L’Office fédé­ral des trans­ports (OFT) a annon­cé qu’il aug­m­en­ter­ait le prix du sil­lon dans les trans­ports fer­ro­vi­ai­res de 2,1 % à par­tir de 2025. Si cette mesu­re vise à rem­plir l’exigence léga­le de cou­ver­tu­re des coûts, elle fait tou­te­fois cour­ir le ris­que de faire peser un poids con­sidé­ra­ble sur le trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses et de mett­re en dan­ger le trans­fert du tra­fic sur le rail.

Les enjeux:

  • L’augmentation du prix du sil­lon est inacceptable
  • La crise éco­no­mi­que, la hausse des prix de l’énergie, la réces­si­on mon­dia­le aug­men­tent le prix du fret ferroviaire
  • Ce que nous pou­vons faire pour le trans­fert du tra­fic sur le rail

 

Nous avons sur cette ques­ti­on un avis clair: nous refu­sons une aug­men­ta­ti­on du prix du sil­lon dans le trans­port de mar­chan­di­ses. Dans le cas d’une aug­men­ta­ti­on de 2,1 %, il est du reste extrê­me­ment trom­peur de qua­li­fier l’ajustement de «modé­ré», car elle est sus­cep­ti­ble de débou­ch­er sur des con­sé­quen­ces fata­les et irré­ver­si­bles. Comp­te tenu des per­tes de tra­fic dans les trans­ports inté­ri­eur, d’importation, d’exportation et de tran­sit et des prix de sil­lon net­te­ment plus avan­ta­ge­ux à l’échelon euro­pé­en, une aug­men­ta­ti­on des prix est inacceptable.

Contexte économique et défis

L’économie euro­pé­en­ne est actu­el­le­ment en butte à une pro­fon­de crise qui se voit ren­for­cée par la pour­suite du con­flit en Ukrai­ne, la hausse des prix de l’énergie et la réces­si­on mon­dia­le, notam­ment en Chine. Ces fac­teurs se tra­dui­sent par un recul des éch­an­ges de mar­chan­di­ses et pèsent con­sidé­ra­blem­ent sur le sec­teur des transports.

Depuis la mi-2022, nous assis­tons ici en Euro­pe à un recul con­tinu des volu­mes des trans­ports dans le trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses. L’augmentation de 10 % en moy­enne de la trac­tion fer­ro­vi­ai­re pous­se de nombreu­ses ent­re­pri­ses à trans­fé­rer une part de plus en plus importan­te de leurs mar­chan­di­ses sur la route. L’organisation faî­tiè­re des presta­tai­res de tra­fic com­bi­né UIRR enre­gist­re pour 2023 une baisse d’env. 15 % du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses, alors que le trans­port rou­tier n’a reculé que très faiblement.

Les hausses de prix et leurs effets toxiques

Dans ce con­tex­te dif­fi­ci­le, les haus­ses de prix pré­vues pour l’énergie et le fac­teur d’usure pèsent de maniè­re dis­pro­por­ti­onnée sur le sec­teur du trans­port de mar­chan­di­ses. Le fac­teur d’usure se voit aug­men­té de 9 % et porté de 0,33 à 0,36 CHF/t km bru­tes, et le mon­tant de la hausse des prix de l’énergie sera fixé en juillet.

Les élé­ments avan­cés pour jus­ti­fier l’augmentation du prix de base usure sont la hausse des coûts mar­ginaux dépen­dant du poids, dont le cal­cul n’est tou­te­fois pas trans­pa­rent, et les nor­mes d’aménagement de l’infrastructure pour le trans­port de voy­a­ge­urs. Ces com­po­san­tes des prix, con­çues comme une inci­ta­ti­on à l’acquisition de maté­ri­el rou­lant ména­geant les voies, n’accélèrent pas le rem­pla­ce­ment des wagons de che­min de fer, qui ont une longue durée de vie de 2 à 3 décen­nies. L’incitation est trop fai­ble pour cou­vr­ir les coûts sup­p­lé­men­tai­res pour l’achat de maté­ri­el rou­lant à fai­ble usure, ce qui aug­men­te con­sidé­ra­blem­ent les coûts du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses et en affai­blit la compétitivité.

Conclusion

Si l’augmentation de 2,1 % du prix du sil­lon est cen­sée rend­re comp­te des pre­scrip­ti­ons léga­les en matiè­re de cou­ver­tu­re des coûts, elle va néan­mo­ins con­dui­re à une aug­men­ta­ti­on con­sidé­ra­ble des coûts pour le trans­port de mar­chan­di­ses. Cette mesu­re pour­rait saper les efforts four­nis pour trans­fé­rer le tra­fic sur le rail et aggra­ver enco­re plus la char­ge éco­no­mi­que dans un con­tex­te déjà dif­fi­ci­le. Il serait sou­hai­ta­ble que le trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses, qui souf­fre des nor­mes d’aménagement éle­vées du trans­port de voy­a­ge­urs régis­sant l’exploitation mixte du trans­port de per­son­nes et de mar­chan­di­ses, soit fon­da­men­ta­le­ment déchar­gé. Ce n’est qu’ainsi que le trans­port de mar­chan­di­ses par rail devi­en­dra com­pé­ti­tif et réus­si­ra à faire pro­gresser la tran­si­ti­on mobilitaire.

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