Marco Rosso: Le rail et CST sont deux systèmes qui se complètent. CST coopère avec tous les modes de transport pour absorber conjointement la future croissance du fret, estimée à 30 % d’ici 2050, de manière innovante et durable. Sachant que CST ne convient pas à tous les transports, l’entreprise soutient par les technologies nouvelles et le numérique les modèles commerciaux du rail, des transporteurs routiers et d’autres acteurs de la logistique. Seules des coopérations (encadrées par les règles de la concurrence) permettront de garantir l’interopérabilité parmi les différents modes et entreprises de transport. C’est pourquoi CST prévoit de se raccorder au chemin de fer, à la route, au bateau, au fret aérien et à d’autres systèmes encore. Au niveau des hubs CST, il y aura des raccordements multimodaux, notamment aussi un raccordement au chemin de fer. Lors de la phase de construction, dès 2026 et jusqu’en 2045, CST utilisera des transports ferroviaires d’un volume de 2000 trains de marchandises par an et sera ainsi un client important du rail.
L’infrastructure ne devrait-elle pas être réalisée par l’État? L’exploitation dans les tunnels, de même que l’exploitation des terminaux et du premier/dernier kilomètre seraient alors libres et soumises à la concurrence?
CST est un système qui ne fonctionne que comme un tout, parce que l’ensemble des processus sont gérés de bout en bout. Ce n’est qu’ainsi que les marchandises de détail pourront atteindre leur destination de manière fiable et dans les temps. Le système doit pour cette raison être géré par une seule et même instance et pouvoir être raccordé à toutes les plateformes partenaires. CST a été dès le départ planifié et conçu comme un projet émanant du secteur privé. Compte tenu de ce concept de financement, il est possible et important d’avancer rapidement, et ce sans peser sur le budget fédéral. On compte aussi parmi les investisseurs d’importants futurs clients. Ils aident à développer le système pour qu’il soit adapté au marché. La Confédération a reconnu qu’il ne serait pas efficace qu’elle agisse elle-même comme constructeur, mais qu’il est préférable qu’elle se limite à poser les conditions-cadres légales. Avec des business plans élaborés avec soin, des prix concurrentiels et s’appuyant sur la large base d’investisseurs qui porte le projet, CST montre que l’innovation dans le fret contribue à améliorer la qualité de vie dans les villes comme à la campagne et peut en même temps fonctionner de manière rentable.
Quels sont à votre avis les principaux défis rencontrés par votre projet?
Un projet de cette nature présente les défis les plus divers, par exemple dans le domaine de la planification, des lois, du droit de l’environnement, des finances et de la politique. Ce qui distingue CST est le modèle de l’innovation collaborative, qui intègre toutes les parties prenantes. Le projet aborde les défis de manière pragmatique et par étapes.
Comment comptez-vous organiser un premier/dernier kilomètre non discriminatoire?
La non-discrimination a fait dès le départ partie de la planification de notre système, sans que la loi ne l’exige. Nous appliquons de bout en bout la règle suivante: tous ont accès au système pour le même prix et pour la même prestation. Mais nous allons encore plus loin en développant par exemple la logistique urbaine de CST sur un mode partenarial et collaboratif et en étant ouverts à toute collaboration avec des partenaires de petite ou de grande taille, parmi lesquels des entreprises ferroviaires et la Poste. Ici aussi, notre principe est l’innovation collaborative, que nous pratiquons quotidiennement.
Quel sont le principal avantage ou plus grande motivation qu’apporte CST à la population suisse?
Le principal effet de CST sera l’augmentation de la qualité de vie pour tous les habitants et habitantes de la Suisse. Nous montrerons comment la logistique du futur peut être durable, comment faire disparaître le trafic lourd de la route grâce à un regroupement interentreprise des chargeurs et un premier tri dans le tunnel, ou comment passer sous un bouchon pour assurer l’approvisionnement en marchandises ou comment tirer au mieux parti des ressources en matière d’émissions de CO2, de bruit, etc. L’espace en surface, qui est précieux, doit en premier lieu revenir à la population. CST facilite le développement de l’infrastructure comme celui des énergies renouvelables en Suisse. CST est un moteur d’innovation financé par des fonds privés qui servira l’économie suisse et apportera davantage de qualité de vie dans les villes et les villages en garantissant la sécurité de l’approvisionnement et donc la prospérité en Suisse.
Y a‑t-il des points que nous devrions à votre avis communiquer à nos membres?
Il va y avoir des orientations et des discussions décisives, particulièrement dans le contexte des débats politiques sur le transport de marchandises. Nous sommes fermement convaincus qu’en adoptant une attitude entrepreneuriale, nous pourrons efficacement contribuer à faire de la Suisse au 21e siècle un excellent site économique offrant une qualité de vie élevée, y compris pour les générations futures. Nous y travaillons avec enthousiasme et implication.