Le grou­pe Coop s’est enga­gé à rédui­re ses émis­si­ons de CO2. Un élé­ment cen­tral de cette stra­té­gie est le trans­fert du tra­fic sur le rail. Dani­el Hin­ter­mann, chef de la Direc­tion Logis­tique du grou­pe Coop, expli­que dans un ent­re­ti­en avec la VAP com­ment le grou­pe de com­mer­ce de détail et de gros par­vi­ent à réa­li­ser cela et quels sont les défis à rele­ver dans ce contexte.

 

VAP: Mon­sieur Hin­ter­mann, com­ment le grou­pe Coop est-il par­venu à trans­fé­rer deux tiers de la part du trans­port entre les cen­tra­les de dis­tri­bu­ti­on sur le rail? 

Dani­el Hin­ter­mann: C’est un pro­ces­sus qui a duré plu­s­ieurs années et qui a été lancé en 2010 par la décis­i­on de rache­ter une ent­re­pri­se de fret fer­ro­vi­ai­re. Nous avons ainsi repris la socié­té Rail­ca­re AG en tant que filia­le à 100 %. Nous avons inté­g­ré la peti­te ent­re­pri­se de trans­port fer­ro­vi­ai­re dans l’univers logis­tique de Coop étape par étape. Aujourd’hui, Rail­ca­re fait par­tie inté­gran­te de la chaî­ne de trans­port qui des­sert l’ensemble de notre grou­pe. Elle nous per­met de con­tin­uer à aug­men­ter la part du trans­port ferroviaire.

Com­ment se fait-il que le grou­pe Coop devi­en­ne pro­prié­tai­re de sa pro­pre ent­re­pri­se de trans­port ferroviaire?

En 2008, Coop a mis au point sa visi­on de la neu­tra­li­té car­bo­ne et sa stra­té­gie de cen­tra­li­sa­ti­on de la logis­tique et de la pro­duc­tion. Pour att­eind­re les objec­tifs fixés, nous avons cher­ché de nou­vel­les appro­ches en matiè­re de logis­tique de trans­port. Le con­cept sur lequel repo­sait Rail­ca­re à l’époque cor­re­spon­dait à ces approches.

Quel­le part de trans­port fer­ro­vi­ai­re vous pro­po­sez-vous d’atteindre?

Nous pou­vons ima­gi­ner faire pas­ser la part du rail dans le tra­fic de liv­rai­son suis­se – c’est-à-dire les acti­vi­tés en aval – des 40 % actuels à 50 %. Pour le tra­fic en amont en pro­ven­an­ce d’Europe et de Suis­se, nous voy­ons un potentiel simi­lai­re. Pour att­eind­re ces objec­tifs, nous devons nous enga­ger dans un pro­ces­sus de trans­fert exi­geant qui durera plu­s­ieurs années.

Que con­seil­lez-vous aux aut­res ent­re­pri­ses qui sou­hai­tent trans­fé­rer le trans­port de la route sur le rail? 

À mon avis, il faut que l’équipe diri­ge­an­te au plus haut niveau soit déter­mi­née à trans­fé­rer acti­ve­ment le trans­port. Cela passe par un haut degré de stan­dar­di­s­a­ti­on de l’équipement ainsi que par une étroi­te inter­con­ne­xi­on des pro­ces­sus entre le char­geur et l’entreprise ferroviaire.

Com­ment se pré­sen­te la col­la­bo­ra­ti­on entre le grou­pe Coop et la VAP? 

Cela fait de nombreu­ses années que Coop est membre de la VAP. Nous avons pu comp­ter à plu­s­ieurs repri­ses sur le sou­ti­en pro­fes­si­on­nel de la VAP, notam­ment pour ce qui est des sys­tè­mes con­trac­tuels, des sui­vis de pro­jet ou des recom­man­da­ti­ons tech­ni­ques en matiè­re de voies de raccordement.

Quels sont à vos yeux les points forts de la VAP? 

Parmi les prin­ci­paux atouts de la VAP, il y a ses con­nais­sances sur la maniè­re de con­ce­voir des cont­rats judi­cieux et sur les règle­ments en vigueur. Nous appré­ci­ons le fait que les respons­ables soi­ent joi­gn­ables à tout moment et faci­le­ment, qu’ils aient une appro­che prag­ma­tique et pro­po­sent des solu­ti­ons pra­ti­ques et réalisables.

Com­ment décr­i­riez-vous la VAP? 

Pour le grou­pe Coop en tant que char­geur, la VAP est une pla­te­for­me de con­nais­sances cru­cia­le sur le trans­port fer­ro­vi­ai­re de marchandises. 

À qui con­seil­le­riez-vous de col­la­bo­rer avec la VAP? 

À tous les char­geurs qui trans­portent ou sou­hai­tent dans l’avenir trans­por­ter des mar­chan­di­ses par le train.

Où voyez-vous le beso­in le plus urgent d’agir dans le trans­port fer­ro­vi­ai­re de marchandises? 

Dans la digi­ta­li­sa­ti­on de l’ensemble de la chaî­ne de trans­port. Il est urgent d’automatiser le der­nier kilo­mèt­re et le tra­fic de manœuvre. 

Que sou­hai­tez-vous pour l’avenir du fret fer­ro­vi­ai­re suisse? 

Je sou­hai­te que le fret fer­ro­vi­ai­re devi­en­ne dura­blem­ent com­pé­ti­tif. Pour ce faire, il doit mett­re suf­fi­sam­ment de sil­lons à la dis­po­si­ti­on des ent­re­pri­ses de trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses. Enfin, j’aimerais voir davan­ta­ge d’énergie dans les chan­ge­ments de pro­ces­sus, par exemp­le quand il s’agit de modi­fier les flux de trafic.

Qu’est-ce qui n’a pas enco­re été dit? 

Nous con­sta­tons une ten­dance à la sur­rè­gle­men­ta­ti­on et à la tech­no­cra­tie dans le fret fer­ro­vi­ai­re. Cela ne rend les ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re ni plus sûres, ni plus com­pé­ti­ti­ves. Les acteurs con­cer­nés dev­rai­ent unir leurs forces pour lut­ter cont­re cette évolution.

 

Merci, Mon­sieur Hin­ter­mann, pour cet ent­re­ti­en intéressant.

 

Dani­el Hin­ter­mann est depuis 2017 chef de la Direc­tion Logis­tique et membre de la direc­tion du grou­pe Coop. Sa longue car­ri­è­re chez Coop a com­men­cé en 2001 chez Inter­dis­count, où il est devenu en 2010 chef de la région logis­tique Suis­se du Nord-Ouest. Licen­cié en ges­ti­on d’entreprise, il a fait ses pre­miè­res expé­ri­en­ces dans le domaine du con­seil en entreprise.

Le grou­pe Coop est la plus gran­de ent­re­pri­se de com­mer­ce de détail et de gros de Suis­se. Il emploie 94 790 salarié·e·s – dont 3417 apprenti·e·s – et pos­sè­de 2633 points de vente ou magasins en Suis­se et en Euro­pe. Son pre­mier pilier est le com­mer­ce de détail avec les superm­ar­chés Coop et de nombreux for­mats spé­cia­li­sés en Suis­se, le second étant le com­mer­ce inter­na­tio­nal de gros et la production.

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