­seil natio­nal vou­lait obli­ger le Con­seil fédé­ral à intro­dui­re une responsa­bi­li­té pour ris­que et une obli­ga­ti­on d’assurance. Le Con­seil natio­nal a reje­té la moti­on par 91 voix cont­re 89 et 4 abst­en­ti­ons, ce qui équiv­aut à une décis­i­on de bon sens. Une majo­ri­té de con­seil­lè­res et con­seil­lers nati­on­aux a mis de côté les émo­ti­ons liées à l’accident du 10 août 2023 dans le tun­nel de base du Saint-Got­hard, et s’est pro­non­cée en faveur d’une poli­tique cli­ma­tique et de trans­fert réussie.

Nos argu­ments en tant que voix de l’économie des char­geurs ont appa­rem­ment réus­si à con­vain­cre: les déten­teurs de wagons de mar­chan­di­ses sont déjà respons­ables aujourd’hui dans le cadre de la responsa­bi­li­té pour faute avec ren­ver­se­ment de la char­ge de la preuve à leur dépens. Ils dis­po­sent actu­el­le­ment de cou­ver­tures d’assurance éle­vées, et inves­tis­sent des som­mes importan­tes dans l’entretien et l’acquisition de nou­veaux wagons con­for­mes aux der­niè­res avan­cées tech­no­lo­gi­ques. La moti­on aurait for­te­ment com­pli­qué le fret fer­ro­vi­ai­re tout en le rendant plus cher. Une adop­ti­on de la moti­on aurait remis en ques­ti­on la poli­tique cli­ma­tique et de trans­fert réus­sie de la Suisse.

Ne pas mettre inutilement en péril le système de fret ferroviaire

Ne pas mettre inutilement en péril le système de fret ferroviaire

En août 2024, la Com­mis­si­on des trans­ports et des télé­com­mu­ni­ca­ti­ons du Con­seil natio­nal a dépo­sé, par 13 voix cont­re 8 et 4 abst­en­ti­ons, la moti­on 24.3823 «Révi­si­on de la responsa­bi­li­té en matiè­re de ris­que des déten­teurs de wagons». La moti­on veut intro­dui­re une responsa­bi­li­té pour ris­que et une assu­rance obli­ga­toire pour les déten­teurs de wagons, y com­pris la fix­a­ti­on du mon­tant de la cou­ver­tu­re. Ceci au motif d’aug­men­ter la sécu­ri­té du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses. Le Con­seil natio­nal déb­at­tra de la moti­on le mardi 10 décembre 2024.

Les enjeux:

  • La moti­on est en con­tra­dic­tion avec le système
  • La moti­on n’augmente pas la sécurité
  • La moti­on tor­pil­le la poli­tique de trans­fert de la Suisse
  • La moti­on ent­raî­ne une iné­ga­li­té de traitement

 

La motion est en contradiction avec le système

Dans le sys­tème actuel, les déten­teurs de wagons sont respons­ables de l’im­ma­tri­cu­la­ti­on et de la main­ten­an­ce de ces der­niers. En cas de sinist­re, en pré­sence de défauts sur le wagon, ils sont pré­su­més cou­pa­bles et respons­ables du dom­mage s’ils ne peu­vent pas prou­ver qu’ils ont pris tou­tes les mesu­res de sécu­ri­té néces­saires. Les ent­re­pri­ses de trans­port fer­ro­vi­ai­re (ETF) sont respons­ables de l’ex­plo­ita­ti­on et de la sécu­ri­té des trains/wagons, tan­dis que les déten­teurs de wagons n’exercent aucu­ne influence sur les con­trô­les de sécu­ri­té lors de l’uti­li­sa­ti­on opé­ra­ti­on­nel­le de leurs wagons. Une exten­si­on de la responsa­bi­li­té aux déten­teurs de wagons nui­rait for­te­ment à l’ef­fi­ca­ci­té et à la ren­ta­bi­li­té du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses et est donc en con­tra­dic­tion avec le système.

La motion n’augmente pas la sécurité

Une responsa­bi­li­té plus stric­te aug­men­te le coût du trans­port de mar­chan­di­ses et le rend plus com­pli­qué du fait que le trans­fert de wagons de mar­chan­di­ses entre dif­fér­ents domain­es de responsa­bi­li­té devi­ent plus com­ple­xe et plus coû­teux. De ce fait, la Suis­se dis­po­se d’un moins grand nombre de wagons, car la capa­ci­té des wagons en pro­ven­an­ce de l’étran­ger ferait défaut. Cela dimi­nue l’attrait du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses et tor­pil­le la poli­tique de trans­fert de la Suis­se. En faisant cava­lier seul, la Suis­se sape le cadre régle­men­tai­re euro­pé­en éla­bo­ré et équi­li­bré au fil des décen­nies, et con­duit à une solu­ti­on iso­lée, pro­pre à la Suis­se. De plus, notre pays met ainsi en péril son rôle important dans le trans­port de mar­chan­di­ses euro­pé­en, ce qui men­ace fina­le­ment la sécu­ri­té de l’approvisionnement.

La motion torpille la politique de transfert de la Suisse

une responsa­bi­li­té plus stric­te aug­men­te le coût du trans­port de mar­chan­di­ses et le rend plus com­pli­qué du fait que le trans­fert de wagons de mar­chan­di­ses entre dif­fér­ents domain­es de responsa­bi­li­té devi­ent plus com­ple­xe et plus coû­teux. De ce fait, la Suis­se dis­po­se d’un moins grand nombre de wagons, car la capa­ci­té des wagons en pro­ven­an­ce de l’étran­ger ferait défaut. Cela dimi­nue l’attrait du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses et tor­pil­le la poli­tique de trans­fert de la Suis­se. En faisant cava­lier seul, la Suis­se sape le cadre régle­men­tai­re euro­pé­en éla­bo­ré et équi­li­bré au fil des décen­nies, et con­duit à une solu­ti­on iso­lée, pro­pre à la Suis­se. De plus, notre pays met ainsi en péril son rôle important dans le trans­port de mar­chan­di­ses euro­pé­en, ce qui men­ace fina­le­ment la sécu­ri­té de l’approvisionnement.

La motion entraîne une inégalité de traitement

Des opé­ra­ti­ons iden­ti­ques – trac­ter des véhi­cu­les par un véhi­cu­le de trac­tion – ne sont pas trai­tées de la même maniè­re si la moti­on est adop­tée. Cela se pro­duit dans la rela­ti­on entre un trac­teur rou­tier et un train de mar­chan­di­ses, mais aussi dans la rela­ti­on entre un train de voy­a­ge­urs et un train de marchandises.

La moti­on 24.3823 «Révi­si­on de la responsa­bi­li­té en matiè­re de ris­que des déten­teurs de wagons» man­que donc sa véri­ta­ble cible. Elle est oné­reu­se pour tou­tes les par­ties con­cer­nées et réduit la com­pé­ti­ti­vi­té du rail par rap­port à la route. Le sys­tème actuel garan­tit déjà la sécu­ri­té du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses et offre les con­di­ti­ons-cad­res les plus effi­caces pour la poli­tique de trans­fert de la Suisse.

La CTT‑N renforce le fret ferroviaire grâce à une concurrence et une transparence accrues

La CTT‑N renforce le fret ferroviaire grâce à une concurrence et une transparence accrues

Dans le cadre de l’objet 24.0017, la com­mis­si­on d’examen pré­alable du Con­seil natio­nal (CTT‑N) deman­de à son con­seil d’entrer en matiè­re et d’approuver les cré­dits desti­nés au déploie­ment du cou­pla­ge auto­ma­tique digi­tal (DAC) ainsi que l’indemnisation limi­tée dans le temps du trans­port par wagons com­plets iso­lés (TWCI) ainsi que la com­man­de du trans­port de mar­chan­di­ses. Elle effec­tue éga­le­ment quel­ques pré­cis­i­ons décisi­ves dans le texte de loi: la con­cur­rence doit être davan­ta­ge encou­ra­gée et des finance­ments croi­sés entre les pre­sta­ti­ons sub­ven­ti­onnées et cel­les auto­fi­nan­cées doi­vent être empê­chés en publi­ant des chif­fres-clés et des flux finan­ciers dans les rap­ports d’activité des ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re. Par ail­leurs, la CTT‑N veut ancrer expres­sé­ment la navi­ga­ti­on inté­ri­eu­re dans le pro­jet de loi afin de créer davan­ta­ge de sécu­ri­té juridique.

En revan­che, l’objectif com­plé­té dans la loi d’augmenter la part du fret fer­ro­vi­ai­re est moins per­ti­nent. Ce mes­sa­ge dev­rait plu­tôt être adres­sé à la com­pa­gnie éta­tique CFF domi­nant le mar­ché qui con­ti­nue de chas­ser des trans­ports du rail de par sa poli­tique actu­el­le en matiè­re d’offre et de prix. Cela enterre la der­niè­re con­fi­ance des cli­ents dans la com­pé­ti­ti­vi­té et la volon­té des chem­ins de fer publics. En fait, les mesu­res pré­vues dans le pro­jet de loi sont plus effi­caces que des objec­tifs ambi­ti­eux: le fret fer­ro­vi­ai­re peut gagner des parts de mar­ché grâce à la digi­ta­li­sa­ti­on pré­vue et à la muta­ti­on d’un sys­tème du 19e siè­cle vers le 21e siè­cle. L’encouragement désor­mais enco­re ren­for­cé de la con­cur­rence entre les ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re, com­bi­né à l’indemnisation limi­tée dans le temps du TWCI pour­rait bien­tôt ent­raî­ner une offre élar­gie et des parts de mar­ché crois­san­tes pour le rail. Les pro­po­si­ti­ons de la CTT‑N, qui apportent des pré­cis­i­ons, dev­rai­ent à cet égard être bien plus effi­caces que des objec­tifs de trans­fert non con­traignants, qui sont en outre con­trai­res à la Constitution.

Mal­heu­reu­se­ment, les deman­des pour plus de trans­pa­rence et de con­cur­rence lors de la con­s­truc­tion et l’exploitation d’installations de trans­bor­de­ment n’ont pas trou­vé de majorité.

129 nouvelles locs pour CFF Cargo: comment ça marche?

129 nouvelles locs pour CFF Cargo: comment ça marche?

CFF Cargo veut renou­ve­ler sa flot­te d’ici 2035 avec jusqu’à 129 locs de ligne moder­nes. Dans le même temps, elle déplo­re des coûts fixes éle­vés dans le tra­fic par wagons com­plets iso­lés (TWCI), a aug­men­té ses tarifs de façon dis­pro­por­ti­onnée ces der­niers mois tout en rédui­sant son offre. Cette situa­ti­on pré­sen­te un ris­que majeur de retrans­fert vers la route. À la VAP, nous remet­tons en ques­ti­on cette gros­se com­man­de et deman­dons plus de transparence.

Les enjeux:

  • CFF Cargo inves­tit dans l’avenir du fret ferroviaire.
  • Les haus­ses de prix et la réduc­tion de l’offre font fuir les cli­ents du fret ferroviaire.
  • VAP remet en ques­ti­on le rai­son­ne­ment éco­no­mi­que et deman­de de la transparence.
 
CFF Cargo investit dans l’avenir du fret ferroviaire

CFF Cargo veut moder­nis­er sa flot­te et garan­tir ainsi l’avenir du trans­port de mar­chan­di­ses par rail. Dans un com­mu­ni­qué de pres­se du 26 sep­tembre 2024 , l’entreprise a annon­cé l’achat de jusqu’à 129 nou­vel­les locs de ligne. Elles dev­rai­ent être liv­rées entre 2027 et 2035 et rem­pla­cer les véhi­cu­les trac­teurs vieil­lis­sants. CFF Cargo pré­sen­te sa décis­i­on comme néces­saire afin de prépa­rer le fret fer­ro­vi­ai­re à l’avenir, ce qui est une bonne chose. Les nou­vel­les locs sont plus effi­caces, plus per­for­man­tes et équi­pées de tech­no­lo­gies inno­van­tes comme un sys­tème d’entraînement sur piles pour le der­nier kilo­mèt­re. Ainsi, CFF Cargo veut rédui­re les coûts d’exploitation de 60 % et con­tri­buer à l’automatisation du fret ferroviaire.

Les hausses de prix et la réduction de l’offre font fuir les clients du fret ferroviaire

Pour nous, à la VAP, une ques­ti­on cen­tra­le se pose: com­ment l’acquisition mas­si­ve de 129 loco­mo­ti­ves est-t-elle com­pa­ti­ble avec le déve­lo­p­pe­ment et les pra­ti­ques com­mer­cia­les actu­el­les de CFF Cargo? Ces der­niers mois, CFF Cargo a expo­sé ses cli­ents du fret fer­ro­vi­ai­re à des haus­ses de prix signi­fi­ca­ti­ves et à une réduc­tion de l’offre (cf. l’article du blog VAP «Révi­si­on tota­le de la LTM: le moral du sec­teur men­ace de s’effondrer». Ce com­porte­ment de dis­tor­si­on du mar­ché pour­rait ent­raî­ner une réduc­tion des volu­mes dans le fret fer­ro­vi­ai­re et un trans­fert accru vers la route. Si ce cas de figu­re se pré­sen­te effec­ti­ve­ment, un inves­tis­se­ment aussi important ne se jus­ti­fie pas.

VAP remet en question le raisonnement économique et demande de la transparence

CFF Cargo reste mal­heu­reu­se­ment dis­cret sur les effets opé­ra­ti­on­nels et finan­ciers de ce grand pro­jet. Cela ne favo­ri­se pas la con­fi­ance dans la filia­le de fret de l’État. On parle tout de même d’investissements de plu­s­ieurs cen­tai­nes de mil­li­ons, qui doi­vent être sup­port­és par les cli­ents du fret fer­ro­vi­ai­re, dans l’hypothèse de l’autofinancement. C’est pour­quoi nous esti­mons qu’il est indis­pensable que CFF Cargo fasse part de ses réfle­xi­ons. Par ail­leurs, nous lui sug­gé­rons de recon­sidé­rer le nombre de loco­mo­ti­ves et d’envisager, en com­plé­ment de l’achat, une loca­ti­on ou un achat partiel avec une opti­on sur un plus grand nombre de locs.

La digitalisation du fret ferroviaire s’accélère

La digitalisation du fret ferroviaire s’accélère

La sphè­re poli­tique adap­te les con­di­ti­ons-cad­res pour la migra­ti­on vers le cou­pla­ge auto­ma­tique digi­tal (DAC) et la tech­no­lo­gie pour la future norme est déter­mi­né pas à pas. La Suis­se coor­don­ne son pro­ces­sus d’introduction avec celui de l’Europe. En tant qu’acteurs de la bran­che, nous vou­lons, à la VAP, faire pro­gresser l’autorisation pour le tra­fic com­mer­cial et assu­mons par con­sé­quent un rôle clé dans la coor­di­na­ti­on et la docu­men­ta­ti­on des pro­jets correspondants.

Les enjeux:

  • Le Con­seil des États donne le feu vert au DAC et au tra­fic par wagons com­plets isolés.
  • La LTM har­mo­ni­sée avec la feuille de route européenne.
  • La tech­no­lo­gie doit faire ses preu­ves en tant que norme.
  • La bran­che suis­se joue le rôle de pionnier.
  • Deux étapes, un objec­tif: la mise en réseau avec le futur.
  • La VAP trans­for­me son expé­ri­ence en solu­ti­ons adap­tées à la pratique.
 
Le Conseil des États donne le feu vert au DAC et au trafic par wagons complets isolés.

Les déve­lo­p­pe­ments autour de la digi­ta­li­sa­ti­on du fret fer­ro­vi­ai­re se dérou­lent lit­té­ra­le­ment sur plu­s­ieurs voies. Des jalons importants ont été posés le 24 sep­tembre 2024 dans le pro­ces­sus poli­tique. Lors de cette jour­née de déli­bé­ra­ti­on durant le ses­si­on d’automne du Par­le­ment suis­se, le Con­seil des États a déli­bé­ré sur la révi­si­on tota­le de la loi sur le trans­port de mar­chan­di­ses et a approu­vé le cré­dit d’engagement rela­tif au déploie­ment du DAC à hauteur de 180 mil­li­ons de francs ainsi que celui rela­tif à la moder­ni­sa­ti­on du tra­fic par wagons com­plets iso­lés d’un mon­tant de 260 mil­li­ons de francs. Le con­seil prio­ri­taire a ainsi pris en comp­te les prin­ci­paux élé­ments-clés du mes­sa­ge du Con­seil fédé­ral du 10 jan­vier 2024 et s’est à une large majo­ri­té expli­ci­te­ment décla­ré en faveur de la digi­ta­li­sa­ti­on du fret fer­ro­vi­ai­re grâce à l’innovation per­fec­tion­née depuis de longues années. Voici ce qu’a décla­ré le con­seil­ler fédé­ral Albert Rösti lors de son expo­sé devant le plé­num du Con­seil: «Outre le cou­pla­ge auto­ma­tique digi­tal, d’autres étapes con­crè­tes de moder­ni­sa­ti­on sont pré­vues, comme des pla­te­for­mes de réser­va­ti­on.» Nous expli­quons pour­quoi cette remar­que reflè­te une per­spec­ti­ve holis­tique du DAC dans l’article de notre blog «Éco­sys­tè­mes de don­nées: le sec­teur par­ti­ci­pe à une table ronde avec le con­seil­ler fédé­ral Rösti».

La LTM harmonisée avec la feuille de route européenne.

La pla­ni­fi­ca­ti­on de la LTM révi­sée et de l’ordonnance cor­re­spond­an­te est en har­mo­nie avec la feuille de route euro­pé­en­ne. La mise en œuvre est pré­vue entre fin 2026 et début 2027. À par­tir de là, les fonds fédé­raux bud­gé­ti­sés seront dis­po­nibles pour la migra­ti­on vers le DAC. Les acteurs du Euro­pean DAC Deli­very Pro­gram­me (EDDP) d’Europe’s Rail sou­hai­tent déploy­er à gran­de échel­le la migra­ti­on vers le DAC à par­tir de 2028. Ce pro­gram­me de mise en œuvre réu­nit les ent­re­pri­ses de trans­port fer­ro­vi­ai­re, les explo­itants d’infrastructure, les déten­teurs de wagons ainsi que les four­nis­seurs d’équipements fer­ro­vi­ai­res, les orga­nis­mes respons­ables de la main­ten­an­ce, les orga­ni­sa­ti­ons du sec­teur, les cen­tres de recher­che fer­ro­vi­ai­re et les insti­tu­ti­ons poli­ti­ques. Ce pro­gram­me com­mun inté­g­ré s’appuie sur les résul­tats de la recher­che et du déve­lo­p­pe­ment ainsi que sur des pro­jets pilo­tes et vise à garan­tir les mesu­res néces­saires à un déploie­ment rapi­de, tech­ni­quement et éco­no­mi­quement réa­li­sable du DAC à l’échelle européenne.

La technologie doit s’imposer en tant que norme.

Pour att­eind­re cet objec­tif ambi­ti­eux, il faut une tech­no­lo­gie déve­lo­p­pée et tes­tée en ent­re­pri­se. Là aussi, l’EDDP a déjà effec­tué un tra­vail pré­pa­ra­toire con­sidé­ra­ble et a annon­cé début 2024 le «DAC Basis Packa­ge» comme future norme de sys­tème pour le fret fer­ro­vi­ai­re en Euro­pe. L’EDDP pré­voit des trains pilo­tes dans toute l’Europe afin d’affiner et de tes­ter dans son inté­gra­li­té la tech­no­lo­gie du «DAC Basis Packa­ge». Le paquet de lance­ment com­prend les élé­ments suivants:

  • DAC (méca­ni­que / pneu­ma­tique) y com­pris sys­tème éner­gé­tique / de données
  • Iden­ti­fi­ca­ti­on de la com­po­si­ti­on de train
  • Essai de frein automatique
  • Con­trô­le de la com­plétu­de du train
  • Décou­pla­ge auto­ma­tique (dans le train depuis la loco­mo­ti­ve ou le côté du wagon)

Une décis­i­on importan­te doit enco­re être prise con­cer­nant le sys­tème: pour la tech­no­lo­gie de trans­mis­si­on de don­nées dans le train, il reste enco­re à choi­sir entre Sin­gle per Ether­net et Power­line+. Comme des tests avec Power­line+ ont déjà été réa­li­sés avec suc­cès en Suis­se, il s’agit main­ten­ant de réa­li­ser rapi­de­ment un train pilo­te homo­logab­le embar­quant cette technologie.

La branche suisse joue le rôle de pionnier.

La Suis­se veut con­tri­buer signi­fi­ca­ti­ve­ment au pro­jet de déve­lo­p­pe­ment euro­pé­en DAC coor­don­né par l’EDDP et le com­bi­ner étroi­te­ment avec les orga­ni­sa­ti­ons euro­pé­en­nes d’EDDP. Ainsi, le sec­teur fer­ro­vi­ai­re suis­se s’apprête à faire avan­cer l’intégration du sys­tème pour auto­ri­ser les uti­li­sa­ti­ons com­mer­cia­les. Les spé­ci­fi­ca­ti­ons tech­ni­ques et l’étendue des pre­sta­ti­ons fon­c­tion­nel­les du «DAC Basis Packa­ge» et la tech­no­lo­gie de trans­mis­si­on Power­line+ for­ment la base des futurs travaux de l’équipe de pro­jet suis­se. De là, l’OFT, la VAP et l’UTP élar­gi­ront en con­sé­quence leur décla­ra­ti­on d’intention signée con­join­te­ment sur l’automatisation dans le fret ferroviaire.

Deux étapes, un objectif: la mise en réseau avec le futur.

La con­tri­bu­ti­on de la Suis­se au déploie­ment du DAC se déroule en deux étapes. Au pré­alable, il con­vi­ent de faire avan­cer rapi­de­ment l’intégration du sys­tème sur le train pionnier suis­se jusqu’à ce qu’il soit prêt pour l’homologation, puis de démon­trer son apti­tu­de à être uti­li­sé au quo­ti­di­en dans le cadre d’une appli­ca­ti­on com­mer­cia­le. La Con­fé­dé­ra­ti­on sou­ti­en­dra le déve­lo­p­pe­ment par un finance­ment con­for­mé­ment à l’article 10 de la loi sur le trans­port de marchandises.

  • Le pro­jet de déve­lo­p­pe­ment PD3 pour la réa­li­sa­ti­on de l’homologation d’un pre­mier train pionnier avec les fon­c­tions selon le «DAC Basic Packa­ge» a com­men­cé. L’objectif est d’obtenir d’ici mi-2026 une auto­ri­sa­ti­on d’exploitation de l’OFT pour des tra­jets com­mer­ciaux défi­nis sur le réseau suis­se à voie nor­ma­le. Pour ce faire, une tren­taine de mem­bres moti­vés de Swiss­rail, de CFF Cargo et de l’OFT ainsi que des repré­sen­tants de la VAP ont mani­fes­té le 30 août 2024 leur inten­ti­on de rend­re ensem­ble le fret fer­ro­vi­ai­re com­pé­ti­tif et de faire con­naît­re la tech­no­lo­gie suis­se DAC à l’extérieur. Avec le PD3, les acteurs du sec­teur veu­lent con­tri­buer de maniè­re signi­fi­ca­ti­ve à la défi­ni­ti­on de la future norme euro­pé­en­ne en matiè­re de fret fer­ro­vi­ai­re. Il est temps de sor­tir des débats de fond et d’élaborer des solu­ti­ons opé­ra­ti­on­nel­les. Les nou­veaux sys­tè­mes doi­vent être robus­tes, fon­c­tion­nels et finan­ça­bles, afin que les trains de mar­chan­di­ses puis­sent à l’avenir cir­cu­ler de façon rentable.
  • Le pro­jet de déve­lo­p­pe­ment PD4 vise à mett­re en ser­vice plu­s­ieurs trains avec DAC sur le réseau fer­ro­vi­ai­re suis­se pour des tra­jets com­mer­ciaux entre 2026 et 2027, une fois le PD3 ache­vé. Les pre­miè­res dis­cus­sions avec les char­geurs ont déjà eu lieu. On recher­che des tra­fics iso­lés qui se prêtent à une con­ver­si­on pré­co­ce au DAC en tant que trains pionniers. L’objectif de cette deu­xiè­me étape est d’acquérir de l’expérience en matiè­re d’exploitation et de pour­suiv­re le ren­force­ment en situa­ti­on réel­le. Les trains pionniers doi­vent don­ner aux par­ties pren­an­tes et aux inves­tis­seurs impli­qués une image con­crè­te des pos­si­bi­li­tés futures offer­tes par le DAC et la digi­ta­li­sa­ti­on qui l’accompagne dans le fret ferroviaire.
La VAP transforme son expérience en solutions adaptées à la pratique.

La VAP va coor­don­ner et docu­men­ter les pro­jets men­ti­onnés pour tou­tes les per­son­nes inté­res­sées et impli­quées. Nous vou­lons ainsi garan­tir un vaste éch­an­ge d’expériences et une com­pa­ti­bi­li­té tota­le avec la pra­tique jus­que dans les voies de rac­cor­de­ment et la logis­tique de l’économie. Nos mem­bres – en pre­mier lieu les char­geurs et les déten­teurs de wagons – par­ti­ci­pent acti­ve­ment aux deux étapes de déve­lo­p­pe­ment. Cela per­met de mett­re à l’échelle les con­nais­sances acqui­ses dans le cadre de pro­jets pilo­tes et de faire pro­fi­ter tous les acteurs de la bran­che des synergies.

«À mon avis, l’asymétrie entre les avantages et les coûts de mise en œuvre est le principal point critique du DAC.»

«À mon avis, l’asymétrie entre les avantages et les coûts de mise en œuvre est le principal point critique du DAC.»

JOSEF MEYER Rail (JMR) Group s’est spé­cia­li­sé dans l’entretien et les répa­ra­ti­ons de wagons de mar­chan­di­ses et exploi­te des sites en Suis­se et à l’étranger. Dans un ent­re­ti­en avec la VAP, Domi­nik Suter, pro­prié­tai­re et pré­si­dent du con­seil d’administration, ainsi qu’Ulrich Walt, CEO du grou­pe depuis sep­tembre 2024, par­lent des fac­teurs de réus­si­te d’un acteur indus­tri­el du sec­teur, de l’asymétrie des inno­va­tions et de l’avenir du fret fer­ro­vi­ai­re suisse. 

VAP: Mon­sieur Suter, com­ment s’est pro­duit le chan­ge­ment de direc­tion et qu’attendez-vous d’Ulrich Walt? 

Domi­nik Suter: Vin­zenz Bind­schäd­ler, notre anci­en direc­teur, a déci­dé de quit­ter JMR à la fin du mois de sep­tembre 2024. Avec Ulrich Walt, c’est un con­nais­seur de longue date du sec­teur qui prend la direc­tion de notre grou­pe. Ensem­ble, nous sou­hai­tons con­cré­ti­ser notre visi­on con­sistant à aug­men­ter dura­blem­ent la pro­duc­ti­vi­té de nos cli­ents du rail et à déve­lo­p­per notre grou­pe d’entreprises dans le con­tex­te international.

VAP: Vous qua­li­fiez la pro­mes­se de votre mar­que avec les attri­buts «fia­ble», «enga­gée» et «inno­van­te». Mon­sieur Walt, com­ment envi­sa­gez-vous de ren­forcer ces qua­li­tés à l’avenir? Où allez-vous ouvr­ir de nou­vel­les voies?

Ulrich Walt: Je trouve ces tag­li­nes uti­les. Bien qu’elles soi­ent quel­que peu géné­ri­ques, elles ont le méri­te de cla­ri­fier ce qui nous impor­te vis-à-vis de nos cli­ents. L’attribut «fia­ble» est jus­tem­ent décisif dans le domaine de la main­ten­an­ce, car il est étroi­te­ment lié à la sécu­ri­té. La qua­li­té «enga­gée» signi­fie que nous dési­rons asseoir notre répu­ta­ti­on comme l’un des meil­leurs ate­liers d’Europe. Par exemp­le, nous rédui­sons con­stam­ment les durées de trai­te­ment et envo­y­ons des équipes de main­ten­an­ce mobi­les en Suis­se pour les peti­tes réparations.

Je main­ti­en­drai ce cap stra­té­gique. Étant donné que nous fai­sons par­tie de pro­ces­sus indus­tri­els, nous ne pou­vons pas révo­lu­ti­on­ner notre modè­le com­mer­cial du jour au len­de­main. Je sou­hai­te néan­mo­ins fixer de nou­vel­les ori­en­ta­ti­ons. Par exemp­le, nous allons nous con­cen­trer enco­re davan­ta­ge sur nos com­pé­ten­ces clés en matiè­re de main­ten­an­ce et d’offres ECM. En inter­ne, notre atten­ti­on se porte davan­ta­ge sur la direc­tion et la responsa­bi­li­té. Et enfin, nous vou­lons éga­le­ment opti­mi­ser enco­re nos sys­tè­mes et nos processus.

Le terme «inno­vant» est géné­ra­le­ment assi­milé à la digi­ta­li­sa­ti­on. Celle-ci fait éga­le­ment l’objet de vifs débats dans le fret fer­ro­vi­ai­re, sur­tout dans le cadre du cou­pla­ge auto­ma­tique digi­tal (DAC). Quel est votre avis sur la question?

Domi­nik Suter: La pro­mo­ti­on du fret fer­ro­vi­ai­re en Euro­pe passe non seu­le­ment par la remi­se en état de l’infrastructure fer­ro­vi­ai­re et le DAC à court terme, mais aussi par des inno­va­tions dans le maté­ri­el rou­lant à moyen terme. Ainsi, cela fait des années que nous avons déve­lo­p­pé, en col­la­bo­ra­ti­on avec des par­ten­aires indus­tri­els, des bogies de wagons de mar­chan­di­ses à fai­ble niveau de bruit et d’usure auto­ri­sant des vites­ses net­te­ment plus éle­vées. Une joint ven­ture avec PROSE a ainsi abou­ti au bogie «LEILA Light», moins coû­teux et basé sur une tech­no­lo­gie homo­logab­le. Le «LEILA Light» offre des avan­ta­ges indé­ni­ables en ter­mes de bruit, d’usure de l’infrastructure fer­ro­vi­ai­re et de vites­se. Mais tant que les avan­ta­ges en ter­mes de bruit, d’usure de l’infrastructure fer­ro­vi­ai­re et de vites­se ne se réper­cu­tent pas sur l’investisseur, aucun inves­tis­se­ment ne sera réa­li­sé dans du maté­ri­el rou­lant moderne.

Ulrich Walt: Il en va de même pour le DAC en tant que moteur de digi­ta­li­sa­ti­on le plus cité. En ce qui con­cer­ne les inno­va­tions dans le tra­fic fer­ro­vi­ai­re, la ques­ti­on se pose tou­jours de savoir si elle doit por­ter sur le wagon ou sur l’infrastructure. Le DAC révo­lu­ti­on­ne le wagon. Mais les avan­ta­ges de cette inno­va­ti­on et les coûts de sa mise en œuvre sont répar­tis de maniè­re asy­m­é­tri­que, c’est-à-dire qu’ils sont géné­rés à dif­fér­ents end­roits. Par con­sé­quent, il sera dif­fi­ci­le de faire de gran­des avan­cées dans un tel cas. Cette asy­m­é­trie con­sti­tue, selon moi, le prin­ci­pal point cri­tique du DAC. Il faut que le régu­la­teur donne une impul­si­on. Le DAC a bien avan­cé dans le pro­ces­sus poli­tique, rai­son pour laquel­le il s’imposera tôt ou tard.

Les ori­gi­nes de JMR remon­tent à 1888. Depuis, votre ent­re­pri­se s’est impo­sée comme un acteur fia­ble du sec­teur. Quel est le secret de votre réus­si­te?
Domi­nik Suter: Le secret de notre réus­si­te, ce sont nos col­la­bo­ra­teurs, qui sont «mor­dus» de fret fer­ro­vi­ai­re. Cer­ta­ins d’entre eux tra­vail­lent depuis des décen­nies chez nous et quel­ques-uns pas­sent même toute leur car­ri­è­re chez nous. Les struc­tures légè­res avec des voies décis­i­on­nel­les cour­tes ainsi que notre ori­en­ta­ti­on cli­ent con­tri­buent éga­le­ment à notre succès.

Ulrich Walt: Je ne peux qu’être d’accord avec cela. Nous som­mes petits et agi­les, ce qui nous per­met de nous ori­en­ter sys­té­ma­ti­quement vers nos cli­ents. J’aimerais ajou­ter un autre fac­teur de réus­si­te: JMR vient de l’ingénierie. Nous som­mes donc capa­bles de faire plus que de la main­ten­an­ce, et même de repro­dui­re des sous-ensem­bles ou des bogies entiers si néces­saire. Notre savoir-faire en la matiè­re nous main­ti­ent en pole position.

Actu­el­le­ment, l’accent est mis sur la responsa­bi­li­té dans le fret fer­ro­vi­ai­re. En outre, des recom­man­da­ti­ons ont été for­mulées pour le déve­lo­p­pe­ment de l’ordonnance ECM. Qu’en pensez-vous? 

Ulrich Walt: Le Joint Net­work Secre­ta­ri­at der Euro­pean Union Agen­cy for Rail­ways ERA et le Ser­vice d’enquête suis­se sur les acci­dents SESA ont for­mulé des recom­man­da­ti­ons en lien avec l’accident sur­venu dans le tun­nel de base du Saint-Got­hard. Cel­les-ci ont déjà été inté­g­rées dans nos mesu­res de main­ten­an­ce et nos ser­vices ECM. Je con­sta­te tou­te­fois un cer­tain décala­ge dans l’évolution de la règle­men­ta­ti­on. Par exemp­le, la Con­fé­dé­ra­ti­on veut encou­ra­ger le fret fer­ro­vi­ai­re, notam­ment avec la révi­si­on tota­le de la loi sur le trans­port de mar­chan­di­ses. Dans le même temps, la com­pé­ti­ti­vi­té du fret fer­ro­vi­ai­re serait réduite par une responsa­bi­li­té accrue des déten­teurs. De tel­les dis­tor­si­ons désa­van­tagent les acteurs pri­vés du mar­ché tels que JMR car elles nous impo­sent des coûts supplémentaires.

Quels sont à vos yeux les points forts de notre association? 

Ulrich Walt: La VAP fait par­tie d’un réseau per­for­mant com­pren­ant d’autres asso­cia­ti­ons logis­ti­ques et acteurs du sec­teur fer­ro­vi­ai­re. Elle dis­po­se d’un vaste savoir-faire qui lui per­met de sou­te­nir ses mem­bres et d’agir ainsi sur les bons leviers, y com­pris lors d’interventions poli­ti­ques. Selon moi, la VAP a connu une pro­fes­si­on­na­li­sa­ti­on impres­si­on­nan­te au cours des trois der­niè­res décen­nies et elle repré­sen­te aujourd’hui une voix forte pour le sec­teur du fret ferroviaire.

Que sou­hai­tez-vous jus­tem­ent pour la VAP?

Ulrich Walt: D’après moi, deux cho­ses sont importan­tes pour les pro­chains mois et les pro­chai­nes années. Pre­miè­re­ment, j’espère que le pas­sa­ge de témo­in entre Frank Fur­rer et Simon Wey au sein de la direc­tion opé­ra­ti­on­nel­le sera une réus­si­te. La VAP pour­ra heu­reu­se­ment tou­jours comp­ter sur Mon­sieur Fur­rer car il a été élu au comi­té direc­teur lors de la der­niè­re assem­blée géné­ra­le. Cela per­met­tra de trans­mett­re son énor­me baga­ge de con­nais­sances et d’expériences et d’assurer la con­ti­nui­té. Simon Wey est un membre de l’association expé­ri­men­té et un excel­lent éco­no­mis­te. Dans cette con­fi­gu­ra­ti­on, il dev­rait pour­suiv­re la pro­fes­si­on­na­li­sa­ti­on évo­quée de l’association. Deu­xiè­me­ment, je sou­hai­te un bon départ à la toute nou­vel­le filia­le de la VAP, «Cargo Rail Con­sul­ting AG». Au cours des der­niè­res années, la deman­de de ser­vices de con­seil dans ce domaine n’a cessé de croît­re. Cette filia­le pour­ra cer­tai­ne­ment ren­forcer enco­re l’association.

À qui con­seil­le­riez-vous de col­la­bo­rer avec la VAP?

Domi­nik Suter: À tous les char­geurs et déten­teurs de wagons et, de maniè­re géné­ra­le, à tous ceux qui s’intéressent au fret fer­ro­vi­ai­re ou qui s’engagent en sa faveur en Suis­se ou en Euro­pe. Les char­geurs pro­fi­tent direc­te­ment, les loueurs de wagons indi­rec­te­ment, d’échanges fruc­tueux et d’informations à jour. En tant que membre, on se trouve pour ainsi dire à la source du savoir-faire autour du fret ferroviaire.

Com­ment voyez-vous l’avenir du fret fer­ro­vi­ai­re suisse? 

Ulrich Walt: Je con­sta­te deux ten­dan­ces oppo­sées. D’une part, en rai­son de la dés­in­dus­tria­li­sa­ti­on pro­gres­si­ve de la Suis­se, il y a de moins en moins de mar­chan­di­ses «adap­tées au rail» qui peu­vent être trans­por­tées sur le rail. D’autre part, la trans­for­ma­ti­on dura­ble d’innombrables sec­teurs place le rail au cent­re de l’attention en tant que mode de trans­port respec­tueux du cli­mat et alter­na­ti­ve valable à la route. Cer­tes, le fret fer­ro­vi­ai­re man­que de sou­ples­se, car beau­coup de cho­ses sont enco­re entre les mains de l’État. Néan­mo­ins, je con­sidè­re que son ave­nir est pro­met­teur. En effet, l’infrastructure, l’efficacité et les avan­ta­ges en ter­mes de dura­bi­li­té sont déjà là. Les cli­ents du fret fer­ro­vi­ai­re et le légis­la­teur l’ont tous deux reconnu.

Domi­nik Suter: Mal­gré le débat sur le cli­mat et la forte aug­men­ta­ti­on du nombre d’heures d’embouteillage sur les auto­rou­tes, nous con­sta­tons un trans­fert du rail vers la route. Cela s’explique notam­ment par les aug­men­ta­ti­ons de prix, l’insuffisance de cré­neaux pour le trans­port de mar­chan­di­ses et le man­que de pon­c­tua­li­té. Il est urgent de prend­re des mesu­res au niveau poli­tique. Et la VAP peut tran­quil­le­ment faire entendre davan­ta­ge sa voix ici.

Que nous reste-t-il enco­re à dire?

Ulrich Walt: Je suis heu­reux de tra­vail­ler pour la VAP en tant que CEO du grou­pe JMR. À mon nou­veau poste, le tra­vail de la VAP me con­cer­ne enco­re plus que chez mon anci­en employ­eur. Seu­le­ment, chez JMR, je vois les cho­ses d’un point de vue industriel.

Merci, Domi­nik Suter et Ulrich Walt, pour cet ent­re­ti­en inspirant.

 

Domi­nik Suter est pro­prié­tai­re de JOSEF MEYER Rail Group et pré­si­dent du con­seil d’administration. Il a plus de 25 ans d’expérience de direc­tion en tant que CEO, membre du con­seil d’administration et con­seil­ler, au cours des­quels il a fait évo­luer avec suc­cès de nombreu­ses ent­re­pri­ses, notam­ment des ent­re­pri­ses indus­tri­el­les inter­na­tio­na­les en Suis­se, en Alle­ma­gne et en Autri­che, y com­pris dans des situa­tions difficiles.

 

Ulrich Walt est, depuis le 1er sep­tembre 2024, direc­teur de JOSEF MEYER RAIL AG à Rhein­fel­den. Il met à con­tri­bu­ti­on 20 ans d’expérience à des pos­tes de direc­tion dans la logis­tique en Suis­se et à l’étranger. Il a notam­ment tra­vail­lé chez Allo­ga et Hol­cim Suis­se et, en der­nier lieu, il a été CEO du spé­cia­lis­te de la logis­tique et des ser­vices Fast­log. Ulrich Walt est éga­le­ment vice-pré­si­dent du comi­té direc­teur et pré­si­dent du comi­té de gérance de la VAP.

 

JOSEF MEYER Rail (JMR) est une ent­re­pri­se créée en 1888 à Lucer­ne. En 1943, elle a ouvert une suc­cur­sa­le à Rhein­fel­den, en Suis­se, pour la fabri­ca­ti­on de wagons de mar­chan­di­ses et de sous-ensem­bles sou­dés. Avec la libé­ra­li­sa­ti­on du sec­teur fer­ro­vi­ai­re dans les années 1990, l’entreprise a élar­gi son champ d’activité à la main­ten­an­ce des véhi­cu­les fer­ro­vi­ai­res. Aujourd’hui, JOSEF MEYER Rail Group est un expert de pre­mier plan en matiè­re de main­ten­an­ce et de moder­ni­sa­ti­on des wagons de mar­chan­di­ses, de répa­ra­ti­ons exi­ge­an­tes sur les voitures de voy­a­ge­urs et les loco­mo­ti­ves, ainsi que de fabri­ca­ti­on de sous-ensem­bles sou­dés com­ple­xes, de peti­tes séries et de véhi­cu­les spéciaux.

Session d’automne 2024: la politique des transports à l’ordre du jour

Session d’automne 2024: la politique des transports à l’ordre du jour

Lors de la ses­si­on d’automne, qui s’est déroulée du 9 au 27 sep­tembre 2024, le Par­le­ment a débat­tu de divers sujets rela­tifs à la poli­tique des trans­ports. La révi­si­on de la loi sur le trans­port de mar­chan­di­ses (LTM) a fait l’objet d’une atten­ti­on par­ti­cu­liè­re. Ce pro­jet de loi est en tota­le oppo­si­ti­on avec la démar­che soli­taire de CFF Cargo.

Les enjeux:

  • Infra­struc­tu­re fer­ro­vi­ai­re 2025–2028
  • Mise en garde de Rösti et Bur­kart cont­re des haus­ses de tarifs drastiques
  • Nou­vel­le injec­tion de fonds pour les CFF
  • Objec­tifs de trans­fert lors de l’aménagement des voies d’accès à la NLFA

 

Maintenir et développer l’infrastructure ferroviaire de 2025 à 2028

Le 23 sep­tembre 2024, le Con­seil natio­nal a trai­té en tant que pre­miè­re Chambre l’objet du Con­seil fédé­ral 24.045 «Finance­ment de l’exploitation et de la pré­ser­va­ti­on de la sub­s­tance de l’infrastructure fer­ro­vi­ai­re, des tâches du sys­tème dans ce domaine et des con­tri­bu­ti­ons aux inves­tis­se­ments dans les instal­la­ti­ons pri­vées de trans­port de mar­chan­di­ses pour les années 2025 à 2028». Le 15 mai 2024, le Con­seil fédé­ral avait pro­po­sé un pla­fond de dépen­ses de 16,442 mil­li­ards de francs au total pour les tâches à venir, soit envi­ron 2 mil­li­ards de plus par rap­port à la péri­ode précédente.

Avec ce pro­jet, le Con­seil fédé­ral fixe pour les années 2025 à 2028 les objec­tifs en matiè­re d’exploitation, de pré­ser­va­ti­on et de déve­lo­p­pe­ment tech­ni­que de l’infrastructure fer­ro­vi­ai­re finan­cée par la Con­fé­dé­ra­ti­on. Le finance­ment est assu­ré pour la troi­siè­me fois entiè­re­ment par le fonds d’infrastructure fer­ro­vi­ai­re (FIF). Le Con­seil natio­nal a approu­vé le cré­dit tout en rejetant une pro­po­si­ti­on mino­ri­taire visa­nt à aug­men­ter le cré­dit de 500 millions.

Par­al­lè­le­ment, le Con­seil fédé­ral a pro­po­sé de pro­lon­ger d’un an le cré­dit-cadre existant pour les con­tri­bu­ti­ons aux inves­tis­se­ments dans les instal­la­ti­ons pri­vées de trans­port de mar­chan­di­ses de 2021 à 2024. Ceci parce que la réa­li­sa­ti­on de grands pro­jets a pris du retard. Il pré­voit en outre un cré­dit d’engagement de 185 mil­li­ons de francs sur quat­re ans pour les con­tri­bu­ti­ons aux inves­tis­se­ments dans les instal­la­ti­ons de trans­bor­de­ment de mar­chan­di­ses en tra­fic com­bi­né (TC) et les voies de rac­cor­de­ment. Ce cré­dit doit per­mett­re de finan­cer la con­s­truc­tion, l’agrandissement et le renou­vel­le­ment des instal­la­ti­ons suivantes:

  • Instal­la­ti­ons de trans­bor­de­ment en TC et voies de rac­cor­de­ment en Suis­se cor­re­spond­ant au con­cept de fret fer­ro­vi­ai­re selon l’art. 3 LTM
  • Instal­la­ti­ons de trans­bor­de­ment en TC à l’étranger néces­saires pour att­eind­re l’objectif de trans­fert visé à l’art. 3 LTTM
  • Instal­la­ti­ons por­tuai­res pour le trans­bor­de­ment de mar­chan­di­ses en TC

 

Le Con­seil natio­nal a approu­vé la pro­po­si­ti­on du Con­seil fédé­ral par 194 voix cont­re 1. Le pro­jet a été trans­mis au Con­seil des États.

Développements controversés dans le débat sur le fret ferroviaire

Le 24 sep­tembre 2024, le Con­seil des États a été la pre­miè­re chambre à trai­ter la révi­si­on tota­le de la LTM. Nous avons rendu comp­te des déve­lo­p­pe­ments les plus récents dans notre artic­le de blog «Le débat sur le fret fer­ro­vi­ai­re suis­se men­ace de dérailler».

Avec cette révi­si­on, le légis­la­teur veut per­mett­re une plus gran­de con­cur­rence sur le rail, ren­forcer le tra­fic par wagons com­plets iso­lés et empê­cher les dis­cri­mi­na­ti­ons qui faus­sent le mar­ché. Il sou­hai­te moder­nis­er le sys­tème obsolè­te par l’automatisation et la digi­ta­li­sa­ti­on, con­tin­uer à sou­te­nir finan­ciè­re­ment la con­s­truc­tion et le renou­vel­le­ment des instal­la­ti­ons pri­vées de trans­port de mar­chan­di­ses et rem­bour­ser désor­mais la RPLP aux pay­eurs de fret sous forme de for­fait de transbordement.

Après des débats appro­fon­dis, le Con­seil des États a approu­vé le pro­jet par 35 voix cont­re 3 et 3 abstentions.

Cette décis­i­on s’inscrit dans le con­tex­te de l’état d’esprit actuel des cli­ents des socié­tés de fret fer­ro­vi­ai­re suis­ses. Depuis quel­ques semain­es, la filia­le des CFF, CFF Cargo, con­ster­ne les char­geurs avec des aug­men­ta­ti­ons de prix dis­pro­por­ti­onnées – pour une offre de pre­sta­ti­ons inchan­gée ou moins inté­res­san­te. Les con­sé­quen­ces de ce com­porte­ment con­tro­ver­sé sont fata­les. De nombreux char­geurs du sec­teur privé se voi­ent con­traints de retrans­fé­rer jusqu’à 10 % de leur volu­me de trans­port de mar­chan­di­ses vers la route, car le trans­port par rail n’est plus ren­ta­ble. De son côté, la filia­le CFF Cargo ne se mont­re pas dis­po­sée à dis­cu­ter du déve­lo­p­pe­ment d’alternatives. Ce com­porte­ment va à l’encontre des efforts déployés dans le cadre de la révi­si­on de la LTM et du con­sen­sus qui avait été con­venu entre les milieux poli­ti­ques, le sec­teur éco­no­mi­que et les chem­ins de fer nati­on­aux avant les débats par­le­men­tai­res. Dans son inter­ven­ti­on, le con­seil­ler aux États Thier­ry Bur­kart, PLR/AG, éga­le­ment pré­si­dent de l’ASTAG, a réaf­fir­mé que les CFF n’orientent pas seu­le­ment leur poli­tique de prix sur ce qui est peut-être néces­saire, mais aussi sur ce qui est pos­si­ble sur le mar­ché, afin d’éviter un retrans­fert vers la route mal­gré les sub­ven­ti­ons. Dans son inter­ven­ti­on, le con­seil­ler fédé­ral Rösti a lui aussi fait réfé­rence dans ce con­tex­te à trois élé­ments essentiels: les for­faits de char­ge­ment, l’augmentation de l’efficacité et les prix, qui dev­rai­ent être réunis en un opti­mum. Ces trois domain­es sont néces­saires pour assurer au final la ren­ta­bi­li­té et évi­ter les retrans­ferts. Sur la base des ent­re­ti­ens qu’il a eus avec des char­geurs importants, il pense qu’il est pos­si­ble d’apaiser plus ou moins la situa­ti­on et de trou­ver une solution.

Nouvelle injection de fonds pour les Chemins de fer fédéraux

Les 11 et 19 sep­tembre 2024, le Con­seil des États a dis­cu­té des modi­fi­ca­ti­ons de la loi fédé­ra­le sur les Chem­ins de fer fédé­raux (LCFF) pro­po­sées par le Con­seil fédé­ral, suivi en cela par le Con­seil natio­nal les 16 et 23 sep­tembre 2024. Après les der­niers débats, des diver­gen­ces sub­sis­taient à l’article 20 sur les instru­ments de finance­ment. Désor­mais, les CFF doi­vent pou­voir finan­cer des inves­tis­se­ments en dehors du domaine don­nant droit à l’indemnité du sec­teur Infra­struc­tu­re par des prêts portant inté­rêt et rem­bours­ables de la Tré­sore­rie fédé­ra­le, tant qu’ils respec­tent les objec­tifs défi­nis dans les objec­tifs stra­té­giques du Con­seil fédé­ral en matiè­re d’endettement net. Si le beso­in de finance­ment exter­ne des CFF pour ces inves­tis­se­ments dépas­se les objec­tifs d’endettement net défi­nis à l’al. 1, il doit être cou­vert par des sub­ven­ti­ons en capi­tal de la Con­fé­dé­ra­ti­on. Le Con­seil fédé­ral pro­po­se à l’Assemblée fédé­ra­le, dans le cadre de son bud­get, les subs­i­des en capi­tal nécessaires.

Le Con­seil des États est par­venu à la con­clu­si­on qu’il fall­ait rédui­re le sou­ti­en finan­cier aux CFF. Lors du deu­xiè­me tour de déli­bé­ra­ti­on mer­cre­di, il a approu­vé sans oppo­si­ti­on une réduc­tion à 850 mil­li­ons de francs et a ensuite des­ser­ré le frein aux dépen­ses. Mari­an­ne Maret (centre/VS), pré­si­den­te de la com­mis­si­on des trans­ports, a expli­qué que les CFF se sont remis plus rapi­de­ment de la crise, alors que la situa­ti­on finan­ciè­re de la Con­fé­dé­ra­ti­on se dété­rio­re. Le Con­seil natio­nal a suivi le Con­seil des États et a approu­vé la réduc­tion de la sub­ven­ti­on en capi­tal pour les CFF. Il a en outre éli­mi­né les diver­gen­ces con­cer­nant les prêts en approu­vant un pla­fon­ne­ment plus fle­xi­ble pour les prêts de trésorerie.

Les décis­i­ons des Cham­bres doi­vent être con­sidé­rées dans un con­tex­te plus large. Afin de réta­b­lir l’équilibre finan­cier de l’entreprise fédé­ra­le, le Con­seil natio­nal avait accep­té à la majo­ri­té, lors de la ses­si­on d’hiver 2023, d’octroyer aux CFF une sub­ven­ti­on uni­que en capi­tal à hauteur des per­tes du tra­fic gran­des lignes, soit 1,15 mil­li­ard de francs, afin de rédui­re la dette. La filia­le CFF Cargo, qui a déjà béné­fi­cié d’un important sou­ti­en finan­cier suite à la pan­dé­mie de Covid, pro­fi­te éga­le­ment de cette injec­tion de fonds. Elle est sur le point de con­clure un cont­rat de pre­sta­ti­ons pour indem­nis­er son tra­fic de réseau, qu’elle ne peut mani­fes­tem­ent pas gérer de maniè­re auto­no­me. En revan­che, les acteurs de l’économie pri­vée n’ont pas reçu de fonds Covid et ne dis­po­sent pas de res­sour­ces et de par­ti­ci­pa­ti­ons non néces­saires à l’exploitation pour ren­forcer leur capa­ci­té d’investissement.

Recherche d’un équilibre des objectifs de transfert lors de l’aménagement des voies d’accès à la NLFA

Les trois moti­ons 24.3389 «Faire avan­cer le pro­jet de ligne d’accès à la NLFA sur la rive gau­che du Rhin dans l’intérêt du trans­fert modal», 24.3390 «Sta­bi­li­sa­ti­on du trans­port com­bi­né sur l’axe nord-sud par la mise à dis­po­si­ti­on de voies tam­pons» et 24.3391 «Encou­ra­ge­ment du trans­fert vers des distances de trans­port moy­ennes» ont été sou­mi­ses au Con­seil des États le 24 sep­tembre 2024. La Com­mis­si­on des trans­ports et des télé­com­mu­ni­ca­ti­ons, qui a dépo­sé le texte, sou­hai­te ainsi opti­mi­ser les lignes d’accès à la NLFA.

Le Con­seil des États a adop­té les deux pre­miè­res moti­ons, mais a reje­té la troi­siè­me. Son adop­ti­on aurait impli­qué un man­dat de trans­fert modal éga­le­ment pour le tra­fic inté­ri­eur, ce que la Con­sti­tu­ti­on ne pré­voit pas.

En prin­ci­pe, nous som­mes favor­ables à un tracé effi­cace sur le cor­ri­dor nord-sud en ce qui con­cer­ne la sécu­ri­té de l’approvisionnement, les capa­ci­tés de con­tour­ne­ment en cas de pha­ses de travaux, la pon­c­tua­li­té et la qua­li­té du fret fer­ro­vi­ai­re. Le pré­si­dent de la VAP et con­seil­ler aux États Josef Ditt­li avait déjà expri­mé cette opi­ni­on lors de la ren­cont­re anni­ver­saire avec l’ancien con­seil­ler fédé­ral Adolf Ogi à l’automne 2021 (cf. artic­le de blog «25e anni­ver­saire du «Trai­té de Luga­no» – un regard sur l’avenir»).

Nous cri­ti­quons tou­te­fois la foca­li­sa­ti­on uni­la­té­ra­le des moti­ons sur le TC. Les respons­ables du trans­fert modal ratent ainsi l’occasion de pro­mou­voir d’autres for­mes de trans­port mul­ti­mo­dal par le biais du tra­fic par wagons com­plets iso­lés. Cela va clai­re­ment à l’encontre de la poli­tique com­mu­ne des États DACH (Alle­ma­gne-Autri­che-Suis­se) d’introduire rapi­de­ment le cou­pla­ge auto­ma­tique digi­tal DAC. Par ail­leurs, les moti­ons vont à l’encontre de la révi­si­on de la LTM (voir ci-des­sus), car elles pour­suivent des objec­tifs de poli­tique envi­ron­ne­men­ta­le et éner­gé­tique non seu­le­ment pour l’importation, l’exportation et le tra­fic inté­ri­eur, mais aussi pour le transit.

À la VAP, nous deman­dons que le Con­seil fédé­ral cla­ri­fie et pré­sen­te en plus, dans le pro­chain rap­port sur le trans­fert modal, le potentiel avec d’autres types de trans­port mul­ti­mo­dal. Un moni­to­ring de la qua­li­té doit éga­le­ment être intro­duit pour les trains de mar­chan­di­ses con­ven­ti­on­nels, comme cela exis­te depuis des années dans le TC. La distinc­tion entre le tra­fic com­bi­né et le trans­port con­ven­ti­on­nel doit être sup­p­ri­mée. La LTM intro­duit une sub­ven­ti­on du tra­fic d’importation, d’exportation et du tra­fic inté­ri­eur. En revan­che, en ce qui con­cer­ne le tran­sit, seul le trans­port com­bi­né non accom­pa­gné (TCNA) doit con­tin­uer à béné­fi­ci­er d’un sou­ti­en finan­cier. Nous esti­mons que cette posi­ti­on n’est pas com­pa­ti­ble avec les objec­tifs de la LTM. En effet, le man­dat con­sti­tu­ti­on­nel dans la loi sur le trans­fert du tra­fic mar­chan­di­ses (LTTM) défi­nit le trans­fert du tra­fic en tran­sit comme le trans­fert vers le rail et non vers le TCNA. Seul l’article 8 de la LTTM intro­duit la men­ti­on «en pre­mier lieu» pour la pro­mo­ti­on du TCNA, au détri­ment, il faut le noter, des aut­res solu­ti­ons logis­ti­ques mul­ti­mo­da­les avec une part de rail (voir encadré).

Art. 8 LTTM Pro­mo­ti­on du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses (teneur selon le ch. I de la LF du 16 juin 2023, en vigueur depuis le 1er jan­vier 2024)

1 Afin que l’objectif du trans­fert soit att­eint, la Con­fé­dé­ra­ti­on peut adop­ter des mesu­res de pro­mo­ti­on. Elle encou­ra­ge­ra en pre­mier lieu le trans­port com­bi­né non accom­pa­gné sur gran­des distances. Ces mesu­res ne doi­vent pas avoir d’effets dis­cri­mi­na­toires sur les ent­re­pri­ses suis­ses ou étran­gè­res pra­ti­quant le trans­port de marchandises.

2 Dans le trans­port com­bi­né non accom­pa­gné, le mon­tant moyen des indem­ni­tés accor­dées par envoi trans­por­té doit dimi­n­uer chaque année.

3 Le trans­port com­bi­né accom­pa­gné (chaus­sée rou­lan­te) peut être encou­ra­gé jusqu’à la fin de 2028.

4 L’année qui suit la ces­sa­ti­on de l’exploitation de la chaus­sée rou­lan­te, la Con­fé­dé­ra­ti­on peut par­ti­ci­per aux frais de liqui­da­ti­on de l’exploitant.

 

 

«Le transfert du trafic passe par la détermination de l’équipe dirigeante au plus haut niveau.»

«Le transfert du trafic passe par la détermination de l’équipe dirigeante au plus haut niveau.»

Le grou­pe Coop s’est enga­gé à rédui­re ses émis­si­ons de CO2. Un élé­ment cen­tral de cette stra­té­gie est le trans­fert du tra­fic sur le rail. Dani­el Hin­ter­mann, chef de la Direc­tion Logis­tique du grou­pe Coop, expli­que dans un ent­re­ti­en avec la VAP com­ment le grou­pe de com­mer­ce de détail et de gros par­vi­ent à réa­li­ser cela et quels sont les défis à rele­ver dans ce contexte.

 

VAP: Mon­sieur Hin­ter­mann, com­ment le grou­pe Coop est-il par­venu à trans­fé­rer deux tiers de la part du trans­port entre les cen­tra­les de dis­tri­bu­ti­on sur le rail? 

Dani­el Hin­ter­mann: C’est un pro­ces­sus qui a duré plu­s­ieurs années et qui a été lancé en 2010 par la décis­i­on de rache­ter une ent­re­pri­se de fret fer­ro­vi­ai­re. Nous avons ainsi repris la socié­té Rail­ca­re AG en tant que filia­le à 100 %. Nous avons inté­g­ré la peti­te ent­re­pri­se de trans­port fer­ro­vi­ai­re dans l’univers logis­tique de Coop étape par étape. Aujourd’hui, Rail­ca­re fait par­tie inté­gran­te de la chaî­ne de trans­port qui des­sert l’ensemble de notre grou­pe. Elle nous per­met de con­tin­uer à aug­men­ter la part du trans­port ferroviaire.

Com­ment se fait-il que le grou­pe Coop devi­en­ne pro­prié­tai­re de sa pro­pre ent­re­pri­se de trans­port ferroviaire?

En 2008, Coop a mis au point sa visi­on de la neu­tra­li­té car­bo­ne et sa stra­té­gie de cen­tra­li­sa­ti­on de la logis­tique et de la pro­duc­tion. Pour att­eind­re les objec­tifs fixés, nous avons cher­ché de nou­vel­les appro­ches en matiè­re de logis­tique de trans­port. Le con­cept sur lequel repo­sait Rail­ca­re à l’époque cor­re­spon­dait à ces approches.

Quel­le part de trans­port fer­ro­vi­ai­re vous pro­po­sez-vous d’atteindre?

Nous pou­vons ima­gi­ner faire pas­ser la part du rail dans le tra­fic de liv­rai­son suis­se – c’est-à-dire les acti­vi­tés en aval – des 40 % actuels à 50 %. Pour le tra­fic en amont en pro­ven­an­ce d’Europe et de Suis­se, nous voy­ons un potentiel simi­lai­re. Pour att­eind­re ces objec­tifs, nous devons nous enga­ger dans un pro­ces­sus de trans­fert exi­geant qui durera plu­s­ieurs années.

Que con­seil­lez-vous aux aut­res ent­re­pri­ses qui sou­hai­tent trans­fé­rer le trans­port de la route sur le rail? 

À mon avis, il faut que l’équipe diri­ge­an­te au plus haut niveau soit déter­mi­née à trans­fé­rer acti­ve­ment le trans­port. Cela passe par un haut degré de stan­dar­di­s­a­ti­on de l’équipement ainsi que par une étroi­te inter­con­ne­xi­on des pro­ces­sus entre le char­geur et l’entreprise ferroviaire.

Com­ment se pré­sen­te la col­la­bo­ra­ti­on entre le grou­pe Coop et la VAP? 

Cela fait de nombreu­ses années que Coop est membre de la VAP. Nous avons pu comp­ter à plu­s­ieurs repri­ses sur le sou­ti­en pro­fes­si­on­nel de la VAP, notam­ment pour ce qui est des sys­tè­mes con­trac­tuels, des sui­vis de pro­jet ou des recom­man­da­ti­ons tech­ni­ques en matiè­re de voies de raccordement.

Quels sont à vos yeux les points forts de la VAP? 

Parmi les prin­ci­paux atouts de la VAP, il y a ses con­nais­sances sur la maniè­re de con­ce­voir des cont­rats judi­cieux et sur les règle­ments en vigueur. Nous appré­ci­ons le fait que les respons­ables soi­ent joi­gn­ables à tout moment et faci­le­ment, qu’ils aient une appro­che prag­ma­tique et pro­po­sent des solu­ti­ons pra­ti­ques et réalisables.

Com­ment décr­i­riez-vous la VAP? 

Pour le grou­pe Coop en tant que char­geur, la VAP est une pla­te­for­me de con­nais­sances cru­cia­le sur le trans­port fer­ro­vi­ai­re de marchandises. 

À qui con­seil­le­riez-vous de col­la­bo­rer avec la VAP? 

À tous les char­geurs qui trans­portent ou sou­hai­tent dans l’avenir trans­por­ter des mar­chan­di­ses par le train.

Où voyez-vous le beso­in le plus urgent d’agir dans le trans­port fer­ro­vi­ai­re de marchandises? 

Dans la digi­ta­li­sa­ti­on de l’ensemble de la chaî­ne de trans­port. Il est urgent d’automatiser le der­nier kilo­mèt­re et le tra­fic de manœuvre. 

Que sou­hai­tez-vous pour l’avenir du fret fer­ro­vi­ai­re suisse? 

Je sou­hai­te que le fret fer­ro­vi­ai­re devi­en­ne dura­blem­ent com­pé­ti­tif. Pour ce faire, il doit mett­re suf­fi­sam­ment de sil­lons à la dis­po­si­ti­on des ent­re­pri­ses de trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses. Enfin, j’aimerais voir davan­ta­ge d’énergie dans les chan­ge­ments de pro­ces­sus, par exemp­le quand il s’agit de modi­fier les flux de trafic.

Qu’est-ce qui n’a pas enco­re été dit? 

Nous con­sta­tons une ten­dance à la sur­rè­gle­men­ta­ti­on et à la tech­no­cra­tie dans le fret fer­ro­vi­ai­re. Cela ne rend les ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re ni plus sûres, ni plus com­pé­ti­ti­ves. Les acteurs con­cer­nés dev­rai­ent unir leurs forces pour lut­ter cont­re cette évolution.

 

Merci, Mon­sieur Hin­ter­mann, pour cet ent­re­ti­en intéressant.

 

Dani­el Hin­ter­mann est depuis 2017 chef de la Direc­tion Logis­tique et membre de la direc­tion du grou­pe Coop. Sa longue car­ri­è­re chez Coop a com­men­cé en 2001 chez Inter­dis­count, où il est devenu en 2010 chef de la région logis­tique Suis­se du Nord-Ouest. Licen­cié en ges­ti­on d’entreprise, il a fait ses pre­miè­res expé­ri­en­ces dans le domaine du con­seil en entreprise.

Le grou­pe Coop est la plus gran­de ent­re­pri­se de com­mer­ce de détail et de gros de Suis­se. Il emploie 94 790 salarié·e·s – dont 3417 apprenti·e·s – et pos­sè­de 2633 points de vente ou magasins en Suis­se et en Euro­pe. Son pre­mier pilier est le com­mer­ce de détail avec les superm­ar­chés Coop et de nombreux for­mats spé­cia­li­sés en Suis­se, le second étant le com­mer­ce inter­na­tio­nal de gros et la production.