EXPLOITATION

Nous repré­sen­tons les acteurs du fret et met­tons l’ac­cent dans ce cha­pit­re sur l’uti­li­sa­ti­on de l’in­fra­struc­tu­re, c’est-à-dire sur le trans­port. Nous nous enga­ge­ons pour une explo­ita­ti­on libre sur le réseau et sur le premier/dernier kilo­mèt­re. Pour favo­ri­ser une con­cur­rence loya­le, nous vou­lons uti­li­ser et com­bi­ner de maniè­re opti­ma­le la force de tout moyen de trans­port. Car le tra­jet est ainsi plus court et plus éco­no­mi­que pour chacun.

Acteurs dans le domaine de l’exploitation:

Ent­re­pri­ses de trans­port fer­ro­vi­ai­re (EF)

Fabricants/détenteurs de maté­ri­el rou­lant (loueurs de wagons privés)

Opé­ra­teurs

Informatif

L’avenir du fret ferroviaire sur l’ensemble du territoire
Valeurs limites d’émission pour le bruit

 

Transport ferroviaire de marchandises
Prescriptions de circulation des trains (PCT)

 

Prescriptions d’exploitation pour les voies de raccordement

La responsa­bi­li­té de l’ex­plo­ita­ti­on sûre incom­be à l’entre­pri­se responsable. Les pre­scrip­ti­ons d’ex­plo­ita­ti­on cor­re­spond­an­tes doi­vent être éta­b­lies par l’ex­plo­itant de la voie de raccordement.

La VAP met des outils à la dis­po­si­ti­on de ses mem­bres. Nous appor­tons notre sou­ti­en dans les tâches juri­di­ques et admi­nis­tra­ti­ves. Pre­nez direc­te­ment cont­act avec nous pour une cla­ri­fi­ca­ti­on, un con­seil ou un accom­pa­gne­ment d’audit.

Entreprises de transport ferroviaire de marchandises (EF) en Suisse

DB Cargo GATX  Hupac rail­Ca­re
 
SRT swiss rail traffic TR Trans Rail WRS  
DB Cargo GATX  Hupac
SRT swiss rail traffic TR Trans Rail WRS
   
rail­Ca­re    

Loueurs de wagons en Europe

VTG was­co­sa erme­wa Grou­pe Millet
MFD Rail Logo      
MFD Rail
     
VTG was­co­sa erme­wa
MFD Rail Logo  
Grou­pe Millet MFD Rail

Chargeur (exemples)

Holcim Logo
Die Post Hol­cim Pan­log Has­tag
Holcim Logo
Die Post Hol­cim Pan­log
   
Has­tag    
La CTT‑N renforce le fret ferroviaire grâce à une concurrence et une transparence accrues

La CTT‑N renforce le fret ferroviaire grâce à une concurrence et une transparence accrues

Dans le cadre de l’objet 24.0017, la com­mis­si­on d’examen pré­alable du Con­seil natio­nal (CTT‑N) deman­de à son con­seil d’entrer en matiè­re et d’approuver les cré­dits desti­nés au déploie­ment du cou­pla­ge auto­ma­tique digi­tal (DAC) ainsi que l’indemnisation limi­tée dans le temps du trans­port par wagons com­plets iso­lés (TWCI) ainsi que la com­man­de du trans­port de mar­chan­di­ses. Elle effec­tue éga­le­ment quel­ques pré­cis­i­ons décisi­ves dans le texte de loi: la con­cur­rence doit être davan­ta­ge encou­ra­gée et des finance­ments croi­sés entre les pre­sta­ti­ons sub­ven­ti­onnées et cel­les auto­fi­nan­cées doi­vent être empê­chés en publi­ant des chif­fres-clés et des flux finan­ciers dans les rap­ports d’activité des ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re. Par ail­leurs, la CTT‑N veut ancrer expres­sé­ment la navi­ga­ti­on inté­ri­eu­re dans le pro­jet de loi afin de créer davan­ta­ge de sécu­ri­té juridique.

En revan­che, l’objectif com­plé­té dans la loi d’augmenter la part du fret fer­ro­vi­ai­re est moins per­ti­nent. Ce mes­sa­ge dev­rait plu­tôt être adres­sé à la com­pa­gnie éta­tique CFF domi­nant le mar­ché qui con­ti­nue de chas­ser des trans­ports du rail de par sa poli­tique actu­el­le en matiè­re d’offre et de prix. Cela enterre la der­niè­re con­fi­ance des cli­ents dans la com­pé­ti­ti­vi­té et la volon­té des chem­ins de fer publics. En fait, les mesu­res pré­vues dans le pro­jet de loi sont plus effi­caces que des objec­tifs ambi­ti­eux: le fret fer­ro­vi­ai­re peut gagner des parts de mar­ché grâce à la digi­ta­li­sa­ti­on pré­vue et à la muta­ti­on d’un sys­tème du 19e siè­cle vers le 21e siè­cle. L’encouragement désor­mais enco­re ren­for­cé de la con­cur­rence entre les ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re, com­bi­né à l’indemnisation limi­tée dans le temps du TWCI pour­rait bien­tôt ent­raî­ner une offre élar­gie et des parts de mar­ché crois­san­tes pour le rail. Les pro­po­si­ti­ons de la CTT‑N, qui apportent des pré­cis­i­ons, dev­rai­ent à cet égard être bien plus effi­caces que des objec­tifs de trans­fert non con­traignants, qui sont en outre con­trai­res à la Constitution.

Mal­heu­reu­se­ment, les deman­des pour plus de trans­pa­rence et de con­cur­rence lors de la con­s­truc­tion et l’exploitation d’installations de trans­bor­de­ment n’ont pas trou­vé de majorité.

«Le transfert du trafic passe par la détermination de l’équipe dirigeante au plus haut niveau.»

«Le transfert du trafic passe par la détermination de l’équipe dirigeante au plus haut niveau.»

Le grou­pe Coop s’est enga­gé à rédui­re ses émis­si­ons de CO2. Un élé­ment cen­tral de cette stra­té­gie est le trans­fert du tra­fic sur le rail. Dani­el Hin­ter­mann, chef de la Direc­tion Logis­tique du grou­pe Coop, expli­que dans un ent­re­ti­en avec la VAP com­ment le grou­pe de com­mer­ce de détail et de gros par­vi­ent à réa­li­ser cela et quels sont les défis à rele­ver dans ce contexte.

 

VAP: Mon­sieur Hin­ter­mann, com­ment le grou­pe Coop est-il par­venu à trans­fé­rer deux tiers de la part du trans­port entre les cen­tra­les de dis­tri­bu­ti­on sur le rail? 

Dani­el Hin­ter­mann: C’est un pro­ces­sus qui a duré plu­s­ieurs années et qui a été lancé en 2010 par la décis­i­on de rache­ter une ent­re­pri­se de fret fer­ro­vi­ai­re. Nous avons ainsi repris la socié­té Rail­ca­re AG en tant que filia­le à 100 %. Nous avons inté­g­ré la peti­te ent­re­pri­se de trans­port fer­ro­vi­ai­re dans l’univers logis­tique de Coop étape par étape. Aujourd’hui, Rail­ca­re fait par­tie inté­gran­te de la chaî­ne de trans­port qui des­sert l’ensemble de notre grou­pe. Elle nous per­met de con­tin­uer à aug­men­ter la part du trans­port ferroviaire.

Com­ment se fait-il que le grou­pe Coop devi­en­ne pro­prié­tai­re de sa pro­pre ent­re­pri­se de trans­port ferroviaire?

En 2008, Coop a mis au point sa visi­on de la neu­tra­li­té car­bo­ne et sa stra­té­gie de cen­tra­li­sa­ti­on de la logis­tique et de la pro­duc­tion. Pour att­eind­re les objec­tifs fixés, nous avons cher­ché de nou­vel­les appro­ches en matiè­re de logis­tique de trans­port. Le con­cept sur lequel repo­sait Rail­ca­re à l’époque cor­re­spon­dait à ces approches.

Quel­le part de trans­port fer­ro­vi­ai­re vous pro­po­sez-vous d’atteindre?

Nous pou­vons ima­gi­ner faire pas­ser la part du rail dans le tra­fic de liv­rai­son suis­se – c’est-à-dire les acti­vi­tés en aval – des 40 % actuels à 50 %. Pour le tra­fic en amont en pro­ven­an­ce d’Europe et de Suis­se, nous voy­ons un potentiel simi­lai­re. Pour att­eind­re ces objec­tifs, nous devons nous enga­ger dans un pro­ces­sus de trans­fert exi­geant qui durera plu­s­ieurs années.

Que con­seil­lez-vous aux aut­res ent­re­pri­ses qui sou­hai­tent trans­fé­rer le trans­port de la route sur le rail? 

À mon avis, il faut que l’équipe diri­ge­an­te au plus haut niveau soit déter­mi­née à trans­fé­rer acti­ve­ment le trans­port. Cela passe par un haut degré de stan­dar­di­s­a­ti­on de l’équipement ainsi que par une étroi­te inter­con­ne­xi­on des pro­ces­sus entre le char­geur et l’entreprise ferroviaire.

Com­ment se pré­sen­te la col­la­bo­ra­ti­on entre le grou­pe Coop et la VAP? 

Cela fait de nombreu­ses années que Coop est membre de la VAP. Nous avons pu comp­ter à plu­s­ieurs repri­ses sur le sou­ti­en pro­fes­si­on­nel de la VAP, notam­ment pour ce qui est des sys­tè­mes con­trac­tuels, des sui­vis de pro­jet ou des recom­man­da­ti­ons tech­ni­ques en matiè­re de voies de raccordement.

Quels sont à vos yeux les points forts de la VAP? 

Parmi les prin­ci­paux atouts de la VAP, il y a ses con­nais­sances sur la maniè­re de con­ce­voir des cont­rats judi­cieux et sur les règle­ments en vigueur. Nous appré­ci­ons le fait que les respons­ables soi­ent joi­gn­ables à tout moment et faci­le­ment, qu’ils aient une appro­che prag­ma­tique et pro­po­sent des solu­ti­ons pra­ti­ques et réalisables.

Com­ment décr­i­riez-vous la VAP? 

Pour le grou­pe Coop en tant que char­geur, la VAP est une pla­te­for­me de con­nais­sances cru­cia­le sur le trans­port fer­ro­vi­ai­re de marchandises. 

À qui con­seil­le­riez-vous de col­la­bo­rer avec la VAP? 

À tous les char­geurs qui trans­portent ou sou­hai­tent dans l’avenir trans­por­ter des mar­chan­di­ses par le train.

Où voyez-vous le beso­in le plus urgent d’agir dans le trans­port fer­ro­vi­ai­re de marchandises? 

Dans la digi­ta­li­sa­ti­on de l’ensemble de la chaî­ne de trans­port. Il est urgent d’automatiser le der­nier kilo­mèt­re et le tra­fic de manœuvre. 

Que sou­hai­tez-vous pour l’avenir du fret fer­ro­vi­ai­re suisse? 

Je sou­hai­te que le fret fer­ro­vi­ai­re devi­en­ne dura­blem­ent com­pé­ti­tif. Pour ce faire, il doit mett­re suf­fi­sam­ment de sil­lons à la dis­po­si­ti­on des ent­re­pri­ses de trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses. Enfin, j’aimerais voir davan­ta­ge d’énergie dans les chan­ge­ments de pro­ces­sus, par exemp­le quand il s’agit de modi­fier les flux de trafic.

Qu’est-ce qui n’a pas enco­re été dit? 

Nous con­sta­tons une ten­dance à la sur­rè­gle­men­ta­ti­on et à la tech­no­cra­tie dans le fret fer­ro­vi­ai­re. Cela ne rend les ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re ni plus sûres, ni plus com­pé­ti­ti­ves. Les acteurs con­cer­nés dev­rai­ent unir leurs forces pour lut­ter cont­re cette évolution.

 

Merci, Mon­sieur Hin­ter­mann, pour cet ent­re­ti­en intéressant.

 

Dani­el Hin­ter­mann est depuis 2017 chef de la Direc­tion Logis­tique et membre de la direc­tion du grou­pe Coop. Sa longue car­ri­è­re chez Coop a com­men­cé en 2001 chez Inter­dis­count, où il est devenu en 2010 chef de la région logis­tique Suis­se du Nord-Ouest. Licen­cié en ges­ti­on d’entreprise, il a fait ses pre­miè­res expé­ri­en­ces dans le domaine du con­seil en entreprise.

Le grou­pe Coop est la plus gran­de ent­re­pri­se de com­mer­ce de détail et de gros de Suis­se. Il emploie 94 790 salarié·e·s – dont 3417 apprenti·e·s – et pos­sè­de 2633 points de vente ou magasins en Suis­se et en Euro­pe. Son pre­mier pilier est le com­mer­ce de détail avec les superm­ar­chés Coop et de nombreux for­mats spé­cia­li­sés en Suis­se, le second étant le com­mer­ce inter­na­tio­nal de gros et la production.

Tunnel de base du Saint-Gothard (#10): l’Europe présente le rapport final

Tunnel de base du Saint-Gothard (#10): l’Europe présente le rapport final

Le Joint Net­work Secre­ta­ri­at (JNS) de l’European Union Agen­cy for Rail­ways (ERA) a publié à la mi-juil­let 2024 son rap­port final sur l’accident sur­venu dans le tun­nel de base du Saint-Got­hard le 10 août 2023. Celui-ci con­ti­ent un élar­gis­se­ment du champ d’application, une aug­men­ta­ti­on de la limi­te d’utilisation opé­ra­ti­on­nel­le, un durcis­se­ment des direc­ti­ves appli­ca­bles aux mesu­res de con­trô­le des ris­ques ainsi que la recom­man­da­ti­on d’un con­trô­le acous­tique à visée préventive.

Les enjeux:

  • La task force JNS pub­lie son rap­port final et son éva­lua­ti­on des conséquences
  • 4 points clés pour tous les acteurs impli­qués: élar­gis­se­ment du champ d’application, aug­men­ta­ti­on de la limi­te d’utilisation, mise en œuvre de l’intégralité des mesu­res de con­trô­le des ris­ques, con­trô­le acous­tique à visée préventive
  • Adap­ter les anne­xes 9 et 10 du Cont­rat uni­for­me d’utilisation des wagons
  • Évi­ter les malen­ten­dus dans l’interprétation des tex­tes de loi
  • Le tra­vail d’analyse des acci­dents à l’échelon inter­na­tio­nal fon­c­tion­ne bien

 

Le tra­vail du JNS vise à har­mo­nis­er à l’échelle de l’UE tou­tes les mesu­res à prend­re à la suite d’un acci­dent ou d’une per­tur­ba­ti­on du tra­fic fer­ro­vi­ai­re de l’UE (cf. artic­le du blog «Tun­nel de base du Saint-Got­hard (#7): le rap­port du SESE appor­te des éclair­cis­se­ments»). Cet orga­ne se com­po­se de repré­sen­tants de l’ERA, des auto­ri­tés natio­na­les de sur­veil­lan­ce (ANS) et du Group of Repre­sen­ta­ti­ve Bodies (GRB), qui repré­sen­te les asso­cia­ti­ons inter­na­tio­na­les de pro­fes­si­on­nels du rail. L’ERA a en outre publié l’analyse suc­cinc­te «Light Impact Assess­ment», qui éva­lue les con­sé­quen­ces de l’accident sur­venu dans le tun­nel de base du Saint-Got­hard en met­tant l’accent sur la ques­ti­on des «roues brisées».

Le rapport final du JNS contient des mesures existantes et des mesures nouvelles

Les ent­re­ti­ens entre le JNS et le sec­teur se sont déroulés dans un esprit de coopé­ra­ti­on. Ils ont débou­ché sur plu­s­ieurs com­pro­mis desti­nés à évi­ter les mesu­res natio­na­les sépa­rées annon­cées par plu­s­ieurs ANS. En effet, les dis­po­si­ti­ons natio­na­les spé­cia­les remet­tent en cause l’interopérabilité ainsi que le trans­fert modal auquel aspi­rent l’UE et la Suisse.

Les résul­tats du rap­port final s’appuient sur les recom­man­da­ti­ons de la pro­cé­du­re JNS «bro­ken wheels» (roues bri­sées) (2017–2019) et son rap­port final de 2019. Les modi­fi­ca­ti­ons par rap­port au rap­port de l’époque sont sur­li­g­nées en jaune. Ces mesu­res de con­trô­le des ris­ques com­plé­tées et amé­lio­rées vien­nent rem­pla­cer l’intégralité de cel­les de la pro­cé­du­re JNS pour les types de roues BA 004 («crack in the rim» (fis­su­re dans le bou­din), 2017–2019). Les mesu­res appli­ca­bles en cas de «crack in the web» (fis­su­re dans le dis­que de roue) (anté­ri­eu­re­ment types de roue BA 314 / ZDB29) restent valables.

4 points clés pour tous les acteurs impliqués

Les aspects par­ti­cu­liè­re­ment per­tin­ents pour les déten­teurs de wagons de mar­chan­di­ses et les enti­tés en char­ge de la main­ten­an­ce («Enti­ty in Char­ge of Main­ten­an­ce», ECM en abré­gé) sont les suivants:

  • Exten­si­on du champ d’application: le champ d’application des mesu­res de con­trô­le des ris­ques a été éten­du. La liste des types de roues con­cer­nées com­prend désor­mais éga­le­ment: BA 004 (éga­le­ment uti­li­sée dans cer­tai­nes ver­si­ons du type d’essieux monté VRY), Db-004sa, BA 390, RI 025, R32, BA 304 et «d’autres types de roues com­pa­ra­bles ne faisant pas par­tie de l’évaluation du JNS».
  • Aug­men­ta­ti­on de la limi­te d’utilisation: la limi­te d’utilisation opé­ra­ti­on­nel­le (voir enca­dré) appli­ca­ble aux types de roues con­cer­nés est pas­sée d’un diamèt­re de 860 mm à 864 mm.
  • Mise en œuvre de l’intégralité des mesu­res de con­trô­le des ris­ques: pour tous les types de roues désor­mais con­cer­nés, tous les acteurs impli­qués doi­vent soit mett­re en œuvre l’intégralité des mesu­res de con­trô­le des ris­ques du JNS, soit prend­re d’autres mesu­res garan­tis­sant au moins un niveau de sécu­ri­té équi­va­lent et jus­ti­fiées par une ana­ly­se des ris­ques con­for­mé­ment à l’annexe 1 du règle­ment (UE) 402/2013 (MSC AR).
  • Con­trô­le acous­tique à visée pré­ven­ti­ve: le rap­port final du JNS men­ti­on­ne le con­trô­le acous­tique comme une mesu­re pré­ven­ti­ve simp­le pour rédui­re les ris­ques. Nous som­mes d’avis que dans le cadre du con­trô­le des wagons réa­li­sé avant le départ, les ent­re­pri­ses fer­ro­vi­ai­res ne doi­vent pas renon­cer au con­trô­le acous­tique en cas de sus­pi­ci­on de surchauf­fe de l’essieu et/ou de for­ma­ti­on de fis­su­res sur la bande de rou­le­ment ou sur le bou­din. Elles dev­rai­ent les inclure dans le pro­ces­sus de con­trô­le qu’elles effec­tu­ent avant le départ, si ce n’est pas déjà le cas.

Limi­te d’utilisation opérationnelle

Le diamèt­re des roues n’est pas mesu­ré avant le départ ni pen­dant la pré­pa­ra­ti­on du train. La limi­te d’utilisation opé­ra­ti­on­nel­le est défi­nie après la main­ten­an­ce. En vertu du règle­ment ECM, les ECM doi­vent défi­nir la limi­te de main­ten­an­ce appro­priée et sûre pour les roues afin d’éviter qu’une roue du type con­cer­né soit uti­li­sée en des­sous de la limi­te opé­ra­ti­on­nel­le de 864 mm pen­dant l’exploitation. Suite aux dis­cus­sions au sein de la task force JNS, la limi­te géné­ra­le de main­ten­an­ce a été aug­men­tée, pas­sant de 876 mm à désor­mais 880 mm après pro­fi­la­ge des essieux.

Si une ECM déci­de d’autoriser l’utilisation d’une roue avec une limi­te de main­ten­an­ce infé­ri­eu­re à 880 mm après pro­fi­la­ge, elle est tenue de prou­ver que cette limi­te de main­ten­an­ce infé­ri­eu­re (1) garan­tit au moins le même niveau de sécu­ri­té, (2) est jus­ti­fiée par une ana­ly­se des ris­ques con­for­mé­ment à l’annexe 1 du règle­ment (UE) 402/2013 (MSC AR) et (3) que l’analyse des ris­ques a été véri­fiée et approu­vée par un orga­nis­me d’évaluation indé­pen­dant, car une limi­te de mon­ta­ge infé­ri­eu­re à 880 mm est con­sidé­rée comme une «modi­fi­ca­ti­on significative».

 

Adapter les annexes 9 et 10 du Contrat uniforme d’utilisation des wagons

Le JNS a for­mulé une recom­man­da­ti­on à l’intention de l’Union Inter­na­tio­na­le des Chem­ins de fer (UIC), de l’European Rail Freight Asso­cia­ti­on (ERFA) et de l’International Union of Wagon Kee­pers (UIP), en leur qua­li­té d’éditeurs respons­ables du Cont­rat uni­for­me d’utilisation des wagons (CUU): ces orga­nes doi­vent véri­fier l’opportunité de com­plé­ter les anne­xes 9 et 10 du CUU afin de règle­men­ter à l’avenir la détec­tion des roues en surchauf­fe ther­mi­que de maniè­re enco­re plus sys­té­ma­tique et uniforme.

Le débat qui a eu lieu au sein du JNS a mon­tré que tant les auto­ri­tés natio­na­les de sur­veil­lan­ce de cer­ta­ins États (mem­bres de l’UE) que les ent­re­pri­ses de trans­port fer­ro­vi­ai­re ont du mal à inté­grer les ECM dans leur acti­vi­té. Le JNS recom­man­de donc aux orga­ni­sa­ti­ons du sec­teur des ent­re­ti­ens de cla­ri­fi­ca­ti­on entre les États mem­bres et la Com­mis­si­on euro­pé­en­ne, mais aussi la publi­ca­ti­on de lignes direc­tri­ces pour les ent­re­pri­ses de trans­port ferroviaire.

Éviter les malentendus dans l’interprétation des textes de loi

À la VAP, nous allons avec l’UIP nous pen­cher à nou­veau sur le rôle et les responsa­bi­li­tés des ECM dans le con­tex­te du tri­ang­le de responsa­bi­li­tés «explo­itant d’infrastructure / ent­re­pri­se de trans­port fer­ro­vi­ai­re / déten­teur de wagons». Nous sou­hai­tons ainsi évi­ter à l’avenir tout malen­ten­du sur l’interprétation des tex­tes de loi aux explo­itants d’infrastructures et aux ent­re­pri­ses de trans­port fer­ro­vi­ai­re, prin­ci­paux acteurs selon la direc­ti­ve euro­pé­en­ne sur la sécu­ri­té et donc aussi pour les ANS. Le débat en cours au sein du Par­le­ment suis­se sur les responsa­bi­li­tés dans le trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses met en évi­dence les dif­fé­ren­tes inter­pré­ta­ti­ons des règle­men­ta­ti­ons du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses har­mo­ni­sées à l’échelon inter­na­tio­nal par dif­fé­ren­tes auto­ri­tés natio­na­les, les ins­tances euro­pé­en­nes et cer­tai­nes par­ties du sec­teur fer­ro­vi­ai­re. Nous con­sidé­rons donc que le fait que le JNS ait émis la recom­man­da­ti­on évo­quée plus haut à l’intention des orga­ni­sa­ti­ons du sec­teur est une réus­si­te pour le tra­vail d’information que nous avons effec­tué à ce jour.

Le travail international d’analyse des accidents fonctionne bien

Le rap­port final de la task force JNS démont­re qu’en cas d’incidents et d’évènements dans le sec­teur fer­ro­vi­ai­re, les pro­cé­du­res har­mo­ni­sées fon­c­tion­nent par­fai­te­ment au niveau euro­pé­en. Elles per­met­tent d’une part de lar­ges éch­an­ges d’expériences et d’autre part des mesu­res d’amélioration con­crè­tes por­tées par l’ensemble du sec­teur et tous les États membres.

Nous vous infor­me­rons dès que le rap­port final du Ser­vice suis­se d’enquête de sécu­ri­té SESE sur l’évènement en ques­ti­on sera disponible.

 

Un ajustement «modéré» du prix du sillon: une charge fatale pour le transport ferroviaire de marchandises

Un ajustement «modéré» du prix du sillon: une charge fatale pour le transport ferroviaire de marchandises

L’Office fédé­ral des trans­ports (OFT) a annon­cé qu’il aug­m­en­ter­ait le prix du sil­lon dans les trans­ports fer­ro­vi­ai­res de 2,1 % à par­tir de 2025. Si cette mesu­re vise à rem­plir l’exigence léga­le de cou­ver­tu­re des coûts, elle fait tou­te­fois cour­ir le ris­que de faire peser un poids con­sidé­ra­ble sur le trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses et de mett­re en dan­ger le trans­fert du tra­fic sur le rail.

Les enjeux:

  • L’augmentation du prix du sil­lon est inacceptable
  • La crise éco­no­mi­que, la hausse des prix de l’énergie, la réces­si­on mon­dia­le aug­men­tent le prix du fret ferroviaire
  • Ce que nous pou­vons faire pour le trans­fert du tra­fic sur le rail

 

Nous avons sur cette ques­ti­on un avis clair: nous refu­sons une aug­men­ta­ti­on du prix du sil­lon dans le trans­port de mar­chan­di­ses. Dans le cas d’une aug­men­ta­ti­on de 2,1 %, il est du reste extrê­me­ment trom­peur de qua­li­fier l’ajustement de «modé­ré», car elle est sus­cep­ti­ble de débou­ch­er sur des con­sé­quen­ces fata­les et irré­ver­si­bles. Comp­te tenu des per­tes de tra­fic dans les trans­ports inté­ri­eur, d’importation, d’exportation et de tran­sit et des prix de sil­lon net­te­ment plus avan­ta­ge­ux à l’échelon euro­pé­en, une aug­men­ta­ti­on des prix est inacceptable.

Contexte économique et défis

L’économie euro­pé­en­ne est actu­el­le­ment en butte à une pro­fon­de crise qui se voit ren­for­cée par la pour­suite du con­flit en Ukrai­ne, la hausse des prix de l’énergie et la réces­si­on mon­dia­le, notam­ment en Chine. Ces fac­teurs se tra­dui­sent par un recul des éch­an­ges de mar­chan­di­ses et pèsent con­sidé­ra­blem­ent sur le sec­teur des transports.

Depuis la mi-2022, nous assis­tons ici en Euro­pe à un recul con­tinu des volu­mes des trans­ports dans le trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses. L’augmentation de 10 % en moy­enne de la trac­tion fer­ro­vi­ai­re pous­se de nombreu­ses ent­re­pri­ses à trans­fé­rer une part de plus en plus importan­te de leurs mar­chan­di­ses sur la route. L’organisation faî­tiè­re des presta­tai­res de tra­fic com­bi­né UIRR enre­gist­re pour 2023 une baisse d’env. 15 % du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses, alors que le trans­port rou­tier n’a reculé que très faiblement.

Les hausses de prix et leurs effets toxiques

Dans ce con­tex­te dif­fi­ci­le, les haus­ses de prix pré­vues pour l’énergie et le fac­teur d’usure pèsent de maniè­re dis­pro­por­ti­onnée sur le sec­teur du trans­port de mar­chan­di­ses. Le fac­teur d’usure se voit aug­men­té de 9 % et porté de 0,33 à 0,36 CHF/t km bru­tes, et le mon­tant de la hausse des prix de l’énergie sera fixé en juillet.

Les élé­ments avan­cés pour jus­ti­fier l’augmentation du prix de base usure sont la hausse des coûts mar­ginaux dépen­dant du poids, dont le cal­cul n’est tou­te­fois pas trans­pa­rent, et les nor­mes d’aménagement de l’infrastructure pour le trans­port de voy­a­ge­urs. Ces com­po­san­tes des prix, con­çues comme une inci­ta­ti­on à l’acquisition de maté­ri­el rou­lant ména­geant les voies, n’accélèrent pas le rem­pla­ce­ment des wagons de che­min de fer, qui ont une longue durée de vie de 2 à 3 décen­nies. L’incitation est trop fai­ble pour cou­vr­ir les coûts sup­p­lé­men­tai­res pour l’achat de maté­ri­el rou­lant à fai­ble usure, ce qui aug­men­te con­sidé­ra­blem­ent les coûts du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses et en affai­blit la compétitivité.

Conclusion

Si l’augmentation de 2,1 % du prix du sil­lon est cen­sée rend­re comp­te des pre­scrip­ti­ons léga­les en matiè­re de cou­ver­tu­re des coûts, elle va néan­mo­ins con­dui­re à une aug­men­ta­ti­on con­sidé­ra­ble des coûts pour le trans­port de mar­chan­di­ses. Cette mesu­re pour­rait saper les efforts four­nis pour trans­fé­rer le tra­fic sur le rail et aggra­ver enco­re plus la char­ge éco­no­mi­que dans un con­tex­te déjà dif­fi­ci­le. Il serait sou­hai­ta­ble que le trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses, qui souf­fre des nor­mes d’aménagement éle­vées du trans­port de voy­a­ge­urs régis­sant l’exploitation mixte du trans­port de per­son­nes et de mar­chan­di­ses, soit fon­da­men­ta­le­ment déchar­gé. Ce n’est qu’ainsi que le trans­port de mar­chan­di­ses par rail devi­en­dra com­pé­ti­tif et réus­si­ra à faire pro­gresser la tran­si­ti­on mobilitaire.

Le trafic par wagons complets peut devenir compétitif

Le trafic par wagons complets peut devenir compétitif

Forum Fret Fer­ro­vi­ai­re, 7 mai 2024. Le tra­fic par wagons com­plets sur l’ensemble du ter­ri­toire déti­ent une part de mar­ché très éle­vée dans le tra­fic inté­ri­eur dans toute l’Europe. En revan­che, il chute dans le tra-fic d’exportation et d’importation mal­gré les longues distances. Cela est dû au cloi­son­ne­ment du mar­ché et aux struc­tures de pro­duc­tion vieil­lis­san­tes. La devi­se est la sui­van­te: «Exclu­si­ve­ment les chem­ins de fer publics, exclu­si­ve­ment sur leur mar­ché natio­nal». Le tra­fic par wagons com­plets est con­sidé­ré comme un tra­fic con­ven­ti­on­nel. Une col­la­bo­ra­ti­on en réseau, telle qu’elle est usu­el­le­ment pra­ti­quée avec suc­cès sur la route, n’est pas envi­sa­gée sur le rail.

Une trans­for­ma­ti­on du tra­fic par wagons com­plets dans un sys­tème fer­ro­vi­ai­re auto­ma­ti­sé, con­nec­té numé­ri­quement et ouvert à l’international est tou­te­fois pos­si­ble. Les États offrent dans ce but un sou­ti­en poli­tique et finan­cier au sec­teur ferroviaire.

 

C’est de cela qu’il s’agit :

  • Les lea­ders du sec­teur euro­pé­en des trans­ports et de la logis­tique à Zurich au Forum Fret Ferroviaire
  • Mati­née avec aper­çu du cadre légal actuel
  • Thème de l’a­près-midi : la trans­for­ma­ti­on du trans­port fer­ro­vi­ai­re de marchandises
  • Focus sur amé­nage­ment d’un pay­sa­ge du fret fer­ro­vi­ai­re apte à affron­ter l’avenir

 

Le 7 mai 2024, des lea­ders du sec­teur euro­pé­en des trans­ports et de la logis­tique se sont réunis au Forum Fret Fer­ro­vi­ai­re à Zurich afin de dis­cu­ter de l’avenir du trans­port de mar­chan­di­ses par rail.

Dans son dis­cours de bien­ve­nue, Frank Fur­rer, secré­tai­re géné­ral de la VAP Asso­cia­ti­on des char­geurs, est revenu sur les pré­cé­dents Forums des années 2018 à 2024, au cours des­quels une dis­cus­sion con­ti­nue a été menée sur le déve­lo­p­pe­ment du trans­port de mar­chan­di­ses. Des thè­mes tels que la mul­ti­mo­da­li­té, la sécu­ri­té, l’in­no­va­ti­on et la numé­ri­sa­ti­on ont été au cent­re des débats. Il a par­ti­cu­liè­re­ment insis­té sur le rôle de la poli­tique des trans­ports en tant que moteur du chan­ge­ment.
En 2024, l’ac­cent sera mis sur de nou­vel­les con­di­ti­ons-cad­res pour un trans­port de mar­chan­di­ses dura­ble, en par­ti­cu­lier sur la trans­for­ma­ti­on du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses. Frank Fur­rer a souli­g­né l’im­portance de con­di­ti­ons cad­res favor­ables à la con­cur­rence pour per­mett­re la mul­ti­mo­da­li­té, l’in­no­va­ti­on et la pro­tec­tion de l’en­vi­ron­ne­ment.
Le par­ten­ari­at entre la poli­tique et l’é­co­no­mie, la coopé­ra­ti­on entre les ent­re­pri­ses fer­ro­vi­ai­res de fret, les presta­tai­res logis­ti­ques et les char­geurs ainsi que le prin­ci­pe de sub­si­dia­ri­té sont des prin­cipes fon­da­men­taux selon lui. Le pro­jet de loi actuel sur la moder­ni­sa­ti­on du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses a été dis­cu­té au Par­le­ment. La VAP sou­ti­ent des mesu­res tel­les que l’in­tro­duc­tion du cou­pla­ge auto­ma­tique digi­ta­le (DAC) et le finance­ment tran­si­toire pour le tra­fic par wagons com­plets sous cer­tai­nes conditions.

Le Dr Peter Füg­lis­ta­ler, direc­teur de l’Office fédé­ral des trans­ports (OFT), a donné un aper­çu du cadre légal actuel et des défis aux­quels est con­fron­té le trans­port de mar­chan­di­ses en Suis­se. Il est d’a­vis que «l’encouragement finan­cier tem­po­rai­re du tra­fic par wagons com­plets est une der­niè­re ten­ta­ti­ve de sau­ver le trans­port inté­ri­eur de mar­chan­di­ses par rail». Le DAC est le moyen néces­saire pour y par­ve­nir, et c’est une belle offre avec une sub­ven­ti­on de 30 % aux pro­prié­tai­res. Peter Wes­ten­ber­ger, direc­teur de l’association «Die Güter­bah­nen» en Alle­ma­gne, a pré­sen­té le rail numé­ri­que et la char­te VDV du point de vue alle­mand. Il a deman­dé un encou­ra­ge­ment finan­cier du tra­fic par wagons com­plets exclu­si­ve­ment par le biais des lignes de des­ser­te, c’est-à-dire la réac­ti­va­ti­on ou l’augmentation du volu­me sur le plus grand nombre pos­si­ble de points de des­ser­te. Selon lui, la situa­ti­on est très dif­fi­ci­le pour les con­curr­ents, car les don­nées ne sont abso­lu­ment pas trans­pa­ren­tes. Mag. Clau­dia Neme­th, du Minis­tère fédé­ral du Cli­mat, de l’Environnement, de l’Énergie, des Mobi­li­tés, de l’Innovation et de la Tech­no­lo­gie (BMK) en Autri­che, a expli­qué les instru­ments et les stra­té­gies de la poli­tique des trans­ports autri­chi­en­ne en ce qui con­cer­ne le trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses et a com­pa­ré les inves­tis­se­ments par habi­tant en Suis­se, en Alle­ma­gne et en Autri­che. L’Autri­che mise sur un suivi actif des mesu­res du Mas­ter­plan Trans­port de mar­chan­di­ses 2030 et a récem­ment pré­sen­té le pre­mier rap­port de suivi à ce sujet. L’une de ces mesu­res est la mise en place, fin 2023, d’un coach en matiè­re de trans­fert modal, qui con­seil­le les ent­re­pri­ses ou les com­mu­nes en matiè­re de trans­fert vers le rail. Avec le minist­re alle­mand des trans­ports Wiss­mann et le con­seil­ler fédé­ral Rösti, la minist­re autri­chi­en­ne Leo­no­re Gewess­ler sou­ti­ent l’introduction rapi­de du DAC. Ueli Mau­rer, Head of Inter­mo­dal Net­work dans la socié­té Bert­schi AG, a appor­té un pré­cieux feed-back du point de vue éco­no­mi­que. Selon lui, il est impos­si­ble d’attendre le DAC au vu des pro­grès réa­li­sés sur la route, il doit être mis en œuvre immé­dia­te­ment. Les chan­tiers actuels, dont la coor­di­na­ti­on inter­na­tio­na­le est enco­re tota­le­ment insuf­fi­san­te, ainsi que les prix de l’énergie et des sil­lons men­a­cent fon­da­men­ta­le­ment pour l’heure la via­bi­li­té com­mer­cia­le du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses. Il a en outre deman­dé aux explo­itants d’infrastructures de réper­cu­ter sur le fret fer­ro­vi­ai­re les éco­no­mies réa­li­sées grâce à des fer­me­tures com­plè­tes, en com­pen­sa­ti­on de leurs coûts supplémentaires.

Lors de la dis­cus­sion-débat qui a suivi, Wes­ten­ber­ger a parlé de la situa­ti­on chao­tique actu­el­le des chan­tiers et des coûts sup­p­lé­men­tai­res qui en décou­lent, et a deman­dé une amé­lio­ra­ti­on de la qua­li­té du fret fer­ro­vi­ai­re. Neme­th était d’accord, mais s’est mon­trée opti­mis­te quant à l’avenir du fret fer­ro­vi­ai­re : « es défis actuels sont comme un petit enfant qui app­rend à mar­cher: il y a des revers, mais ça va de mieux en mieux.» Mon­sieur Füg­lis­ta­ler a souli­g­né l’absence d’alternative à l’as­sai­nis­se­ment des cor­ri­dors et a insis­té sur la néces­si­té d’investir dans l’infrastructure. Le Dr Jens Engel­mann, qui a animé la dis­cus­sion-débat, a sou­le­vé la ques­ti­on de l’efficacité des mesu­res d’encouragement et a dis­cu­té des dif­fé­ren­tes appro­ches visa­nt à sou­te­nir le trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses. Mon­sieur Füg­lis­ta­ler et Madame Neme­th ont défen­du le rôle des chem­ins de fer publics pour le tra­fic de wagons iso­lés. Con­clu­si­on de la dis­cus­sion par Engel­mann: le rail appor­te une con­tri­bu­ti­on importan­te au déve­lo­p­pe­ment dura­ble et doit con­tin­uer à être encou­ra­gé, mais il faut aussi rele­ver des défis tels que le man­que de capa­ci­tés et les coûts des inno­va­tions technologiques.

Après une cour­te pause, la mani­fes­ta­ti­on a abor­dé la trans­for­ma­ti­on du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses à l’avenir. Gil­les Peter­hans, secré­tai­re géné­ral de l’Union inter­na­tio­na­le des wagons pri­vés (UIP), a mis en lumiè­re l’état actuel de l’attelage auto­ma­tique digi­tal (DAC). Il a souli­g­né la dif­fé­rence entre le réé­qui­pe­ment tech­ni­que et la trans­for­ma­ti­on affé­ren­te du fret fer­ro­vi­ai­re archaï­que. Celui-ci doit être sérieu­se­ment réor­ga­ni­sé pour être com­pé­ti­tif et trans­for­mé en un tout nou­veau sys­tème fer­ro­vi­ai­re. Gre­gor Och­sen­bein, direc­teur adjoint du pro­gram­me Don­nées pour un sys­tème de mobi­li­té effi­cace à l’OFT et Jür­gen Maier-Gyom­lay, responsable du GT Logis­tique / CI TWC à la VAP ont mis en évi­dence l’importance des éco­sys­tè­mes de don­nées pour une logis­tique effi­cace. Peter Sut­ter­lü­ti, CEO de Cargo sous ter­rain SA, a pré­sen­té le con­cept de Cargo Sous Ter­rain (CST). Cette solu­ti­on logis­tique, finan­cée uni­quement par des fonds pri­vés, est dis­po­nible exclu­si­ve­ment pour les mar­chan­di­ses en vrac. L’interaction entre le par­cours prin­ci­pal sou­ter­rain et la répar­ti­ti­on fine en sur­face a le potentiel de deve­nir un com­plé­ment déter­mi­nant du rail et de la route. Ste­fan Kirch, co-fon­da­teur et membre de la direc­tion de NEVOMO, a pré­sen­té les potentiels de la tech­no­lo­gie du train magné­tique pour une solu­ti­on de tra­fic des mar­chan­di­ses plus effi­cace et de plus gran­de capa­ci­té. En par­ti­cu­lier, la con­duite auto­no­me de wagons de mar­chan­di­ses sur des voies de rac­cor­de­ment sur tout le ter­ri­toire avec une multi­tu­de de sta­ti­ons de char­ge­ment et de déchar­ge­ment ainsi que des points de con­so­li­da­ti­on pour l’expédition et la récep­ti­on offre des potentiels d’économie extraordinaires.

La mani­fes­ta­ti­on a cul­mi­né avec une autre dis­cus­sion-débat con­s­acrée à l’ave­nir de la logis­tique en 2035. Outre le carac­tère volon­tai­re de la remi­se des don­nées, les défis de la trans­for­ma­ti­on numé­ri­que, notam­ment en ter­mes de coûts et de col­la­bo­ra­ti­on avec dif­fé­ren­tes par­ties pren­an­tes, ont éga­le­ment été dis­cu­tés. En con­clu­si­on, il a été souli­g­né qu’il fall­ait être ouvert aux solu­ti­ons inno­van­tes et ne pas se lais­ser décou­ra­ger par les pro­blè­mes. Frank Fur­rer a résu­mé la mani­fes­ta­ti­on par une con­sta­ta­ti­on aussi con­fi­an­te que pro­vo­can­te: «Tout est pos­si­ble, à con­di­ti­on que tous les acteurs du sec­teur unis­sent leurs forces et avan­cent en rangs ser­rés, de maniè­re prag­ma­tique et dans un esprit de compromis.»

Ce fut une jour­née riche en ren­con­tres pas­si­on­nan­tes, en pré­sen­ta­ti­ons infor­ma­ti­ves, en dis­cus­sions sti­mu­lan­tes, avec une foca­li­sa­ti­on clai­re sur l’aménagement d’un pay­sa­ge du fret fer­ro­vi­ai­re apte à affron­ter l’avenir. Les par­ti­ci­pan­ts ont quit­té la réuni­on avec de nou­vel­les con­nais­sances et des impul­si­ons pour le déve­lo­p­pe­ment futur de la branche.

Nous atten­dons avec impa­ti­ence le Forum Fret Fer­ro­vi­ai­re 2025!

L’avenir appartient au trafic combiné

L’avenir appartient au trafic combiné

Quel est l’avenir des ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re en Suis­se? C’est – entre aut­res – de cette ques­ti­on que s’entretiendra la VAP dans sa dou­ble inter­view avec Peter Knaus, direc­teur de la Bünd­ner Güter­bahn (Che­min de fer de fret des Gri­sons) appar­ten­ant aux Chem­ins de fer rhé­ti­ques (RhB) et Peter Lug­in­bühl, direc­teur de l’exploitation du che­min de fer Mat­ter­horn-Gott­hard (MGBahn). Lors de leur débat, les experts par­lent d’exploitation pro­pre et d’externalisation, d’autofinancement, d’innovation, de con­cur­rence et d’une fle­xi­bi­li­sa­ti­on du trans­port ferroviaire.

 

Mon­sieur Lug­in­bühl, à la MGBahn, la logis­tique de fret fer­ro­vi­ai­re est exter­na­li­sée. Pourquoi?

Peter Lug­in­bühl: Sach­ant que nos acti­vi­tés tour­nent essen­ti­el­le­ment autour du tou­ris­me, notre prio­ri­té est la mobi­li­té des per­son­nes. Le trans­port de mar­chan­di­ses repré­sen­te envi­ron 2 % du résul­tat d’exploitation glo­bal du domaine du ser­vice public. En 2011, nous avons déci­dé, pour le trans­port de mar­chan­di­ses, de nous con­cen­trer sur le trans­port fer­ro­vi­ai­re. Nous avons con­fié la responsa­bi­li­té des inter­faces en amont et en aval vis-à-vis du cli­ent à Alpin Cargo SA en tant que presta­tai­re géné­ra­lis­te de ser­vices logis­ti­ques. Nous pou­vons ainsi tous deux nous con­cen­trer sur nos com­pé­ten­ces clés: nous som­mes respons­ables du trans­port par rail, Alpin Cargo de l’interface avec le cli­ent, ce qui eng­lo­be donc aussi le der­nier kilo­mèt­re. À Zer­matt, par exemp­le, la dis­tri­bu­ti­on fine est assu­rée par des véhi­cu­les élec­tri­ques et des calèches.

Peter Lug­in­bühl est direc­teur de l’exploitation de la MGBahn

Dans quel­le mesu­re cette exter­na­li­sa­ti­on est-elle un atout?

Peter Lug­in­bühl: Ce modè­le d’exploitation a fait ses preu­ves dans notre situa­ti­on de départ, avec une ent­re­pri­se de tail­le limi­tée où la con­tri­bu­ti­on du trans­port de mar­chan­di­ses au résul­tat glo­bal est assez mode­s­te. Du point de vue des cli­ents de fret, c’est éga­le­ment idéal.

Si c’était à refai­re, opte­riez-vous enco­re pour l’externalisation?

Peter Lug­in­bühl: Oui. Notre modè­le d’exploitation fon­c­tion­ne très bien. Néan­mo­ins, tous les cinq ans, nous le réétu­dio­ns et fai­sons le point. Par la tail­le, nous ne repré­sen­tons qu’environ un quart de la Bünd­ner Güter­bahn des RhB. Cela n’a donc aucun sens d’assurer nous-mêmes l’exploitation.

Mon­sieur Knaus, vous exploi­tez vous-même le sec­teur du fret fer­ro­vi­ai­re. Com­ment se pré­sen­te cette explo­ita­ti­on propre?

Peter Knaus: Nous avons reçu des man­dats de la part du can­ton des Gri­sons, notam­ment celui d’offrir le ser­vice public. Aupa­ra­vant, on for­çait lit­té­ra­le­ment les ent­re­pri­ses de trans­port à uti­li­ser le rail. Aujourd’hui, c’est dif­fé­rent. Nous trans­por­tons les mar­chan­di­ses par rail dans la mesu­re où cela est éco­no­mi­quement rai­sonnable. Pour nous et nos cli­ents, cela débou­che sur une situa­ti­on gag­nant-gag­nant. Pour les cour­tes distances ou le der­nier kilo­mèt­re, nous col­la­bo­rons avec des ent­re­pri­ses de trans­port rou­tier. Nous éch­an­ge­ons régu­liè­re­ment avec ces par­ten­aires com­mer­ciaux lors de notre pla­te­for­me de trans­port annuel­le et par des cont­acts personnels.

À votre avis, quels sont les incon­vé­ni­ents de votre modèle?

Peter Knaus: Un inves­tis­se­ment énor­me en ter­mes de temps, de moy­ens et d‘argent pour le maté­ri­el rou­lant de l’entreprise. Pre­nons un exemp­le: l’ensemble de notre parc de wagons, soit envi­ron 320 wagons, est équi­pé de freins à vide. Or, pour des rai­sons stra­té­giques, les RhB ont déci­dé d’équiper tous les wagons de freins à air com­pri­mé d’ici 2040. Con­for­mé­ment à notre stra­té­gie 2023–2030, nous allons moder­nis­er la moi­tié du parc et renou­ve­ler l’autre moi­tié, car c’est l’option la plus économique.

Selon quels cri­tères clés le mode de trans­port est-il choi­si chez vous?

Peter Lug­in­bühl: Nous som­mes con­vain­cus que bien que le rail soit opti­mal pour tou­tes les mar­chan­di­ses, il ne l’est pas autant pour tou­tes. Nous trans­por­tons actu­el­le­ment entre Viège et Zer­matt envi­ron 40 à 50 % des mar­chan­di­ses par rail. Les atouts de celui-ci par rap­port à la route sont ses gran­des capa­ci­tés et sa gran­de dis­po­ni­bi­li­té et fia­bi­li­té. Nous pou­vons garan­tir l’heure exac­te d’arrivée à Zer­matt à 99 %. Pour chaque mode de trans­port, il faut éva­luer quel est le meil­leur split modal éco­no­mi­quement et éco­lo­gi­quement parlant.

Peter Knaus: Les cami­ons sont eux aussi de plus en plus éco­lo­gi­ques. Cela signi­fie par con­sé­quent que les rou­tes con­ti­nuent d’être bien fré­quen­tées. Le can­ton se réjouit de la sup­pres­si­on de chaque cami­on sur la route, ce qui con­tri­bue à rédui­re les embou­teil­la­ges du tra­fic individuel.

Peter Knaus, responsable du tra­fic mar­chan­di­ses de la Bünd­ner Güterbahn

Quels sont les pro­duits les plus adap­tés au rail, pour les­quels y a‑t-il enco­re un potentiel de croissance?

Peter Knaus: Les mar­chan­di­ses pour les longues distances tri­bu­tai­res de la pon­c­tua­li­té et de la fia­bi­li­té, par exemp­le les den­rées ali­men­tai­res. Il en va de même pour le cour­ri­er, les colis et les mar­chan­di­ses en vrac, qui doi­vent être liv­rés dans les délais. Les expé­di­ti­ons à dates fixes, que nous trans­por­tons à par­tir de 4 heu­res du matin. Les ordu­res et les maté­riaux recy­clés doi­vent être enle­vés dans les 24 heu­res. Les maté­riaux de con­s­truc­tion comme le ciment ou le sel con­vi­en­nent éga­le­ment très bien au trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses. De plus, nous ache­mi­nons une quan­ti­té extrê­me­ment importan­te de gru­mes, envi­ron 95 %, vers Tira­no. Nous som­mes pré­des­ti­nés à cela, car les droits de doua­ne aussi sont plus éco­no­mi­ques qu’avec un cami­on. Nous trans­por­tons la plu­part des mar­chan­di­ses en trans­port com­bi­né, sauf les gru­mes et les mar­chan­di­ses en vrac. Le trans­port com­bi­né recè­le un grand potentiel pour l’avenir. Dans notre domaine, je vois un potentiel dans le trans­port des pellets.

Peter Lug­in­bühl: Nous avons des prio­ri­tés de pro­duits très simi­lai­res à cel­les des RhB. Il n’y a que le bois que nous ne trans­por­tons pas. À cela vient s’ajouter chez nous du mazout en gran­des quan­ti­tés. Par ail­leurs, nous trans­por­tons beau­coup de baga­ges pour la desti­na­ti­on tou­ris­tique de Zer­matt. Au cours des der­niè­res décen­nies, les expé­di­ti­ons sont deve­nues plus peti­tes, notam­ment en rai­son de la vente par correspondance.

Si je vous dis fia­bi­li­té et pon­c­tua­li­té: que vous évo­quent ces mots-clés?

Peter Lug­in­bühl: En tant qu’entreprise de trans­port fer­ro­vi­ai­re de peti­te tail­le, nous som­mes par­fai­te­ment à même de garan­tir la sta­bi­li­té et la pon­c­tua­li­té. 95 % de nos cli­ents ou plus sont extrê­me­ment satis­faits de notre fia­bi­li­té. Dans le sys­tème de fret fer­ro­vi­ai­re euro­pé­en ou suis­se, la situa­ti­on est très dif­fé­ren­te. À ce niveau, la pon­c­tua­li­té est un énor­me pro­blè­me. Le sec­teur doit enco­re amé­lio­rer plu­s­ieurs cho­ses dans ce domaine et deve­nir un par­ten­aire plus fiable.

Peter Knaus: Je suis d’accord. Nous som­mes extrê­me­ment pon­c­tuels, en par­ti­cu­lier pour les trans­ports de den­rées ali­men­tai­res ou les expé­di­ti­ons à dates fixes. Lors­que nous tra­vail­lons avec les gran­des ent­re­pri­ses, il devi­ent plus dif­fi­ci­le de respec­ter les délais sou­hai­tés. Pour le pro­jet de trans­port WEF, par exemp­le, nous éti­ons tri­bu­tai­res de four­nis­seurs de la voie nor­ma­le. Si les con­teneurs n’arrivent pas à temps chez nous à Land­quart, nous ne pour­rons pas non plus les liv­rer à temps à Davos. Cela pose un gros pro­blè­me à nos cli­ents, car les cré­neaux horai­res attri­bués au WEF doi­vent impé­ra­ti­ve­ment être respectés.

Quel­le évo­lu­ti­on con­sta­tez-vous dans la production?

Peter Lug­in­bühl: Actu­el­le­ment, nous avons enco­re une pro­duc­tion mixte, où nous tra­vail­lons prin­ci­pa­le­ment avec des trains de mar­chan­di­ses entiers. Nous nous éloi­gnons de plus en plus de l’idée d’accrocher des wagons de mar­chan­di­ses aux trains de voy­a­ge­urs. D’une part, les nou­veaux trains auto­mo­teurs et les capa­ci­tés de nos voies fer­rées ne répon­dent plus à ces exi­gen­ces. D’autre part, nous per­dons des sur­faces logis­ti­ques pour le trans­bor­de­ment. Nous nous con­cen­tre­rons de plus en plus sur les trains de mar­chan­di­ses complets.

Peter Knaus: Sur le réseau prin­ci­pal, nous fai­sons cir­cu­ler 52 trains de mar­chan­di­ses purs par jour. Les nou­veaux trains à cou­pla­ge auto­ma­tique ne sont con­çus que pour se dépla­cer eux-mêmes. La quan­ti­té de trains de mar­chan­di­ses nous per­met à elle seule de con­ser­ver une cer­taine fle­xi­bi­li­té. Pour les expé­di­ti­ons à date fixe, nous avons des horai­res annu­els fixes, tout est pla­ni­fié. Nous n’avons plus de tra­fic mixte qu’en direc­tion d’Arosa et de la Ber­ni­na, car dans ces deux cas, les sil­lons ne suf­fi­sent pas pour les trains de mar­chan­di­ses purs.

À pro­pos de sil­lons: quels sont les pro­blè­mes que vous ren­cont­rez à cet égard?

Peter Knaus: Pen­dant la jour­née, c’est le tra­fic régio­nal de voy­a­ge­urs qui donne la cadence chez nous. Nous devons nous y adap­ter. Il en va de même pour les trains de pres­ti­ge comme le Gla­cier-Express et le Ber­ni­na-Express. Nos cré­neaux horai­res les plus fle­xi­bles sont ceux qui vont de 4 h à 6 h 30. À par­tir de 21 heu­res, ce sont les travaux pré­do­mi­nent, et nous ne pou­vons cir­cu­ler que de maniè­re très limi­tée. Les RhB et le can­ton nous sou­ti­en­nent bien en matiè­re de sil­lons et impli­quent les dif­fér­ents grou­pes d’intérêt.

Peter Lug­in­bühl: En ce qui con­cer­ne les sil­lons, je vois quat­re pro­blè­mes. Pre­miè­re­ment, la ren­ta­bi­li­té. Les sil­lons que nous sou­hai­tons nous voir attri­buer sont sou­vent occu­p­és par des trains tou­ris­ti­ques, qui ont une ren­ta­bi­li­té plus éle­vée. Deu­xiè­me­ment, l’autofinancement. Nous avons des inves­tis­se­ments énor­mes et de gros pro­blè­mes de finance­ment. Nous appor­tons une con­tri­bu­ti­on importan­te à la sécu­ri­té d’approvisionnement de notre région. Troi­siè­me­ment, la fle­xi­bi­li­té que per­met la vites­se. Nous ne pou­vons pas réa­gir aussi rapi­de­ment aux chan­ge­ments de l’offre qu’une ent­re­pri­se de trans­port peut le faire. Qua­triè­me­ment, la capa­ci­té d’innovation. Nous pro­dui­sons tou­jours comme il y a 30 ans. Je suis curieux de voir si nous pour­rons réel­le­ment nous trans­for­mer grâce à la digitalisation.

Quels sont les cas de bon­nes pra­ti­ques dont vous et les aut­res pou­vez tirer des enseignements?

Peter Lug­in­bühl: À mes yeux, la dis­tri­bu­ti­on fine sur le der­nier kilo­mèt­re est un modè­le de réus­si­te. Notre par­ten­aire fait les cho­ses de telle sorte que de plus en plus de cli­ents vien­nent, jus­tem­ent parce qu’il est si fle­xi­ble. Enfin, je con­sidè­re que l’élimination des ordu­res ména­gè­res est un modè­le com­mer­cial pas­si­on­nant du point de vue éco­lo­gi­que et économique.

Peter Knaus: L’exemple du chan­ge­ment de mode de trans­port des bois­sons illus­tre à mon avis très bien cela. Depuis plus de 40 ans, l’entreprise Val­ser trans­por­te ses bois­sons de Vals à Unter­vaz via Ilanz. Le trans­bor­de­ment effec­tué tôt le matin à Ilanz sur le quai géné­rait d’importantes émis­si­ons sono­res. C’est alors qu’est née l’idée d’effectuer le trans­bor­de­ment avec des cais­ses mobi­les. En col­la­bo­ra­ti­on avec la socié­té mère, Coca-Cola, et le can­ton, nous avons fait l’acquisition de cais­ses mobi­les adap­tées. Cel­les-ci se sont avé­rées très effi­caces. Dans un ave­nir pro­che, nous les trans­porte­rons même au moyen de cami­ons élec­tri­ques avec remor­que. Nous avons à cet effet obtenu, en dia­lo­gue avec le can­ton et la poli­ce, une auto­ri­sa­ti­on spé­cia­le pour les remor­ques sur le tra­jet Schnaus-Ilanz. Le seul point d’achoppement reste pour l’instant le rem­bour­se­ment de la RPLP dans le tra­fic com­bi­né route-rail. Ce rem­bour­se­ment est enco­re lié à la RPLP. Dans l’avenir, celle-ci devra être cou­plée au trans­port com­bi­né. Il fau­dra que le cadre légal évolue.

Quel­les sont les inno­va­tions qui feront leurs preu­ves dans le fret fer­ro­vi­ai­re au cours des années à venir?

Peter Knaus: Les power­packs, c’est-à-dire les bat­te­ries mon­tées sur les wagons de mar­chan­di­ses, me sem­blent être une solu­ti­on dura­ble. Ceux-ci peu­vent être uti­li­sés comme source d’énergie pour les con­teneurs réf­ri­gé­rés, mais aussi pour les travaux de con­s­truc­tion dans les tun­nels. Nous avons même équi­pé des wagons à parois coulis­san­tes de power­packs moder­nes. Nous avons éga­le­ment fait de grands pro­grès dans le domaine du track­ing des wagons de mar­chan­di­ses. Désor­mais, nous savons où se trou­vent les wagons de mar­chan­di­ses, à quel­le vites­se ils rou­lent, quel est le niveau des bat­te­ries, quel­les sont les tempé­ra­tures dans les con­teneurs fri­go­ri­fi­ques, etc. Nous pou­vons exploi­ter ces don­nées dans un sys­tème de pla­ni­fi­ca­ti­on numé­ri­que. Nous avons éga­le­ment déjà réflé­chi à un sys­tème Uber pour les mar­chan­di­ses en vrac. Ce serait très inno­vant, mais le point d’achoppement est cette fois le prix de revi­ent et les par­ten­aires appropriés.

Peter Lug­in­bühl: Le fret fer­ro­vi­ai­re exis­te­ra enco­re dans 30 à 50 ans. Pour cela, nous devons nous éloi­g­ner des sys­tè­mes rigi­des que nous avons actu­el­le­ment. En com­men­çant par les super­s­truc­tures des wagons, en pas­sant par les pro­ces­sus logis­ti­ques rigi­des de trans­bor­de­ment des mar­chan­di­ses ou de ges­ti­on des wagons, jusqu’à la fle­xi­bi­li­té des wagons. Par­tout, il y a un potentiel d’innovation pour répond­re aux exi­gen­ces futures.

À quel­les con­di­ti­ons pour­ra-t-on mett­re en œuvre ces innovations? 

Peter Knaus: Je suis membre du comi­té d’experts de l’OFT pour les inno­va­tions tech­ni­ques. La Con­fé­dé­ra­ti­on est très ouver­te à cet égard et sou­ti­ent les inno­va­tions qui apportent des avan­ta­ges dur­a­bles. Le can­ton des Gri­sons est éga­le­ment très ouvert aux inno­va­tions et les sou­ti­ent autant que pos­si­ble lorsqu’elles pré­sen­tent un inté­rêt éco­no­mi­que et écologique.

Peter Lug­in­bühl: Dans le trans­port régio­nal de voy­a­ge­urs, il a fallu qu’un acteur éco­no­mi­que privé comme Goog­le fasse pres­si­on pour que les cho­ses bougent. Cela nous ferait pro­ba­blem­ent du bien à nous aussi. Il serait pas­si­on­nant qu’un acteur tiers du mar­ché fasse pression.

Que pen­sez-vous des pla­te­for­mes de don­nées inté­g­rées à l’échelle européenne?

Peter Knaus: Une situa­ti­on de départ pas­si­on­nan­te pour les acteurs du trans­port de mar­chan­di­ses, et pas seu­le­ment sur le rail. Le déve­lo­p­pe­ment qui con­di­ti­onne ces pla­te­for­mes recè­le bien des dif­fi­cul­tés, et je ne suis pas sûr que tout le monde met­trait ses don­nées à dis­po­si­ti­on. À l’heure actu­el­le, nos cli­ents peu­vent voir où se trou­vent les moy­ens de char­ge­ment à l’aide de trackings. Cela per­met par exemp­le à un cli­ent de trans­port de pétro­le d’organiser plus effi­ca­ce­ment sa pla­ni­fi­ca­ti­on et la nôtre. J’apprécierais notam­ment une plus gran­de con­ti­nui­té avec nos cli­ents en matiè­re de char­ge­ment du bois.

Peter Lug­in­bühl: Il fau­drait équi­per les wagons de dis­po­si­tifs de géo­lo­ca­li­sa­ti­on. Ce n’est qu’ensuite que nous pour­ri­ons fran­chir d’autres étapes en direc­tion de l’échange de don­nées, y com­pris entre les dif­fér­ents modes de trans­port. À la MGBahn, nous réflé­chis­sons moins à ces ques­ti­ons, car nous som­mes ori­en­tés vers le local.

Quels sont à votre avis les plus grands leviers pour faire pro­gresser le fret ferroviaire?

Peter Lug­in­bühl: Dans la fle­xi­bi­li­sa­ti­on du sys­tème de fret fer­ro­vi­ai­re. Nous ne serons jamais aussi fle­xi­bles que la route. Mais nous devons pou­voir réa­gir plus rapi­de­ment aux beso­ins des cli­ents et exploi­ter les atouts du rail. Le potentiel du trans­port par rail est énor­me. La pres­si­on pour le trans­fert modal vers le rail s’exerce d’elle-même.

Peter Knaus: Il faut cer­tai­ne­ment faire la dif­fé­rence entre les voies métri­ques et les voies nor­ma­les. Nous, les opé­ra­teurs fer­ro­vi­ai­res sur voies métri­ques, avons un réseau de tail­le mode­s­te. En com­pa­rai­son avec les CFF, nous som­mes à même de réa­gir très rapi­de­ment. Un chan­ge­ment de pla­ni­fi­ca­ti­on de deux semain­es est rapi­de par rap­port aux CFF – et lent par rap­port à une ent­re­pri­se de trans­port rou­tier. Celui-ci modi­fie sa pla­ni­fi­ca­ti­on en quel­ques jours. Plus nous avons d’argent, plus nous pou­vons inves­tir rapi­de­ment dans des véhi­cu­les moteurs et des wagons de mar­chan­di­ses ou moder­nis­er la flot­te, et plus nous pour­ri­ons réa­gir avec fle­xi­bi­li­té aux sou­haits de nos clients.

Dans quel­le mesu­re une con­cur­rence accrue entre les ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re modi­fierait-elle la dyna­mi­que du mar­ché du fret ferroviaire? 

Peter Lug­in­bühl: Plus de con­cur­rence, plus de dyna­mis­me. Cepen­dant, le seuil d’entrée sur notre mar­ché est très élevé pour les nou­veaux acteurs. Pour exploi­ter un che­min de fer de mar­chan­di­ses, il faut un véhi­cu­le moteur aux règles et un maté­ri­el rou­lant coû­teux. Or c’est une tout autre paire de man­ches que d’acheter un cami­on pour quel­ques cen­tai­nes de mil­liers de francs. Des exemp­les comme Rail­ca­re ou La Poste mont­rent que la con­cur­rence con­duit à l’innovation et à une pres­si­on sur les prix.

Peter Knaus: La con­cur­rence fait du bien et inci­te à se déve­lo­p­per. Les respons­ables de Rail­ca­re ont un très bon con­cept de logis­tique de trans­port, ils com­bi­nent la route et le rail avec leur pro­pre flot­te. Les ent­re­pri­ses con­cur­ren­tes sur le rail sont elles aussi tri­bu­tai­res de sil­lons libres. Elles ne peu­vent pas sim­ple­ment démar­rer dès qu’elles ont ter­mi­né leur char­ge­ment. En ter­mes de prix, les petits opé­ra­teurs de fret fer­ro­vi­ai­re ont l’avantage de devoir prend­re en comp­te des frais géné­raux moins élevés.

Que pen­sez-vous de la VAP et que recom­man­de­riez-vous à notre association?

Peter Knaus: J’ai tou­jours eu un bon cont­act avec le secré­tai­re géné­ral, Frank Fur­rer. J’ai diri­gé le pro­jet de logis­tique de trans­port du Cent­re colis régio­nal d’Untervaz. Je tra­vail­lais en très étroi­te col­la­bo­ra­ti­on avec la VAP, qui était un membre indé­pen­dant et très pré­cieux du pro­jet. Je trouve que les éch­an­ges avec Frank Fur­rer, Jürg Lüt­scher et d’autres repré­sen­tants de la VAP qui apportent leur point de vue de char­geurs sont con­s­truc­tifs et passionnants.

Peter Lug­in­bühl: Jusqu’à récem­ment, je ne savais pas que cette asso­cia­ti­on exis­tait. Ma recom­man­da­ti­on serait que vous fas­siez mieux con­naît­re votre asso­cia­ti­on auprès des ent­re­pri­ses de trans­port de mar­chan­di­ses. En effet, je trouve que ce que fait la VAP est génial.

Qu’est-ce qui n’a pas enco­re été dit?

Peter Lug­in­bühl: Cet ent­re­ti­en m’a donné de pré­cieu­ses impul­si­ons, merci pour cela.

Peter Knaus: Merci de nous avoir invi­tés à cet ent­re­ti­en et de nous avoir donné l’occasion de nous présenter.

 

À pro­pos de Peter Knaus et de la Bünd­ner Güterbahn

Peter Knaus est responsable du tra­fic mar­chan­di­ses de la Bünd­ner Güter­bahn (sec­teur fret des Chem­ins de fer rhé­ti­ques, RhB). Il repré­sen­te en outre les chem­ins de fer à voie étroi­te au sein de la com­mis­si­on Tra­fic Mar­chan­di­ses (CTM) de l’Union des trans­ports publics (UTP) et fait par­tie du grou­pe d’accompagnement Tra­fic mar­chan­di­ses fer­ro­vi­ai­re de l’Office fédé­ral des trans­ports (OFT). La Bünd­ner Güter­bahn pro­po­se sous l’égide des RhB une large palet­te de solu­ti­ons de trans­port pour les ent­re­pri­ses et les par­ti­cu­liers dans les Gri­sons. Avec son parc de wagons diver­si­fié – com­pren­ant entre aut­res des wagons porte-con­teneurs, des wagons à parois coulis­san­tes et des wagons-citer­nes – elle trans­por­te des mar­chan­di­ses de tou­tes sor­tes. Les points de des­ser­te s’étendent sur l’ensemble du ter­ri­toire gri­son et com­pren­nent d’importants cen­tres indus­tri­els, des cen­tres logis­ti­ques ainsi que des explo­ita­ti­ons agri­co­les. La Bünd­ner Güter­bahn garan­tit ainsi un appro­vi­si­on­ne­ment com­plet en mar­chan­di­ses de la région entiè­re et con­sti­tue un élé­ment indis­pensable de l’infrastructure logis­tique régionale.

À pro­pos de Peter Lug­in­bühl et de la MGBahn

Peter Lug­in­bühl est direc­teur de l’exploitation de la MGBahn depuis 2017. Aupa­ra­vant, ce con­trô­leur de ges­ti­on diplô­mé a tra­vail­lé quel­ques années comme responsable du déve­lo­p­pe­ment de l’entreprise RH aux CFF. La MGBahn gère son tra­fic de fret avec Alpin Cargo SA, une filia­le du grou­pe Plan­zer. Elle offre des ser­vices variés à l’artisanat et au com­mer­ce de la région, dont la manu­ten­ti­on des mar­chan­di­ses, la logis­tique de stocka­ge et les trans­ports, tant par rail que par route. L’approvisionnement en pétro­le repré­sen­te un autre ser­vice important. Sur le der­nier kilo­mèt­re, Alpin Cargo des­sert non seu­le­ment les ent­re­pri­ses, mais aussi les par­ti­cu­liers. Ceux-ci peu­vent faire appel à leurs ser­vices pour les démé­nage­ments, le stocka­ge d’effets ména­gers ainsi que les liv­rai­sons à domic­i­le avec mon­ta­ge et les e‑transports.

 

Tunnel de base du Saint-Gothard (#9): éviter un retransfert vers la route

Tunnel de base du Saint-Gothard (#9): éviter un retransfert vers la route

Le dérail­le­ment du train de mar­chan­di­ses sur­venu le 10 août 2023 a gra­ve­ment endom­ma­gé le tun­nel de base du Saint-Got­hard. C’est pour­quoi les CFF ont l’intention de rest­reind­re lar­ge­ment les capa­ci­tés du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses, pour­tant dura­ble, le week-end au béné­fice du tra­fic de loi­sirs à comp­ter du chan­ge­ment d’horaires du 10 décembre. Cela ris­que de se tra­dui­re par un retrans­fert vers la route de jusqu’à 15 % des mar­chan­di­ses trans­por­tées par le train.

Les enjeux:

  • La nou­vel­le con­cep­ti­on des horai­res sup­p­rime des sil­lons de fret ferroviaire
  • L’objectif de trans­fert du tra­fic pre­scrit par la loi est remis en cause
  • Il exis­te une solu­ti­on alter­na­ti­ve pour le trans­port de voyageurs
  • La NLFA se trouve peu à peu détour­née de sa finalité
  • Le dia­lo­gue ne se fait pas d’égal à égal
  • Évi­tons con­join­te­ment un retrans­fert vers la route

 

La nouvelle conception des horaires supprime des sillons de fret ferroviaire

Selon le com­mu­ni­qué de pres­se du 2 novembre 2023, les CFF par­tent du prin­ci­pe que le tun­nel de base du Saint-Got­hard ne sera à nou­veau entiè­re­ment dis­po­nible pour les trains de voy­a­ge­urs et de mar­chan­di­ses qu’en sep­tembre 2024. Les travaux de répa­ra­ti­on dure­ront pro­ba­blem­ent beau­coup plus long­temps que prévu à l’origine. Les respons­ables des CFF ont fait savoir qu’à comp­ter du chan­ge­ment d’horaires de décembre, les Chem­ins de fer fédé­raux feront cir­cu­ler le week-end des trains de voy­a­ge­urs net­te­ment plus nombreux, et plus rapi­des, par le tun­nel de base du Saint-Got­hard. Ils reti­rent entre aut­res aux trains de mar­chan­di­ses le cré­neau horai­re du vendre­di matin de 7h30 à 9h00 pour l’affecter au trans­port de voyageurs.

L’objectif de transfert du trafic prescrit par la loi est remis en cause

La con­cep­ti­on des sil­lons mise au point sans con­cer­ta­ti­on a des réper­cus­sions gra­ves sur le split modal natio­nal. Un de nos mem­bres part du prin­ci­pe que 10 % à 15 % des trans­ports de fret com­bi­né seront retrans­fé­rés vers la route et que l’approvisionnement du Tes­sin ne pour­ra plus être assu­ré inté­gra­le­ment le week-end. Le cré­neau horai­re men­ti­onné ne per­met pas non plus de réa­li­ser des travaux.

Cette évo­lu­ti­on est en con­tra­dic­tion avec la poli­tique suis­se de trans­fert du tra­fic, selon laquel­le le Con­seil fédé­ral vise à trans­fé­rer le tra­fic tran­sal­pin de mar­chan­di­ses de la route vers le rail. En 2022 déjà, l’objectif légal de 650 000 cour­ses de cami­ons avait été clai­re­ment raté: 880 000 cami­ons avai­ent enco­re tra­ver­sé les Alpes suis­ses cette année-là.

Il existe une solution alternative pour le transport de voyageurs

Pour les repré­sen­tants du sec­teur des char­geurs, l’économie, la nou­vel­le con­cep­ti­on des sil­lons des CFF est d’autant plus aberran­te qu’il exis­te bel et bien une solu­ti­on alter­na­ti­ve rai­sonnable pour le tra­fic de voy­a­ge­urs: d’un point de vue éco­lo­gi­que, jus­tem­ent, les voy­a­ge­u­ses et voy­a­ge­urs de loi­sirs dev­rai­ent jus­tem­ent uti­li­ser la ligne de faîte et céder le tun­nel de base du Saint-Got­hard aux trains de mar­chan­di­ses. N’oublions pas qu’en rai­son de leur char­ge­ment très lourd, s’ils uti­li­sent la ligne de faîte, ces der­niers néces­si­tent beau­coup plus d’électricité que les trains de voy­a­ge­urs. Pour assurer l’approvisionnement de la Suis­se en mar­chan­di­ses, les char­geurs sont tri­bu­tai­res d’une infra­struc­tu­re de trans­port fia­ble dis­po­nible sept jours sur sept.

La NLFA se trouve peu à peu détournée de sa finalité

Le tun­nel de base du Saint-Got­hard fait par­tie de la Nou­vel­le ligne fer­ro­vi­ai­re à tra­vers les Alpes (NLFA). Or celle-ci a été con­çue pour le trans­port de mar­chan­di­ses. En effet, l’objectif pour­suivi par l’Union euro­pé­en­ne et la Suis­se en met­tant en place la NLFA était et est tou­jours d’encourager le fret fer­ro­vi­ai­re. La réa­li­sa­ti­on du pro­jet, qui a coûté 23 mil­li­ards de francs, a été finan­cée à 55 % par la rede­van­ce sur le tra­fic des poids lourds (RTPL). En limi­tant les sil­lons cruel­le­ment néces­saires au fret, la NLFA se trouve à nou­veau détour­née de sa fin originelle.

Le dialogue ne se fait pas d’égal à égal

Cer­tes, de leurs pro­pres dires, et «… afin de répar­tir les sil­lons (…) [pen­dant les travaux de répa­ra­ti­on], les CFF ont mené une réfle­xi­on appro­fon­die avec les repré­sen­tan­tes et repré­sen­tants de la bran­che du tra­fic [de] mar­chan­di­ses, les ent­re­pri­ses de trans­port fer­ro­vi­ai­re de voy­a­ge­urs et le ser­vice indé­pen­dant d’attribution des sil­lons.» Mais la nou­vel­le con­cep­ti­on des sil­lons a été éla­bo­rée sans le sec­teur du fret ni ses cli­ents. Les éch­an­ges ulté­ri­eurs se sont eux aussi avé­rés très ardus. En outre, il man­quait lors de la con­fé­rence de pres­se du 2 novembre 2023 la voix de CFF Cargo. On ne sait pas si ni com­ment les pré­oc­cu­pa­ti­ons du fret fer­ro­vi­ai­re ont été pri­ses en comp­te dans leur pro­pre socié­té. Le sec­teur des char­geurs se mont­re inquiet face à cette maniè­re de faire cava­lier seul et y voit une remi­se en cause de la col­la­bo­ra­ti­on jusqu’ici con­s­truc­ti­ve avec les CFF.

Évitons conjointement un retransfert vers la route

À la VAP, nous deman­dons expres­sé­ment que les CFF asso­ci­ent tous les acteurs du fret fer­ro­vi­ai­re à la pla­ni­fi­ca­ti­on des sil­lons et s’abstiennent de toute décla­ra­ti­on uni­la­té­ra­le sur la bonne orga­ni­sa­ti­on du trans­port de mar­chan­di­ses par le tun­nel de base du Saint-Got­hard. Ces décla­ra­ti­ons favo­ri­sent un dépla­ce­ment pré­ma­tu­ré des trans­ports de mar­chan­di­ses vers la route, ce qu’il con­vi­ent d’éviter à tout prix. En effet, il est en géné­ral dif­fi­ci­le d’inverser ce phé­nomè­ne. Les CFF ne doi­vent pas oppo­ser le fret au trans­port de voy­a­ge­urs et favo­ri­ser ainsi le trans­port routier.

Révision partielle de la LCFF: la responsabilité et l’ouverture du marché encore repoussées

Révision partielle de la LCFF: la responsabilité et l’ouverture du marché encore repoussées

La Com­mis­si­on des trans­ports et des télé­com­mu­ni­ca­ti­ons (CTT‑N) sou­ti­ent à l’unanimité le pro­jet de sta­bi­li­sa­ti­on des Chem­ins de fer fédé­raux (LCFF). Con­trai­re­ment au Con­seil fédé­ral, elle est d’avis qu’en ce qui con­cer­ne la pra­tique con­sistant à accor­der des cré­dits de tré­sore­rie aux CFF, il n’est pas indi­qué de chan­ger de sys­tème. La CTT‑N nég­li­ge ainsi de prend­re en comp­te l’ensemble des recom­man­da­ti­ons de la VAP.

Les enjeux:

  • Une injec­tion de 3 mil­li­ards pour les CFF
  • La révi­si­on par­ti­el­le de la LCFF a été trans­mi­se au Con­seil national
  • La voix du sec­teur reste tou­jours ignorée
  • Tou­jours aucu­ne ouver­tu­re de mar­ché en vue

 

-> Vers l’a­ven­ant du 08.07.2024

Une injection de 3 milliards pour les CFF

Dans son rap­port du 16 décembre 2022 sur la moti­on 22.3008 «Sou­te­nir l’exécution des inves­tis­se­ments des CFF et une visi­on à long terme en péri­ode de Covid-19», la Con­fé­dé­ra­ti­on pro­po­se de prend­re en char­ge les défi­ci­ts des CFF dans le domaine des gran­des lignes par le biais d’un apport uni­que de capi­tal esti­mé à 1,25 mil­li­ard de francs suis­ses. Elle entend en outre allé­ger les rede­van­ces de sil­lons pour les gran­des lignes de 1,7 mil­li­ard de francs suis­ses sup­p­lé­men­tai­res. Par ail­leurs, elle sug­gè­re une cor­rec­tion des instru­ments de financement.

La révision partielle de la LCFF a été transmise au Conseil national

La CTT‑N a trans­mis à l’unanimité le pro­jet de modi­fi­ca­ti­on de la LCFF au Con­seil natio­nal. De plus, la majo­ri­té de la com­mis­si­on refu­se un chan­ge­ment de sys­tème en ce qui con­cer­ne les instru­ments de finance­ment, car les cré­dits bud­gé­tai­res, con­trai­re­ment aux cré­dits de tré­sore­rie, sont sou­mis au frein à l’endettement. Ainsi, la com­mis­si­on est d’avis que la situa­ti­on de con­cur­rence qui en résul­te vis-à-vis d’autres dépen­ses fédé­ra­les n’est pas sou­hai­ta­ble, comp­te tenu de l’offre de trans­ports publics. Le Con­seil natio­nal sta­tuera lors de la ses­si­on d’hiver 2023 sur la pro­po­si­ti­on de la CTT‑N.

La voix du secteur reste toujours ignorée

Comme nous l’avions fait savoir dans notre com­mu­ni­qué de pres­se du 30 mars 2023, nous, à la VAP, refu­sons l’assainissement extra­or­di­naire des gran­des lignes pré­sen­té, qui pré­voit quel­que 3 mil­li­ards de francs et doit être finan­cé par l’argent des con­tri­bu­ables. La VAP se féli­ci­te en revan­che de la pro­po­si­ti­on de cor­rec­tion des instru­ments de finance­ment, à savoir la renon­cia­ti­on à l’octroi de cré­dits de tré­sore­rie aux CFF pas­sant outre le frein à l’endettement de la Con­fé­dé­ra­ti­on. Dans les artic­les du blog inti­tulés «Plu­tôt que d’empocher une enve­lo­p­pe bud­gé­tai­re de 3 mil­li­ards, les CFF doi­vent assu­mer leurs responsa­bi­li­tés» et «Pas de sta­bi­li­sa­ti­on des CFF en dépit des 3 mil­li­ards de fonds fédé­raux sup­p­lé­men­tai­res», nous résu­mons la posi­ti­on de notre sec­teur et nos argu­ments correspondants.

Toujours aucune ouverture de marché en vue

En adop­tant le pro­jet, le Con­seil natio­nal ren­forcerait enco­re le mono­po­le des CFF dans le tra­fic des gran­des lignes. Du point de vue de la poli­tique euro­pé­en­ne, cela serait haute­ment pro­blé­ma­tique, car l’UE deman­de de la part de la Suis­se une ouver­tu­re du mar­ché des gran­des lignes. Cette reven­dica­ti­on, res­tée lett­re morte, ass­om­brit les négo­cia­ti­ons avec l’UE sur la pro­lon­ga­ti­on de la coopé­ra­ti­on limi­tée dans le temps avec l’Agence fer­ro­vi­ai­re euro­pé­en­ne ERA pour l’instauration des homo­lo­ga­ti­ons «One Stop Shop» et davan­ta­ge d’interopérabilité entre la Suis­se et l’UE. Par rap­port aux mem­bres de l’UE, la Suis­se ne dis­po­se actu­el­le­ment enco­re d’aucun accès à part entiè­re au mar­ché; le réseau fer­ro­vi­ai­re suis­se ne fait actu­el­le­ment pas par­tie inté­gran­te du réseau euro­pé­en interopé­ra­ble. C’est pour­quoi les asso­cia­ti­ons pro­ches du fret, à savoir l’Astag, CFS et nous, la VAP, deman­dons une stra­té­gie natio­na­le de migra­ti­on sur l’ouverture du mar­ché en har­mo­nie avec l’UE. Si le Con­seil natio­nal approuve la pro­po­si­ti­on de la CTT‑N, il repous­se­ra enco­re plus cette reven­dica­ti­on dans le temps.

Aven­ant 20.12.2023, actua­li­sa­ti­on de la ses­si­on d’hi­ver:
Lors de la ses­si­on d’hi­ver, le Con­seil natio­nal a approu­vé à la majo­ri­té l’oc­troi aux Chem­ins de fer fédé­raux (CFF) d’une aide uni­que en capi­tal de 1,15 mil­li­ard de francs pour rédui­re leur dette. Ce mon­tant a en outre déjà été prévu dans le bud­get 2024. Le Con­seil natio­nal a en revan­che reje­té la pro­po­si­ti­on du Con­seil fédé­ral de pas­ser des cré­dits de tré­sore­rie aux cré­dits bud­gé­tai­res de la Con­fé­dé­ra­ti­on lors­que l’en­det­te­ment att­eint un cer­tain niveau. L’ar­gu­ment avan­cé est qu’en cas d’ap­pli­ca­ti­on du frein à l’en­det­te­ment, l’ex­ten­si­on pour­rait être retar­dée en cas de cré­dits bud­gé­tai­res. En outre, la Chambre des can­tons a déci­dé de fixer la réser­ve appro­priée du Fonds d’in­fra­struc­tu­re fer­ro­vi­ai­re (FIF) à 300 mil­li­ons de francs au mini­mum, les deux tiers au maxi­mum du pro­duit net de la rede­van­ce sur le tra­fic de poids lourds liée aux pre­sta­ti­ons (RPLP) devant être ver­sés dans le fonds. Le Con­seil natio­nal n’a ainsi pas tenu comp­te de tou­tes les recom­man­da­ti­ons de la VAP. Le pro­jet passe main­ten­ant au Con­seil des Etats qui, espé­rons-le, inter­vi­en­dra pour cor­ri­ger le tir.

Aven­ant du 08.07.2024
Après le débat du pro­jet au Con­seil natio­nal et au Con­seil aux Etat, il reste des diver­gen­ces con­cer­nant deux artic­les (art. 20 et art. 26b LCFF). Le Con­seil des États sou­hai­te durcir les instru­ments de finance­ment de la Con­fé­dé­ra­ti­on en faveur des CFF de telle maniè­re que l’octroi de prêts de tré­sore­rie de la Con­fé­dé­ra­ti­on en faveur des CFF ne soit pos­si­ble que dans la limi­te du pla­fond de l’endettement net fixé dans les objec­tifs stra­té­giques. Les prêts d’un mon­tant supé­ri­eur dev­rai­ent être sou­mis aux exi­gen­ces du frein à l’endettement, comme le pro­po­se déjà le Con­seil fédé­ral. La majo­ri­té de la CTT‑N est cepen­dant tou­jours d’avis que la situa­ti­on de con­cur­rence avec d’autres dépen­ses de la Con­fé­dé­ra­ti­on résul­tant du chan­ge­ment de sys­tème des instru­ments de finance­ment n’est pas sou­hai­ta­ble du point de vue de l’offre de trans­ports publics. Par 12 voix cont­re 11, elle pro­po­se donc à son con­seil de main­te­nir sa décis­i­on. L’autre diver­gence con­cer­ne le ver­se­ment d’un apport uni­que en capi­tal (art. 26b LCFF). Le Con­seil des États a reje­té la pro­po­si­ti­on du CE Josef Ditt­li visa­nt à rédui­re la con­tri­bu­ti­on à 0,6 mil­li­ard de francs (par 21 voix cont­re 20), mais a déci­dé de s’en tenir au frein à l’endettement. Sur ce point éga­le­ment, la CTT‑N pro­po­se à son con­seil de s’en tenir à la décis­i­on du Con­seil natio­nal, qui pré­voit un apport uni­que en capi­tal de 1,15 mil­li­ard de francs en faveur des CFF (par 13 voix cont­re 12). La majo­ri­té de la com­mis­si­on sou­hai­te ainsi con­so­li­der dura­blem­ent la situa­ti­on finan­ciè­re des CFF. Une mino­ri­té de la com­mis­si­on sou­hai­te en revan­che limi­ter l’apport uni­que en capi­tal à 0,6 mil­li­ard de francs, con­for­mé­ment à la pro­po­si­ti­on du CE Josef Ditt­li. Le pro­jet a été trans­mis au Con­seil natio­nal à la ses­si­on d’automne.

Tunnel de base du Saint-Gothard (#8): des tâches de sécurité et de contrôle clairement distribuées

Tunnel de base du Saint-Gothard (#8): des tâches de sécurité et de contrôle clairement distribuées

Le Ser­vice suis­se d’enquête de sécu­ri­té (SESE) invo­que le bris d’un dis­que de roue comme cause de l’accident du train de mar­chan­di­ses sur­venu dans le tun­nel de base du Saint-Got­hard. Dans le repor­ta­ge de «10 vor 10» du 19 octobre 2023, la chaî­ne de télé­vi­si­on suis­se SRF s’est pen­chée de près sur la main­ten­an­ce des roues des wagons de mar­chan­di­ses. Jürg Lüt­scher, expert de la VAP, s’y exprime sur les tâches de sécu­ri­té et de con­trô­le des acteurs impli­qués – et déve­lo­p­pe ces infor­ma­ti­ons dans le pré­sent artic­le du blog.

Les enjeux:

  • Har­mo­ni­sa­ti­on de la sécu­ri­té dans le sys­tème de fret fer­ro­vi­ai­re européen
  • Sur­veil­lan­ce des travaux de main­ten­an­ce par des ser­vices indépendants
  • Con­trô­les des essieux pen­dant l’exploitation et lors de la maintenance
  • Éta­blis­se­ment de deux pro­cé­du­res de contrôle
  • Cla­ri­fi­ca­ti­on des com­pé­ten­ces et des directives

 

Harmonisation de la sécurité dans le système de fret ferroviaire européen

La sécu­ri­té dans le sys­tème de fret fer­ro­vi­ai­re euro­pé­en repo­se sur un tri­ang­le de responsa­bi­li­tés com­po­sé des explo­itants d’infrastructures, d’entreprises de trans­port fer­ro­vi­ai­re (ETF) et de déten­teurs de wagons avec leurs enti­tés en char­ge de la main­ten­an­ce (ECM) com­pé­ten­tes. Les pre­scrip­ti­ons et dis­po­si­ti­ons à ce sujet sont aujourd’hui lar­ge­ment har­mo­ni­sées à l’échelle euro­pé­en­ne. Sur la base des dis­po­si­ti­ons des pre­scrip­ti­ons d’ordre supé­ri­eur, des nor­mes tech­ni­ques en vigueur et des expé­ri­en­ces tirées de la pra­tique, le sec­teur a éla­bo­ré le VPI Euro­pean Main­ten­an­ce Guide (VPI-EMG), recon­nu au niveau inter­na­tio­nal. Depuis 2007, les asso­cia­ti­ons VPI (Alle­ma­gne), V.P.I. (Autri­che) et VAP (Suis­se) ont four­ni à cet égard un tra­vail de pionnier. En 2019, le cer­cle des édi­teurs du VPI-EMG a été élar­gi à l’AFWP (France) et à l’UIP (fédé­ra­ti­on inter­na­tio­na­le des déten­teurs de wagons repré­sen­tant les peti­tes asso­cia­ti­ons natio­na­les de défen­se des inté­rêts com­muns). Cette règle­men­ta­ti­on défi­nit non seu­le­ment les délais, mais aussi l’étendue des travaux et des nor­mes de maniè­re adap­tée à l’utilisateur. Elle émet des recom­man­da­ti­ons sur la main­ten­an­ce dont chaque uti­li­sa­teur doit véri­fier l’applicabilité à ses wagons de mar­chan­di­ses, et le cas éché­ant les com­plé­ter et les vali­der pour sa flot­te de wagons. Actu­el­le­ment, le VPI-EMG est com­man­dé par plus de 550 ent­re­pri­ses, dont des déten­teurs de wagons, des ECM, des ate­liers de répa­ra­ti­on, des auto­ri­tés et des uni­ver­si­tés. Plus de 260 ate­liers de répa­ra­ti­on et équipes de ser­vice mobi­les de 19 pays d’Europe appli­quent le VPI-EMG pour le comp­te de leur ECM compétente.

Des travaux de maintenance surveillés par des organismes indépendants

La direc­ti­ve de l’UE sur la sécu­ri­té fixe deux pro­cé­du­res indé­pen­dan­tes. Ceci est censé garan­tir que les travaux spé­cia­li­sés sont effec­tués par­tout avec le niveau de qua­li­té et les con­nais­sances requis:

  • Cer­ti­fi­ca­ti­on: Les ent­re­pri­ses par­ti­ci­pan­tes sont tenues de se faire cer­ti­fier par des orga­nis­mes indé­pen­dants pour les acti­vi­tés per­ti­nen­tes pour la sécu­ri­té réa­li­sées dans le cadre de leur ECM. Elles doi­vent renou­ve­ler ces cer­ti­fi­cats régu­liè­re­ment et per­mett­re à leurs cli­ents de con­sul­ter leur vali­di­té et leur étendue.
  • Audits: Les auto­ri­tés de sur­veil­lan­ce réa­li­sent durant l’exploitation fer­ro­vi­ai­re des audits des pro­ces­sus cri­ti­ques pour la sécu­ri­té basés sur le ris­que ainsi que des inspec­tions de la qua­li­té. Si jamais elles détec­tent des points fai­bles, elles en sur­veil­lent en outre la résolution.
Contrôles des essieux durant l’exploitation et la maintenance

Les essieux sont con­sidé­rés comme des com­po­sants cri­ti­ques pour la sécu­ri­té d’un véhi­cu­le fer­ro­vi­ai­re. Lors de l’exploitation, ils sont d’une part sans cesse sou­mis à l’usure, et ils peu­vent d’autre part être endom­ma­gés par les effets de fac­teurs exté­ri­eurs. Dans le cadre de la main­ten­an­ce des wagons, l’ECM veil­le à ce que les essieux uti­li­sés soi­ent de qua­li­té irréprochable.

Lors de l’exploitation, les ETF et les orga­nis­mes de con­trô­le des trains appar­ten­ant aux explo­itants d’infrastructures (cf. artic­le du blog «Tun­nel de base du Saint-Got­hard (#2): dis­po­si­tifs auto­ma­ti­ques de con­trô­le des trains») s’assurent de maniè­re ciblée qu’aucun dom­mage ni anoma­lie des wagons ne com­pro­met la sécu­ri­té de l’exploitation. Pour que l’exploitation soit sûre, les essieux doi­vent respec­ter tou­tes les valeurs limi­tes sur l’intégralité de la durée de l’exploitation. Les essieux devant être rem­pla­cés du fait d’anomalies ou de dom­mages sont ache­mi­nés dans un ate­lier pour être répa­rés selon les directives.

Deux procédures de contrôle sont établies

Le repor­ta­ge de «10 vor 10» de SRF pré­sen­te deux pro­cé­du­res de con­trô­le sys­té­ma­tique de la main­ten­an­ce des trains de roues. Ainsi, un ate­lier spé­cia­li­sé peut garan­tir que lors de leur liv­rai­son, les trains de roues remis en état par ses soins ne pré­sen­tent pas de dom­mages per­tin­ents sous forme de fis­su­res du maté­ri­au. Il s’agit de deux métho­des de con­trô­le non des­truc­tif cor­re­spond­ant à la norme DIN 27201–7, qui se sont impo­sées dans l’ensemble du secteur:

  • Con­trô­le par ultra­sons: Détec­tion de fis­su­res au niveau des faces de roues et du dos des boudins
  • Véri­fi­ca­ti­on des aimants: Détec­tion de fis­su­res dans le corps de roue et l’arbre d’essieu, train de roues compris
Clarification des compétences et règlementations

Sach­ant que de nombreux biens sont trans­por­tés sur des tra­jets trans­fron­ta­liers, il est important d’avoir des règles et des pro­cé­du­res har­mo­ni­sées au niveau inter­na­tio­nal en Euro­pe. Ces der­niè­res années, la règle­men­ta­ti­on a été lar­ge­ment renou­velée et amé­lio­rée. Les ver­si­ons actu­el­les de la direc­ti­ve sur la sécu­ri­té et l’interopérabilité de l’UE s’appliquent à tous les pays de l’UE ainsi que, via l’accord sur les trans­ports ter­res­tres, au réseau suis­se à voie nor­ma­le. En s’appuyant sur ces tex­tes, le sec­teur fer­ro­vi­ai­re suis­se a déve­lo­p­pé des nor­mes et des pro­cé­du­res de main­ten­an­ce pra­ti­ques pour les prin­ci­paux acteurs. Les pro­ces­sus de noti­fi­ca­ti­on et pro­cé­du­res d’évaluation com­muns pour toute l’Europe (cf. artic­le du blog «Tun­nel de base du Saint-Got­hard (#7): le rap­port du SESE appor­te des éclair­cis­se­ments») garan­tis­sent que les acteurs de la bran­che tirent des ens­eig­ne­ments de leurs pro­pres inci­dents d’exploitation comme celui sur­venu le 10 août 2023 et met­tent en œuvre des amé­lio­ra­ti­ons effi­caces en matiè­re de maintenance.