CONCURRENCE DANS LE FRET FERROVIAIRE

À la VAP, nous nous enga­ge­ons pour un sys­tème de trans­port de mar­chan­di­ses équi­ta­ble et com­pé­ti­tif. La con­cur­rence est un élé­ment clé de l’é­co­no­mie de marché.

La concurrence dans le fret ferroviaire…

..ren­force sa com­pé­ti­ti­vi­té et sa capa­ci­té d’innovation.

..met les chan­ces à éga­li­té pour tous les acteurs du mar­ché, qu’il s’a­gis­se d’entre­pri­ses publi­ques ou privées.

 

Le transport de fret ferroviaire repose encore sur un système vieux de plus de 100 ans, caractérisé par un travail manuel lourd et l’absence de digitalisation.
Au cours des 175 dernières années, il n’y a eu qu’une seule innovation: l’électrification.
La compétitivité a baissé en conséquence.
En parallèle, d’autres secteurs ont fait de grands progrès grâce à la concurrence et à la digitalisation.
C’est pourquoi nous nous engageons pour un système de transport de marchandises équitable et compétitif.
> Voir la vidéo
 
Objectifs du développement du fret ferroviaire

En ren­for­çant la con­cur­rence dans le trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses, nous atteignons:

  • Inno­va­ti­on: nou­veaux modè­les com­mer­ciaux et opti­mi­sa­ti­on des processus
  • Effi­ca­ci­té et effi­ci­ence: les capa­ci­tés et l’at­trac­ti­vi­té augmentent.
  • Qua­li­té et fle­xi­bi­li­té: con­ser­ver les cli­ents existants et en gagner de nouveaux.

 

Boîte à idées

Nous allons ras­sem­bler ces idées et pré­sen­ter les plus pro­met­teu­ses dans une news­let­ter spéciale.

Subventionnement du trafic par wagon isolé: Empêcher la distorsion de la concurrence et la discrimination

Subventionnement du trafic par wagon isolé: Empêcher la distorsion de la concurrence et la discrimination

Nous pre­nons posi­ti­on sur le pro­jet de con­sul­ta­ti­on du Con­seil fédé­ral inti­tulé «Per­fec­tion­ne­ment des con­di­ti­ons-cad­res du trans­port de mar­chan­di­ses en Suis­se». Nous sou­met­tons les pro­po­si­ti­ons à une éva­lua­ti­on cri­tique du point de vue des cli­ents du fret fer­ro­vi­ai­re et démon­trons qu’il est néces­saire que le tra­fic con­ven­ti­on­nel accè­de à une auto­no­mie juridique.

Un oui à variante 1 assorti de réserves

Dans la vari­an­te 1, le Con­seil fédé­ral envi­sa­ge de digi­ta­li­ser le trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses au moyen du cou­pla­ge auto­ma­tique digi­tal (DAC). Il posi­ti­onne ainsi le mode de trans­port «rail» en tant qu’élément de la logis­tique mul­ti­mo­da­le, pré­voy­ant des mesu­res d’accompagnement dans le domaine de l’aménagement du ter­ri­toire, des aides à l’investissement et des inci­ta­ti­ons pour le trans­bor­de­ment et le char­ge­ment de natu­re à atté­nuer les coûts sup­p­lé­men­tai­res de la rup­tu­re de char­ge entre le rail et les aut­res modes de trans­port. Le Con­seil fédé­ral a l’intention d’indemniser les coûts du tra­fic con­ven­ti­on­nel non cou­verts jusqu’à la mise en œuvre de l’automatisation. Sur le fond, nous nous féli­ci­tons de l’orientation de la vari­an­te 1, mais nous avons des réser­ves et con­sta­tons un beso­in de modi­fi­ca­ti­on essentiel.

Rendre autonome du premier et du dernier kilomètre subventionné

Nous vou­lons et devons rend­re le tra­fic con­ven­ti­on­nel plus apte à affron­ter l’avenir. Pour ce faire, il faut repen­ser l’ensemble des pro­ces­sus, instru­ments d’incitation, méca­nis­me de mar­ché et inter­faces au sein de la logis­tique de fret mul­ti­mo­da­le. L’objectif doit être un sys­tème finan­ciè­re­ment auto­no­me qui ne dis­cri­mi­ne aucu­ne ent­re­pri­se de fret fer­ro­vi­ai­re et qui soit à la dis­po­si­ti­on des char­geurs de maniè­re fia­ble[1]. En atten­dant la mise en œuvre de ce nou­veau con­cept, nous don­nons notre accord au ver­se­ment d’aides finan­ciè­res au tra­fic de réseau de CFF Cargo. Ces aides finan­ciè­res sont basées sur des inci­ta­ti­ons liées aux résul­tats, neu­tres en ter­mes de con­cur­rence et non dis­cri­mi­na­toires ainsi que sur l’accession à l’autonomie juri­di­que du pre­mier et du der­nier kilo­mèt­re au sein d’une socié­té auto­no­me des CFF. Ce n’est qu’ainsi que l’on pour­ra con­tin­uer à garan­tir la sécu­ri­té de l’approvisionnement de la Suis­se et la via­bi­li­té du rail dans l’avenir.

Empêcher la distorsion de la concurrence et la discrimination

En trans­fé­rant à CFF Cargo la responsa­bi­li­té du tra­fic con­ven­ti­on­nel, le Con­seil fédé­ral crée un mono­po­le sur quel­que 70 % du volu­me du fret. En effet, CFF Cargo est aussi le prin­ci­pal four­nis­seur de tra­fic par trains entiers et de tra­fic com­bi­né. La com­bi­nai­son de ces inté­rêts ris­que de se tra­dui­re d’une part par la dis­cri­mi­na­ti­on des cli­ents du tra­fic con­ven­ti­on­nel et du tra­fic par trains entiers, mais d’autre part éga­le­ment par des dis­tor­si­ons de la con­cur­rence vis-à-vis d’autres four­nis­seurs de tra­fic par trains entiers et du tra­fic com­bi­né – et ce indé­pen­dam­ment du ver­se­ment d’indemnités au tra­fic con­ven­ti­on­nel. Celui-ci est con­sti­tué par la des­ser­te sur tout le ter­ri­toire des instal­la­ti­ons de trans­bor­de­ment et de char­ge­ment et doit donc accé­der à l’autonomie juri­di­que. Étant donné que les pre­sta­ti­ons et res­sour­ces cor­re­spond­an­tes sont d’ores et déjà regrou­pées au sein d’une unité d’organisation auto­no­me, la trans­for­ma­ti­on exi­ge­rait des efforts limi­tés. Le Con­seil fédé­ral dev­rait tou­te­fois pré­cis­er l’art. 9a al. 7 de la loi sur le trans­port de mar­chan­di­ses (LTM).

Surveiller de manière systématique le nouvel opérateur de système

Dans la phase limi­tée dans le temps des indem­ni­tés publi­ques, mais aussi ulté­ri­eu­re­ment, l’opérateur de sys­tème devra faire l’objet d’un moni­to­rage sys­té­ma­tique dans le domaine des pre­sta­ti­ons, de la qua­li­té, de la pro­duc­ti­vi­té et des coûts. Ce faisant, il con­vi­en­dra de veil­ler à une sup­pres­si­on rapi­de de l’aide finan­ciè­re et à une moder­ni­sa­ti­on du modè­le com­mer­cial de CFF Cargo, qui pré­vi­en­dront les dis­cri­mi­na­ti­ons et assur­e­ront dura­blem­ent un tra­fic con­ven­ti­on­nel flui­de sur l’ensemble du ter­ri­toire. Ce der­nier aspect sera notam­ment garan­ti par un moni­to­rage ciblé du déve­lo­p­pe­ment des quan­ti­tés et de la struc­tu­re de la cli­entèle. Ce moni­to­rage néces­si­te l’ajout d’un com­plé­ment à l’art. 9a LTM.

Vous trou­verez des infor­ma­ti­ons com­plé­men­tai­res et des avis sup­p­lé­men­tai­res dans notre répon­se à la con­sul­ta­ti­on «Per­fec­tion­ne­ment des con­di­ti­ons-cad­res du trans­port de mar­chan­di­ses en Suis­se».


[1] Cf. vidéo «Le fret fer­ro­vi­ai­re du futur»: www.cargorail.ch/#video

Externaliser le dernier kilomètre et l’organiser de manière non discriminatoire

Externaliser le dernier kilomètre et l’organiser de manière non discriminatoire

Pour les opé­ra­teurs de fret fer­ro­vi­ai­re, il est décisif d’accéder libre­ment au der­nier kilo­mèt­re. Cela est actu­el­le­ment ordon­né par la loi. Nous som­mes pour notre part d’avis que plu­tôt que d’être ordon­né, cela dev­rait être rendu pos­si­ble. Pour ce faire, le der­nier kilo­mèt­re dev­rait être extrait de CFF Cargo et placé sous la responsa­bi­li­té d’une ins­tance indé­pen­dan­te. Car au fond, on a beso­in de con­di­ti­ons-cad­res que l’on peut résu­mer à une noti­on: l’économie de marché.

L’enjeu:

  • pour­quoi l’accès libre au der­nier kilo­mèt­re est important
  • Empê­cher la dis­cri­mi­na­ti­on plu­tôt que lut­ter contre
  • Redis­tri­buer les forces et les regrou­per autrement

 

L’importance du dernier kilomètre

Le par­cours du der­nier kilo­mèt­re (fret de pro­xi­mi­té) est entre les seu­les mains d’un presta­tai­re local ou régio­nal. L’accès non dis­cri­mi­na­toire au der­nier kilo­mèt­re déter­mi­ne donc si une offre est com­pé­ti­ti­ve ou non dans le par­cours prin­ci­pal. Qui­con­que four­nit des pre­sta­ti­ons de fret de pro­xi­mi­té par rail est tenu de les réa­li­ser de maniè­re non dis­cri­mi­na­toire. C’est ce que sti­pu­le l’art. 6a de l’ordonnance sur le trans­port de mar­chan­di­ses (cf. encadré).

Artic­le 6a de l’ordonnance sur le trans­port de mar­chan­di­ses (OTM)

L’ensemble des ent­re­pri­ses qui four­nis­sent des pre­sta­ti­ons (par­ti­el­les) sur le der­nier kilo­mèt­re doi­vent octroy­er un accès non dis­cri­mi­na­toire à leurs pre­sta­ti­ons dans le fret de pro­xi­mi­té par rail. Cela signi­fie qu’elles doi­vent aussi four­nir leurs pre­sta­ti­ons à des tiers, si tant est qu’il exis­te des capa­ci­tés pour ce faire. Outre les opé­ra­teurs de fret fer­ro­vi­ai­re, cette obli­ga­ti­on con­cer­ne les opé­ra­teurs de voies de rac­cor­de­ment pos­sé­dant leur pro­pre maté­ri­el rou­lant et leur pro­pre per­son­nel, les ent­re­pri­ses de loca­ti­ons de ser­vices spé­cia­li­sées et les presta­tai­res de ser­vices de manœu­vre. Sont con­sidé­rées comme pre­sta­ti­ons de ser­vices sur le der­nier kilo­mèt­re les manœu­vres et aut­res pre­sta­ti­ons liées au fret de pro­xi­mi­té comme p. ex. les con­trô­les tech­ni­ques ou les essais de frein.

> Infor­ma­ti­ons com­plé­men­tai­res de la RailCom

 

Empêcher la discrimination plutôt que lutter contre

L’art. 6a OTM s’appuie sur des pre­scrip­ti­ons, con­trô­les du mar­ché et moy­ens juri­di­ques. Il serait néan­mo­ins plus judi­cieux d’empêcher la dis­cri­mi­na­ti­on en faisant en sorte qu’un seul four­nis­seur assu­re le ser­vice du premier/dernier kilo­mèt­re. Celui-ci est dans l’idéal l’exploitant d’infrastructure qui ne four­nit à part cela aucu­ne pre­sta­ti­on de transport.

Dans un con­tex­te d’économie de mar­ché, l’accès du fret fer­ro­vi­ai­re aux voies de rac­cor­de­ment, instal­la­ti­ons de manœu­vre, voies de débord ou ter­minaux locaux ou cen­tra­li­sés est règle­men­té de maniè­re non dis­cri­mi­na­toire. La responsa­bi­li­té de l’attribution des sil­lons et de l’exploitation des infra­struc­tures per­ti­nen­tes pour le sys­tème est assu­mée par des insti­tu­ti­ons indé­pen­dan­tes. Or il n’existe pas de maî­tri­se de sys­tème assu­ré par un seul grand opé­ra­teur – comme c’est actu­el­le­ment le cas pour CFF Cargo. Les limi­tes entre les tra­fics par wagons iso­lés et par trains entiers sont sup­p­ri­mées, le ser­vice du der­nier kilo­mèt­re est exploi­té par un opé­ra­teur d’infrastructure.

Réorganisation des forces

Afin d’atteindre l’état idéal décrit plus haut, il faut redis­tri­buer les rôles et regrou­per les forces. Une telle réor­ga­ni­sa­ti­on ne fon­c­tion­ne que si l’on crée les con­di­ti­ons-cad­res suivantes:

  • CFF Cargo con­ser­ve dans un pre­mier temps son rôle de four­nis­seur de réseau. Il est responsable de la pla­ni­fi­ca­ti­on des trans­ports sur le réseau et assu­re un regrou­pe­ment effi­ci­ent des trans­ports com­pren­ant des wagons iso­lés ou des grou­pes de wagons. Pour la réa­li­sa­ti­on des pre­sta­ti­ons, il se limi­te aux par­cours de trans­port prin­ci­paux entre les gares de for­ma­ti­on et de tria­ge, si tant que ces par­cours ne sont pas assu­rés par des tiers.
  • L’ensemble de l’infrastructure fer­ro­vi­ai­re telle que le réseau, les ter­minaux du tra­fic com­bi­né et les instal­la­ti­ons de tria­ge loca­les sont libre­ment acces­si­bles aux opé­ra­teurs de fret ferroviaire.
  • Le ser­vice du premier/dernier kilo­mèt­re est pour tous les opé­ra­teurs de fret fer­ro­vi­ai­re un ser­vice non dis­cri­mi­na­toire des explo­itants d’infrastructures. Ceux-ci ont à leur dis­po­si­ti­on les res­sour­ces de CFF Cargo per­ti­nen­tes pour le sys­tème tel­les que les véhi­cu­les moteurs, équipes de tria­ge, voies et gares de tria­ge, pre­sta­ti­ons de manœu­vre ou dépla­ce­ments inter­nes à l’entreprise.
  • Cela débou­che sur une con­cur­rence entre les acteurs ainsi que sur la trans­pa­rence des frais.

Pour en savoir plus, lisez notre publi­ca­ti­on «Von der inte­grier­ten zur markt­wirt­schaft­li­chen Bahn» (Des chem­ins de fer inté­g­rés aux chem­ins de fer de l’économie de marché).

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«Qui manque de courage a perdu d’emblée.»

«Qui manque de courage a perdu d’emblée.»

Le Dr Heiko Fischer est pré­si­dent de l’International Union of Wagon Kee­pers UIP. Dans son ent­re­ti­en avec la VAP, l’ancien PDG de VTG parle de l’avenir du fret fer­ro­vi­ai­re euro­pé­en et de la trans­for­ma­ti­on numé­ri­que du sec­teur fer­ro­vi­ai­re. Il sou­hai­te que ce sec­teur sus­ci­te davan­ta­ge d’enthousiasme et expli­que pour­quoi il con­sidè­re comme fatal l’abandon du tra­fic par wagons com­plets iso­lés en Suisse.

 

Monsieur le Dr Fischer, quels sont à votre avis les principaux défis et outils de régulation concernant le marché ferroviaire?

Ils sont nombreux. L’infrastructure fer­ro­vi­ai­re est obsolè­te ou est deve­nue en de nombreux end­roits un patch­work au fil du temps. Il y a enco­re des fron­tiè­res entre les sous-sys­tè­mes. Chaque année d’inaction aggra­ve le pro­blè­me, car le vieil­lis­se­ment du sys­tème se pour­su­it. C’est à cet égard que je vois un outil de régu­la­ti­on: dans la coor­di­na­ti­on en Euro­pe cen­tra­le des plans d’aménagement, des itin­é­rai­res de déles­ta­ge et des mesu­res de con­s­truc­tion cor­re­spond­an­tes. Effec­ti­ve­ment, les réseaux trans­eu­ro­pé­ens sui­vent cette appro­che inté­gra­ti­ve. Mais les lignes second­ai­res et les réseaux de dis­tri­bu­ti­on fine ne doi­vent pas être mis de côté lorsqu’il s’agit des allo­ca­ti­ons d’investissements, de la pla­ni­fi­ca­ti­on de l’aménagement et des réno­va­tions, des sys­tè­mes de com­man­de des trains ainsi que de la règlementation.

Un autre instru­ment de régu­la­ti­on est à mes yeux la digi­ta­li­sa­ti­on inté­gra­le du sec­teur fer­ro­vi­ai­re, de la mise en réseau de l’infrastructure à l’exploitation opé­ra­ti­on­nel­le en pas­sant par le maté­ri­el rou­lant. Il dev­rait à cet égard y avoir une logi­que uni­fiée avec des inter­faces cor­re­spond­an­tes. On pour­ra ensuite réa­li­ser une élec­tri­fi­ca­ti­on mesu­rée et ciblée. Les lignes peu sol­li­ci­tées pour­rai­ent aussi être opé­rées par des loco­mo­ti­ves hybri­des à hydrogène.

«Pour cer­tai­nes urgen­ces, le fret fer­ro­vi­ai­re est tri­bu­tai­re des fonds publics, par exemp­le pour la digi­ta­li­sa­ti­on de base, le déve­lo­p­pe­ment de l’infrastructure, l’électrification, la mise en œuvre du cou­pla­ge auto­ma­tique digi­tal DAC et d’autres inno­va­tions dis­rup­ti­ves ayant un carac­tère urgent. »

Le capi­tal dis­po­nible est lui aussi un point clé. Le mar­ché fer­ro­vi­ai­re n’a pas seu­le­ment beso­in de suf­fi­sam­ment de capi­taux pri­vés. Pour cer­tai­nes urgen­ces, il est tri­bu­tai­re des fonds publics, par exemp­le pour la digi­ta­li­sa­ti­on de base, le déve­lo­p­pe­ment de l’infrastructure, l’électrification, la mise en œuvre du cou­pla­ge auto­ma­tique digi­tal DAC et d’autres inno­va­tions dis­rup­ti­ves ayant un carac­tère urgent. Ces inves­tis­se­ments dépas­sent les forces finan­ciè­res du sec­teur privé et de la plu­part des ent­re­pri­ses de chem­ins de fer publi­ques. Enfin, per­son­ne ne sou­hai­te inves­tir dans des tech­no­lo­gies qui ne por­te­ront leurs fruits qu’à la décen­nie sui­van­te, et ce peut-être même chez d’autres acteurs du sys­tème fer­ro­vi­ai­re. Cela m’amène à abor­der un autre outil de régu­la­ti­on: il faut aussi que les gou­ver­ne­ments, régu­la­teurs et poli­ti­ci­ens aient une com­pré­hen­si­on éco­no­mi­que pro­fon­de des méca­nis­mes de fon­c­tion­ne­ment du fret fer­ro­vi­ai­re. Cela passe par un chan­ge­ment de men­ta­li­té de tous les acteurs du système.

Dans quelle mesure?

Le sec­teur fer­ro­vi­ai­re n’est pas pré­cis­é­ment renom­mé pour pen­ser de maniè­re proac­ti­ve ni pour mett­re en place les nou­veau­tés rapi­de­ment. Beau­coup se con­sidè­rent comme des vic­ti­mes, que ce soit du passé, de mau­vai­ses décis­i­ons, de la route, de la météo ou d’autre chose enco­re. À mon avis, cela doit abso­lu­ment chan­ger. Après tout, nous ne fai­sons pas cir­cu­ler des trains de mar­chan­di­ses pour notre plai­sir, mais dans le but de géné­rer une valeur ajou­tée pour les char­geurs et pour notre coll­ec­ti­vi­té. Les acteurs du fret fer­ro­vi­ai­re doi­vent repla­cer le cli­ent au cent­re de leurs pré­oc­cu­pa­ti­ons et prend­re aujourd’hui en comp­te ses beso­ins futurs. Pour que la muta­ti­on qui s’impose puis­se réel­le­ment avoir lieu, il faut que se déve­lo­p­pent une men­ta­li­té de chan­ge­ment, une atti­tu­de du «can do».

Quelles innovations avez-vous fait avancer au cours des dernières années chez VTG, et lesquelles étaient révolutionnaires? 

Spon­ta­né­ment, il me vient à l’esprit VTG Con­nect. Cette tech­no­lo­gie télé­ma­tique coll­ec­te les don­nées per­ti­nen­tes de l’ensemble de la flot­te et de nombreux trans­ports. Elle crée la base d’une ges­ti­on numé­ri­que effi­cace de la flot­te, car elle rend les don­nées uti­li­sables pour les cli­ents et les ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re et à des fins de main­ten­an­ce. Avec cette inno­va­ti­on, nous avons pour ainsi dire mis sur les rails le pas­sa­ge à la trans­mis­si­on de don­nées en temps réel dans le fret, à l’instar de ce que vise le DAC.

Quelle importance voyez-vous pour le DAC dans l’avenir?

Le DAC est un cata­ly­seur de la trans­for­ma­ti­on numé­ri­que du sec­teur fer­ro­vi­ai­re. Il per­met de repro­dui­re une nou­vel­le logi­que de com­man­de et des flux de don­nées en temps réel. Aujourd’hui, nous en som­mes enco­re bien loin. Le DAC fait plus qu’automatiser le pro­ces­sus de cou­pla­ge. Il met en réseau le con­duc­teur de loco­mo­ti­ve, le char­ge­ment, les sup­ports de char­ge­ment et l’énergie, c’est-à-dire l’électricité. Com­bi­né avec les nou­vel­les tech­no­lo­gies numé­ri­ques, le potentiel qui en résul­te est immense. Le DAC n’est pas seu­le­ment un sys­tème intel­li­gent de com­man­de des trains et des char­ge­ments, il rend éga­le­ment pos­si­ble d’autres offen­si­ves de digi­ta­li­sa­ti­on, comme par exemp­le les pla­te­for­mes numé­ri­ques de don­nées, de com­man­de des trains et de réservation.

«Il y aura cer­tai­ne­ment plu­s­ieurs pla­te­for­mes, car chaque ent­re­pri­se con­tin­uera à coll­ec­ter des infor­ma­ti­ons qu’elle ne peut ou ne doit pas par­ta­ger. Une ou même plu­s­ieurs de ces pla­te­for­mes s’avèreront jouer le rôle de plaques tour­nan­tes cen­tra­les qui gère­ront l’exploitation fer­ro­vi­ai­re opérationnelle.»

Quel rôle joueront celles-ci dans l’avenir?

Il y aura cer­tai­ne­ment plu­s­ieurs pla­te­for­mes, car chaque ent­re­pri­se con­tin­uera à coll­ec­ter des infor­ma­ti­ons qu’elle ne peut ou ne doit pas par­ta­ger. Une ou même plu­s­ieurs de ces pla­te­for­mes s’avèreront jouer le rôle de plaques tour­nan­tes cen­tra­les qui gère­ront l’exploitation fer­ro­vi­ai­re opé­ra­ti­on­nel­le. En tant que tel­les, elles four­niront aux acteurs du fret des infor­ma­ti­ons fia­bles qui per­mettront de rédui­re les distances entre les trains, de cal­cu­ler les cré­neaux horai­res et de mett­re sur le rail davan­ta­ge de ton­na­ge par unité de temps. Un sys­tème élec­tro­ni­que de ges­ti­on du trans­port de mar­chan­di­ses à l’échelle euro­pé­en­ne ne doit pas pro­ve­nir d’un géant de la tech­no­lo­gie du genre de Goog­le, mais dev­rait se déve­lo­p­per à par­tir du sec­teur fer­ro­vi­ai­re lui-même. Nous démon­tre­rons ainsi que nous avons une capa­ci­té d’innovation supé­ri­eu­re à celle des aut­res modes de transport.

Peut-être y aura-t-il même dans l’avenir une ins­tance supé­ri­eu­re du type d’Eurocontrol, qui assu­re la coor­di­na­ti­on cen­tra­le du con­trô­le du tra­fic aéri­en. Un cock­pit de ce genre pour­rait com­man­der le trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses à l’échelle de l’Europe, don­ner cer­tai­nes direc­ti­ves aux con­duc­teurs de loco­mo­ti­ves, le cas éché­ant inter­ve­nir et un jour faire cir­cu­ler des trains auto­no­mes. Des bonds en avant d’une telle ampleur ne seront tou­te­fois pos­si­bles que si les tech­no­lo­gies numé­ri­ques dotées de l’intelligence arti­fi­ci­el­le sont mises en œuvre et fon­c­tion­nent. Elles seu­les appor­te­ront une dyna­mi­que et garan­ti­ront le ryth­me néces­saire, qui est abso­lu­ment essentiel pour la réus­si­te de la trans­for­ma­ti­on numérique.

Comment le fret ferroviaire pourrait-il se développer dans le sens de la durabilité en Europe?

Avec quel­que chose qui mette tout le monde d’accord sur l’impact éco­no­mi­que du fret et sur lequel tous les acteurs s’engagent. Je peux ima­gi­ner qu’il y aura un jour un plan direc­teur à long terme sous forme de décla­ra­ti­on d’intention auto­ré­gu­la­tri­ce et néan­mo­ins con­traignan­te. Elle dev­rait être cosi­gnée par tou­tes les ent­re­pri­ses fer­ro­vi­ai­res publi­ques et non publi­ques impli­quées. Ce plan direc­teur pour­rait sti­pu­ler que l’on œuvre con­join­te­ment à un trans­fert du tra­fic. Je rap­pel­le le Cont­rat uni­fié d’utilisation (CUU) de 2006, qui règle­men­te l’interaction entre les déten­teurs de wagons et les ent­re­pri­ses fer­ro­vi­ai­res en tant qu’exploitants de wagons. L’avantage d’une con­ven­ti­on supra­na­tio­na­le sans carac­tère légal est qu’elle peut être com­plé­tée ou adap­tée rapi­de­ment et faci­le­ment. Les voies d’accès à la NLFA sont le meil­leur exemp­le de ce qui ne dev­rait pas se pro­dui­re: la com­mun­au­té des États fer­ro­vi­ai­res, Suis­se com­pri­se, s’est enga­gée à déve­lo­p­per l’axe nord-sud. Lors­que la Suis­se a ouvert le tun­nel de la NLFA, d’autres États n’avaient même pas enco­re com­men­cé la pla­ni­fi­ca­ti­on. Un plan direc­teur pour le trans­port de mar­chan­di­ses en Euro­pe pour­rait rend­re cette inten­ti­on plus con­traignan­te et mon­trer clai­re­ment que le Pacte vert pour l’Europe et les objec­tifs de trans­fert sont pris au sérieux. Mais ce plan n’est pour l’instant qu’une uto­pie. Tout le monde est en géné­ral d’accord sur les reven­dica­ti­ons fon­da­men­ta­les. Mais dès qu’il s’agit d’élaborer quel­que chose de con­cret et d’un seul ten­ant, les avis divergent.

Que pensez-vous du rapport du Conseil fédéral sur le «transport ferroviaire de marchandises sur l’ensemble du territoire»? Que cela signifierait-il que le Conseil fédéral le supprime?

À mon avis, ce serait là la plus gran­de err­eur en matiè­re de poli­tique des trans­ports depuis des décen­nies. La Suis­se prouve que le trans­port par wagons com­plets fon­c­tion­ne. Mais il est enco­re trop cher. Tou­te­fois, si la for­ma­ti­on et la sépa­ra­ti­on des trains se font auto­ma­ti­quement, si la com­po­si­ti­on des trains est com­man­dée numé­ri­quement et si le mar­ché pro­fi­te des nombreux avan­ta­ges des off­res numé­ri­ques, alors, logi­quemen­tes coûts bais­se­ront – et les beso­ins de sub­ven­ti­on­ne­ment avec. Le Con­seil fédé­ral dev­rait réflé­chir à la maniè­re de rend­re les off­res plus attra­yan­tes pour les cli­ents du fret fer­ro­vi­ai­re. Aban­don­ner tout cela avant même que la numé­ri­sa­ti­on ne porte ses fruits serait cri­mi­nel. Trans­fé­rer du fret fer­ro­vi­ai­re sur des cami­ons coûte de l’argent aussi, et il n’est pas pos­si­ble de con­teneu­ri­ser n’importe quel fret pour obte­nir des trains com­plets. À cet égard, le gou­ver­ne­ment suis­se dev­rait à mon avis se mon­trer plus con­fi­ant. Qui man­que de cou­ra­ge a perdu d’emblée.

À la VAP, nous sommes membres de l’UIP. Comment décririez-vous la VAP?

C’est une pré­cieu­se asso­cia­ti­on membre de notre famil­le euro­pé­en­ne de déten­teurs de wagons. Je la per­çois comme inno­van­te et por­teu­se d’une opi­ni­on affir­mée. La struc­tu­re uni­que de ses mem­bres lui con­fè­re un poids par­ti­cu­lier chez nous. La VAP repré­sen­te non seu­le­ment les cinq plus grands déten­teurs de wagons suis­ses, mais aussi les inté­rêts des char­geurs, des embran­chés et des repré­sen­tants des chaî­nes logis­ti­ques mul­ti­mo­da­les. Cette diver­si­té génè­re chez nous un impact et une rich­es­se d’idées que je con­sidè­re comme un atout pré­cieux. Grâce à la diver­si­té de ses mem­bres, la VAP peut ori­en­ter ses reven­dica­ti­ons de maniè­re plus glo­ba­le sur les uti­li­sa­teurs et les por­ter avec une plus gran­de auto­ri­té. Je sou­ti­ens l’approche cen­trée sur le cli­ent qui est celle la VAP et qui intèg­re l’utilisateur final dans le pro­ces­sus de dis­cus­sion et de décis­i­on. L’Europe peut pro­fi­ter de l’expérience suis­se en matiè­re de tra­fic de mar­chan­di­ses par wagons com­plets ou de rede­van­ce sur le tra­fic de poids lourds liée aux pre­sta­ti­ons. Nous la con­sidé­rons sou­vent comme un labo­ra­toire minia­tu­re qui nous ren­voie des thè­mes. Par ail­leurs, la VAP nous fait la démons­tra­ti­on écla­tan­te de la maniè­re dont on peut con­vain­cre la popu­la­ti­on ou dont on orga­ni­se quel­que chose sur un mode posi­tif en tant que collectivité.

En quoi la VAP pourrait-elle s’améliorer?

On peut tou­jours s’améliorer. L’appel que je fais ne s’adresse pas uni­quement à la VAP, mais à tou­tes les asso­cia­ti­ons et per­son­nes impli­quées dans la poli­tique des trans­ports. Nous avons beso­in de per­son­nes enga­gées prêtes à for­mu­ler les inté­rêts en regar­dant de l’avant. Ceux qui pen­sent en ter­mes de bil­ans tri­mestri­els sont légion. Mais ce n’est pas ainsi que l’on maî­tri­se­ra l’avenir.

Que souhaitez-vous justement pour cet avenir?

Davan­ta­ge d’intérêt, davan­ta­ge de con­fi­ance. Davan­ta­ge d’enthousiasme. Les char­geurs dev­rai­ent être impa­ti­ents de mett­re enco­re plus de ton­nes sur le rail. Ce n’est qu’ainsi que nous pour­rons att­eind­re les ambi­ti­eux objec­tifs fixés en matiè­re de trans­fert et de cli­mat. La popu­la­ti­on dev­rait avoir con­sci­ence de l’importance du fret fer­ro­vi­ai­re – et du fait que cela a un prix. En effet, un défer­le­ment incon­trôlé de cami­ons n’est pas une alter­na­ti­ve. Je sou­hai­te que vous, à la VAP, et nous, à l’UIP, con­ti­nui­ons à nous enga­ger jour après jour pour ce changement.

Monsieur le Dr Fischer, merci beaucoup pour cet entretien intéressant.

Dr Heiko Fischer

Le Dr Heiko Fischer a été jusqu’en 2021 au total plus de 25 ans au ser­vice de VTG, dont 17 ans en qua­li­té de PDG. Depuis 2015, il est – comme déjà entre 2004 et 2007 – pré­si­dent de l’association faî­tiè­re de déten­teurs de wagons UIP, Inter­na­tio­nal Union of Wagon Kee­pers UIP, dont le siège se trouve à Bru­xel­les. L’UIP repré­sen­te plus de 250 déten­teurs de wagons de mar­chan­di­ses et ser­vices de main­ten­an­ce eng­lo­bant 223 000 wagons, qui effec­tu­ent 50 % des ton­nes-kilo­mè­tres par­cou­rues par le fret fer­ro­vi­ai­re euro­pé­en. VTG AG, l’ancien employ­eur du Dr Heiko Fischer, exploi­te la plus gran­de flot­te de wagons de mar­chan­di­ses d’Europe, à savoir 88 500 wagons fer­ro­vi­ai­res de mar­chan­di­ses. Outre la loca­ti­on de wagons de mar­chan­di­ses et de con­teneurs-citer­nes, VTG offre des pre­sta­ti­ons de ser­vices logis­ti­ques mul­ti­mo­daux et des solu­ti­ons numé­ri­ques intégrées.

«Nous voulons continuer à être plus rapides et meilleurs que les autres dans l’avenir.»

«Nous voulons continuer à être plus rapides et meilleurs que les autres dans l’avenir.»

En juin 2022, on a app­ris le rachat de l’entreprise fami­lia­le WASCOSA de la famil­le Mül­ler-Sand­mei­er par Swiss Life et Vau­ban. Nous avons voulu en savoir plus sur le con­tex­te de cette vente et sur la visi­on de WASCOSA de la part du repré­sen­tant de l’an­ci­en­ne famil­le pro­prié­tai­re et futur pré­si­dent du con­seil d’ad­mi­nis­tra­ti­on, Phil­ipp Müller.

Monsieur Müller, l’annonce de la vente de votre entreprise familiale performante a été une surprise. Qu’est-ce qui va changer?

Phil­ipp Mül­ler: Moins de cho­ses qu’on ne l’on pense au pre­mier abord. Mais cette décis­i­on nous per­met d’assurer l’avenir de WASCOSA. Bien enten­du, nous allons pas­ser d’une ent­re­pri­se gérée par une famil­le à une ent­re­pri­se por­tée par l’investissement, mais l’esprit de WASCOSA per­du­rera. Nous vou­lons agir plus rapi­de­ment et mieux que les aut­res dans l’avenir, être une équi­pe per­for­man­te et faire pas­ser les inté­rêts des cli­ents avant les nôtres. Ces objec­tifs sont ambi­ti­eux, mais réalisables.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à franchir cette étape?

Le désir d’assurer la suc­ces­si­on et de garan­tir l’avenir de l’entreprise. Aucun de nos enfants n’était dési­reux de me suc­cé­der. Nous avons donc été obli­gés de trou­ver une solu­ti­on exter­ne. Il y a huit ans déjà, nous avi­ons enga­gé un CEO exter­ne à la famil­le: Peter Bal­zer. À cela s’ajoute qu’on assis­te actu­el­le­ment sur notre mar­ché à un énor­me assai­nis­se­ment. Parmi les dix plus grands loueurs de wagons à l’échelon euro­pé­en, nous som­mes les seuls à n’avoir connu ni fusi­on ni rachat. Les acteurs qui restent ne ces­sent de gran­dir, font de gros inves­tis­se­ments sur le long terme et pren­nent des ris­ques finan­ciers con­sidé­ra­bles. Pour WASCOSA, nous avi­ons tout sim­ple­ment beso­in d’une plus gran­de force finan­ciè­re pour con­tin­uer à exis­ter en tant que PME sur ce mar­ché. Nous avons trou­vé en Swiss Life et Vau­ban des par­ten­aires finan­ciers forts.

Quelles autres solutions s’offraient encore à vous?

Nous avons dans un pre­mier temps envi­sa­gé une par­ti­ci­pa­ti­on mino­ri­taire d’actionnaires tiers. Cela ne con­sti­tuait tou­te­fois pas une solu­ti­on opti­ma­le pour les par­ties pren­an­tes. Il n’a jamais été ques­ti­on de vend­re à un con­cur­rent. Au final, la col­la­bo­ra­ti­on sur le long terme avec un par­ten­aire finan­cier fort s’est avé­rée être la solu­ti­on la plus por­teu­se d’avenir.

«WASCOSA, à l’origine peti­te ent­re­pri­se incon­nue de loca­ti­on, s’est déve­lo­p­pée et éta­b­lie grâce à l’innovation, la pro­xi­mi­té cli­ent et l’agilité pour deve­nir un four­nis­seur de wagons de mar­chan­di­ses per­for­mant à l’échelle européenne.»

Quelles expériences du passé seront déterminantes pour l’avenir de l’entreprise?

WASCOSA, à l’origine peti­te ent­re­pri­se incon­nue de loca­ti­on, s’est déve­lo­p­pée et éta­b­lie grâce à l’innovation, la pro­xi­mi­té cli­ent et l’agilité pour deve­nir un four­nis­seur de wagons de mar­chan­di­ses per­for­mant à l’échelle euro­pé­en­ne. C’est cette posi­ti­on que nous enten­dons con­ser­ver. Un exemp­le de notre force d’innovation: on note actu­el­le­ment une forte ten­dance vers les con­cepts modu­lai­res de wagons de mar­chan­di­ses. Or nous les avons déjà lan­cés il y a 15 ans. Main­ten­ant que cette ten­dance prend le des­sus, nous som­mes prêts à affron­ter le mar­ché. Au cours des 60 der­niè­res années de notre ent­re­pri­se, c’est notre ori­en­ta­ti­on cli­ent sans com­pro­mis qui a fait la dif­fé­rence dans nos acti­vi­tés quo­ti­di­en­nes. Et cela doit res­ter ainsi. Il est de l’intérêt des nou­veaux pro­prié­tai­res que WASCOSA reste fon­da­men­ta­le­ment ce qu’elle a tou­jours été: une ent­re­pri­se inno­van­te et ori­en­tée sur le client.

Comment allez-vous gérer ce processus de changement?

La par­ti­ci­pa­ti­on de Swiss Life et Vau­ban comme action­n­aires tiers a découlé d’un pro­ces­sus stra­té­gique inten­se impli­quant une quin­zai­ne de col­la­bo­ra­teurs. Une fois la décis­i­on prise, nous avons intro­duit le nou­vel action­na­ri­at dans le cadre d’une mani­fes­ta­ti­on d’une jour­née au sein de notre ent­re­pri­se. Tout au long du pro­ces­sus stra­té­gique, nous nous som­mes atta­chés à évi­ter toute incer­ti­tu­de, méfi­ance ou spé­cu­la­ti­on inju­s­ti­fiée de la part du manage­ment et des col­la­bora­tri­ces et col­la­bo­ra­teurs. Nous y som­mes par­ve­nus et fai­sons tout pour y par­ve­nir aussi avec les nou­veaux pro­prié­tai­res. Le CEO Peter Bal­zer et moi-même con­tin­ue­rons à sié­ger au con­seil d’administration. C’est un mes­sa­ge fort en ce qui con­cer­ne la con­ti­nui­té et l’avenir de WASCOSA.

«La migra­ti­on du DAC est un pro­jet clé qui recè­le un potentiel énor­me capa­ble de faire avan­cer le tra­fic de wagons de marchandises.»

Où voyez-vous le besoin le plus urgent d’agir dans le transport ferroviaire de marchandises? 

Il y a à cet égard plu­s­ieurs appro­ches. Nous avons beso­in de capa­ci­tés suf­fi­san­tes sur le réseau, autre­ment dit de davan­ta­ge de sil­lons. Ensuite, il faut déman­te­ler les bar­riè­res spé­ci­fi­ques aux dif­fér­ents pays. Enfin, le trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses est tri­bu­tai­re d’un sou­ti­en finan­cier ciblé pour mett­re en œuvre des inno­va­tions, par exemp­le le cou­pla­ge auto­ma­tique digi­tal (DAC).

À propos du DAC: qu’en pensez-vous?

C’est un pro­jet clé qui recè­le un potentiel énor­me capa­ble de faire avan­cer le tra­fic de wagons de mar­chan­di­ses. Nous n’avons tou­te­fois que peu d’influence sur cette ques­ti­on haute­ment poli­tique. Depuis quel­ques années, nous tra­vail­lons à l’électrification des wagons de mar­chan­di­ses. Dans ce con­tex­te, le DAC est bien évi­dem­ment un moteur supplémentaire.

Le secteur reconnaît-il la véritable valeur ajoutée apportée par le DAC?

Notre sec­teur n’est pas par­ti­cu­liè­re­ment porté sur les inno­va­tions ni nota­blem­ent tour­né vers l’avenir. L’automatisation du cou­pla­ge par le DAC est un prin­ci­pe acté. En ce qui con­cer­ne son potentiel pour la digi­ta­li­sa­ti­on, j’en suis en revan­che un peu moins sûr. Il faut pro­ba­blem­ent comme tou­jours d’abord quelqu’un qui pren­ne les devants et joue le rôle de pionnier et mette en évi­dence le gain en efficacité.

Pendant des années, vous vous êtes impliqué dans le comité directeur (CD) de la VAP. Comment décririez-vous le travail de la VAP? 

La VAP se distin­gue par son haut niveau de com­pé­tence et une atmo­sphè­re de col­la­bo­ra­ti­on agréa­ble. Les acti­vi­tés de l’association se con­cent­rent sur la cause com­mu­ne et non sur l’ego d’individus. Dans cer­ta­ins domain­es, c’est la VAP qui fait auto­ri­té sur les thè­mes importants. Cela se mani­fes­te par le nombre élevé de par­ti­ci­pan­ts suis­ses et étran­gers lors de mani­fes­ta­ti­ons comme les forums. Cet inté­rêt prouve que la VAP s’empare des thè­mes poli­ti­ques, éco­no­mi­ques et juri­di­ques de maniè­re proac­ti­ve et con­s­truc­ti­ve. J’ai res­sen­ti les réuni­ons au sein du CD comme très posi­ti­ves. Dans le dia­lo­gue avec les CFF, l’association a fait preuve de téna­ci­té. Pour ceux-ci, c’est le tra­fic de voy­a­ge­urs qui vient en pre­mier, puis l’infrastructure et les biens immo­bi­liers et seu­le­ment ensuite le fret fer­ro­vi­ai­re. Il est d’autant plus important de ne pas céder. La pati­ence et la col­la­bo­ra­ti­on con­stan­te sous la direc­tion de Frank Fur­rer avec son équi­pe sont payantes.

Quels sont à votre avis les points forts de la VAP? 

Parmi ses prin­ci­paux points forts, il y a le grand nombre de char­geurs parmi ses mem­bres. La VAP met en réseau tous les acteurs du fret. Elle offre en outre au sec­teur des char­geurs une pla­te­for­me extrê­me­ment inté­res­san­te et per­ti­nen­te. Je veux dire que l’on ne peut faire de la poli­tique avec suc­cès que si l’on défend tous les intérêts.

Comment la VAP vous a‑t-elle soutenus, vous et votre entreprise, WASCOSA?

Nous avons fait de très bon­nes expé­ri­en­ces avec la VAP. Elle a nous a même sou­te­nus avec com­pé­tence et suc­cès jus­que devant le Tri­bu­nal fédéral.

Que souhaiteriez-vous que la VAP vous apporte d’autre?

Qu’elle soit plus pré­sen­te dans les médi­as. La VAP pour­rait se poser davan­ta­ge comme un expert dont l’opinion fait auto­ri­té dans le domaine du trans­port fer­ro­vi­ai­re et être ainsi plus con­nue du grand public, comme c’est le cas pour le TCS ou l’ASTAG.

À qui conseilleriez-vous de collaborer avec la VAP?

À tous ceux qui s’intéressent au fret fer­ro­vi­ai­re. Je pense ici notam­ment aux asso­cia­ti­ons d’autres mode de trans­port. Il y a bien long­temps que l’enjeu n’est plus seu­le­ment l’opposition entre le rail et la route, mais une coexis­tence mul­ti­mo­da­le judicieuse.

Quels sujets notre conversation n’a‑t-elle pas encore abordés?

La ques­ti­on de la dura­bi­li­té. Le fret fer­ro­vi­ai­re fait par­tie des prin­ci­paux moteurs et piliers d’un trans­port dura­ble. C’est du reste aussi l’une des rai­sons qui m’ont inci­té à prend­re la suite de mon beau-père à la tête de WASCOSA il y a 30 ans.

 

Mon­sieur Mül­ler, merci beau­coup pour cet ent­re­ti­en intéressant.

TR Trans Rail AG – l’histoire d’une réussite multimodale

TR Trans Rail AG – l’histoire d’une réussite multimodale

À la VAP, nous nous enga­ge­ons depuis tou­jours pour un fret fer­ro­vi­ai­re com­pé­ti­tif. Aujourd’hui, plu­s­ieurs ETF pri­vées et des mem­bres de la VAP réa­li­sent des trans­ports importants. Nous avons le plai­sir de vous les pré­sen­ter, ainsi que leurs com­pé­ten­ces fon­da­men­ta­les. Nous com­men­çons par TR Trans Rail AG.

 

Entre la mi-sep­tembre et la fin décembre, c’est la péri­ode de la récol­te des bet­ter­aves sucriè­res – un défi logis­tique mul­ti­mo­dal pour tou­tes les par­ties pren­an­tes. Dans ce con­tex­te, le train offre des atouts, en par­ti­cu­lier sur les moy­ennes et longues distances, et il livre de grands volu­mes de mar­chan­di­ses de maniè­re fia­ble et pon­c­tu­el­le aux deux usi­nes d’Aarberg et de Frauenfeld. 

Les trans­ports de mar­chan­di­ses de TR Trans Rail AG, par­ten­aire logis­tique de longue date de Sucre Suis­se SA, att­eig­n­ent tou­jours un pic au der­nier tri­mest­re de l’année. Pen­dant cette péri­ode, un pro­jet logis­tique com­ple­xe est mis en place pour le trans­port vers les sucre­ries. Les agri­cul­teurs char­gent les wagons aux points de char­ge­ment, avant que ceux-ci soi­ent trans­por­tés par le train. Depuis la sai­son 2021, TR Trans Rail AG est le seul par­ten­aire logis­tique natio­nal de Sucre Suis­se SA dans le domaine du trans­port fer­ro­vi­ai­re, une nou­vel­le étape importan­te dans l’histoire de l’entreprise.

Grâce à l’expé­ri­ence acqui­se au cours des der­niè­res sai­sons, à une pla­ni­fi­ca­ti­on minu­ti­eu­se asso­ciée à une haute fle­xi­bi­li­té, les com­man­des sont exé­cu­tées de maniè­re opti­ma­le. Si, par exemp­le, la sécher­es­se ou le virus de la jau­nis­se ont un impact néga­tif sur le ren­de­ment et la teneur en sucre, il faut dévier plu­s­ieurs trains dans des délais très ser­rés. Seule la fle­xi­bi­li­té de tou­tes les par­ties pren­an­tes per­met d’optimiser l’utilisation des deux usines.

Le der­nier char­ge­ment de bet­ter­aves est arri­vé à la sucre­rie de Frau­en­feld peu avant Noël 2021. Pen­dant 100 jours, TR Trans Rail AG a trans­por­té avec plus de 500 trains envi­ron 555 000 ton­nes de bet­ter­aves jusqu’aux sucre­ries d’Aarberg et de Frauenfeld.

«Le trans­port par rail ainsi que la col­la­bo­ra­ti­on avec les par­ten­aires impli­qués ont géné­ra­le­ment fon­c­tion­né par­fai­te­ment. Les trans­ports fer­ro­vi­ai­res ont per­mis d’économiser envi­ron 90 000 kilo­mè­tres de route. Cette distance repré­sen­te l’équivalent de deux fois le tour de la terre» expli­que Peter Koch, responsable des trans­ports de bet­ter­aves à sucre Est.

 

Quand elle a beso­in d’un savoir-faire trans­ver­sal en matiè­re de fret fer­ro­vi­ai­re, TR Trans Rail AG mise sur la VAP.

André Pel­let, direc­teur géné­ral de TR Trans Rail AG

 André Pel­let: Afin d’aider nos cli­ents à trou­ver de nou­vel­les solu­ti­ons de trans­port pour leurs char­ge­ments, nous vouli­ons en savoir plus sur leurs beso­ins, leurs pos­si­bi­li­tés, mais aussi sur les obs­ta­cles qu’ils ren­cont­rent. Un par­ten­aire com­mer­cial nous a donc con­seil­lé de nous adress­er à la VAP, que nous con­nais­si­ons déjà. Le cont­act a été éta­b­li rapi­de­ment et la col­la­bo­ra­ti­on a démar­ré rapi­de­ment et sans complication.

Que diriez-vous à un col­lè­gue à pro­pos de la VAP?

La VAP est une pla­te­for­me extrê­me­ment utile pour le sec­teur des char­geurs. En effet, ce n’est qu’ensemble que l’on peut abor­der les ques­ti­ons urgen­tes du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses.
Le sys­tème de fret fer­ro­vi­ai­re est extrê­me­ment com­ple­xe et donc très exi­geant. Chaque cli­ent, chaque four­nis­seur a des beso­ins dif­fér­ents. Mais seule l’alliance de tous les acteurs, regrou­pés dans une asso­cia­ti­on, a une chan­ce de rele­ver les défis.

Où voyez-vous le beso­in le plus urgent d’agir pour pro­mou­voir le trans­port fer­ro­vi­ai­re de marchandises?

Le cadre posé par la poli­tique des trans­ports doit être adap­té aux chem­ins de fer de mar­chan­di­ses. L’organisation rigou­reu­se des chem­ins de fer ne doit pas empê­cher la fle­xi­bi­li­té qui génè­re de bon­nes solu­ti­ons de trans­port, de même que les dépen­ses et les efforts doi­vent res­ter dans des pro­por­ti­ons ren­ta­bles. L’infrastructure, tou­jours plus mince, ne doit pas nous limi­ter davantage.

Que sou­hai­tez-vous pour l’avenir du fret fer­ro­vi­ai­re suisse?

Le che­min de fer dev­rait davan­ta­ge se pré­sen­ter comme une unité face à la route. Les dif­fér­ents presta­tai­res de ser­vices et ent­re­pri­ses fer­ro­vi­ai­res pri­vées ont des pos­si­bi­li­tés dif­fé­ren­tes, et chacun pour­rait appor­ter sa con­tri­bu­ti­on à la réa­li­sa­ti­on et au dérou­le­ment des trans­ports. Les chem­ins de fer ne dev­rai­ent pas se con­sidé­rer comme des con­curr­ents, mais mett­re en com­mun leurs dif­fér­ents points forts et pro­po­ser ainsi des solu­ti­ons glo­ba­les et adap­tées aux clients. 

Merci beau­coup pour vos répon­ses, André Pellet!

 

Infor­ma­ti­ons sur TR Trans Rail AG:

En tant qu’entreprise de trans­port fer­ro­vi­ai­re suis­se, TR Trans Rail pro­po­se une large palet­te d’offres et de ser­vices avec dif­fér­ents par­ten­aires nati­on­aux et étran­gers. Forts de leur longue expé­ri­ence, ce sont des spé­cia­lis­tes dans les domain­es du fret, des ser­vices moder­nes, de la nost­al­gie fer­ro­vi­ai­re, des voy­a­ges dans des trains affré­tés pour les grou­pes, des voy­a­ges accom­pa­gnés et des voy­a­ges évè­ne­mentiels à thème.

 

Entretien avec Matthias Grieder

Entretien avec Matthias Grieder

VAP: Mon­sieur Grie­der, de quel­le maniè­re coopé­rez-vous avec la VAP?
Mat­thi­as Grie­der: Nous som­mes régu­liè­re­ment en cont­act avec Frank Fur­rer, son secré­tai­re géné­ral. Par exemp­le, il repré­sen­te la Gleis-Genos­sen­schaft Ris­tet-Ber­ger­moos dont il a défen­du les inté­rêts dans le cadre d’un pro­jet de déve­lo­p­pe­ment com­mun pour cette zone indus­tri­el­le sur le ter­ri­toire com­mu­nal d’Urdorf et de Bir­mensdorf. Il a éga­le­ment par­ti­ci­pé à l’élaboration de la révi­si­on par­ti­el­le 2022 du plan direc­teur can­to­nal et joue régu­liè­re­ment un rôle dans divers grou­pes de tra­vail liés à la logis­tique. Frank Fur­rer fait valoir aussi bien la per­spec­ti­ve des pro­prié­tai­res de voies de rac­cor­de­ment que la visi­on glo­ba­le suis­se d’une logis­tique mul­ti­mo­da­le. Il nous appor­te son sou­ti­en avec son immense exper­ti­se et son vaste réseau poli­tique. Je con­sidè­re que cette coopé­ra­ti­on est très agréa­ble et fructueuse.

À votre avis, à quel niveau des actions sont-elles requi­ses de toute urgence pour le fret fer­ro­vi­ai­re?
Le plus urgent est de garan­tir les sur­faces de trans­bor­de­ment train/route dans les zones urbai­nes. Per­son­nel­le­ment, j’estime que cette mis­si­on est la plus importan­te et en même temps la plus dif­fi­ci­le. Un exemp­le: l’endroit où se trouve aujourd’hui l’«Europaallee», der­riè­re la gare cen­tra­le de Zurich, était aut­re­fois occu­pé par un cent­re de dis­tri­bu­ti­on pos­tal avec dix voies. Suite à la créa­ti­on du nou­veau site, on a perdu la tota­li­té de l’infrastructure d’approvisionnement ainsi que des sur­faces logis­ti­ques qui aurai­ent été importan­tes pour garan­tir l’approvisionnement et l’élimination de la ville de Zurich à l’avenir.

Le trans­port de mar­chan­di­ses et les instal­la­ti­ons logis­ti­ques quit­tent la ville et sont pro­gres­si­ve­ment repous­sés vers le Mit­tel­land. Ces cen­tres de dis­tri­bu­ti­on ne sont sou­vent pas rac­cor­dés comme il con­vi­ent aux infra­struc­tures fer­ro­vi­ai­res. Par con­sé­quent, de plus en plus de cami­ons et de véhi­cu­les de liv­rai­son font la navet­te entre ces cen­tres et la ville, ce qui ent­raî­ne une satu­ra­ti­on sup­p­lé­men­tai­re de la ceinture d’embouteillages autour des agglomérations.

La loi sur l’aménagement du ter­ri­toire exige par ail­leurs une den­si­fi­ca­ti­on des con­s­truc­tions dans les agglo­mé­ra­ti­ons existan­tes. L’augmentation du tra­fic géné­rée par la crois­sance démo­gra­phi­que doit être trai­tée sur les aires de cir­cu­la­ti­on existan­tes. Ces sur­faces doi­vent donc être uti­li­sées de maniè­re plus effi­cace et il faut éga­le­ment four­nir des sur­faces pour l’approvisionnement et l’élimination. Plus les con­s­truc­tions sont den­ses éga­le­ment, plus un amé­nage­ment exté­ri­eur attra­yant est important. Un appro­vi­si­on­ne­ment au niveau du sol affec­te cette attrac­ti­vi­té. C’est la rai­son pour laquel­le il est important, y com­pris à un stade pré­co­ce de la pla­ni­fi­ca­ti­on du site, d’examiner la maniè­re dont il est pos­si­ble de libé­rer les zones en sur­face du tra­fic de liv­rai­son et d’intégrer les pro­ces­sus de liv­rai­son et d’élimination dans des instal­la­ti­ons sou­ter­rai­nes. Le nou­veau «Cir­cle» à l’aéroport de Zurich ou le cent­re com­mer­cial «Sihl­ci­ty» illustrent bien ce genre de solutions.

Quel­le est la situa­ti­on au niveau des voies de rac­cor­de­ment?
La pro­blé­ma­tique est ici simi­lai­re. Les voies de rac­cor­de­ment et les aiguil­la­ges sont déman­telés en per­ma­nence et leur uti­li­sa­ti­on est réduite. Il en résul­te une spi­ra­le des­cen­dan­te: moins de voies, baisse du volu­me de trans­port fer­ro­vi­ai­re, moins de trans­bor­de­ment fer­ro­vi­ai­re, moins de wagons com­plets iso­lés, moins d’offres fer­ro­vi­ai­res ori­en­tées sur les beso­ins, ce qui signi­fie d’un autre côté plus de trans­ports rou­tiers, plus d’embouteillages, plus de bruit et plus de CO2. Sur le long terme, il fau­dra à nou­veau ren­ver­ser cette tendance.

De quel­le maniè­re pour­rait-on résoud­re ces pro­blè­mes?
Nous avons beso­in de solu­ti­ons qui regrou­pent davan­ta­ge les expé­di­ti­ons et les ache­mi­nent effi­ca­ce­ment vers les cen­tres à tra­vers la ceinture d’embouteillages. Ainsi que d’approches pour con­tour­ner les embou­teil­la­ges ou pas­ser des­sous. Nous avons éga­le­ment beso­in de con­cepts d’offres pour une uti­li­sa­ti­on rapi­de et direc­te. Nous avons beso­in enfin de meil­leu­res inci­ta­ti­ons finan­ciè­res qui ren­for­cent le train et n’évincent pas le trans­port par wagons com­plets iso­lés. Le che­min de fer a ici une véri­ta­ble chan­ce avec ses excel­len­tes infra­struc­tures, et il est en mesu­re d’assumer cette tâche. De nou­veaux moy­ens de trans­port inno­vants, comme le sys­tème logis­tique glo­bal numé­ri­que Cargo Sous Ter­rain (CST), peu­vent éga­le­ment trans­por­ter de gran­des quan­ti­tés de mar­chan­di­ses sans eng­or­ger davan­ta­ge le tra­fic rou­tier. Tous ces sys­tè­mes peu­vent être con­nec­tés via des pla­te­for­mes numé­ri­ques com­mu­nes et ren­dus enco­re plus efficaces.

De quel­le maniè­re des solu­ti­ons de ce genre peu­vent-elles émer­ger?
Cela n’est pos­si­ble qu’à con­di­ti­on que tou­tes les par­ties impli­quées révi­sent entiè­re­ment leur opi­ni­on et qu’elles coopè­rent dans le cadre de par­ten­ari­ats. À l’heure actu­el­le mal­heu­reu­se­ment, chaque ent­re­pri­se cal­cu­le dans son coin et vise une maxi­mi­sa­ti­on du pro­fit à court terme. Le che­min de fer se con­cent­re sur le tra­fic par trains com­plets, qui est ren­ta­ble, et nég­li­ge le tra­fic par wagons iso­lés, com­pli­qué, mais à même de con­tri­buer à un trans­fert de la route au rail. Les trans­por­teurs rou­tiers orga­nis­ent leur flot­te dans l’optique d’une pro­duc­tion aussi avan­ta­ge­u­se que pos­si­ble, géné­ra­le­ment avec de petits véhi­cu­les, et opti­mi­sent leurs tour­nées en inter­ne, alors qu’il serait pos­si­ble de rédui­re les véhi­cu­les-kilo­mè­tres en coopé­rant avec des ent­re­pri­ses con­cur­ren­tes. Les stra­té­gies ou con­cepts immo­bi­liers de pro­prié­tai­res fon­ciers pri­vés ainsi que du sec­teur public n’autorisent pas non plus de nou­vel­les solu­ti­ons inno­van­tes pour une struc­tu­re d’utilisation ver­ti­cale et empê­chent ainsi des solu­ti­ons pour un appro­vi­si­on­ne­ment et une éli­mi­na­ti­on effi­caces et éco­no­mes en surfaces.

Une per­spec­ti­ve basée sur la pen­sée en réseau fait défaut dans l’économie, la poli­tique, les admi­nis­tra­ti­ons, y com­pris dans la for­ma­ti­on des pla­ni­fi­ca­teurs des trans­ports et des urbanistes.

La pan­dé­mie n’a‑t-elle donc pas pro­vo­qué une révi­si­on des con­cep­ti­ons?
Oui, le Covid-19 a ent­raî­né une prise de con­sci­ence plus aiguë de la per­ti­nence d’un appro­vi­si­on­ne­ment opé­ra­ti­on­nel au sein de la popu­la­ti­on, et le thème du trans­port de mar­chan­di­ses et de la logis­tique a for­te­ment gagné en importance. Au niveau tech­ni­que, on s’est pen­ché bien avant la pan­dé­mie sur ces rap­ports com­ple­xes, et sur le plan poli­tique éga­le­ment, cette thé­ma­tique occupe de plus en plus les esprits. Nous ten­tons régu­liè­re­ment d’attirer l’attention sur ces cor­ré­la­ti­ons. Par­fois d’ailleurs avec suc­cès, comme dans le cas du cent­re com­mer­cial «Sihl­ci­ty» sur le site de l’ancienne «Zür­cher Papier­fa­brik an der Sihl» à Zürich-Wie­di­kon. Les pla­ni­fi­ca­teurs ont ici inté­g­ré l’approvisionnement et l’évacuation au sous-sol, tout à côté de l’accès au gara­ge. De là, la dis­tri­bu­ti­on fine se fait vers le haut, ver­ti­cal­e­ment. C’est pré­cis­é­ment dans cette direc­tion que nous devons pen­ser lors de la pla­ni­fi­ca­ti­on de sites: aban­don­ner la pla­ni­fi­ca­ti­on hori­zon­ta­le (tran­ches de gâteau) au pro­fit de la pla­ni­fi­ca­ti­on ver­ti­cale (éta­ges de gâteau). De cette maniè­re, une uti­li­sa­ti­on com­bi­née des sur­faces urbai­nes ou pro­ches de la ville est possible.

De quel­le maniè­re est-il pos­si­ble de garan­tir à long terme des sur­faces et sites de trans­bor­de­ment?
Les sur­faces logis­ti­ques sont rares dans l’espace urbain et il n’y en aura guère de nou­vel­les. Le sec­teur public essaye de garan­tir les sur­faces de trans­bor­de­ment existan­tes par le biais d’inscriptions dans le plan direc­teur. Mais ces direc­ti­ves d’aménagement ne sont pas con­traignan­tes pour les pro­prié­tai­res fon­ciers. Une garan­tie des zones, à laquel­le les pro­prié­tai­res fon­ciers pri­vés sont éga­le­ment tenus, ne serait pos­si­ble que par le biais d’une affec­ta­ti­on cor­re­spond­an­te des zones ou l’achat accru des ter­rains cor­re­spond­ants par les can­tons et les vil­les. Ces der­niers ont des objec­tifs à long terme, comme la garan­tie de l’approvisionnement en mar­chan­di­ses et de leur éli­mi­na­ti­on, et ne sont pas aussi moti­vés par un retour sur inves­tis­se­ment; leur hori­zon de pla­ni­fi­ca­ti­on est éga­le­ment plus vaste.

De quel­le maniè­re pour­rait-on impli­quer davan­ta­ge l’économie dans l’élaboration de con­cepts d’aménagement du ter­ri­toire?
L’implication des acteurs éco­no­mi­ques dans le déve­lo­p­pe­ment de sites est un fac­teur majeur pour l’avenir du trans­port de mar­chan­di­ses. Leur mis­si­on con­sis­te après tout à con­cré­ti­ser un déve­lo­p­pe­ment des sites. Dans le can­ton de Zurich, nous impli­quons les repré­sen­tants de l’économie dans le cadre de grou­pes de tra­vail dès la phase d’analyse, bien qu’en tant que can­ton, nous ne dis­po­si­ons d’aucun man­dat légal pour la pla­ni­fi­ca­ti­on du trans­port de mar­chan­di­ses. Notre rôle se limi­te ici au con­seil et au sou­ti­en. Dans le can­ton de Zurich éga­le­ment, nous avons mis au point un guide pour le déve­lo­p­pe­ment du trans­port de mar­chan­di­ses dans un con­cept can­to­nal de trans­port des mar­chan­di­ses et de logis­tique. Nous jouons ici cer­tai­ne­ment un rôle pré­cur­seur. Mais d’autres can­tons aussi, comme ceux d’Argovie, de Berne, de Vaud ou enco­re de Bâle-Ville, font preuve d’innovation dans leurs actions. Grâce à l’échange régu­lier via la pla­te­for­me CFF Cargo et le grou­pe de trans­port de mar­chan­di­ses de l’Union des vil­les suis­ses, nous app­re­nons éga­le­ment les uns des autres.

À votre avis, com­ment se pré­sen­te une uti­li­sa­ti­on opti­ma­le de l’infrastructure par le trans­port de voy­a­ge­urs et de mar­chan­di­ses?
Je pense que l’on dev­rait pour­suiv­re et opti­mi­ser l’approche actu­el­le avec des sil­lons sépa­rés pour le trans­port de voy­a­ge­urs et de mar­chan­di­ses dans la stra­té­gie d’utilisation du réseau. Je suis plu­tôt scep­tique vis-à-vis d’une attri­bu­ti­on fle­xi­ble des sil­lons, car le trans­port de mar­chan­di­ses pour­rait lit­té­ra­le­ment par­tir à la déri­ve dans ce cas de figu­re. Le beso­in d’aménagements de l’infrastructure est éta­b­li, ainsi que le mont­re l’étape d’aménagement 2040.

Où se situ­ent selon vous les tâches majeu­res au niveau de l’infrastructure?
Dans le cadre du déve­lo­p­pe­ment de l’infrastructure, il faut se pen­cher sur les beso­ins spé­ciaux du trans­port de mar­chan­di­ses. Le nœud de la gare avan­cée de Zurich est aujourd’hui déjà com­plè­te­ment surchar­gé, et le tra­fic fer­ro­vi­ai­re va con­tin­uer à aug­men­ter dans l’aire métro­po­li­taine. Il est donc néces­saire de créer des pos­si­bi­li­tés de con­tour­ne­ment comme le tun­nel de mar­chan­di­ses depuis la gare de tria­ge de Lim­mat­tal vers le Furt­tal et plus loin en direc­tion de la Suis­se ori­en­ta­le. Les trans­ports de fret fer­ro­vi­ai­res éga­le­ment, qui vien­nent du Mit­tel­land et sou­hai­tent con­tin­uer en direc­tion du «Kno­nau­er Amt», doi­vent effec­tuer un vira­ge en éping­le à che­veux dans la gare avan­cée de Zurich. Cela affec­te de plu­s­ieurs aut­res maniè­res l’infrastructure. Il faut ici des «rac­cour­cis» pour con­tour­ner les points cri­ti­ques. On pour­rait par exemp­le rac­cor­der la gare de tria­ge de Lim­mat­tal direc­te­ment vers Zoug et Lucer­ne en pas­sant par le «Kno­nau­er Amt». Les pro­jets de ce genre ont bien évi­dem­ment un coût énor­me et ne sont réa­li­sables qu’à long terme. Mal­gré tout, il faut dès aujourd’hui poser les jalons d’aménagement pour y parvenir.

Que sou­hai­tez-vous per­son­nel­le­ment pour l’avenir du fret fer­ro­vi­ai­re suis­se?
J’espère très sin­cè­re­ment que les chan­ces du che­min de fer pour un trans­fert du tra­fic de la route au rail seront éga­le­ment sai­sies dans le tra­fic natio­nal. Pour ce faire, il faut un ren­ver­se­ment de ten­dance avec des con­cepts d’offres plus rapi­des et effi­caces, y com­pris dans le trans­port par wagons com­plets iso­lés. Des con­cepts d’offres inno­vants, con­for­mes aux beso­ins et effi­caces, sont ici nécessaires.

Qui serai­ent par exemp­le?
La digi­ta­li­sa­ti­on offre des oppor­tu­ni­tés énor­mes dont on n’a pas enco­re tiré pro­fit dans le fret fer­ro­vi­ai­re pour l’instant. Par exemp­le, les ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re savent pré­cis­é­ment quand et où leur mar­chan­di­se se trouve, et com­bien de temps elle y reste, grâce à des codes numé­ri­ques. Elles dev­rai­ent mett­re cette con­nais­sance à la dis­po­si­ti­on de leurs cli­ents sous forme d’un suivi des expé­di­ti­ons tout au long de la chaî­ne de trans­port, de l’expéditeur au desti­na­tai­re. Cela aug­m­en­ter­ait con­sidé­ra­blem­ent leur attractivité.

La digi­ta­li­sa­ti­on et l’automatisation sont éga­le­ment des fac­teurs déter­mi­nants pour la com­pé­ti­ti­vi­té des ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re. Il va de soi que les distances cour­tes de seu­le­ment quel­ques kilo­mè­tres, comme on en ren­cont­re sou­vent en Suis­se, ne sont guère con­for­mes aux exi­gen­ces fer­ro­vi­ai­res. Mais si l’on auto­ma­tise cer­ta­ins pro­ces­sus – par exemp­le avec l’attelage auto­ma­tique digi­tal (DAK) ou un trans­bor­de­ment auto­ma­ti­sé de cais­ses mobi­les –, on pour­rait aug­men­ter con­sidé­ra­blem­ent l’efficacité. Des solu­ti­ons de ce genre dev­rai­ent être mises en appli­ca­ti­on par les pro­prié­tai­res pri­vés de wagons pour que leur flot­te reste ren­ta­ble et pour rédui­re les durées de transit.

Pour­quoi les ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re ont-elles autant de mal à être com­pé­ti­ti­ves?
C’est une ques­ti­on à laquel­le il est dif­fi­ci­le de répond­re. Il fau­drait ana­ly­ser avec le plus grand soin les rai­sons pour les­quel­les le fret fer­ro­vi­ai­re est aussi peu com­pé­ti­tif et les mesu­res qu’il fau­drait prend­re pour obte­nir des off­res plus attra­yan­tes ou bais­ser les coûts. Une telle étude pour­rait être l’une des mis­si­ons de la VAP.

En ce qui con­cer­ne la VAP: quels sont les points que nous pour­ri­ons amé­lio­rer?
Je con­nais Frank et je sais à quoi res­sem­ble le logo de la VAP. Mais en tant qu’organisation glo­ba­le, la VAP n’est pas suf­fi­sam­ment visi­ble. Il exis­te ici à mon avis un potentiel d’optimisation. Par ail­leurs, je suis régu­liè­re­ment invi­té à des évè­ne­ments inté­res­sants et infor­ma­tifs. Pour nous, employés d’administration, la char­ge admi­nis­tra­ti­ve pour l’approbation d’un évè­ne­ment payant est pour­tant si importan­te que nous refu­sons sou­vent d’y par­ti­ci­per. C’est vrai­ment dommage.

À qui recom­man­de­riez-vous de coopé­rer avec la VAP?
À l’ensemble des can­tons et com­mu­nes de Suis­se. Pour les admi­nis­tra­ti­ons, la VAP est un par­ten­aire com­pé­tent et un pour­voy­eur d’informations, qui sou­ti­ent le trans­fert de savoir-faire; grâce aussi jus­tem­ent à sa visi­on glo­ba­le suis­se. Pour les pro­prié­tai­res de voies de rac­cor­de­ment, la VAP est une par­tie pren­an­te importan­te qui s’engage en faveur du déve­lo­p­pe­ment d’une offre fer­ro­vi­ai­re, du main­ti­en des instal­la­ti­ons et de la garan­tie des surfaces.

 

Mon­sieur Grie­der, merci beau­coup pour cet entretien.

Détails per­son­nels
Mat­thi­as Grie­der est urba­nis­te et pla­ni­fi­ca­teur des trans­ports de for­ma­ti­on; il est éga­le­ment chef de pro­jet depuis quat­re ans pour le domaine Trans­port de mar­chan­di­ses et logis­tique auprès du Ser­vice de la mobi­li­té du can­ton de Zurich.

 

L’automation du trafic par wagons complets en point de mire

L’automation du trafic par wagons complets en point de mire

Au cours de cette Année euro­pé­en­ne du rail 2021, la moder­ni­sa­ti­on au moyen d’une auto­ma­ti­on du tra­fic par wagons com­plets figu­re tout en haut de notre agen­da. Notre coopé­ra­ti­on avec l’Office fédé­ral des trans­ports (OFT) et l’Union des trans­ports publics (UTP) pour une démar­che com­mu­ne dans le cadre de l’automatisation dans le fret fer­ro­vi­ai­re pro­gres­se comme prévu. L’attelage auto­ma­tique digi­tal (DAK en alle­mand) est entre aut­res au cœur du sujet. D’ici peu, les détails des tâches com­mu­nes seront fixés en con­cer­ta­ti­on avec les ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re, les explo­itants de wagons et de loco­mo­ti­ves ainsi qu’avec les char­geurs, afin que des pro­grès con­crets soi­ent bien­tôt visibles.

Une évaluation des modèles est en cours 

Par­al­lè­le­ment, une éva­lua­ti­on des divers modè­les de DAK est en cours au niveau euro­pé­en. Et nous atten­dons pour l’automne la décis­i­on en faveur de l’un ou l’autre des sys­tè­mes spé­ci­fi­ques. Par la suite, le plan de mise en œuvre cor­re­spond­ant dev­rait être pré­sen­té à l’échelon euro­pé­en. En d’autres ter­mes: le DAK et donc l’automation dans le fret fer­ro­vi­ai­re com­men­cent à prend­re forme.

Un financement est nécessaire

La moder­ni­sa­ti­on du fret fer­ro­vi­ai­re impli­que un sup­port poli­tique et finan­cier bien défi­ni. De ce fait, notre pré­si­dent et con­seil­ler aux États Josef Ditt­li a lancé le pro­ces­sus poli­tique cor­re­spond­ant avec la moti­on 20.3221 «Ren­forcer l’ef­fi­ca­ci­té du trans­port de mar­chan­di­ses sur le rail grâce à l’au­to­ma­tis­a­ti­on». Avec l’adoption de la moti­on, le Par­le­ment a con­fié au Con­seil fédé­ral l’élaboration d’un concept.

Un concept de mise en œuvre est souhaité

C’est la rai­son pour laquel­le la VAP s’est atta­quée avec l’OFT et l’UTP à un con­cept qu’elle remet­tra le moment venu au Par­le­ment en vue d’une con­sul­ta­ti­on. Ce con­cept doit com­prend­re la solu­ti­on tech­ni­que, un plan de trans­for­ma­ti­on ainsi que les coûts initiaux avec les gains en effi­ca­ci­té escomp­tés. Le Par­le­ment aura pour tâche de prend­re une décis­i­on à pro­pos du sup­port finan­cier et des con­di­ti­ons-cad­res appro­priées (épur­a­ti­on des direc­ti­ves de sécu­ri­té et de tra­vail, repri­se des direc­ti­ves d’interopérabilité de l’UE, etc.).

Transport combiné et multimodalité (2<sup>e</sup> partie)

Transport combiné et multimodalité (2e partie)

Outre la Con­fé­dé­ra­ti­on, les can­tons et les gran­des vil­les suis­ses défi­nis­sent de plus en plus sou­vent des con­cepts glo­baux de trans­port de mar­chan­di­ses pour assurer un appro­vi­si­on­ne­ment et une évacua­ti­on effi­caces, sûrs et éco­lo­gi­ques des mar­chan­di­ses. Le sec­teur du tra­fic de fret s’efforce de tra­vail­ler en par­ten­ari­at avec les can­tons et les vil­les afin d’unir les forces et déve­lo­p­per davan­ta­ge les sites logis­ti­ques. La logis­tique urbai­ne au sein des vil­les et des agglo­mé­ra­ti­ons revêt une importance crois­san­te. La VAP esti­me que les mesu­res sui­van­tes sont néces­saires pour que les atouts du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses puis­sent être mis à pro­fit dans le trans­port com­bi­né et multimodal.

1. Développement des infrastructures
  • Des inves­tis­se­ments dédiés à l’extension des lignes pour le trans­port de mar­chan­di­ses sont néces­saires pour la com­pé­ti­ti­vi­té à long terme. Il est impé­ra­tif de les inclure dans les travaux pour la pro­chai­ne étape d’expansion STEP 2040/45, à savoir: 
    • Pla­ni­fi­ca­ti­on et mise en œuvre de la ligne de con­tour­ne­ment de Zurich pour le tra­fic de fret afin d’accroître les capa­ci­tés et de dis­so­cier le tra­fic de pas­sa­gers et de mar­chan­di­ses, y com­pris éli­mi­na­ti­on des gou­lets d’étran­gle­ment dans les nœuds entre Aarau et Winterthour.
    • Examen de la dis­so­cia­ti­on com­plè­te du tra­fic de mar­chan­di­ses et de voy­a­ge­urs dans la région de Bâle, Genè­ve et Zurich-Win­tert­hour ainsi que dans le nœud de Lausanne.
  • Le réseau rou­tier suis­se a beso­in d’être moder­ni­sé de toute urgence. Les mesu­res adop­tées par le Con­seil fédé­ral et le Par­le­ment dans le cadre du nou­veau Fonds pour les rou­tes natio­na­les et le tra­fic d’agglomération (FNA) et du pro­gram­me de déve­lo­p­pe­ment stra­té­gique STEP Rou­tes natio­na­les doi­vent être mises en œuvre le plus rapi­de­ment pos­si­ble. Il est néces­saire de pro­cé­der à des réno­va­tions, d’éliminer les gou­lets d’étranglement et d’augmenter la capa­ci­té sur les tron­çons les plus encombrés.
  • La coor­di­na­ti­on du réseau rou­tier prin­ci­pal et second­ai­re doit occup­er le cent­re de l’attention. Cela signi­fie qu’il faut uti­li­ser plus de res­sour­ces direc­te­ment pour les beso­ins spé­ci­fi­ques de la logis­tique urbai­ne dans les vil­les et les agglo­mé­ra­ti­ons que cela n’est le cas dans les pro­gram­mes d’agglomération 1 et 2.
  • Les capa­ci­tés de trans­bor­de­ment au Tes­sin doi­vent être con­sidé­ra­blem­ent aug­men­tées afin de per­mett­re des solu­ti­ons co-moda­les dans l’import/export. À cette fin, les ter­minaux existants doi­vent être agran­dis et de nou­veaux sites près de la fron­tiè­re doi­vent être évalués.
  • Les sites logis­ti­ques doi­vent être pris en comp­te dans l’aménagement du ter­ri­toire et ren­dus plus acces­si­bles: Cela com­prend l’accès par route (rou­tes natio­na­les, can­to­na­les, com­mu­na­les), l’accès par rail (capa­ci­té du réseau jusqu’à la gare (de récep­ti­on) et la capa­ci­té de manœu­vre pour l’accès à la voie de gara­ge depuis la gare (de récep­ti­on). Cet accès n’est actu­el­le­ment pas léga­le­ment garan­ti. Les plans de réseau régi­on­aux serai­ent déter­mi­nants à cet égard.
2. Conditions cadres réglementaires pour la route
  • Le règle­ment rou­tier actuel doit être con­ser­vé dans son inté­gra­li­té. La RPLP, l’interdiction de cir­cu­ler la nuit et le diman­che pour les poids lourds, la limi­te de poids de 40 ton­nes et l’interdiction du cabo­ta­ge sont incon­tes­tées dans le sec­teur des trans­ports et garan­tis­sent des con­di­ti­ons socia­les et con­cur­ren­ti­el­les équitables.
  • L’interdiction du cabo­ta­ge, en par­ti­cu­lier, est cen­tra­le. Tout assou­plis­se­ment de la régle­men­ta­ti­on actu­el­le men­acerait l’existence de l’ensemble de l’industrie suis­se des trans­ports sur rail et sur route. En outre, il fau­drait comp­ter avec des con­sé­quen­ces fata­les pour l’environnement et la poli­tique de trans­fert modal. Dans le pro­ces­sus actuel sur la con­clu­si­on éven­tu­el­le d’un accord insti­tu­ti­on­nel, l’interdiction du cabo­ta­ge ne doit donc pas être ébran­lée. Elle doit res­ter ancrée sous sa forme actu­el­le dans l’accord sur les trans­ports terrestres.
  • En tant qu’incitation finan­ciè­re au trans­port mul­ti­mo­dal, le rem­bour­se­ment de la RPLP dans le cadre du trans­port com­bi­né dev­rait être aug­men­té pour le pré-ache­mi­ne­ment ou le post-ache­mi­ne­ment par la route et désor­mais éga­le­ment accor­dé pour la com­bi­nai­son de la route et du rail dans le cadre du tra­fic par wagons com­plets de mar­chan­di­ses au lieu du trans­bor­de­ment de conteneurs.
  • L’industrie du trans­port (rou­tier) à l’étranger tra­vail­le avec des struc­tures de coûts com­plè­te­ment dif­fé­ren­tes de cel­les des ent­re­pri­ses de trans­port suis­ses. Les plus gran­des dif­fé­ren­ces se situ­ent au niveau de la rému­né­ra­ti­on des con­duc­teurs. Il en résul­te ce que l’on appel­le le «dum­ping social», qui fausse mas­si­ve­ment la con­cur­rence sur les mar­chés les plus volu­mi­neux du trans­port de mar­chan­di­ses en Euro­pe. En outre, l’interdiction actu­el­le du cabo­ta­ge doit être ren­for­cée, notam­ment par des amen­des beau­coup plus éle­vées en cas d’infraction.
3. Conditions cadres réglementaires pour le rail
  • Afin d’utiliser les infra­struc­tures pour les trains de voy­a­ge­urs et de mar­chan­di­ses de la maniè­re la plus effi­cace pos­si­ble, les con­cepts d’utilisation du réseau doi­vent être déve­lo­p­pés en fon­c­tion de la deman­de. Cela per­met­tra ainsi d’éviter des inves­tis­se­ments coû­teux dans des infra­struc­tures et de sou­la­ger effi­ca­ce­ment les nœuds. Le sec­teur du trans­port de mar­chan­di­ses est prêt à dyna­mi­ser la deman­de, par exemp­le dans le tra­fic nord-sud, grâce à une pla­ni­fi­ca­ti­on horai­re ou quo­ti­di­en­ne. En con­t­re­par­tie, les ent­re­pri­ses de trans­port de mar­chan­di­ses exi­gent une dis­cus­sion sur l’utilisation des sil­lons par les trains de mar­chan­di­ses et les trains régi­on­aux aux heu­res creu­ses, tôt le matin et tard le soir.
  • Les con­cepts d’entretien des ges­ti­on­n­aires d’infrastructure doi­vent tenir davan­ta­ge comp­te des beso­ins du tra­fic de mar­chan­di­ses la nuit. La com­pen­sa­ti­on intro­duite pour les fer­me­tures de lignes dues à des chan­tiers de con­s­truc­tion est utile en tant que com­pen­sa­ti­on, mais en fin de comp­te, le sec­teur des char­geurs a beso­in d’une plus gran­de fia­bi­li­té dans la four­ni­tu­re de ser­vices par les ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re. À l’avenir, les travaux d’entretien doi­vent donc éga­le­ment être pla­ni­fiés de plus en plus pen­dant la jour­née et le week-end, avec des rest­ric­tions uni­for­mes pour tous les modes de transport.
  • Afin de ren­forcer la com­pé­ti­ti­vi­té du che­min de fer dans les chaî­nes de trans­port co-moda­les, les coûts mar­ginaux d’utilisation de l’infrastructure par train cir­cu­lant doi­vent être redé­fi­nis, en ten­ant comp­te des dif­fé­ren­tes exi­gen­ces du trans­port de pas­sa­gers et de marchandises.
Engagement entrepreneurial

Les chem­ins de fer, les trans­por­teurs rou­tiers et le sec­teur des char­geurs sont con­sci­ents de leur responsa­bi­li­té dans l’approvisionnement en mar­chan­di­ses de la Suis­se et ont déjà mis en œuvre diver­ses mesu­res en faveur de solu­ti­ons de trans­port de mar­chan­di­ses co- ou multimodales.

  • Le par­ten­ari­at entre CFF Cargo et Swiss Combi ren­force le trans­fert de la route au rail et aug­men­te dura­blem­ent l’utilisation des capa­ci­tés dans le tra­fic par wagons com­plets et le trans­port com­bi­né. L’objectif est d’accroître enco­re la com­pé­ti­ti­vi­té du rail dans la chaî­ne logis­tique des cli­ents et d’utiliser les modes de trans­port en fon­c­tion de leurs atouts.
  • CFF Cargo, l’association VAP de la bran­che du trans­port de mar­chan­di­ses et l’association des trans­ports publics UTP déve­lo­p­pent une visi­on com­mu­ne de l’offre de la bran­che du trans­port de mar­chan­di­ses. Dans le cadre de l’étape d’expansion STEP 2030/35, des exi­gen­ces tel­les que des capa­ci­tés suf­fi­san­tes, des sil­lons plus rapi­des et la moder­ni­sa­ti­on et la con­s­truc­tion de nou­vel­les instal­la­ti­ons et gares de trans­port de mar­chan­di­ses ont été imposées.
  • Le trans­port rou­tier de mar­chan­di­ses aug­men­te con­tinuel­le­ment son effi­ca­ci­té grâce à des opti­mi­sa­ti­ons inter­nes (par exemp­le, la pla­ni­fi­ca­ti­on, la répar­ti­ti­on, la numé­ri­sa­ti­on). Le nombre de voy­a­ges à vide impro­duc­tifs se situe à un niveau très bas. Tou­te­fois, une par­tie con­sidé­ra­ble des gains d’efficacité réa­li­sés est à nou­veau per­due en rai­son des per­tes de pro­duc­ti­vi­té dues à la con­ges­ti­on crois­san­te de l’ensemble du réseau routier.
Un dialogue plus soutenu pour une durabilité et une efficacité accrues

Les ent­re­pri­ses de trans­port et les char­geurs suis­ses s’engagent en faveur d’un trans­port de mar­chan­di­ses dura­ble et effi­cace, afin de con­tri­buer à une Suis­se éco­lo­gi­que et com­pé­ti­ti­ve. Le trans­fert modal de la route vers le rail dans le tra­fic de tran­sit de fron­tiè­re à fron­tiè­re et une répar­ti­ti­on (multi)modale judi­cieu­se dev­rai­ent être ren­for­cés. La VAP et ses orga­ni­sa­ti­ons par­ten­aires sou­ti­en­nent une rela­ti­on dyna­mi­que, basée sur le par­ten­ari­at, entre les auto­ri­tés et les acteurs du sec­teur et sont prêtes à par­ti­ci­per acti­ve­ment aux travaux.

Transport combiné et multimodalité (1<sup>re</sup> partie)

Transport combiné et multimodalité (1re partie)

Les ent­re­pri­ses de trans­port rou­tier et fer­ro­vi­ai­re ainsi que le sec­teur des char­geurs pren­nent au sérieux leur responsa­bi­li­té éco­no­mi­que, éco­lo­gi­que et socia­le et misent sur des solu­ti­ons mul­ti­mo­da­les. Ils com­bi­nent le Rhin, la route, le rail, les voies navig­ab­les inté­ri­eu­res, les pipe­lines et le fret aéri­en dans des solu­ti­ons logis­ti­ques mul­ti­mo­da­les adap­tées aux besoins.

Terminologie

Le trans­port com­bi­né au sens strict com­bi­ne dif­fér­ents modes de trans­port (route, rail, eau) en un seul sys­tème. Dans ce pro­ces­sus, ce ne sont pas les mar­chan­di­ses trans­por­tées qui sont trans­bor­dées, mais un con­ten­ant de trans­port – dans la plu­part des cas un con­teneur. La plus gran­de par­tie de la distance par­cou­rue (tra­jet prin­ci­pal) doit l’être en train ou en bateau, et les tra­jets de pré-ache­mi­ne­ment et post-ache­mi­ne­ment doi­vent être aussi courts que possible.

Le trans­port mul­ti­mo­dal au sens large com­bi­ne éga­le­ment dif­fér­ents modes de trans­port. Cepen­dant, le trans­bor­de­ment des mar­chan­di­ses à trans­por­ter a lieu lors­que le mode de trans­port est modi­fié, géné­ra­le­ment du bateau et du rail au cami­on et vice versa. Le trans­port com­bi­né ne répond pas en par­ti­cu­lier aux exi­gen­ces du sec­teur des mar­chan­di­ses diver­ses. De ce fait, le tra­fic de mar­chan­di­ses diver­ses, qui con­naît une crois­sance très rapi­de, est pré­des­ti­né au trans­port mul­ti­mo­dal, car la coll­ec­te et la dis­tri­bu­ti­on peu­vent se faire de maniè­re plus sou­ple sur la route qu’en trans­port com­bi­né. Ce der­nier pré­sup­po­se un char­ge­ment pour une seule et même desti­na­ti­on de tou­tes les mar­chan­di­ses con­te­nues dans le con­teneur. Rien que chez Cargo Domic­i­le, 300 wagons de mar­chan­di­ses sont trans­por­tés dans ce type de tra­fic chaque nuit. Par con­sé­quent, le tra­fic fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses joue un rôle essentiel en tant que moyen de trans­port de masse, tant pour le trans­port com­bi­né que pour le trans­port mul­ti­mo­dal. Les sub­ven­ti­ons éprou­vées (rem­bour­se­ment for­fai­taire de la RPLP, limi­te de 44 t en pré-/post-ache­mi­ne­ment) dev­rai­ent donc être éten­dues à tou­tes les com­bi­nai­sons route/rail – indé­pen­dam­ment de leur con­cep­ti­on concrète.

Le transport combiné en hausse

Le trans­port com­bi­né a gagné en importance ces der­niè­res années en rai­son de sa pro­mo­ti­on sans pré­cé­dent grâce à des sub­ven­ti­ons, des réduc­tions de péage et des aug­men­ta­ti­ons de poids pour les poids lourds (cf. figu­re 1). Con­cer­nant les mar­chan­di­ses en tran­sit à tra­vers la Suis­se, 85,3 % des ton­na­ges trans­por­tés en 2019 l’ont été en trans­port com­bi­né (cf. figu­re 2). Dans le tra­fic d’importation et d’exportation, 7,6 % des ton­na­ges trans­por­tés l’ont été en trans­port com­bi­né. Dans le trans­port inté­ri­eur, il s’a­gis­sait de 7,1 % des ton­na­ges transportés.

Illus­tra­ti­on 1: Crois­sance du trans­port com­bi­né de 2016 à 2019 1

Illus­tra­ti­on 2: Répar­ti­ti­on en pour­cen­ta­ge du tra­fic des trans­ports com­bi­nés 2

Envi­ron un tiers de l’ensemble du fret fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses est assu­ré par le trans­port com­bi­né. Dans le domaine du fret fer­ro­vi­ai­re, le trans­port com­bi­né a enre­gis­tré d’une part des ton­na­ges trans­por­tés de 34 % en 2019 et de 12 % pour la navi­ga­ti­on inté­ri­eu­re de et vers Bâle. La part du ton­na­ge net trans­por­té en trans­port com­bi­né ter­rest­re non accom­pa­gné est de 8 %. Le chif­fre cor­re­spond­ant est beau­coup plus fai­ble pour le trans­port rou­tier, qui – comme nous l’avons men­ti­onné – n’est uti­li­sé que pour ce que l’on appel­le le pré-ache­mi­ne­ment et le post-ache­mi­ne­ment (distance moy­enne de trans­port d’environ 50 kilo­mè­tres). La part du TC s’élevait ici à 2 % en 2019, ce chif­fre ne con­cer­nant que les trans­ports avec des véhi­cu­les nati­on­aux. Le reste des mar­chan­di­ses est trans­por­té par voie con­ven­ti­on­nel­le dans des wagons de mar­chan­di­ses avec trans­bor­de­ment des mar­chan­di­ses au lieu de conteneurs.

Le volume du transport de fret augmente

Le volu­me de fret sur les infra­struc­tures suis­ses aug­m­en­te­ra de 37 % d’ici 20403. Le prin­ci­pal moteur est la crois­sance du tra­fic inté­ri­eur, avec une aug­men­ta­ti­on de 39 %. En rai­son de la crois­sance démo­gra­phi­que et éco­no­mi­que, de la divi­si­on du tra­vail, de la numé­ri­sa­ti­on et du com­mer­ce élec­tro­ni­que, les lots de peti­te tail­le, notam­ment les ser­vices de mes­sa­ge­rie ainsi que les ser­vices express et de colis vont con­naît­re une crois­sance dis­pro­por­ti­onnée. Le volu­me du trans­port de mar­chan­di­ses en tran­sit ne cesse éga­le­ment de croît­re et aug­m­en­te­ra de 38 % d’ici 2040 par rap­port à la valeur de réfé­rence de 2010.

Mise en œuvre du mandat constitutionnel de transfert du trafic en transit

Avec l’article con­sti­tu­ti­on­nel sur la pro­tec­tion des Alpes («artic­le sur la pro­tec­tion des Alpes») adop­té en 1994, le trans­fert du tra­fic de mar­chan­di­ses vers le rail en tran­sit a été inscrit dans la con­sti­tu­ti­on. Depuis lors, la Suis­se a beau­coup inves­ti dans ce trans­fert. La con­s­truc­tion de la Neat, ache­vée en 2020 lors de la mise en ser­vice du tun­nel de base du Ceneri, a coûté 18,5 mil­li­ards de francs. Les com­pen­sa­ti­ons pour le trans­port com­bi­né entre 1994 et 2020 (jusqu’en 2023) s’élèvent à 1675 mil­li­ons de francs4. 90 mil­li­ons de francs sup­p­lé­men­tai­res seront ver­sés d’ici 2026 afin de main­te­nir le trans­port com­bi­né de tran­sit sur le rail. Aujourd’hui, le rail déti­ent une part de mar­ché de plus de 70 % dans le trans­port de mar­chan­di­ses en tran­sit tran­sal­pin de fron­tiè­re à fron­tiè­re à tra­vers la Suis­se, ce qui est uni­que en Europe.


1Cf. Office fédé­ral de la sta­tis­tique, Tableau Trans­port com­bi­né de mar­chan­di­ses par rail

2 Cf. Office fédé­ral de la sta­tis­tique, Trans­port com­bi­né de mar­chan­di­ses par rail, 2021

3 Cf. «Per­pec­ti­ves d’évolution du trans­port 2050», Office fédé­ral du déve­lo­p­pe­ment ter­ri­to­ri­al (ARE)

4 Cf. Mes­sa­ge du Con­seil fédé­ral 2019