129 nouvelles locs pour CFF Cargo: comment ça marche?

129 nouvelles locs pour CFF Cargo: comment ça marche?

CFF Cargo veut renou­ve­ler sa flot­te d’ici 2035 avec jusqu’à 129 locs de ligne moder­nes. Dans le même temps, elle déplo­re des coûts fixes éle­vés dans le tra­fic par wagons com­plets iso­lés (TWCI), a aug­men­té ses tarifs de façon dis­pro­por­ti­onnée ces der­niers mois tout en rédui­sant son offre. Cette situa­ti­on pré­sen­te un ris­que majeur de retrans­fert vers la route. À la VAP, nous remet­tons en ques­ti­on cette gros­se com­man­de et deman­dons plus de transparence.

Les enjeux:

  • CFF Cargo inves­tit dans l’avenir du fret ferroviaire.
  • Les haus­ses de prix et la réduc­tion de l’offre font fuir les cli­ents du fret ferroviaire.
  • VAP remet en ques­ti­on le rai­son­ne­ment éco­no­mi­que et deman­de de la transparence.
 
CFF Cargo investit dans l’avenir du fret ferroviaire

CFF Cargo veut moder­nis­er sa flot­te et garan­tir ainsi l’avenir du trans­port de mar­chan­di­ses par rail. Dans un com­mu­ni­qué de pres­se du 26 sep­tembre 2024 , l’entreprise a annon­cé l’achat de jusqu’à 129 nou­vel­les locs de ligne. Elles dev­rai­ent être liv­rées entre 2027 et 2035 et rem­pla­cer les véhi­cu­les trac­teurs vieil­lis­sants. CFF Cargo pré­sen­te sa décis­i­on comme néces­saire afin de prépa­rer le fret fer­ro­vi­ai­re à l’avenir, ce qui est une bonne chose. Les nou­vel­les locs sont plus effi­caces, plus per­for­man­tes et équi­pées de tech­no­lo­gies inno­van­tes comme un sys­tème d’entraînement sur piles pour le der­nier kilo­mèt­re. Ainsi, CFF Cargo veut rédui­re les coûts d’exploitation de 60 % et con­tri­buer à l’automatisation du fret ferroviaire.

Les hausses de prix et la réduction de l’offre font fuir les clients du fret ferroviaire

Pour nous, à la VAP, une ques­ti­on cen­tra­le se pose: com­ment l’acquisition mas­si­ve de 129 loco­mo­ti­ves est-t-elle com­pa­ti­ble avec le déve­lo­p­pe­ment et les pra­ti­ques com­mer­cia­les actu­el­les de CFF Cargo? Ces der­niers mois, CFF Cargo a expo­sé ses cli­ents du fret fer­ro­vi­ai­re à des haus­ses de prix signi­fi­ca­ti­ves et à une réduc­tion de l’offre (cf. l’article du blog VAP «Révi­si­on tota­le de la LTM: le moral du sec­teur men­ace de s’effondrer». Ce com­porte­ment de dis­tor­si­on du mar­ché pour­rait ent­raî­ner une réduc­tion des volu­mes dans le fret fer­ro­vi­ai­re et un trans­fert accru vers la route. Si ce cas de figu­re se pré­sen­te effec­ti­ve­ment, un inves­tis­se­ment aussi important ne se jus­ti­fie pas.

VAP remet en question le raisonnement économique et demande de la transparence

CFF Cargo reste mal­heu­reu­se­ment dis­cret sur les effets opé­ra­ti­on­nels et finan­ciers de ce grand pro­jet. Cela ne favo­ri­se pas la con­fi­ance dans la filia­le de fret de l’État. On parle tout de même d’investissements de plu­s­ieurs cen­tai­nes de mil­li­ons, qui doi­vent être sup­port­és par les cli­ents du fret fer­ro­vi­ai­re, dans l’hypothèse de l’autofinancement. C’est pour­quoi nous esti­mons qu’il est indis­pensable que CFF Cargo fasse part de ses réfle­xi­ons. Par ail­leurs, nous lui sug­gé­rons de recon­sidé­rer le nombre de loco­mo­ti­ves et d’envisager, en com­plé­ment de l’achat, une loca­ti­on ou un achat partiel avec une opti­on sur un plus grand nombre de locs.

La digitalisation du fret ferroviaire s’accélère

La digitalisation du fret ferroviaire s’accélère

La sphè­re poli­tique adap­te les con­di­ti­ons-cad­res pour la migra­ti­on vers le cou­pla­ge auto­ma­tique digi­tal (DAC) et la tech­no­lo­gie pour la future norme est déter­mi­né pas à pas. La Suis­se coor­don­ne son pro­ces­sus d’introduction avec celui de l’Europe. En tant qu’acteurs de la bran­che, nous vou­lons, à la VAP, faire pro­gresser l’autorisation pour le tra­fic com­mer­cial et assu­mons par con­sé­quent un rôle clé dans la coor­di­na­ti­on et la docu­men­ta­ti­on des pro­jets correspondants.

Les enjeux:

  • Le Con­seil des États donne le feu vert au DAC et au tra­fic par wagons com­plets isolés.
  • La LTM har­mo­ni­sée avec la feuille de route européenne.
  • La tech­no­lo­gie doit faire ses preu­ves en tant que norme.
  • La bran­che suis­se joue le rôle de pionnier.
  • Deux étapes, un objec­tif: la mise en réseau avec le futur.
  • La VAP trans­for­me son expé­ri­ence en solu­ti­ons adap­tées à la pratique.
 
Le Conseil des États donne le feu vert au DAC et au trafic par wagons complets isolés.

Les déve­lo­p­pe­ments autour de la digi­ta­li­sa­ti­on du fret fer­ro­vi­ai­re se dérou­lent lit­té­ra­le­ment sur plu­s­ieurs voies. Des jalons importants ont été posés le 24 sep­tembre 2024 dans le pro­ces­sus poli­tique. Lors de cette jour­née de déli­bé­ra­ti­on durant le ses­si­on d’automne du Par­le­ment suis­se, le Con­seil des États a déli­bé­ré sur la révi­si­on tota­le de la loi sur le trans­port de mar­chan­di­ses et a approu­vé le cré­dit d’engagement rela­tif au déploie­ment du DAC à hauteur de 180 mil­li­ons de francs ainsi que celui rela­tif à la moder­ni­sa­ti­on du tra­fic par wagons com­plets iso­lés d’un mon­tant de 260 mil­li­ons de francs. Le con­seil prio­ri­taire a ainsi pris en comp­te les prin­ci­paux élé­ments-clés du mes­sa­ge du Con­seil fédé­ral du 10 jan­vier 2024 et s’est à une large majo­ri­té expli­ci­te­ment décla­ré en faveur de la digi­ta­li­sa­ti­on du fret fer­ro­vi­ai­re grâce à l’innovation per­fec­tion­née depuis de longues années. Voici ce qu’a décla­ré le con­seil­ler fédé­ral Albert Rösti lors de son expo­sé devant le plé­num du Con­seil: «Outre le cou­pla­ge auto­ma­tique digi­tal, d’autres étapes con­crè­tes de moder­ni­sa­ti­on sont pré­vues, comme des pla­te­for­mes de réser­va­ti­on.» Nous expli­quons pour­quoi cette remar­que reflè­te une per­spec­ti­ve holis­tique du DAC dans l’article de notre blog «Éco­sys­tè­mes de don­nées: le sec­teur par­ti­ci­pe à une table ronde avec le con­seil­ler fédé­ral Rösti».

La LTM harmonisée avec la feuille de route européenne.

La pla­ni­fi­ca­ti­on de la LTM révi­sée et de l’ordonnance cor­re­spond­an­te est en har­mo­nie avec la feuille de route euro­pé­en­ne. La mise en œuvre est pré­vue entre fin 2026 et début 2027. À par­tir de là, les fonds fédé­raux bud­gé­ti­sés seront dis­po­nibles pour la migra­ti­on vers le DAC. Les acteurs du Euro­pean DAC Deli­very Pro­gram­me (EDDP) d’Europe’s Rail sou­hai­tent déploy­er à gran­de échel­le la migra­ti­on vers le DAC à par­tir de 2028. Ce pro­gram­me de mise en œuvre réu­nit les ent­re­pri­ses de trans­port fer­ro­vi­ai­re, les explo­itants d’infrastructure, les déten­teurs de wagons ainsi que les four­nis­seurs d’équipements fer­ro­vi­ai­res, les orga­nis­mes respons­ables de la main­ten­an­ce, les orga­ni­sa­ti­ons du sec­teur, les cen­tres de recher­che fer­ro­vi­ai­re et les insti­tu­ti­ons poli­ti­ques. Ce pro­gram­me com­mun inté­g­ré s’appuie sur les résul­tats de la recher­che et du déve­lo­p­pe­ment ainsi que sur des pro­jets pilo­tes et vise à garan­tir les mesu­res néces­saires à un déploie­ment rapi­de, tech­ni­quement et éco­no­mi­quement réa­li­sable du DAC à l’échelle européenne.

La technologie doit s’imposer en tant que norme.

Pour att­eind­re cet objec­tif ambi­ti­eux, il faut une tech­no­lo­gie déve­lo­p­pée et tes­tée en ent­re­pri­se. Là aussi, l’EDDP a déjà effec­tué un tra­vail pré­pa­ra­toire con­sidé­ra­ble et a annon­cé début 2024 le «DAC Basis Packa­ge» comme future norme de sys­tème pour le fret fer­ro­vi­ai­re en Euro­pe. L’EDDP pré­voit des trains pilo­tes dans toute l’Europe afin d’affiner et de tes­ter dans son inté­gra­li­té la tech­no­lo­gie du «DAC Basis Packa­ge». Le paquet de lance­ment com­prend les élé­ments suivants:

  • DAC (méca­ni­que / pneu­ma­tique) y com­pris sys­tème éner­gé­tique / de données
  • Iden­ti­fi­ca­ti­on de la com­po­si­ti­on de train
  • Essai de frein automatique
  • Con­trô­le de la com­plétu­de du train
  • Décou­pla­ge auto­ma­tique (dans le train depuis la loco­mo­ti­ve ou le côté du wagon)

Une décis­i­on importan­te doit enco­re être prise con­cer­nant le sys­tème: pour la tech­no­lo­gie de trans­mis­si­on de don­nées dans le train, il reste enco­re à choi­sir entre Sin­gle per Ether­net et Power­line+. Comme des tests avec Power­line+ ont déjà été réa­li­sés avec suc­cès en Suis­se, il s’agit main­ten­ant de réa­li­ser rapi­de­ment un train pilo­te homo­logab­le embar­quant cette technologie.

La branche suisse joue le rôle de pionnier.

La Suis­se veut con­tri­buer signi­fi­ca­ti­ve­ment au pro­jet de déve­lo­p­pe­ment euro­pé­en DAC coor­don­né par l’EDDP et le com­bi­ner étroi­te­ment avec les orga­ni­sa­ti­ons euro­pé­en­nes d’EDDP. Ainsi, le sec­teur fer­ro­vi­ai­re suis­se s’apprête à faire avan­cer l’intégration du sys­tème pour auto­ri­ser les uti­li­sa­ti­ons com­mer­cia­les. Les spé­ci­fi­ca­ti­ons tech­ni­ques et l’étendue des pre­sta­ti­ons fon­c­tion­nel­les du «DAC Basis Packa­ge» et la tech­no­lo­gie de trans­mis­si­on Power­line+ for­ment la base des futurs travaux de l’équipe de pro­jet suis­se. De là, l’OFT, la VAP et l’UTP élar­gi­ront en con­sé­quence leur décla­ra­ti­on d’intention signée con­join­te­ment sur l’automatisation dans le fret ferroviaire.

Deux étapes, un objectif: la mise en réseau avec le futur.

La con­tri­bu­ti­on de la Suis­se au déploie­ment du DAC se déroule en deux étapes. Au pré­alable, il con­vi­ent de faire avan­cer rapi­de­ment l’intégration du sys­tème sur le train pionnier suis­se jusqu’à ce qu’il soit prêt pour l’homologation, puis de démon­trer son apti­tu­de à être uti­li­sé au quo­ti­di­en dans le cadre d’une appli­ca­ti­on com­mer­cia­le. La Con­fé­dé­ra­ti­on sou­ti­en­dra le déve­lo­p­pe­ment par un finance­ment con­for­mé­ment à l’article 10 de la loi sur le trans­port de marchandises.

  • Le pro­jet de déve­lo­p­pe­ment PD3 pour la réa­li­sa­ti­on de l’homologation d’un pre­mier train pionnier avec les fon­c­tions selon le «DAC Basic Packa­ge» a com­men­cé. L’objectif est d’obtenir d’ici mi-2026 une auto­ri­sa­ti­on d’exploitation de l’OFT pour des tra­jets com­mer­ciaux défi­nis sur le réseau suis­se à voie nor­ma­le. Pour ce faire, une tren­taine de mem­bres moti­vés de Swiss­rail, de CFF Cargo et de l’OFT ainsi que des repré­sen­tants de la VAP ont mani­fes­té le 30 août 2024 leur inten­ti­on de rend­re ensem­ble le fret fer­ro­vi­ai­re com­pé­ti­tif et de faire con­naît­re la tech­no­lo­gie suis­se DAC à l’extérieur. Avec le PD3, les acteurs du sec­teur veu­lent con­tri­buer de maniè­re signi­fi­ca­ti­ve à la défi­ni­ti­on de la future norme euro­pé­en­ne en matiè­re de fret fer­ro­vi­ai­re. Il est temps de sor­tir des débats de fond et d’élaborer des solu­ti­ons opé­ra­ti­on­nel­les. Les nou­veaux sys­tè­mes doi­vent être robus­tes, fon­c­tion­nels et finan­ça­bles, afin que les trains de mar­chan­di­ses puis­sent à l’avenir cir­cu­ler de façon rentable.
  • Le pro­jet de déve­lo­p­pe­ment PD4 vise à mett­re en ser­vice plu­s­ieurs trains avec DAC sur le réseau fer­ro­vi­ai­re suis­se pour des tra­jets com­mer­ciaux entre 2026 et 2027, une fois le PD3 ache­vé. Les pre­miè­res dis­cus­sions avec les char­geurs ont déjà eu lieu. On recher­che des tra­fics iso­lés qui se prêtent à une con­ver­si­on pré­co­ce au DAC en tant que trains pionniers. L’objectif de cette deu­xiè­me étape est d’acquérir de l’expérience en matiè­re d’exploitation et de pour­suiv­re le ren­force­ment en situa­ti­on réel­le. Les trains pionniers doi­vent don­ner aux par­ties pren­an­tes et aux inves­tis­seurs impli­qués une image con­crè­te des pos­si­bi­li­tés futures offer­tes par le DAC et la digi­ta­li­sa­ti­on qui l’accompagne dans le fret ferroviaire.
La VAP transforme son expérience en solutions adaptées à la pratique.

La VAP va coor­don­ner et docu­men­ter les pro­jets men­ti­onnés pour tou­tes les per­son­nes inté­res­sées et impli­quées. Nous vou­lons ainsi garan­tir un vaste éch­an­ge d’expériences et une com­pa­ti­bi­li­té tota­le avec la pra­tique jus­que dans les voies de rac­cor­de­ment et la logis­tique de l’économie. Nos mem­bres – en pre­mier lieu les char­geurs et les déten­teurs de wagons – par­ti­ci­pent acti­ve­ment aux deux étapes de déve­lo­p­pe­ment. Cela per­met de mett­re à l’échelle les con­nais­sances acqui­ses dans le cadre de pro­jets pilo­tes et de faire pro­fi­ter tous les acteurs de la bran­che des synergies.

Session d’automne 2024: la politique des transports à l’ordre du jour

Session d’automne 2024: la politique des transports à l’ordre du jour

Lors de la ses­si­on d’automne, qui s’est déroulée du 9 au 27 sep­tembre 2024, le Par­le­ment a débat­tu de divers sujets rela­tifs à la poli­tique des trans­ports. La révi­si­on de la loi sur le trans­port de mar­chan­di­ses (LTM) a fait l’objet d’une atten­ti­on par­ti­cu­liè­re. Ce pro­jet de loi est en tota­le oppo­si­ti­on avec la démar­che soli­taire de CFF Cargo.

Les enjeux:

  • Infra­struc­tu­re fer­ro­vi­ai­re 2025–2028
  • Mise en garde de Rösti et Bur­kart cont­re des haus­ses de tarifs drastiques
  • Nou­vel­le injec­tion de fonds pour les CFF
  • Objec­tifs de trans­fert lors de l’aménagement des voies d’accès à la NLFA

 

Maintenir et développer l’infrastructure ferroviaire de 2025 à 2028

Le 23 sep­tembre 2024, le Con­seil natio­nal a trai­té en tant que pre­miè­re Chambre l’objet du Con­seil fédé­ral 24.045 «Finance­ment de l’exploitation et de la pré­ser­va­ti­on de la sub­s­tance de l’infrastructure fer­ro­vi­ai­re, des tâches du sys­tème dans ce domaine et des con­tri­bu­ti­ons aux inves­tis­se­ments dans les instal­la­ti­ons pri­vées de trans­port de mar­chan­di­ses pour les années 2025 à 2028». Le 15 mai 2024, le Con­seil fédé­ral avait pro­po­sé un pla­fond de dépen­ses de 16,442 mil­li­ards de francs au total pour les tâches à venir, soit envi­ron 2 mil­li­ards de plus par rap­port à la péri­ode précédente.

Avec ce pro­jet, le Con­seil fédé­ral fixe pour les années 2025 à 2028 les objec­tifs en matiè­re d’exploitation, de pré­ser­va­ti­on et de déve­lo­p­pe­ment tech­ni­que de l’infrastructure fer­ro­vi­ai­re finan­cée par la Con­fé­dé­ra­ti­on. Le finance­ment est assu­ré pour la troi­siè­me fois entiè­re­ment par le fonds d’infrastructure fer­ro­vi­ai­re (FIF). Le Con­seil natio­nal a approu­vé le cré­dit tout en rejetant une pro­po­si­ti­on mino­ri­taire visa­nt à aug­men­ter le cré­dit de 500 millions.

Par­al­lè­le­ment, le Con­seil fédé­ral a pro­po­sé de pro­lon­ger d’un an le cré­dit-cadre existant pour les con­tri­bu­ti­ons aux inves­tis­se­ments dans les instal­la­ti­ons pri­vées de trans­port de mar­chan­di­ses de 2021 à 2024. Ceci parce que la réa­li­sa­ti­on de grands pro­jets a pris du retard. Il pré­voit en outre un cré­dit d’engagement de 185 mil­li­ons de francs sur quat­re ans pour les con­tri­bu­ti­ons aux inves­tis­se­ments dans les instal­la­ti­ons de trans­bor­de­ment de mar­chan­di­ses en tra­fic com­bi­né (TC) et les voies de rac­cor­de­ment. Ce cré­dit doit per­mett­re de finan­cer la con­s­truc­tion, l’agrandissement et le renou­vel­le­ment des instal­la­ti­ons suivantes:

  • Instal­la­ti­ons de trans­bor­de­ment en TC et voies de rac­cor­de­ment en Suis­se cor­re­spond­ant au con­cept de fret fer­ro­vi­ai­re selon l’art. 3 LTM
  • Instal­la­ti­ons de trans­bor­de­ment en TC à l’étranger néces­saires pour att­eind­re l’objectif de trans­fert visé à l’art. 3 LTTM
  • Instal­la­ti­ons por­tuai­res pour le trans­bor­de­ment de mar­chan­di­ses en TC

 

Le Con­seil natio­nal a approu­vé la pro­po­si­ti­on du Con­seil fédé­ral par 194 voix cont­re 1. Le pro­jet a été trans­mis au Con­seil des États.

Développements controversés dans le débat sur le fret ferroviaire

Le 24 sep­tembre 2024, le Con­seil des États a été la pre­miè­re chambre à trai­ter la révi­si­on tota­le de la LTM. Nous avons rendu comp­te des déve­lo­p­pe­ments les plus récents dans notre artic­le de blog «Le débat sur le fret fer­ro­vi­ai­re suis­se men­ace de dérailler».

Avec cette révi­si­on, le légis­la­teur veut per­mett­re une plus gran­de con­cur­rence sur le rail, ren­forcer le tra­fic par wagons com­plets iso­lés et empê­cher les dis­cri­mi­na­ti­ons qui faus­sent le mar­ché. Il sou­hai­te moder­nis­er le sys­tème obsolè­te par l’automatisation et la digi­ta­li­sa­ti­on, con­tin­uer à sou­te­nir finan­ciè­re­ment la con­s­truc­tion et le renou­vel­le­ment des instal­la­ti­ons pri­vées de trans­port de mar­chan­di­ses et rem­bour­ser désor­mais la RPLP aux pay­eurs de fret sous forme de for­fait de transbordement.

Après des débats appro­fon­dis, le Con­seil des États a approu­vé le pro­jet par 35 voix cont­re 3 et 3 abstentions.

Cette décis­i­on s’inscrit dans le con­tex­te de l’état d’esprit actuel des cli­ents des socié­tés de fret fer­ro­vi­ai­re suis­ses. Depuis quel­ques semain­es, la filia­le des CFF, CFF Cargo, con­ster­ne les char­geurs avec des aug­men­ta­ti­ons de prix dis­pro­por­ti­onnées – pour une offre de pre­sta­ti­ons inchan­gée ou moins inté­res­san­te. Les con­sé­quen­ces de ce com­porte­ment con­tro­ver­sé sont fata­les. De nombreux char­geurs du sec­teur privé se voi­ent con­traints de retrans­fé­rer jusqu’à 10 % de leur volu­me de trans­port de mar­chan­di­ses vers la route, car le trans­port par rail n’est plus ren­ta­ble. De son côté, la filia­le CFF Cargo ne se mont­re pas dis­po­sée à dis­cu­ter du déve­lo­p­pe­ment d’alternatives. Ce com­porte­ment va à l’encontre des efforts déployés dans le cadre de la révi­si­on de la LTM et du con­sen­sus qui avait été con­venu entre les milieux poli­ti­ques, le sec­teur éco­no­mi­que et les chem­ins de fer nati­on­aux avant les débats par­le­men­tai­res. Dans son inter­ven­ti­on, le con­seil­ler aux États Thier­ry Bur­kart, PLR/AG, éga­le­ment pré­si­dent de l’ASTAG, a réaf­fir­mé que les CFF n’orientent pas seu­le­ment leur poli­tique de prix sur ce qui est peut-être néces­saire, mais aussi sur ce qui est pos­si­ble sur le mar­ché, afin d’éviter un retrans­fert vers la route mal­gré les sub­ven­ti­ons. Dans son inter­ven­ti­on, le con­seil­ler fédé­ral Rösti a lui aussi fait réfé­rence dans ce con­tex­te à trois élé­ments essentiels: les for­faits de char­ge­ment, l’augmentation de l’efficacité et les prix, qui dev­rai­ent être réunis en un opti­mum. Ces trois domain­es sont néces­saires pour assurer au final la ren­ta­bi­li­té et évi­ter les retrans­ferts. Sur la base des ent­re­ti­ens qu’il a eus avec des char­geurs importants, il pense qu’il est pos­si­ble d’apaiser plus ou moins la situa­ti­on et de trou­ver une solution.

Nouvelle injection de fonds pour les Chemins de fer fédéraux

Les 11 et 19 sep­tembre 2024, le Con­seil des États a dis­cu­té des modi­fi­ca­ti­ons de la loi fédé­ra­le sur les Chem­ins de fer fédé­raux (LCFF) pro­po­sées par le Con­seil fédé­ral, suivi en cela par le Con­seil natio­nal les 16 et 23 sep­tembre 2024. Après les der­niers débats, des diver­gen­ces sub­sis­taient à l’article 20 sur les instru­ments de finance­ment. Désor­mais, les CFF doi­vent pou­voir finan­cer des inves­tis­se­ments en dehors du domaine don­nant droit à l’indemnité du sec­teur Infra­struc­tu­re par des prêts portant inté­rêt et rem­bours­ables de la Tré­sore­rie fédé­ra­le, tant qu’ils respec­tent les objec­tifs défi­nis dans les objec­tifs stra­té­giques du Con­seil fédé­ral en matiè­re d’endettement net. Si le beso­in de finance­ment exter­ne des CFF pour ces inves­tis­se­ments dépas­se les objec­tifs d’endettement net défi­nis à l’al. 1, il doit être cou­vert par des sub­ven­ti­ons en capi­tal de la Con­fé­dé­ra­ti­on. Le Con­seil fédé­ral pro­po­se à l’Assemblée fédé­ra­le, dans le cadre de son bud­get, les subs­i­des en capi­tal nécessaires.

Le Con­seil des États est par­venu à la con­clu­si­on qu’il fall­ait rédui­re le sou­ti­en finan­cier aux CFF. Lors du deu­xiè­me tour de déli­bé­ra­ti­on mer­cre­di, il a approu­vé sans oppo­si­ti­on une réduc­tion à 850 mil­li­ons de francs et a ensuite des­ser­ré le frein aux dépen­ses. Mari­an­ne Maret (centre/VS), pré­si­den­te de la com­mis­si­on des trans­ports, a expli­qué que les CFF se sont remis plus rapi­de­ment de la crise, alors que la situa­ti­on finan­ciè­re de la Con­fé­dé­ra­ti­on se dété­rio­re. Le Con­seil natio­nal a suivi le Con­seil des États et a approu­vé la réduc­tion de la sub­ven­ti­on en capi­tal pour les CFF. Il a en outre éli­mi­né les diver­gen­ces con­cer­nant les prêts en approu­vant un pla­fon­ne­ment plus fle­xi­ble pour les prêts de trésorerie.

Les décis­i­ons des Cham­bres doi­vent être con­sidé­rées dans un con­tex­te plus large. Afin de réta­b­lir l’équilibre finan­cier de l’entreprise fédé­ra­le, le Con­seil natio­nal avait accep­té à la majo­ri­té, lors de la ses­si­on d’hiver 2023, d’octroyer aux CFF une sub­ven­ti­on uni­que en capi­tal à hauteur des per­tes du tra­fic gran­des lignes, soit 1,15 mil­li­ard de francs, afin de rédui­re la dette. La filia­le CFF Cargo, qui a déjà béné­fi­cié d’un important sou­ti­en finan­cier suite à la pan­dé­mie de Covid, pro­fi­te éga­le­ment de cette injec­tion de fonds. Elle est sur le point de con­clure un cont­rat de pre­sta­ti­ons pour indem­nis­er son tra­fic de réseau, qu’elle ne peut mani­fes­tem­ent pas gérer de maniè­re auto­no­me. En revan­che, les acteurs de l’économie pri­vée n’ont pas reçu de fonds Covid et ne dis­po­sent pas de res­sour­ces et de par­ti­ci­pa­ti­ons non néces­saires à l’exploitation pour ren­forcer leur capa­ci­té d’investissement.

Recherche d’un équilibre des objectifs de transfert lors de l’aménagement des voies d’accès à la NLFA

Les trois moti­ons 24.3389 «Faire avan­cer le pro­jet de ligne d’accès à la NLFA sur la rive gau­che du Rhin dans l’intérêt du trans­fert modal», 24.3390 «Sta­bi­li­sa­ti­on du trans­port com­bi­né sur l’axe nord-sud par la mise à dis­po­si­ti­on de voies tam­pons» et 24.3391 «Encou­ra­ge­ment du trans­fert vers des distances de trans­port moy­ennes» ont été sou­mi­ses au Con­seil des États le 24 sep­tembre 2024. La Com­mis­si­on des trans­ports et des télé­com­mu­ni­ca­ti­ons, qui a dépo­sé le texte, sou­hai­te ainsi opti­mi­ser les lignes d’accès à la NLFA.

Le Con­seil des États a adop­té les deux pre­miè­res moti­ons, mais a reje­té la troi­siè­me. Son adop­ti­on aurait impli­qué un man­dat de trans­fert modal éga­le­ment pour le tra­fic inté­ri­eur, ce que la Con­sti­tu­ti­on ne pré­voit pas.

En prin­ci­pe, nous som­mes favor­ables à un tracé effi­cace sur le cor­ri­dor nord-sud en ce qui con­cer­ne la sécu­ri­té de l’approvisionnement, les capa­ci­tés de con­tour­ne­ment en cas de pha­ses de travaux, la pon­c­tua­li­té et la qua­li­té du fret fer­ro­vi­ai­re. Le pré­si­dent de la VAP et con­seil­ler aux États Josef Ditt­li avait déjà expri­mé cette opi­ni­on lors de la ren­cont­re anni­ver­saire avec l’ancien con­seil­ler fédé­ral Adolf Ogi à l’automne 2021 (cf. artic­le de blog «25e anni­ver­saire du «Trai­té de Luga­no» – un regard sur l’avenir»).

Nous cri­ti­quons tou­te­fois la foca­li­sa­ti­on uni­la­té­ra­le des moti­ons sur le TC. Les respons­ables du trans­fert modal ratent ainsi l’occasion de pro­mou­voir d’autres for­mes de trans­port mul­ti­mo­dal par le biais du tra­fic par wagons com­plets iso­lés. Cela va clai­re­ment à l’encontre de la poli­tique com­mu­ne des États DACH (Alle­ma­gne-Autri­che-Suis­se) d’introduire rapi­de­ment le cou­pla­ge auto­ma­tique digi­tal DAC. Par ail­leurs, les moti­ons vont à l’encontre de la révi­si­on de la LTM (voir ci-des­sus), car elles pour­suivent des objec­tifs de poli­tique envi­ron­ne­men­ta­le et éner­gé­tique non seu­le­ment pour l’importation, l’exportation et le tra­fic inté­ri­eur, mais aussi pour le transit.

À la VAP, nous deman­dons que le Con­seil fédé­ral cla­ri­fie et pré­sen­te en plus, dans le pro­chain rap­port sur le trans­fert modal, le potentiel avec d’autres types de trans­port mul­ti­mo­dal. Un moni­to­ring de la qua­li­té doit éga­le­ment être intro­duit pour les trains de mar­chan­di­ses con­ven­ti­on­nels, comme cela exis­te depuis des années dans le TC. La distinc­tion entre le tra­fic com­bi­né et le trans­port con­ven­ti­on­nel doit être sup­p­ri­mée. La LTM intro­duit une sub­ven­ti­on du tra­fic d’importation, d’exportation et du tra­fic inté­ri­eur. En revan­che, en ce qui con­cer­ne le tran­sit, seul le trans­port com­bi­né non accom­pa­gné (TCNA) doit con­tin­uer à béné­fi­ci­er d’un sou­ti­en finan­cier. Nous esti­mons que cette posi­ti­on n’est pas com­pa­ti­ble avec les objec­tifs de la LTM. En effet, le man­dat con­sti­tu­ti­on­nel dans la loi sur le trans­fert du tra­fic mar­chan­di­ses (LTTM) défi­nit le trans­fert du tra­fic en tran­sit comme le trans­fert vers le rail et non vers le TCNA. Seul l’article 8 de la LTTM intro­duit la men­ti­on «en pre­mier lieu» pour la pro­mo­ti­on du TCNA, au détri­ment, il faut le noter, des aut­res solu­ti­ons logis­ti­ques mul­ti­mo­da­les avec une part de rail (voir encadré).

Art. 8 LTTM Pro­mo­ti­on du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses (teneur selon le ch. I de la LF du 16 juin 2023, en vigueur depuis le 1er jan­vier 2024)

1 Afin que l’objectif du trans­fert soit att­eint, la Con­fé­dé­ra­ti­on peut adop­ter des mesu­res de pro­mo­ti­on. Elle encou­ra­ge­ra en pre­mier lieu le trans­port com­bi­né non accom­pa­gné sur gran­des distances. Ces mesu­res ne doi­vent pas avoir d’effets dis­cri­mi­na­toires sur les ent­re­pri­ses suis­ses ou étran­gè­res pra­ti­quant le trans­port de marchandises.

2 Dans le trans­port com­bi­né non accom­pa­gné, le mon­tant moyen des indem­ni­tés accor­dées par envoi trans­por­té doit dimi­n­uer chaque année.

3 Le trans­port com­bi­né accom­pa­gné (chaus­sée rou­lan­te) peut être encou­ra­gé jusqu’à la fin de 2028.

4 L’année qui suit la ces­sa­ti­on de l’exploitation de la chaus­sée rou­lan­te, la Con­fé­dé­ra­ti­on peut par­ti­ci­per aux frais de liqui­da­ti­on de l’exploitant.

 

 

Révision totale de la LTM: le moral du secteur menace de s’effondrer

Révision totale de la LTM: le moral du secteur menace de s’effondrer

La Com­mis­si­on des trans­ports et des télé­com­mu­ni­ca­ti­ons du Con­seil des États (CTT‑E) a ache­vé ses déli­bé­ra­ti­ons sur la révi­si­on tota­le de la loi sur le trans­port de mar­chan­di­ses (LTM). Comme le Con­seil fédé­ral, elle veut amé­lio­rer les con­di­ti­ons-cad­res en faveur des chaî­nes logis­ti­ques mul­ti­mo­da­les. Tou­te­fois, l’attitude de CFF Cargo, qui a déci­dé des aug­men­ta­ti­ons de prix con­sidé­ra­bles asso­ciées à une limi­ta­ti­on de l’offre, va à rebours de ces efforts et place les char­geurs face à un dan­ge­reux dilemme.

Les enjeux:

  • Évè­ne­ments passés
  • Un oui sans ambi­güi­té à la mul­ti­mo­da­li­té et à la compétitivité
  • L’attitude con­tro­ver­sée de CFF Cargo
  • La Con­fé­dé­ra­ti­on doit jouer son rôle
  • Sor­tir ensem­ble du dilemme

 

Évènements passés

Nous avons abor­dé dans le détail les pre­miè­res deman­des de la CTT‑E sur le mes­sa­ge du Con­seil fédé­ral sur la loi sur le trans­port de mar­chan­di­ses (révi­si­on tota­le de la loi fédé­ra­le sur le trans­port de mar­chan­di­ses par des ent­re­pri­ses de che­min de fer ou de navi­ga­ti­on) dans l’article de notre blog «Main­ten­ant ou jamais: un débat qui ouvre des per­spec­ti­ves sur le trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses en Suis­se». Comme cela a été com­mu­ni­qué le 21 juin 2024, la com­mis­si­on d’examen pré­alable veut ren­forcer de maniè­re ciblée la con­cur­rence dans le domaine du trans­port de mar­chan­di­ses, rég­ler la com­pé­tence de Rail­Com pour impo­ser une offre non dis­cri­mi­na­toire dans le tra­fic par wagons com­plets iso­lés (TWCI) et con­cré­ti­ser le con­tenu des lignes direc­tri­ces du fret fer­ro­vi­ai­re comme base de la con­ven­ti­on de pre­sta­ti­ons dans le TWCI.

Un oui sans ambigüité à la multimodalité et à la compétitivité

La com­mis­si­on du Con­seil des États a désor­mais ache­vé sa dis­cus­sion par artic­le. Dans son der­nier com­mu­ni­qué de pres­se du 20 août 2024, elle deman­de au légis­la­teur d’inscrire dans la règle­men­ta­ti­on que les con­tri­bu­ti­ons de trans­bor­de­ment doi­vent être rever­sées aux expé­di­teurs ainsi qu’aux desti­na­tai­res et que les pre­sta­ti­ons four­nies à l’interne à l’entreprise doi­vent être ren­dues trans­pa­ren­tes et con­trôlées. Enfin, la majo­ri­té de la com­mis­si­on sug­gè­re que la ques­ti­on d’une pro­lon­ga­ti­on de l’encouragement du TWCI soit tran­chée par le Par­le­ment et non par le Con­seil fédé­ral. La CTT‑E entend ainsi s’assurer que la com­pé­tence finan­ciè­re et la décis­i­on de pro­lon­ger éven­tu­el­le­ment le sou­ti­en se situ­ent au même niveau.

L’attitude controversée de CFF Cargo

Actu­el­le­ment, les esprits des char­geurs s’échauffent sur l’attitude de CFF Cargo, filia­le des CFF, qui va net­te­ment à rebours des aspi­ra­ti­ons de la CTT‑E et des annon­ces fai­tes jusqu’ici par le Con­seil fédé­ral. Le four­nis­seur mono­po­lis­tique deman­de pour ses pre­sta­ti­ons un sup­p­lé­ment de prix de 20 % à 60 % – comme si cela allait de soi, et sans offrir ni la trans­pa­rence des coûts ni la pos­si­bi­li­té de rédui­re les coûts inhér­ents au sys­tème en coopé­ra­ti­on avec les acteurs des ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re. Même si la LTM est modi­fiée comme cela a été pro­po­sé et que le Con­seil des États approuve les deman­des de la CTT‑E, on court actu­el­le­ment le dan­ger que les char­geurs trans­fè­rent mas­si­ve­ment leurs trans­ports sur la route. Sach­ant qu’une réo­ri­en­ta­ti­on aussi stra­té­gique que celle-ci ne peut se faire du jour au len­de­main, ils adap­te­ront leurs con­cepts de logis­tique au cours des deux années à venir. Dans ce cas, tant le pro­jet de loi lui-même que les fonds fédé­raux néces­saires à sa réa­li­sa­ti­on devi­en­drai­ent obsolè­tes – et, a for­tio­ri, une déli­bé­ra­ti­on du Par­le­ment à ce sujet lors de la ses­si­on d’automne 2024.

La Confédération doit jouer son rôle

Afin d’éviter toute dis­cri­mi­na­ti­on inju­s­ti­fiée sur le mar­ché et un trans­fert sur la route, les char­geurs pour­rai­ent aussi axer leurs con­cepts de logis­tique sur des off­res fer­ro­vi­ai­res alter­na­ti­ves pro­po­sées par des ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re inno­van­tes et cou­ra­ge­u­ses et sous­trai­re leurs volu­mes de trans­port au mono­po­le d’État pour les pla­cer dans une con­cur­rence d’économie de mar­ché. Cela cor­re­spon­drait à l’objectif de la CTT‑E, qui exige d’instaurer davan­ta­ge de con­cur­rence par des con­ven­ti­ons de pre­sta­ti­ons et un rema­nie­ment des lignes direc­tri­ces sur le TWCI. C’est donc dans une mesu­re non nég­li­geable qu’il incom­be à la Con­fé­dé­ra­ti­on de mett­re sur rail dans les meil­leurs délais les mesu­res cor­re­spond­an­tes au niveau de la pro­cé­du­re de com­man­de, de deman­der aux ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re pri­vées de for­mu­ler des off­res et de les sou­te­nir dans la mise en place de ces dernières.

Sortir ensemble du dilemme

Le sec­teur doit trou­ver une voie pour sor­tir du dilem­me actuel avant que le débat ne s’envenime. Il appar­tient désor­mais aux acteurs de la bran­che et à la Con­fé­dé­ra­ti­on de per­mett­re ensem­ble une plus gran­de con­cur­rence et de moder­nis­er fon­da­men­ta­le­ment le TWCI. Pour ce faire, ils doi­vent modi­fier l’organisation du sys­tème de TWCI main dans la main, l’ouvrir davan­ta­ge aux four­nis­seurs tiers et le déve­lo­p­per sur un pied d’égalité. Il exis­te déjà à cet égard des solu­ti­ons inté­res­san­tes éma­n­ant du sec­teur privé. Si le Par­le­ment dis­ait oui à la pro­mo­ti­on du TWCI et ren­for­çait ainsi la con­cur­rence intra­mo­da­le, les char­geurs et les ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re pour­rai­ent renon­cer à des réac­tions de blo­ca­ge. Au lieu de cela, ils pour­rai­ent – en coopé­ra­ti­on avec les CFF – sai­sir la chan­ce de s’émanciper enfin du TWCI mono­po­lis­tique et de mett­re au point une offre de réseau large, diver­si­fiée et autofinancée.

Maintenant ou jamais: un débat qui ouvre des perspectives sur le transport ferroviaire de marchandises en Suisse

Maintenant ou jamais: un débat qui ouvre des perspectives sur le transport ferroviaire de marchandises en Suisse

Au prin­temps, la Com­mis­si­on des trans­ports et des télé­com­mu­ni­ca­ti­ons du Con­seil des États (CTT‑E) est entrée en matiè­re sur la révi­si­on tota­le de la loi sur le trans­port de mar­chan­di­ses (LTM) et a déclen­ché des débats nova­teurs sur le fret fer­ro­vi­ai­re inté­ri­eur en Suis­se au Par­le­ment. La VAP con­tri­buera à mar­quer ce débat en col­la­bo­ra­ti­on avec d’autres acteurs. Notre objec­tif est de trou­ver un com­pro­mis via­ble et de faire valoir les inté­rêts de nos membres.

Les enjeux:

  • Une bonne nou­vel­le pour le Parlement
  • Pre­miè­res pro­po­si­ti­ons de la CTT‑E
  • Éch­an­ges ani­més entre les acteurs concernés
  • Défis pour l’économie et la logis­tique glo­ba­le européenne
  • Le seuil de dou­leur est atteint
  • Et main­ten­ant

 

Une bonne nouvelle pour le Parlement

Le 9 février 2024, le Con­seil fédé­ral suis­se a publié son mes­sa­ge con­cer­nant la loi sur le trans­port de mar­chan­di­ses (Révi­si­on tota­le de la loi fédé­ra­le sur le trans­port de mar­chan­di­ses par des ent­re­pri­ses de che­min de fer ou de navi­ga­ti­on). De notre point de vue, les aspects finan­ciers sui­vants méri­tent une atten­ti­on particulière:

  • Indem­ni­tés d’exploitation: afin de pré­ser­ver le niveau actuel de cou­ver­tu­re du ter­ri­toire du tra­fic par wagons com­plets iso­lés (TWCI) pen­dant la phase de trans­for­ma­ti­on, le Con­seil fédé­ral pré­voit de le sou­te­nir finan­ciè­re­ment pen­dant une durée limi­tée de huit ans et de maniè­re dégres­si­ve. L’autonomie finan­ciè­re doit être att­ein­te à l’issue de cette péri­ode. Pour les quat­re pre­miè­res années, il deman­de 260 mil­li­ons de francs.
    Pour en savoir plus, con­sul­tez la fiche d’information sur le fret ferroviaire.
  • Inci­ta­ti­ons pour les char­geurs: il est prévu de ver­ser des con­tri­bu­ti­ons au trans­bor­de­ment et au char­ge­ment pour une durée indé­ter­mi­née ainsi qu’une indem­ni­sa­ti­on des coûts non cou­verts de l’offre de trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses com­man­dée à hauteur de 60 mil­li­ons CHF par an au total.
Premières propositions de la CTT‑E

La CTT‑E, en tant que com­mis­si­on con­sul­ta­ti­ve du con­seil prio­ri­taire, s’est pen­chée ce prin­temps sur la révi­si­on tota­le de la LTM après avoir con­sul­té la bran­che – dont la VAP. Les dis­cus­sions des semain­es et des mois à venir au Par­le­ment seront déter­mi­nan­tes pour l’avenir du fret fer­ro­vi­ai­re sur l’ensemble du ter­ri­toire. Lors de son examen de détail, la com­mis­si­on a mis en lumiè­re un grand nombre de points. Elle est majo­ri­taire­ment d’avis que la révi­si­on tota­le de la LTM est appro­priée pour garan­tir et amé­lio­rer une inter­ac­tion dura­ble entre les dif­fér­ents modes de trans­port pour la poli­tique suis­se des trans­ports. Elle sug­gè­re de pro­cé­der à des adapt­a­ti­ons du con­tenu comme suit:

  • Ren­force­ment expli­ci­te de la con­cur­rence dans le trans­port de marchandises
  • Règle­men­ta­ti­on clai­re de la com­pé­tence de Rail­Com pour véri­fier et impo­ser l’offre non dis­cri­mi­na­toire des ser­vices dans le TWCI
  • Con­cré­ti­sa­ti­on des con­te­nus rela­tifs aux lignes direc­tri­ces pour le fret fer­ro­vi­ai­re (base pour la con­ven­ti­on de pre­sta­ti­ons dans le TWCI)
  • Trans­fert de com­pé­ten­ces du Con­seil fédé­ral au Par­le­ment pour la pro­lon­ga­ti­on de cer­tai­nes dis­po­si­ti­ons (notam­ment les indemnisations)

La com­mis­si­on ter­mi­ne­ra pro­ba­blem­ent l’examen de détail avec des infor­ma­ti­ons com­plé­men­tai­res de l’administration lors de sa pro­chai­ne séan­ce. L’objet pas­se­ra ensuite à l’assemblée plé­niè­re du Con­seil des États.

Échanges animés entre les acteurs concernés

Ces der­niè­res semain­es, nous avons mené – avec le sou­ti­en de nos mem­bres – des ent­re­ti­ens avec les acteurs de la Com­mun­au­té d’intérêts Tra­fic par wagons com­plets (CI TWC), l’Office fédé­ral des trans­ports (OFT) et la filia­le CFF Cargo des Chem­ins de fer fédé­raux suis­ses (CFF). Alex­an­der Muhm, CEO de CFF Cargo, a ainsi pré­sen­té au comi­té direc­teur de la VAP le con­cept géné­ral envi­sa­gé pour une con­ver­si­on vers l’autofinancement. Les expli­ca­ti­ons de Muhm ont déclen­ché un débat inten­se entre les par­ties con­cer­nées et des dis­cus­sions plus appro­fon­dies sur les pos­si­bi­li­tés et les risques.

Défis pour l’économie et la logistique globale européenne 

Un coup d’œil sur les sta­tis­ti­ques mont­re que les chif­fres du trans­fert modal en Suis­se et en Euro­pe stagn­ent, voire bais­sent légè­re­ment. Les rai­sons en sont mul­ti­ples. En Alle­ma­gne, il règne une gran­de incer­ti­tu­de quant aux pro­gram­mes d’investissement potentiels et à la date d’une repri­se éco­no­mi­que sen­si­ble. L’Italie et la France se débat­tent avec des chif­fres de crois­sance mode­s­tes et des niveaux d’endettement éle­vés. Cette situa­ti­on, com­bi­née au moral des con­som­ma­teurs, a un impact direct sur les ent­re­pri­ses et leur situa­ti­on financière.

Dans le domaine de la logis­tique, outre la fer­me­tu­re du Canal de Suez ou les phé­nomè­nes natu­rels, il exis­te d’autres défis énor­mes comme les grands chan­tiers (p. ex. sur le réseau fer­ro­vi­ai­re alle­mand) et les tra­fics de détour­ne­ment cor­re­spond­ants ou les prix plus éle­vés des sil­lons. Tout cela ali­men­te les coûts d’exploitation et pèse sur la com­pé­ti­ti­vi­té du rail. L’état de la logis­tique glo­ba­le euro­pé­en­ne est important dans la mesu­re où la majo­ri­té des mar­chan­di­ses uti­li­sées en Suis­se pro­vi­ent de l’étranger et influence le TWCI en Suis­se ainsi qu’à tra­vers le pays.

Le seuil de douleur est atteint

Depuis notre créa­ti­on, nous nous enga­ge­ons pour un trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses attrac­tif, com­pé­ti­tif et au ser­vice de la cli­entèle, et donc pour le meil­leur trans­fert pos­si­ble vers le rail. Dans ce but, nous nous enga­ge­ons soit en tant que par­ten­aire de nombreux acteurs du fret, soit avec nos pro­pres idées et pro­jets. En matiè­re de poli­tique des trans­ports, nous nous enga­ge­ons pour des capa­ci­tés suf­fi­san­tes sur tou­tes les infra­struc­tures, des sites logis­ti­ques inté­res­sants et des con­di­ti­ons géné­ra­les raisonnables.

Au vu de la con­cur­rence mon­dia­le et des con­di­ti­ons-cad­res actu­el­les pour l’économie suis­se, le sec­teur des char­geurs qui est notre membre, ne doit pas ou ne peut pas se per­mett­re des coûts mas­si­ve­ment plus éle­vés sur le rail. Nos mem­bres ne peu­vent plus amor­tir des err­eurs tel­les que l’absence de stra­té­gie (d’investissement) au cours des 20 der­niè­res années dans le domaine du maté­ri­el rou­lant, le déman­tèle­ment con­tinu d’équipements d’infrastructure (déman­tèle­ment de voies, con­s­truc­tion d’immeubles de rap­port) ou l’intégration insuf­fi­san­te dans des con­cepts glo­baux du point de vue des usa­gers et des cli­ents. Car les con­sé­quen­ces de tel­les err­eurs, comme les haus­ses de prix mas­si­ves (au-delà du taux d’inflation), sont fata­les pour l’économie et la socié­té. La com­pé­ti­ti­vi­té du rail par rap­port à la route s’affaiblit et l’optimisation du split modal est mise à mal. De plus, des par­ti­ci­pa­ti­ons aux coûts crois­san­tes pour l’utilisation opé­ra­ti­on­nel­le des points de des­ser­te peu­vent envoy­er de mau­vais signaux.

Pour nos mem­bres, le seuil de dou­leur est att­eint depuis long­temps. Nous som­mes prêts à sou­te­nir de maniè­re signi­fi­ca­ti­ve la pour­suite du déve­lo­p­pe­ment et de la trans­for­ma­ti­on du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses. À con­di­ti­on que les respons­ables assu­rent une trans­pa­rence tota­le sur les coûts et leur ven­ti­la­ti­on et pren­nent des mesu­res dans un cadre équi­ta­ble, com­pa­ti­ble et concerté.

Et maintenant

Nous pro­fi­tons des ens­eig­ne­ments tirés des nombreu­ses dis­cus­sions avec la CTT‑E et d’autres acteurs pour déclen­cher de nombreu­ses acti­vi­tés parmi nos mem­bres et mener d’autres ent­re­ti­ens de con­cer­ta­ti­on. Toute per­son­ne sou­hai­tant s’entretenir avec nous de la logis­tique en tant qu’épine dor­sa­le de l’économie suis­se est cor­dia­le­ment invi­tée à un entretien.

Satisfaction chez CFF, inquiétude chez CFF Cargo

Satisfaction chez CFF, inquiétude chez CFF Cargo

Les CFF sont en par­fai­te santé. C’est ce que la socié­té a com­mu­ni­qué le 11 mars 2024 en publi­ant son bilan 2023. Seule la filia­le CFF Cargo con­ti­nue à être source d’inquiétude et doit être sou­te­nue finan­ciè­re­ment. Notre avis, à la VAP: Cela ne doit pas reve­nir à sub­ven­ti­on­ner sur le long terme le tra­fic par wagons com­plets iso­lés (TWCI). Et vu le bilan 2023, la pro­po­si­ti­on d’injecter 1,25 mil­li­ard de CHF est superflue.

Les enjeux:

  • Résul­tats 2023: des béné­fices fri­sant les records
  • La fra­gi­li­té chro­ni­que de CFF Cargo se tra­duit à nou­veau par un déficit
  • Des résul­tats record et des mil­li­ards d’aide: où est la logique?
  • Il faut instau­rer une responsa­bi­li­té entrepreneuriale

 

Résultats 2023: des bénéfices frisant les records

1,3 mil­li­on de voy­a­ge­urs, 269 mil­li­ons de CHF de béné­fices, 9,9 % de recet­tes sup­p­lé­men­tai­res dans le trans­port de voy­a­ge­urs, 92,5 % de trains pon­c­tuels mal­gré 20 000 chan­tiers, un endet­te­ment tombé à 11,3 mil­li­ards de CHF, et finance­ment de tous les inves­tis­se­ments sur le flux de tré­sore­rie: l’exercice 2023 des CFF reg­or­ge de bon­nes nou­vel­les et de super­la­tifs. Pour la pre­miè­re fois depuis l’ère post-covid, les CFF sortent du rouge. Ce résul­tat réjouis­sant est prin­ci­pa­le­ment dû à un nombre record de voy­a­ge­urs et aux béné­fices jute­ux géné­rés par les objets immo­bi­liers des CFF. Il n’est donc pas éton­nant que les respons­ables se mont­rent con­fi­ants pour abor­der l’avenir.

La fragilité chronique de CFF Cargo se traduit à nouveau par un déficit

Dans le sec­teur du fret de la socié­té rena­tio­na­li­sée CFF Cargo, la situa­ti­on finan­ciè­re est net­te­ment moins rose. Cer­tes, le résul­tat 2023 de CFF Cargo Suis­se s’est amé­lio­ré de 148 mil­li­ons de CHF par rap­port à celui de l’exercice pré­cé­dent pour att­eind­re moins 40 mil­li­ons de CF. Mais cela s’explique prin­ci­pa­le­ment par des cor­rec­tions de valeur de 2022. Le volu­me de tra­fic a bais­sé de 7,5 % par rap­port à l’exercice pré­cé­dent. Selon les CFF, les prin­ci­paux fac­teurs ont été la pres­si­on au niveau des prix, le défi­cit struc­tu­rel du TWCI et le refro­idis­se­ment de la conjoncture.

Reste à savoir com­ment chif­frer pré­cis­é­ment ce défi­cit, qua­li­fié de «struc­tu­rel». Dans le débat poli­tique, ces CFF par­lent de 80 à 100 mil­li­ons de CHF, tan­dis que le rap­port de ges­ti­on 2023 fait état de 40 mil­li­ons de CHF. CFF Cargo a‑t-il géné­ré des béné­fices de 40 à 60 mil­li­ons de CHF dans le tra­fic par trains complets?

Des résultats record et des milliards d’aide: où est la logique? 

Peter Füg­lis­ta­ler, direc­teur de l’Office fédé­ral des trans­ports (OFT), répond à cette ques­ti­on en don­nant dans un com­men­tai­re sur Lin­ke­dIn une répon­se plau­si­ble: «Je ne sais pas». Les CFF vont finan­ciè­re­ment bien, et c’est effec­ti­ve­ment tout à leur hon­neur. Car enfin, les char­geurs sou­hai­tent avoir des par­ten­aires forts dans le sec­teur des trans­ports. À la VAP, nous res­tons fidè­les à notre posi­ti­on: la situa­ti­on finan­ciè­re cri­tique de CFF Cargo ne doit pas être con­fon­due avec la néces­si­té de moder­nis­er et de réor­ga­nis­er le TWCI. En jan­vier 2024, le Con­seil fédé­ral a récla­mé à rai­son dans son «Mes­sa­ge rela­tif à la loi sur le trans­port de mar­chan­di­ses» des mesu­res de moder­ni­sa­ti­on du TWCI sur l’ensemble du ter­ri­toire (cf. artic­le du blog «De bons jalons pour le fret fer­ro­vi­ai­re inté­ri­eur»). Au lieu d’une enve­lo­p­pe d’assainissement au TWCI, nous récla­mons le ver­se­ment d’un finance­ment tran­si­toire ciblé, dégres­sif et limi­té dans le temps, pour une trans­for­ma­ti­on dura­ble du TWCI sur le che­min de l’autonomie finan­ciè­re. Ce n’est qu’ainsi que le TWCI pour­ra se moder­nis­er et croître.

Il faut instaurer une responsabilité entrepreneuriale

Le Par­le­ment trai­te actu­el­le­ment le «Mes­sa­ge sur la modi­fi­ca­ti­on de la loi sur les Chem­ins de fer fédé­raux (Finance­ment dura­ble des CFF)». La Con­fé­dé­ra­ti­on doit pro­chai­ne­ment prend­re en char­ge les défi­ci­ts des CFF résul­tant de la pan­dé­mie dans le domaine des gran­des lignes. Cela fait dire Josef Ditt­li, pré­si­dent de la VAP et con­seil­ler aux États: «Pour­quoi la Con­fé­dé­ra­ti­on, qui vient d’annoncer des réduc­tions bud­gé­tai­res liné­ai­res et des plans d’austérité, doit-elle sou­te­nir avec l’argent des con­tri­bu­ables une ent­re­pri­se éta­tique qui génè­re des résul­tats record? J’en appel­le aujourd’hui avec insis­tance à la responsa­bi­li­té entre­pre­neu­ria­le des acteurs.»

De bons jalons pour le fret ferroviaire intérieur

De bons jalons pour le fret ferroviaire intérieur

En jan­vier, le Con­seil fédé­ral a publié son mes­sa­ge à l’attention du Par­le­ment con­cer­nant la loi sur le trans­port de mar­chan­di­ses. Il vise à moder­nis­er le tra­fic de wagons com­plets iso­lés (TWCI) sur l’ensemble du ter­ri­toire et pose ainsi les bases de son auto­fi­nance­ment. En dépit de nombreu­ses réser­ves, il pro­po­se pour cela des aides à l’investissement et des indem­ni­tés d’exploitation tem­po­rai­res ainsi que des inci­ta­ti­ons desti­nées aux chargeurs.

Les enjeux:

  • Le Con­seil fédé­ral vise l’autofinancement
  • Réor­ga­ni­sa­ti­on inté­gra­le et moder­ni­sa­ti­on du TWCI
  • Encou­ra­ge­ment limi­té dans le temps de l’exploitation du TWCI durant la phase de modernisation
  • L’OFT cri­tique les lignes direc­tri­ces du secteur
  • Aper­çu du projet
  • Et main­ten­ant

 

Le Conseil fédéral vise l’autofinancement

Lors de sa séan­ce du 10 jan­vier 2024, le Con­seil fédé­ral a adop­té le Mes­sa­ge rela­tif à la loi sur le trans­port de mar­chan­di­ses à l’at­ten­ti­on du Par­le­ment. La VAP accu­eil­le avec satis­fac­tion la pour­suite de la variante1, qu’elle favo­ri­se. Par ce pro­jet, le Con­seil fédé­ral entend moder­nis­er le fret fer­ro­vi­ai­re sur les plans tech­ni­que et orga­ni­sa­ti­on­nel, ren­forcer les chaî­nes de trans­port mul­ti­mo­da­les et mieux inté­grer la navi­ga­ti­on. Les objec­tifs géné­raux con­sis­tent à ren­forcer la sécu­ri­té de l’approvisionnement dans tout le pays et à pro­mou­voir la mul­ti­mo­da­li­té, afin de con­tri­buer aux objec­tifs envi­ron­ne­men­taux et éner­gé­ti­ques de la Con­fé­dé­ra­ti­on. Il s’agit ainsi de garan­tir la des­ser­te actu­el­le des sur­faces, d’augmenter la part du fret fer­ro­vi­ai­re à moyen terme et de poser les bases d’un autofinancement.

Réorganisation intégrale et modernisation du TWCI 

Cette réor­ga­ni­sa­ti­on repo­se sur une trans­for­ma­ti­on com­plè­te du TWCI, respec­ti­ve­ment du tra­fic de réseau avec la moder­ni­sa­ti­on tech­ni­que cor­re­spond­an­te (en par­ti­cu­lier la numé­ri­sa­ti­on) qui va de pair, l’intégration dans le sys­tème logis­tique suis­se et l’instauration d’une con­cur­rence intra­mo­da­le non dis­cri­mi­na­toire. Cette der­niè­re doit per­mett­re d’améliorer con­sidé­ra­blem­ent la qua­li­té des pre­sta­ti­ons logis­ti­ques et leur effi­ca­ci­té et de faci­li­ter les inno­va­tions futures. Le pro­jet pré­voit d’allouer des res­sour­ces d’investissement de 180 mil­li­ons de francs au finance­ment de l’introduction du cou­pla­ge auto­ma­tique digi­tal (DAC). Des res­sour­ces d’investissement sup­p­lé­men­tai­res sont pré­vues pour finan­cer des opti­mi­sa­ti­ons de pro­ces­sus numé­ri­sés et des pla­te­for­mes d’échange de don­nées et d’autres inves­tis­se­ments comparables.

Encouragement limité dans le temps de l’exploitation du TWCI durant la phase de modernisation

Afin de pré­ser­ver son niveau actuel d’exploitation dans tout le ter­ri­toire, un sou­ti­en finan­cier de son explo­ita­ti­on est prévu pour une durée de huit ans. Cette mesu­re est cen­sée cou­vr­ir les coûts non cou­verts. Ces indem­ni­tés dimi­n­ue­ront au fur et à mesu­re de l’avancement de la réor­ga­ni­sa­ti­on et seront fixées dans des con­ven­ti­ons de pre­sta­ti­ons plu­ri­an­nuel­les con­clues avec tou­tes ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re impli­quées dans le tra­fic de réseau.

L’OFT critique les lignes directrices du secteur 

Pour que cette trans­for­ma­ti­on réus­sis­se et que le TWCI puis­se être exploi­té de maniè­re sta­ble à son niveau actuel pen­dant la phase de trans­for­ma­ti­on, le sec­teur a pré­sen­té des lignes direc­tri­ces pour des mesu­res con­crè­tes et des acti­vi­tés d’encouragement. L’OFT con­sidè­re tou­te­fois qu’elles sont insuf­fi­san­tes et deman­de qu’elles soi­ent retra­vail­lées. Il déplo­re notam­ment l’absence de per­spec­ti­ve d’une réor­ga­ni­sa­ti­on glo­ba­le visa­nt à accroît­re l’efficience et les capa­ci­tés. Il obser­ve que la ten­dance est au main­ti­en des struc­tures et à la pour­suite de la réduc­tion de l’offre. Il con­sidè­re qu’il n’est actu­el­le­ment pas en mesu­re de con­clure des accords de pre­sta­ti­ons sur cette base. La VAP com­prend les réser­ves de l’OFT, puis­que ces lignes direc­tri­ces sont le fruit d’un com­pro­mis entre les char­geurs et les ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re, dans le cadre duquel la VAP avait fait de gran­des con­ces­si­ons pour les beso­ins de la cause. Il est à pré­sent néces­saire de retra­vail­ler en sub­s­tance ces lignes direc­tri­ces, notam­ment du point de vue des cli­ents du trans­port de mar­chan­di­ses en tant qu’utilisateurs des ser­vices logistiques.

Nous som­mes prêts à sou­te­nir de maniè­re signi­fi­ca­ti­ve l’avancement de ce dos­sier. Nous esti­mons qu’un pilo­ta­ge opé­ra­ti­on­nel com­plet pour con­trô­ler l’efficacité des mesu­res et des inci­ta­ti­ons et la mise en place d’une pla­te­for­me numé­ri­que con­sti­tue une con­di­ti­on essen­ti­el­le à cette trans­for­ma­ti­on. Cela per­met­trait de reli­er tous les acteurs de façon fle­xi­ble et effi­cace dans la pla­ni­fi­ca­ti­on et le dérou­le­ment de leurs pre­sta­ti­ons. Cette trans­for­ma­ti­on doit être mise en œuvre de maniè­re struc­tu­rée, métho­di­que et ciblée sous la forme d’un projet.

Aperçu du projet
  • Les aides à l’investissement: Le Con­seil fédé­ral met à dis­po­si­ti­on 180 mil­li­ons de francs pour finan­cer l’introduction du DAC. Cela cou­vre envi­ron un tiers des coûts de trans­for­ma­ti­on. Le réé­qui­pe­ment du maté­ri­el rou­lant doit être coor­don­né à l’échelle euro­pé­en­ne et doit se réa­li­ser d’ici 2033. On attend du DAC qu’il se tra­dui­se par une amé­lio­ra­ti­on sub­stan­ti­el­le de la pro­duc­ti­vi­té et de la qua­li­té du trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses.
    Fiche d’in­for­ma­ti­on DAC (PDF, 971 kB)
  • Indem­ni­tés d’exploitation: Afin de pré­ser­ver le niveau actuel de cou­ver­tu­re du ter­ri­toire du TWCI pen­dant la phase de trans­for­ma­ti­on, le Con­seil fédé­ral pré­voit de le sou­te­nir finan­ciè­re­ment pen­dant une durée limi­tée à huit ans et de maniè­re dégres­si­ve. L’autonomie finan­ciè­re doit être att­ein­te à l’issue de cette péri­ode. Pour les quat­re pre­miè­res années, il deman­de 260 mil­li­ons de francs.
    Fiche d’in­for­ma­ti­on sur le trans­port de mar­chan­di­ses (PDF, 712 kB)
  • Inci­ta­ti­ons pour les char­geurs: Des con­tri­bu­ti­ons au trans­bor­de­ment et au char­ge­ment ainsi qu’une indem­ni­sa­ti­on des coûts non cou­verts de l’offre com­man­dée de trans­port fer­ro­vi­ai­re de mar­chan­di­ses sont pré­vues pour une durée indé­ter­mi­née à hauteur de 60 mil­li­ons par an au total.

Mes­sa­ge com­plet sur la loi sur le trans­port de mar­chan­di­ses.

Et maintenant
  • Les points en sus­pens feront l’objet de dis­cus­sions entre l’OFT et le sec­teur avant la fin du pre­mier semes­t­re 2024, et les lignes direc­tri­ces seront com­plé­tées et pré­cis­ées en conséquence.
  • Dans ce con­tex­te et après l’adoption de la loi révi­sée, un pro­ces­sus d’appel d’offres doit être lancé d’ici la fin de l’an­née 2024 pour les  dif­fér­ents paquets de pre­sta­ti­ons au sein du tra­fic réseau.
  • Les négo­cia­ti­ons d’éventuelles con­ven­ti­ons de pre­sta­ti­ons sont pré­vues pour 2025, afin que les éven­tu­el­les mesu­res d’encouragement puis­sent prend­re effet début 2026.

 

Pour de plus amp­les de détails, voir le pré­sent com­mu­ni­qué de pres­se com­mun de la VAP, de la LITRA, de l’AS­TAG, de la CI Tra­fic com­bi­né et de l’UTP.

Prêts à passer au prochain niveau de digitalisation

Prêts à passer au prochain niveau de digitalisation

Sans le cou­pla­ge auto­ma­tique digi­tal (DAC), pas de digi­ta­li­sa­ti­on et sans digi­ta­li­sa­ti­on, pas de com­pé­ti­ti­vi­té. Voilà com­ment on pour­rait décr­i­re la moder­ni­sa­ti­on du fret fer­ro­vi­ai­re. Mais cela n’est pas aussi simp­le que cela. Voici une vue d’ensemble du statu quo et des étapes vers les­quel­les nous som­mes appelés à nous acheminer.

Les enjeux:

  • Com­bi­ner hard­ware et soft­ware de maniè­re ciblée
  • L’impulsion initia­le doit venir du financement
  • «Manage­ment Deploy­ment DAK-CH» coor­don­ne la migration
  • Phase d’essai: la Suis­se est dans le pelo­ton de tête

 

Com­bi­ner hard­ware et soft­ware de maniè­re ciblée

Le DAC est sur le point de lan­cer une vaste digi­ta­li­sa­ti­on des chem­ins de fer. En effet, il offre plus que le cou­pla­ge auto­ma­tique ou des fon­c­tions très diver­ses de tra­ça­ge indi­vi­du­el des wagons. Il per­met au fret fer­ro­vi­ai­re suis­se de fran­chir un niveau en appro­vi­si­on­nant en élec­tri­ci­té et en don­nées de l’intégralité du train. Mais ce n’est pas tout. Les modè­les com­mer­ciaux inspi­rés par le numé­ri­que en matiè­re de fret fer­ro­vi­ai­re néces­si­tent en outre des éco­sys­tè­mes de don­nées. À cet égard, l’infrastructure publi­que de don­nées sur la mobi­li­té «MODI» donne le bon exemp­le (cf. artic­le du blog «Éco­sys­tè­mes de don­nées: par­ta­ger les don­nées pour dou­bler leur plus-value»). Pour com­bi­ner hard­ware et soft­ware de maniè­re à ce que le fret fer­ro­vi­ai­re soit com­pé­ti­tif dans la logis­tique mul­ti­mo­da­le, il y a beso­in de gros inves­tis­se­ments de départ, que les ent­re­pri­ses de fret pri­vées ne pour­ront assu­mer seules.

L’impulsion initia­le doit venir du financement

En Suis­se, le Con­seil fédé­ral adop­te­ra en jan­vier 2024 son mes­sa­ge sur le trans­port de mar­chan­di­ses, puis le trans­met­tra au Par­le­ment. L’élément cen­tral de ce pro­jet est con­sti­tué par les sub­ven­ti­ons all­ouées à la migra­ti­on vers le DAC. Le Con­seil fédé­ral pré­voit une enve­lo­p­pe de sub­ven­ti­ons de 180 mil­li­ons de CHF. Le volu­me d’investissement cal­culé pour la migra­ti­on sur tout le ter­ri­toire suis­se s’élève à 500 mil­li­ons de CHF. Pour par­ve­nir à bou­cler cette immense bou­cle, il fau­dra des inves­tis­seurs. Dans la pla­ni­fi­ca­ti­on des moy­ens finan­ciers, nous, la VAP, assu­mons un rôle de lea­der. La Con­fé­dé­ra­ti­on envi­sa­ge de finan­cer l’écosystème de don­nées MODI pen­dant les 10 pre­miè­res années, puis elle per­cev­ra des frais d’utilisation. Dans l’Union euro­pé­en­ne (UE) aussi, la ques­ti­on du finance­ment de la migra­ti­on vers le DAC n’est pas enco­re réglée. Pour les essais sur le ter­rain prévu à par­tir de 2026, la Com­mis­si­on euro­pé­en­ne envi­sa­ge de déb­lo­quer quel­que 200 mil­li­ons d’euros.

«Manage­ment Deploy­ment DAK-CH» coor­don­ne la migration

La coor­di­na­ti­on de la mise en œuvre de la migra­ti­on doit en Suis­se être assu­rée par l’organe inter­bran­che «Manage­ment Deploy­ment DAK-CH». Celui-ci est entre aut­res responsable des éch­an­ges actifs avec Europe’s Rail, de la pla­ni­fi­ca­ti­on des capa­ci­tés des ate­liers, de la pla­ni­fi­ca­ti­on du maté­ri­el et de la cer­ti­fi­ca­ti­on du maté­ri­el réé­qui­pé. Il doit orga­nis­er le réé­qui­pe­ment des véhi­cu­les en amont avec les pro­prié­tai­res, mais aussi avec les ent­re­pri­ses fer­ro­vi­ai­res et les aut­res acteurs logis­ti­ques. Dans l’intervalle, les ent­re­pri­ses de fret fer­ro­vi­ai­re devront déter­mi­ner leurs beso­ins en wagons réé­qui­pés en fon­c­tion du volu­me de trafic.

Phase d’essai: la Suis­se est dans le pelo­ton de tête

Les fon­c­tions et pro­ces­sus du DAC doi­vent être har­mo­ni­sés à l’échelon euro­pé­en. Une étape importan­te de ce pro­ces­sus sera la con­sti­tu­ti­on du «Star­ter Packa­ge», qui fixera les fon­c­tions avec les­quel­les la migra­ti­on vers le DAC débu­te­ra en Euro­pe. La Suis­se par­ti­ci­pe actu­el­le­ment acti­ve­ment à des essais opé­ra­ti­on­nels de nou­veaux sys­tè­mes et four­nit des résul­tats déter­mi­nants aux grou­pes de tra­vail euro­pé­ens. Voici une vue d’ensemble des essais et pro­jets actuels aux­quels la Suis­se participe:

  • L’UE est en train de faire éla­bo­rer les spé­ci­fi­ca­ti­ons tech­ni­ques fer­ro­vi­ai­res pour la mise en œuvre du «Gree­ning Freight Traf­fic Packa­ge» du Euro­pean DAC Deli­very Pro­gram­me (EDDP). La Suis­se est impli­quée acti­ve­ment dans ce processus.
  • Avec «Power-Line-Plus», les don­nées sont envoy­ées par des lignes d’alimentation élec­tri­que. La Haute école de Lucer­ne et CFF Cargo mènent con­join­te­ment des essais opé­ra­ti­on­nels et four­nis­sent des con­nais­sances déter­mi­nan­tes sur la qua­li­té de la trans­mis­si­on de don­nées. Il est prévu d’attester à par­tir de 2024 l’opérabilité du «Star­ter Packa­ge» avec tou­tes ses fon­c­tions et la trans­mis­si­on par la «Power-Line-Plus», ce qui dev­rait rend­re pos­si­bles les trans­ports com­mer­ciaux. L’OFT sou­ti­ent finan­ciè­re­ment ce développement.
  • À par­tir de 2026, il est prévu de réa­li­ser dans toute l’Europe avec quel­ques 100 trains de vastes essais sur le ter­rain sur l’opérabilité et la fia­bi­li­té du DAC. Ensuite, la migra­ti­on vers le DAC se fera de maniè­re effi­cace, y com­pris en Suisse.
  • La MODI se com­po­se de deux prin­ci­paux élé­ments: l’infrastructure natio­na­le de mise en réseau des don­nées sur la mobi­li­té (NADIM) per­met­tra l’échange stan­dar­di­sé de don­nées sur la mobi­li­té. L’infrastructure natio­na­le de géo­don­nées «Réseau des trans­ports CH» peut garan­tir une repré­sen­ta­ti­on numé­ri­que uni­for­me de l’ensemble du sys­tème de trans­port de la Suis­se. La MODI est actu­el­le­ment pré­vue uni­quement pour le trans­port de voy­a­ge­urs. Mais le fret pour­rait lui aussi en pro­fi­ter, par exemp­le par une mise en réseau numé­ri­que des pou­voirs publics, des auto­ri­tés de pla­ni­fi­ca­ti­on des trans­ports et d’aménagement du ter­ri­toire et de l’ensemble des acteurs impli­qués. La VAP est donc en étroit cont­act avec les ser­vices respons­ables de l’administration fédé­ra­le, afin d’intégrer rapi­de­ment le fret dans le projet.
Révision partielle de la LCFF: la responsabilité et l’ouverture du marché encore repoussées

Révision partielle de la LCFF: la responsabilité et l’ouverture du marché encore repoussées

La Com­mis­si­on des trans­ports et des télé­com­mu­ni­ca­ti­ons (CTT‑N) sou­ti­ent à l’unanimité le pro­jet de sta­bi­li­sa­ti­on des Chem­ins de fer fédé­raux (LCFF). Con­trai­re­ment au Con­seil fédé­ral, elle est d’avis qu’en ce qui con­cer­ne la pra­tique con­sistant à accor­der des cré­dits de tré­sore­rie aux CFF, il n’est pas indi­qué de chan­ger de sys­tème. La CTT‑N nég­li­ge ainsi de prend­re en comp­te l’ensemble des recom­man­da­ti­ons de la VAP.

Les enjeux:

  • Une injec­tion de 3 mil­li­ards pour les CFF
  • La révi­si­on par­ti­el­le de la LCFF a été trans­mi­se au Con­seil national
  • La voix du sec­teur reste tou­jours ignorée
  • Tou­jours aucu­ne ouver­tu­re de mar­ché en vue

 

-> Vers l’a­ven­ant du 08.07.2024

Une injection de 3 milliards pour les CFF

Dans son rap­port du 16 décembre 2022 sur la moti­on 22.3008 «Sou­te­nir l’exécution des inves­tis­se­ments des CFF et une visi­on à long terme en péri­ode de Covid-19», la Con­fé­dé­ra­ti­on pro­po­se de prend­re en char­ge les défi­ci­ts des CFF dans le domaine des gran­des lignes par le biais d’un apport uni­que de capi­tal esti­mé à 1,25 mil­li­ard de francs suis­ses. Elle entend en outre allé­ger les rede­van­ces de sil­lons pour les gran­des lignes de 1,7 mil­li­ard de francs suis­ses sup­p­lé­men­tai­res. Par ail­leurs, elle sug­gè­re une cor­rec­tion des instru­ments de financement.

La révision partielle de la LCFF a été transmise au Conseil national

La CTT‑N a trans­mis à l’unanimité le pro­jet de modi­fi­ca­ti­on de la LCFF au Con­seil natio­nal. De plus, la majo­ri­té de la com­mis­si­on refu­se un chan­ge­ment de sys­tème en ce qui con­cer­ne les instru­ments de finance­ment, car les cré­dits bud­gé­tai­res, con­trai­re­ment aux cré­dits de tré­sore­rie, sont sou­mis au frein à l’endettement. Ainsi, la com­mis­si­on est d’avis que la situa­ti­on de con­cur­rence qui en résul­te vis-à-vis d’autres dépen­ses fédé­ra­les n’est pas sou­hai­ta­ble, comp­te tenu de l’offre de trans­ports publics. Le Con­seil natio­nal sta­tuera lors de la ses­si­on d’hiver 2023 sur la pro­po­si­ti­on de la CTT‑N.

La voix du secteur reste toujours ignorée

Comme nous l’avions fait savoir dans notre com­mu­ni­qué de pres­se du 30 mars 2023, nous, à la VAP, refu­sons l’assainissement extra­or­di­naire des gran­des lignes pré­sen­té, qui pré­voit quel­que 3 mil­li­ards de francs et doit être finan­cé par l’argent des con­tri­bu­ables. La VAP se féli­ci­te en revan­che de la pro­po­si­ti­on de cor­rec­tion des instru­ments de finance­ment, à savoir la renon­cia­ti­on à l’octroi de cré­dits de tré­sore­rie aux CFF pas­sant outre le frein à l’endettement de la Con­fé­dé­ra­ti­on. Dans les artic­les du blog inti­tulés «Plu­tôt que d’empocher une enve­lo­p­pe bud­gé­tai­re de 3 mil­li­ards, les CFF doi­vent assu­mer leurs responsa­bi­li­tés» et «Pas de sta­bi­li­sa­ti­on des CFF en dépit des 3 mil­li­ards de fonds fédé­raux sup­p­lé­men­tai­res», nous résu­mons la posi­ti­on de notre sec­teur et nos argu­ments correspondants.

Toujours aucune ouverture de marché en vue

En adop­tant le pro­jet, le Con­seil natio­nal ren­forcerait enco­re le mono­po­le des CFF dans le tra­fic des gran­des lignes. Du point de vue de la poli­tique euro­pé­en­ne, cela serait haute­ment pro­blé­ma­tique, car l’UE deman­de de la part de la Suis­se une ouver­tu­re du mar­ché des gran­des lignes. Cette reven­dica­ti­on, res­tée lett­re morte, ass­om­brit les négo­cia­ti­ons avec l’UE sur la pro­lon­ga­ti­on de la coopé­ra­ti­on limi­tée dans le temps avec l’Agence fer­ro­vi­ai­re euro­pé­en­ne ERA pour l’instauration des homo­lo­ga­ti­ons «One Stop Shop» et davan­ta­ge d’interopérabilité entre la Suis­se et l’UE. Par rap­port aux mem­bres de l’UE, la Suis­se ne dis­po­se actu­el­le­ment enco­re d’aucun accès à part entiè­re au mar­ché; le réseau fer­ro­vi­ai­re suis­se ne fait actu­el­le­ment pas par­tie inté­gran­te du réseau euro­pé­en interopé­ra­ble. C’est pour­quoi les asso­cia­ti­ons pro­ches du fret, à savoir l’Astag, CFS et nous, la VAP, deman­dons une stra­té­gie natio­na­le de migra­ti­on sur l’ouverture du mar­ché en har­mo­nie avec l’UE. Si le Con­seil natio­nal approuve la pro­po­si­ti­on de la CTT‑N, il repous­se­ra enco­re plus cette reven­dica­ti­on dans le temps.

Aven­ant 20.12.2023, actua­li­sa­ti­on de la ses­si­on d’hi­ver:
Lors de la ses­si­on d’hi­ver, le Con­seil natio­nal a approu­vé à la majo­ri­té l’oc­troi aux Chem­ins de fer fédé­raux (CFF) d’une aide uni­que en capi­tal de 1,15 mil­li­ard de francs pour rédui­re leur dette. Ce mon­tant a en outre déjà été prévu dans le bud­get 2024. Le Con­seil natio­nal a en revan­che reje­té la pro­po­si­ti­on du Con­seil fédé­ral de pas­ser des cré­dits de tré­sore­rie aux cré­dits bud­gé­tai­res de la Con­fé­dé­ra­ti­on lors­que l’en­det­te­ment att­eint un cer­tain niveau. L’ar­gu­ment avan­cé est qu’en cas d’ap­pli­ca­ti­on du frein à l’en­det­te­ment, l’ex­ten­si­on pour­rait être retar­dée en cas de cré­dits bud­gé­tai­res. En outre, la Chambre des can­tons a déci­dé de fixer la réser­ve appro­priée du Fonds d’in­fra­struc­tu­re fer­ro­vi­ai­re (FIF) à 300 mil­li­ons de francs au mini­mum, les deux tiers au maxi­mum du pro­duit net de la rede­van­ce sur le tra­fic de poids lourds liée aux pre­sta­ti­ons (RPLP) devant être ver­sés dans le fonds. Le Con­seil natio­nal n’a ainsi pas tenu comp­te de tou­tes les recom­man­da­ti­ons de la VAP. Le pro­jet passe main­ten­ant au Con­seil des Etats qui, espé­rons-le, inter­vi­en­dra pour cor­ri­ger le tir.

Aven­ant du 08.07.2024
Après le débat du pro­jet au Con­seil natio­nal et au Con­seil aux Etat, il reste des diver­gen­ces con­cer­nant deux artic­les (art. 20 et art. 26b LCFF). Le Con­seil des États sou­hai­te durcir les instru­ments de finance­ment de la Con­fé­dé­ra­ti­on en faveur des CFF de telle maniè­re que l’octroi de prêts de tré­sore­rie de la Con­fé­dé­ra­ti­on en faveur des CFF ne soit pos­si­ble que dans la limi­te du pla­fond de l’endettement net fixé dans les objec­tifs stra­té­giques. Les prêts d’un mon­tant supé­ri­eur dev­rai­ent être sou­mis aux exi­gen­ces du frein à l’endettement, comme le pro­po­se déjà le Con­seil fédé­ral. La majo­ri­té de la CTT‑N est cepen­dant tou­jours d’avis que la situa­ti­on de con­cur­rence avec d’autres dépen­ses de la Con­fé­dé­ra­ti­on résul­tant du chan­ge­ment de sys­tème des instru­ments de finance­ment n’est pas sou­hai­ta­ble du point de vue de l’offre de trans­ports publics. Par 12 voix cont­re 11, elle pro­po­se donc à son con­seil de main­te­nir sa décis­i­on. L’autre diver­gence con­cer­ne le ver­se­ment d’un apport uni­que en capi­tal (art. 26b LCFF). Le Con­seil des États a reje­té la pro­po­si­ti­on du CE Josef Ditt­li visa­nt à rédui­re la con­tri­bu­ti­on à 0,6 mil­li­ard de francs (par 21 voix cont­re 20), mais a déci­dé de s’en tenir au frein à l’endettement. Sur ce point éga­le­ment, la CTT‑N pro­po­se à son con­seil de s’en tenir à la décis­i­on du Con­seil natio­nal, qui pré­voit un apport uni­que en capi­tal de 1,15 mil­li­ard de francs en faveur des CFF (par 13 voix cont­re 12). La majo­ri­té de la com­mis­si­on sou­hai­te ainsi con­so­li­der dura­blem­ent la situa­ti­on finan­ciè­re des CFF. Une mino­ri­té de la com­mis­si­on sou­hai­te en revan­che limi­ter l’apport uni­que en capi­tal à 0,6 mil­li­ard de francs, con­for­mé­ment à la pro­po­si­ti­on du CE Josef Ditt­li. Le pro­jet a été trans­mis au Con­seil natio­nal à la ses­si­on d’automne.